Nouvelle coloc
J'étais vraiment agacé. Pourquoi se sentait-on toujours obligé de venir troubler ma quiétude ? Kontan s'était figée, fermant les yeux et jouant à la bougie parfaite. Elle était marrante. Un éventuel petit coup fourré à faire ? Quoi qu'il en fut, était prête. Asobu veillait son oeuf rose et Hikari se tenait debout sur mon lit, entre la porte et moi, proche du héricendre, les yeux fixés sur la porte, curieuse de voir qui pouvait bien venir dans notre sanctuaire.
Il était évident que ce n'était pas Allen car il aurait envoyé un message suite au mien ou si vraiment urgence il y avait, il aurait frappé ou serait rentré. De toute manière, il ne frappait pas ainsi. Les deux imbéciles de tout à l'heure peut être ? Non ? Ils n'oseraient pas mettre les pieds dans ma chambre, ils se contentaient de m'alpaguer dans les couloirs. Le brun avec ses affaires ? Je me mordis la lèvre. Cet enfoiré de Ace... Il continuait de me titiller, à moins que ce ne soit l'autre qu'il ne veuille pousser à bout. Cela me tira un sourire machiavéliquement nerveux. Mon dernier coloc avait été exclu suite à des agressions sur élèves avec son Pokémon. D'après ses dires, il était frustré, il fallait dire qu'Hikari avait mené la vie dure à son Machoc, le réduisant au rang de d'esclave. C'était vraiment drôle. Ils s'étaient moqués d'elle et avaient essayé de l'intimider, mais elle ne s'était pas laissée faire et avait laminé le pauvre Pokémon, terrorisant son dresseur en crachant des volutes de flammes devant lui, collé au mur comme s'il voulait y entrer. En rentrant de ma douche, j'avais alors mis un terme à ceci, mais Hikari s'acharna jour après jour sur le Machoc afin de bien lui montrer qui était la patronne. C'était rôle, très drôle et j'avoue que ça me manquait. Les quatre autres que j'avais eu au début du trimestre avaient aussi déserte. Le premier était un des gamins de Céladopole qui m'ennuyait lorsque j'étais enfant. Je ne l'avais pas reconnu, mais lui oui. Il avait alors purement et simplement disparu de la surface de la terre. Un matin, j'allais en cours, le soir, je rentrais et plus personne. Il avait quitté l'école suite au refus de la direction de le changer de chambre. Les deux suivants, je les avais poussé à bout car ils ne me revenaient pas et surtout parce qu'ils touchaient un peu trop à mes précieuses affaires, ne respectant aucunes de mes règles. Des abrutis de Noctalis qui se croyaient déjà plus forts que Ace lui même. Un avait changé de chambre, l'autre avait quitté l'école. Le quatrième, quant à lui, je l'avais surpris en train de se soulager sur un des Poképlage spécial Ayako Ankoku-Yutaka : Ma MERE ! Mais comme si ce n'était pas suffisant, il avait ajouté un truc du genre : " Hey le Yutaka... Putain... Ta mère, comment elle est trop bonne ! Si j'aurais été plus vieux mec, tu m'aurais appelé Père. " La violence ne résout rien, j'en suis conscient et le prône moi-même, mais il y avait des fois où elle s'imposait d'elle même. Il avait fini nu, les mains ligotées sur son phallus, avec écrit "pervers" sur le ventre, "analphabète" sur le front et "Kick it" sur ses fesses. La photo sur laquelle il était venu, je l'avais collée à sa bouche avant de le bâillonner avec son T-Shirt et de le pousser dans le couloir. Je lui avais fait faire le tour de dortoir, frappant à toutes les portes, avant de l'emmener jusqu'au bureau du directeur, devant lequel je l'avais laissé dormir. Le lendemain, à mon réveil, ses affaires étaient vidées.
Alors que la porte s'ouvrait, je me demandais bien comment j'allais bien pouvoir me débarrasser d'un nouvel arrivant indésirable. J'avais pourtant stipulé que je ne voulais plus personne dans ma chambre. Soit il se payait ma tête, soit il voulait vraiment faire quitter l'établissement à cet élève. Je me demandais qui était le plus machiavélique et sournois des deux, mais je me retins de rire. Après tout, ce n'étaient que spéculations.
Un brun apparut, accompagné d'un Mangriff. Nouveau coloc. Dans le mille Emile. Il ferma la porte et se mit à balayer la zone. Il avait un air qui ne me revenait pas. Il y avait quelque chose de faux sur son faciès et je ne savais pas pourquoi, mais il me faisait penser à un vilain cabot sournois. Mes flammes devinrent glaciales. Tel un Héricendre, je les avais libérées, paré à passer à l'offensive. Ses yeux s'étaient posés sur ma basse, j'avais éteint le brasier, le mettant en veille. Son regard était celui d'un amoureux, peut être aimait-il la musique... Voilà quelque chose qui serait au moins plaisant. Il ne râlerait peut être pas lorsque je jouerai de temps à autre. Le nouvel arrivant posa ses affaires sur son futur lit et se présenta à moi. Il me tendait la main. Je balayais la zone des yeux. Il fallait que je m'avance vers lui ? Il ne manquait vraiment pas de toupet. Pénétrer dans ma chambre et me faire me déplacer ? En plus, il avait été viré de sa précédente chambre ? Un boulet à coup sûr. Wolfgang Dogjaw. Je tiquais. Un Dogjaw ? Comme ceux qui avaient fourni les désormais célèbres Démolosse et l'Arcanin de ma mère, championne de coordination mondialement reconnue ? C'était cool, mais il y avait une chance sur deux que ce soit un petit fils à papa vantard et péteux, ce qui m'agacerait encore plus. Je m'avançais vers lui, prenant sa main dans la mienne comme il l'attendait.
Ses paroles me dégrisèrent un peu. Finalement, il n'avait pas l'air d'être arrogant et encore moins d'un boulet. Il avait un petit quelque chose qui me faisait penser à moi. Pourquoi ? Je ne le savais pas, c'était juste ma fameuse intuition. Et puis, s'il avait été viré, dans ce dortoir, ce n'était pas forcément parce qu'il était un boulet. Après tout, la majorité des habitants de ce lieux étaient vraiment des abrutis finis... Alors que son regard se posait avec un insistance sur mon instrument à cordes, je pris la parole.
" Un Dogjaw hein ? Je t'épargnerai le chapitre du mec trop fan qui est amoureux des canidés de feu que fournit ta famille, si tant est que tu sois bien de cette célèbre famille d'éleveurs car tu ne m'as pas l'air d'être un mec imbu de lui-même et que je sais ce que c'est que de subir ce genre de choses... "
Je lui fis un petit clin d’œil. Mon ton avait été volontairement glacial au début, mais s’adoucissait au fur et à mesure.
" Pour ma part, je m'appelle Yuki, Yutaka Yuki, comme dans Ankoku-Yutaka, les Yutaka, blablabla, etc, etc. Bref ! Tu as compris le truc quoi... " J'avais un air réellement blasé, mais il s'effaça quand je repris la parole. " Appelle-moi comme tu veux. Tu n'as pas l'air d'être un mauvais bougre après tout alors je vais partir sur une base amicale avec toi et on verra bien comment tout cela évoluera. Pour prouver ma bonne foi, je t'appellerai Wolfy, c'est mignon et ca te va bien petit Chacripan. "
J'éclatais de rire en m'éloignant de lui, retournant près de mon ampli. Je ne savais pas pourquoi j'avais eu l'image de lui en ce Pokémon, mais cela m'amusait.
" Oui, elle est a moi, c'est mon grand-père maternel qui me l'a faite de ses mains. Les matériaux sont nobles, les finitions sont vraiment magnifiques, mais niveau acoustique et sonorité, ce n'est pas de la top qualité, après tout, il n'était que Bricolo du dimanche et c'est le seul instrument à cordes qu'il ait fait. Je l'aime cette basse malgré tout, c'est une pièce unique et la pièce la plus chère à mon cœur. J'en ai encore une dans mon placard, une guitare électrique et une acoustique aussi. " Je lui lançais un regard glacial. " Mais pas touche mec ! En tout cas, pas son mon autorisation. Si tu veux survivre dans cette chambre, les règles sont simples. Mes affaires, tes affaires. Poképlage est toléré, mais je ne veux aucun commentaire déplacé sur les parutions de ma mère... A part ça... Pas grand chose. Même si la fenêtre est de mon côté, elle est commune alors pas de soucis. Elle est souvent ouverte parce qu'il fait chaud avec mes Pokémon en liberté ici, mais elle est fermée lorsqu'il n'y a personne dans la chambre, c'est tout. Si tu comprends ça, nous seront de bon amis, c'est sûr. Oh ! Et cette peluche Caninos, il ne doit rien lui arriver, tout comme à mes cheveux. Ces deux points sont à prendre comme des volontés divines d'Arceus. Y contrevenir, serait passible de la peine de mort, au sens propre du terme."
Mes mots avaient claqués secs et menaçants. Je poussais un soupir. Je laissais alors mes doigts décider de la mélodie que j'allais jouer. Je souris en m'en rendant compte. Freedom, cette petite chanson que j'avais écrite et composée parlant de liberté, un sujet qui me tenait à cœur. Alors que je regardais Asobu jouer les protecteurs face au Mangriff, Kontan dormir et Hikari toiser le Pokémon. Un potentiel adversaire ? Je rigolais puis me laissais aller à chanter les paroles.