La pré-rentrée était trop longue à mon gout... J’avais eu largement le temps de visiter tous les moindres recoins de l’académie en trois jours. Et puis, selon moi, il suffisait que d’une journée : celle de l’enregistrement des inscriptions. Celle où on devait apporter des papiers pour valider cette inscription. Néanmoins, il était vrai que ce bâtiment était gigantesque et j’imaginais facilement deux ou trois crétins se perdre dans les couloirs et donc d’arriver en retard aux cours. Les professeurs n’en avaient certainement pas envie et je les comprenais : quoi de plus lassant d’interrompre son cours pour un idiot incapable de se repérer ? Oui, je sais… Je n’ai aucune tolérance pour ce genre de chose. Pourtant, cela pouvait très bien m’arriver. Mais je savais pertinemment que non, que c’était impensable. J’avais un sens d’adaptation très impressionnant, ce qui faisait que cette école était ma maison dorénavant. Bon, il restait sûrement encore des choses à découvrir. Le plus gros était déjà fait et dans tous les cas, j’aurais bien d’autres occasions. Là, ce qui me préoccupait le plus, c’était l’obtention de ma créature. Je sais, j’aurais dû y aller avant. Mais il y avait toujours trop de monde et je détestais cela.
Trois jours après ce fameux discours, je pénétrais dans les souterrains de l’école. J’avais entendu parler de ce collectionneur, très brièvement. Certains avaient peur de lui et de ses attitudes. D’autres l’admiraient car ils disaient qu’il possédait beaucoup de Pokemon et d’objets. Je ne pouvais m’empêcher de sourire en entendant cela : après tout, c’était un collectionneur. Donc rien de très spectaculaire. Il faisait sombre que je distinguais à peine les parois. Je glissais ma main le long de celle-ci, respirant l’air humide et poussiéreux. Je commençais à avoir froid, les poils de mes bras se dressant fièrement comme un soldat au garde à vous. Je me demandais si c’était encore loin, espérant que ce ne soit pas le cas. Je n’appréciais pas tellement cet endroit même s’il semblait intéressant. L’école avait-elle suffisamment exploité ses sous-sols car si ça n’était pas le cas, j’y reviendrais très certainement. Enfin, lorsque j’aurais un peu plus confiance en moi.
Finalement, je distinguais de la lumière au loin. Je me dirigeais instinctivement vers celle-ci et arrivait finalement dans une pièce aménagée. J’étais quelque peu éblouie et attendais que mes yeux s’adaptent à l’intensité nouvelle de cet éclaircissement. Maintenant, j’avais tout le loisir de découvrir ce lieu. Ma respiration était lente, je me concentrais dessous car je ne me sentais vraiment pas bien. L’atmosphère était trop étrange, j’avais l’impression d’étouffer. Je fermais les yeux quelques secondes et tentais de me calmer. Quand je les rouvrais, je sursautais d’un pas en arrière, ne pouvant m’empêcher de pousser un petit cri de stupeur. Je n’étais plus seule, comme je l’avais imaginée. Devant moi, un jeune homme aux lunettes qui me fixait avec impolitesse. Je détournais le regard pour voir s’il y avait quelqu’un d’autre. Nous étions que deux. Je me raclais donc la gorge et murmurais.
« C’est toi le collectionneur ? »
La personne en question souriait et acquiesçait d’un signe de tête. Il ne semblait pas vouloir daigner dire un mot. Au contraire, il m’emmenait avec lui. Il s’installait derrière une sorte de comptoir et me proposait de m’installer juste en face. Je l’obéissais, impatiente. Bon, t’accouche ou quoi ?
« Bon, on va commencer le test. »
Le test ? Quel test ? Je ne suis pas au courant moi ! Mon cœur s’emballe. Ma respiration se coupe. J’ai la tête qui tourne. J’ai soif… Pourtant, je continue de le fixer et d’attendre sans rien dire. Il me propose alors de remplir un questionnaire sur son ordinateur super sophistiqué. Il tente de m’expliquer le fonctionnement. J’essaie de comprendre mais j’ai la tête ailleurs. Apparemment, il utilise un logiciel créé entièrement par lui qui calcul, grâce à un grand nombre de codes, le Pokemon que l’on est destiné à recevoir. Cela se fait apparemment selon nos gouts. Etrange comme système. J commençais alors à répondre aux premières questions, sans réellement réfléchir. Au début, elles étaient faciles. Plus j’avançais, plus elles devenaient loufoques. Parfois, j’étais interloquée : que répondre ? Et dans ces moments-là, je ne pouvais m’empêcher de détourner mon regard de l’écran pour voir s’il m’observait. C’était le cas. Il m’étudiait. J’en avais des frissons dans le dos. On dirait réellement un psychopathe. Je me reconcentre, me vide la tête et continue. Je ne sais plus combien de temps cela avait duré. Tout ce que je sais, c’est que j’étais contente quand j’avais répondu à la dernière question. Le collectionneur se leva sans un mot après avoir regardé le résultat. Il revenait avec une Pokeball dans la main et la posait sur le comptoir.
« Voilà, ce sera ton compagnon. »
D’accord… C’est tout ? Je prends la Pokeball et je m’en vais ? Ma main tremble lorsque je me saisis de l’objet. Le jeune homme aux lunettes me dévisage, comme s’il attendait quelque chose. Ah parce qu’en plus, il veut savoir ce qu’elle contient ? J’hésitais. Puisqu’il est à moi maintenant, rien ne m’y obligeait. Je regardais la boule blanche et rouge dans ma main. Je n’ai rien à perdre, il pourrait peut-être me donner quelques informations à son sujet. Je lançais alors maladroitement la Pokeball qui s’ouvrait en laissant dégager un éclat de lumière prenant la forme de la créature tant attendu. Se tenait alors devant moi un petit Evoli. Oui, je connaissais ce Pokemon. Je l’aimais particulièrement et j’étais captivée par ses capacités évolutives. Par contre, quelque chose clochait : il n’était pas de la bonne couleur. Par « bonne », j’entends par là que, comme toutes les créatures de son espèce, il devrait être noisette. Là, non. Son pelage était gris bleuté. Je jetais n coup d’œil à mon interlocuteur, ne trouvant pas les mots.
« Quelle veinarde. Il s’agit d’un Evoli Chromatique… Tu as intérêt à bien t’en occuper. Aller, bonne fin de journée ! »
Et il me plantait là, seule en face de mon futur ami. Je me baissais et le prenais dans mes bras. Il sentait bon. Je me présentais, souriante. J’étais heureuse, je riais. Mon comportement avait totalement changé. C’était mon premier Pokemon !