Eh bien ! Quelle journée tu venais de vivre à peine ton premier jour sur l'île Cobaba éprouvé ! Tu ne croyais pas si bien penser en te disant que cette expérience serait de loin la plus folle de toutes celles que tu avais déjà tentées par le passé. A côté de ça, l'intégration à ton tout premier club de sport, ta première boum, tes premières heures en compagnie de Kuro, ton chien qui était resté à Carmin-sur-mer ... tous ces événements pourraient faire pâle figure à côté. Même si bien évidemment, tout resterait ancré dans ta petite tête pendant longtemps. En tous les cas, cette journée s'était rythmée de bien des manières : tu avais tout d'abord démarré en trombe à ton domicile familial, pour ensuite rejoindre la gare et le Train Magnétique, pour ensuite débarquer dans une autre région pour aller rejoindre le Paquebot « l'Union », pour amerrir tout près de l'île Lansat. Là-bas, tu avais subit la pire déception de toute ta carrière de jeune étudiant, et tu avais dû essuyer un moment de solitude devant ce magnifique portail de la Pokémon Community. Puis tu t'étais dirigé non sans mal au port le plus proche pour prendre un ferry, et rejoindre l'île Cobaba, où tu fit ton inscription au programme. Ton interrogatoire t'avait foutu le stress, la chaleur t'avait rendu nerveux et quelque peu irascible, mais tu avais fait la connaissance de ton nouveau meilleur ami, Mouss, qui était désormais à tes côtés pour remonter le moral. Puis tu avais laissé ce dernier au sein d'une pokéball prévue à cet effet, pour qu'il puisse profiter au mieux de sa tranquillité sur cette île tropicale, mais surtout, aride au niveau de la température.
Un peu plus tard dans l'après midi, tu avais décidé de te promener sur la plage, histoire de détendre un peu, pour tomber littéralement nez-à-nez avec une certaine Ikiala. Elle était une étudiante déjà inscrite l'année scolaire précédente à la Pokémon Community, et elle t'avait fait faire le tour du propriétaire avec sourire, un peu de gêne du fait du carambolage avec toi, mais avec aussi et surtout, beaucoup de respect. Une fois la rouge repartie à ses affaires, tu avais rencontré Calliope, une charmante petite orangée, qui semblait être toute nouvelle elle aussi, et qui avait créé un lien avec toi, amical, très rapidement, et avec une simplicité toute trouvée. Elle allait devenir ta plus proche amie et alliée pendant ce séjour, et toi, tu deviendrais son confident salvateur. Grosso modo, tu avais passé une très bonne journée dans l'ensemble, avec quelques bas cela dit, mais tu ne t'étais pas laissé abattre, et tu avais réussi à aller de l'avant, pour faire face au monde des jeunes dresseurs, et t'intégrer à la très connue et à la très respectueuse Pokémon Community.
Puis vint le soir. Tu essayas alors de t'aventurer dans la seule partie du complexe de plaisance où Ikala ne t'avait pas fait de visite guidée, et que tu avais tout juste réussit à rallier sans trop savoir comment avant de te diriger avec la rouge au Mausolée Scorvol : le bloc des habitations appartenant à différentes localisations du campus estival. De mémoire, tu te souvenais de six zones distinctes, mais n'ayant aucun rapport avec un groupe d'affiliation comme celui dans lequel tu étais, celui des Noctali : le premier bloc plus avancé vers le chemin menant à la plage, un autre bloc un peu plus loin, etc, etc... Le tien était sans doute l'un des blocs les plus éloignés, mais pour autant, tu ne parvins pas à te retrouver parmi cette jungle d'habitations en tout genre : chalets, cabanons, tentes, mobil homes, etc... En même temps, tout se ressemblait, et dans le noir, il te paraissait évident que si tu avais eu de la chance en plein jour, la nuit, tu n'aurais que peu d'illusions à te faire. Et bien évidemment, tu commenças à arpenter les petits sentiers d'un bloc qui ne t'était aucunement familier. Tu n'avais pas mis la main sur un plan des lieux, alors tout naturellement, tu essayais de chercher d'éventuelles âmes nocturnes, qui voudraient bien de leur plein gré t'aider à retrouver ton chemin. Et à quelques encablures de là, tu aperçus un jeune homme aux cheveux mi-longs, légèrement châtains si la faible lumière d'un lampadaire tout près ne te mentait pas, avec un habit proche de celui traditionnellement porté par des représentants du corps militaire, une sorte de d'ensemble veston-pantalon dans le style des treillis, à la texture solide mais très près du corps pour cette version-ci. Voyant la chance que tu avais sur le coup, tu décidas de faire quelques pas vers cet individu, en espérant que celui-ci te remarque ... ce qui ne fut bien sûr pas le cas. Il t'ignorait, où semblait-il, ne t'avait pas remarqué. Tu t'approchas alors encore un peu plus, en faisant bien attention de rester proche de la source de lumière principale du bloc inconnu. Là non plus, toujours aucune réaction, à croire que tes pas étaient aussi sourds que ceux d'un ninja - pratique pour un futur espion - et comme si ta silhouette, dans l'ombre, même mouvante, n'attirait pas son attention. Alors, au culot, tu allas te positionner juste à son côté droit, et tu l'apostrophas, comme si tu sortais de nulle part.
« Excuse-moi. Ça fait quelques minutes que j'essaie de capter ton attention, mais tu n'as pas l'air bien réceptif. Je cherche le chemin le plus court pour rejoindre le bloc numéro cinq. Peux-tu m'aider s'il te plait ?»
« Excuse-moi. Ça fait quelques minutes que j'essaie de capter ton attention, mais tu n'as pas l'air bien réceptif. Je cherche le chemin le plus court pour rejoindre le bloc numéro cinq. Peux-tu m'aider s'il te plait ? » |
« Tiens, salut. Je suis perdu, je craint donc bien ne pas avoir encore vu le bloc numéro cinq, je suis donc d'aucune utilité, navré. Tu peux toujours peut-être te repérer par la carte ? Peut-être tu trouveras ton bonheur.. Ou peut-être pas. » |
La réponse ne se fit pas attendre de la part de ce jeune garçon qui avait finalement une couleur de cheveu presque auburn. Il n’était pas surpris de ton arrivée soudaine, comme s’il était parvenu à sentir ta présence dans la pénombre du bloc d’habitations. Quelque part ça t’intriguait, mais pour cette fois, ça te soulageait de voir que tu n’étais pas complètement transparent, et ce, même dans la nuit. Alors tu écoutas ce qu’il avait à te dire, comme par exemple, qu’il était perdu, qu’il n’avait pas vu le bloc numéro cinq, qu’il ne serait d’aucune utilité et … QUOI ? Il était perdu lui aussi ? Oh non ! Tu n’étais définitivement pas verni sur ce coup-là. Il aura fallu que tu gaspilles des minutes précieuses de ta première soirée pour l’île pour tomber sur le seul gonze qui était tout aussi perdu que toi.
Le pire dans tout ça, fut le détail qu’il te mit au niveau des yeux, à même ses pognes. Une carte. Un plan du campement. Comment pouvait-il avouer qu’il se perdait dans les blocs alors que ça carte était aussi claire et simple qu’une vulgaire notice d’utilisation pour le lancer d’une pokéball. Tout ça sonnait faux finalement dans tes oreilles, puis comme une sorte de dérision évidente dans ton esprit. Tu en vins même à te demander si ce garçon ne se foutait pas volontairement de ta trogne, pour se délecter de la situation dans laquelle il aurait pu avoir le monopole du charisme. Le prenant à son propre jeu, tu allais faire l’ingénu, et le faire se dévoiler d’autant plus.
« Oh une carte ? Je peux ? Vraiment ! Merci. Alors voyons … alors là c’est le bloc numéro quatre, et le bloc numéro cinq est … Oh non ! Je l’ai loupé … et je suis passé devant … que suis-je bête ! Je viens tout juste de débarquer sur l'île, et je ne suis pas encore familiarisé avec les lieux. Je suis vraiment confus, et tu m’en vois désolé … euh … Poil de carotte ? »
Avec ce dernier petit bout de phrase, nul doute que tu allais faire tourner la dérision en ta faveur, et provoquer un petit sentiment de revêcheté chez ton comparse du soir. Après tout, il ne s’était pas gêné à te tourner en ridicule en te proposant sa carte alors qu’il se disait perdu … alors pourquoi te priverais-tu d’utiliser cette dérision à ton propre compte.
« Oh une carte ? Je peux ? Vraiment ! Merci. Alors voyons … alors là c’est le bloc numéro quatre, et le bloc numéro cinq est … Oh non ! Je l’ai loupé … et je suis passé devant … que suis-je bête ! Je viens tout juste de débarquer sur l'île, et je ne suis pas encore familiarisé avec les lieux. Je suis vraiment confus, et tu m’en vois désolé … euh … Poil de carotte ? » |
« ... » |
« Merde. Je n'ai pas écouté, désolé. »- fit-il, faussement gêné. |
La petite blaguounette que tu avais fait n'avait pas l'air d'avoir pris. Au moins tu aurais essayé de la faire originale, atypique, voire légèrement décalée, mais apparemment, ce n'était pas du goût de ce rouquin qui n'avait vraisemblablement pas le cœur à parler, ni même à accorder un tant soit peu d'attention à qui que ce fut dans ce complexe d'habitations. C'était dommage, tu avais beaucoup de choses à offrir, surement que de son côté aussi, mais pour le coup, à vouloir trop jouer le jeu, on en perd ses repères, et pour cette fois-ci, ce n'était pas du jeu que tu ressentais de sa part, mais de la fausseté. Alors tu allais devoir trouvé une sorte de parade pour te dérober, et laisser cet énergumène tranquille, pour essayer à l'avenir de ne plus croiser son regard.
Pourquoi ? Tu le compris assez vite au fur et à mesure des minutes qui passèrent sans même que tu ne put avoir une seule once de réponse, ni même un seul début de conversation. Il t'ignorait, ne te donnais aucune information au sujet du bloc que tu cherchais. Alors tu regardas fixement la carte qu'il t'avait tendu par fausse gentillesse et fausse bonté d'âme, et tu repéra alors la localisation du bloc qu'il te semblait avoir déjà passé. Puis te pris soin de replier la carte de façon propre et nette, car après tout, tu étais doué de bonnes manières, et traiter les choses d'autrui avec violence et zéro soin, ce n'était pas ton éducation, ce n'étaient tout simplement pas tes valeurs. Idem pour ce qui était des us et coutumes concernant la conversation avec un étranger, certes, ce n'était pas conseillé d'aborder quelqu'un, mais pour une cause salvatrice, ça méritait au moins le respect. Tant pis pour toi, tu le savais aussi bien que n'importe qui, tu ne pouvais pas plaire à tout le monde, et tout le monde ne te plaisait pas forcément, car à plaire à n'importe qui, on plait pour n'importe quoi, et ça c'était tout sauf toi. Puis ton interlocuteur silencieux, muet comme un Magicarpe, sortit de sa déficience vocale pour te donner un semblant de confusion et d'excuse sur le fait qu'il ne t'avait pas écouter. Mais c'est trop tard, et tu pris soin de le mettre au courant.
« Il n'y a pas de problème. J'ai trouvé ce que je cherchais, merci pour le peu de temps que tu m'auras accordé. Je vais prendre congé de ta présence ô combien chaleureuse. Merci encore pour la carte. Et bonne continuation ! »
Ajoutas-tu tout en adressant un léger regard avenant, pour ne pas laisser son malaise et son dépit transparaître, histoire de garder la face, et ne pas tomber dans le mélodrame inutile. Puis tu tournas les talons, fis appel à ton Moustillon adoré pour te tenir compagnie dans la noirceur de la nuit, depuis laquelle tu t'étais confronté à un monde factice, surfait, incertain et faux. Et par simple respect pour le service que le roux t'avait rendu, ce garçon à l'allure militaire et au caractère plutôt trop trempé pour toi, tu lui adressas un geste d'au revoir de la main ... bien que ce n'était pas un au revoir que tu espérais, mais plus une promesse de non-revue. Car tu le savais, tu ne te serais pas bien entendu avec ce type, malgré ton effort pour la faire sympathique et cool.
« Il n'y a pas de problème. J'ai trouvé ce que je cherchais, merci pour le peu de temps que tu m'auras accordé. Je vais prendre congé de ta présence ô combien chaleureuse. Merci encore pour la carte. Et bonne continuation ! » |
« De rien. Au plaisir de t'avoir aidé. J'espère te revoir et, à bientôt. » |
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