Une belle journée débutait. L'une de ces journées très chaude où l'on entends le bruit des grillons et où les gens restent dans la piscine toute la journée. Une vaste étendue d'eau fraîche, ça faisait envie, surtout que la mer était presque toujours a portée de vue sur cette île, ou en tout cas la plupart du temps. Je rêvais d'aller y plonger et de nager en compagnie d'Hime, ma Barpau fraîchement capturée. Malgré tout, j'avais remis cette activité à plus tard, me dirigeant plutôt vers le coin plus commerçant de l'endroit. Si j'avais ramené des bracelets de Vaguelone pour Ruby et Allen, il me semblait inapproprié de ne rien rapporter de Cobaba pour mon père et ma grand-mère. Ainsi avait débuté la chasse aux souvenirs qui ne tarderait pas à dégénérer de façon inattendue. Dire que tout allait pour le mieux. Spark paraissait sur mon épaule, trop assommée par la chaleur pour courir comme à l'habitude, mais trop curieuse pour retourner sagement dans sa balle. Je n'avais pas pu résister à son air implorant de la laisser m'utiliser comme transport et donc j'avais plus chaud encore avec cette boule de poil sur l'épaule. Traînant un peu des pieds, je déambulai jusqu'à reconnaître la silhouette d'une jeune fille rencontrée peu de temps auparavant, lors d'une fouille. Mais c'était Aileen ça! J'haussai le pas dans l'espoir de la rattraper, mais l'on me devança.
Effectivement, une femme en panique sorti d'un bâtiment avant de se jeter sur elle et, durant un court instant, je cru même être en train d'assister à un enlèvement en règles. Je me figeai sur place, suivant le manège de la femme jusqu'à ce qu'elle referme finalement la porte. Après un peu de réflexion, j'aurais du faire demi-tour. J'aurais du fuir, prendre mes jambes à mon coup, sauver ma vie, que dis-je, sauver le sort de cette malheureuse cuisine. Mais non, comme à l'habitude je n'arrivais pas à réagir comme il faut au bon moment. Je restai donc sur place en fixant la femme en panique et, malheur, le monde s'arrêta alors que nous établîmes un contact visuel. À partir de ce moment là, il était trop tard. Mon destin était scellé, le glas s'était fait entendre, mon heure était venue.
- Tu es avec elle?
- Qui moi? Non! Bien sur que non, jamais vue avant! Hey, mais, un instant! Non, je peux pas--!
Ttrop tard. En deux temps trois mouvements, je me retrouvai entraînée vers la porte, tirée par les mains de cette folle aux serres de Fearrow. Je tentai bien de me débattre et Spark poussa de petits cris de mécontentement, mais la souris électrique était bien trop effrayée par l'hystérie de la kidnappeuse pour réagir. Et voilà, la porte fut refermée et mon comité d'accueil ne semblait pas ravi de me voir. Encore sous le choc de ce qui venait de se passer, je la laissai parler sans rouspéter, arborant un air des plus surpris quand même. Il semblerait que je n'étais pas la seule à ne pas avoir compris tout ce qui venait de se passer, ce qui dans une certaine mesure avait quelque chose d'assez réconfortant. Heureusement, la Pyroli se reprit peu ensuite, abrégeant sa tirade d'un petit "oh". Il ne lui fallu d'ailleurs pas beaucoup de temps pour s'excuser et se reprendre, ce à quoi je répondis avec un petit sourire gêné.
- Ça va, ne t'en fait pas. Moi aussi je suis encore un peu sous le choc.
Et encore, j'étais loin d'être au bout de mes peines. Nourrir trente enfants? Je n'aurais même pas osé donner ma nourriture à des Pokémon alors des gamins? Ça allait se terminer en intoxication alimentaire cette histoire, c'était presque obligé, si la cuisine ne flambait pas avant. Mais Aileen avait l'air aussi inquiète que moi et il fallait donc que quelqu'un prenne les choses en mains. Si ça se trouvait elle ne remarquerait même pas que j'étais l'ennemi public numéro un des cuisines... L'espoir fait vivre, que voulez vous. J'attachai donc ma chevelure châtain en un haut chignon afin de ne pas être dérangée et j'attrapai un tablier que j'enfilai avec confiance, m'armant d'un sourire avant de proférer le plus gros mensonge de toute ma vie.
- Ne t'inquiète pas, tout va bien se passer. Je vais laisser Spark ma Dedenne avec eux, comme ça elle pourra venir nous prévenir s'il se passe un truc en salle. Je vais leur servir un peu d'eau pour commencer, ça ne devrait pas être bien sorcier et ils ont besoin de s'hydrater. Essaie de trouver une liste des allergies des gamins pendant ce temps, elle devrait être bien en vue dans la cuisine logiquement. On pourra décider de ce qu'on cuisine ensuite.
Je me dirigeai vers le réfrigérateur avec un air confiant en espérant y trouver un pichet d'eau ou de limonade. J'avais réussi à avoir l'air d'une vraie petite pro! Remarque, entre gardienne d'enfant et éleveuse Pokémon, il n'y avait qu'un pas. Espérons que les choses ne dégénèrent pas trop vite...
Tout se passait pour le mieux jusqu'à maintenant, aucun incident à déplorer, aucun doigt tranché, pas d'alarme d'incendie déclarée et les trente gamins étaient toujours entiers. Poursuivant sur ma lancée, je m'étais rendu auprès des petits monstres pour leur servir tour à tour des verres de limonade qu'ils s'arrachaient presque. Soit cette boisson était divine, soit ils avaient vraiment tous très soif, ce qui était tout à fait compréhensible vu la température extérieure. N'empêche, une garderie sans la climatisation, c'était tout bonnement un sacrilège. Un jour, lorsque j'aurais ma propre pension, je m'assurerais de la présence de cet élément bien plus qu'important pour le confort de mes protégés, et le mien par extension. En fait si ça se trouve la gardienne était partie en quête d'un tel artefact afin de se détendre et de profiter d'un peu de fraîcheur le temps que nous nous occupions de cuisiner. Parce que bon, cuisine implique plus de chaleur encore, donc elle avait peut-être voulu s'éviter cet inconfort pour mieux le refiler à d'autres, a.k.a. nous. Quoi qu'il en soit, je terminai rapidement mon service et revint dans la cuisine pour y retrouver Aileen et les cinq ingrédients du jour sur le plan de travail. Ça faisait plutôt compétition de cuisine cette situation. Piger cinq ingrédients au hasard et servir trente clients difficiles, voilà qui s'annonçai un défi de taille, digne de la cuisine Pokéchef! Je devais briller, rendre ma famille fière de moi et ramener le trophée à la maison! Ah non, mon erreur, on aurait pas de trophée pour ça, nous n'aurions probablement que de la gratitude en guise de remerciement, perspective qui me fit pousser un soupir. Ma coéquipière improvisée fit la liste à haute voix de nos ingrédients et, bizarrement, je me retrouvai à me demander si nous étions dans de beaux draps ou pas. Voyez, moi et la cuisine, ça fait trois. Ainsi, j'ignorais ce que nous pouvions ou ne pouvions pas faire avec ces choses et lorsque la Pyroli proposa son menu, ça me sembla tout à fait adapté à notre situation. Enfin, presque adapté, parce que dans toute mon incompétence, j'arrivais quand même à faire preuve d'un minimum de logique. Et j'insiste, un minimum.
- Mais, normalement le gâteau vient à la fin comme dessert, non?
Et c'est ainsi que j'occultai complètement le problème du lait manquant de mon esprit, sans même le savoir. Si Aileen pensait que ça marcherait, je ne pourrais que lui faire confiance. Si je remettais en doute un plan qui était censé fonctionner, elle verrait bien que je n'avais aucune compétence en la matière et ma super couverture de chef en herbe serait complètement percée à jour. Oui bon, j'étais très mauvaise menteuse et c'était probablement écrit sur mon front de long en large et en travers que je n'aurais pas su faire un macaroni au fromage même avec toute la bonne volonté du monde. Bref, la jeune fille prit les devants, vidant la farine dans le saladier avant d'y ajouter un œuf. Elle semblait prête à en mettre plusieurs autres, mais s'interrompit en cours de route, m'abandonnant en cuisine pour aller s'occuper de nos jeunes protégés. Je me tétanisai sur place, seule devant l'ennemi, désemparée et effrayée à contempler le grand bol. Aller, je pouvais le faire. Briser des œufs ce n'était quand même pas si difficile, si? Ou du moins était-ce que je me disais avant de me retrouver avec du blanc d'œuf jusqu'aux coudes. Mais courage, je ne devais pas désespérer, me dis-je avant de m'armer du fouet dans l'espoir de brasser tout ça. C'était toutefois peine perdue, avec tout cet amas de farine, mes petits bras n'avaient aucune chance de malaxer le tout efficacement. Je devais ajouter plus de liquide sans doute, pour que ce soit plus facile. Je pris donc le pichet le plus proche et décidai d'en verser sans retenue dans le saladier, convaincue qu'il s'agissait là d'eau, oh grave erreur. J'aurais du y penser, j'aurais du sentir l'odeur, mais ça n'avait pas été le cas et, malencontreusement, j'avais ajouté de la limonade à la place, chose que je ne remarquai pas du tout.
Ne me restait plus qu'à tout mélanger, ajouter les poireaux et mettre le tour à cuire, ça ne devait pas être si compliqué, non? J'ajoutai donc lesdits poireaux sans trop savoir si je devais les couper ou pas, mais me dit que dans le doute Aileen saurait bien en revenant. Pour l'instant, mélanger. Je repris le fouet, mais encore une fois ce n'était pas des plus efficaces. Il me fallait trouver une meilleure alternative pour ne pas avoir à brasser notre futur gâteau à la main, ce qui serait une perte de temps monstrueuse. Oh! Mais j'avais un autre fouet à disposition! Enchantée de cette soudaine illumination, je posai la main sur l'une de mes Pokéball et en fit sortir Ouji-sama, sur le plan de travail. Le petit prince apparu avec un éclat de lumière et fit son petit numéro. Il tituba, posa le revers de sa petite main feuillue sur son front et fit mine de se faner jusqu'à s'étaler complètement sur le plan de travail, mimant l'abandon et la solitude. Je le suivit des yeux, mon expression à mi-chemin entre le découragement et l'amusement. Il ne pouvait jamais juste faire les choses, il devait les amplifier jusqu'à l'excès. Ici, j'avais bien l'impression que sa comédie servait à me faire culpabiliser pour l'avoir mis de côté ces derniers temps au profit de mes autres camarades. Remarque, je ne pouvais pas l'en blâmer. Il était vrai que mes petits moments privilégiés avec lui s'étaient taris dernièrement, surtout avec l'arrivée d'Hime que je chouchoutais tout particulièrement, espérant la voir un jour évoluer en un splendide Milotic. Si seulement j'arrivais à réaliser ce petit exploit, ça prouverait à tous, et surtout à cette satanée Jamie, ce que je valais vraiment en tant que dresseuse et éleveuse. Néanmoins, je devais bien faire attention à ne pas laisser de côté mes autres compagnons. C'est bien beau la logique de "Attrapez les tous", mais il faut s'en occuper ensuite, pas simplement les laisser moisir sur des tablettes dans leur Pokéball. C'était des êtres vivants après tout! Souriante, je caressai doucement la tête de ma petite plante verte qui fit mine de relever difficilement une paupière pour voir qui venait à son chevet, me faisant presque éclater de rire.
- Aller petit prince! J'ai besoin de toi. Montre à tous ta splendeur une fois de plus et je te laisserai passer le reste de la journée avec moi, hors de ta balle. J'ai juste besoin que tu m'aides à mélanger tout ça avec ton fouet-liane. Après tout, un fouet c'est un fouet, ça devrait faire le même travail.
Les termes du marché semblaient le satisfaire puisqu'il se remit sur ses petites pattes en deux temps trois mouvements, s'approchant du bol avec cérémonie avant de déployer ses lianes. Et ainsi vint le carnage. Les lianes vinrent fouetter le contenu du bol une première fois, faisant gicler un peu de la préparation sur le plan de travail. Voyant que ce n'était pas un franc succès, mais ne pouvant pas admettre la défaite, le petit Pokémon plante décida de réessayer, avec plus d'ardeur. Mais, bien sûr, j'avais négligé un élément important. Je ne tenais pas le bol. Ce dernier fut donc projeté plus loin, s'affalant au sol après avoir répandu son contenu un peu partout dans la cuisine. Je ne pu m'empêcher de pousser un petit cri de surprise avant de me précipiter sur le bol pour le ramasser. C'est horrifiée que je remarquai qu'il ne contenait plus que le tiers de son contenu initial, chose qui n'allait sans doute pas passer inaperçu. Mais bon, des enfants ça ne mange pas tant que ça, si? Aller, je ne devais pas me laisser abattre ou Aileen reviendrait et verrait que je n'avais presque rien de fait. Je versai donc les restes de la mixture sur un chaudron et le plaçai sur l'un des ronds avant de l'allumer au maximum, histoire d'économiser un peu de temps. Abandonnant notre future gâteau sur place, je décidai de partir à la recherche des trente bols dont nous aurions besoin pour servir ces fameuses céréales, assistée dans la manœuvre par mon starter. La négligence étant source de malheur, ce n'est pas par hasard que, peu après, j'eu l'impression de sentir un genre d'odeur de brûlé. Me retournant vers le fourneau, j'en vis de grands volutes de fumée noire s'échapper du chaudron avant d'aller se prélasser contre le plafond et, bientôt, j'eu même l'impression de voir une légère, "légère", flamme qui dansait. Tétanisée sur place, la seule chose que je parvins à dire avant que ne commence à sonner l'alarme d'incendie fut :
- Aileen... tu as un Pokémon eau?
J'avais merdé et ce, en beauté. Une cuisine massacrée, Ouji-sama se débattant avec les restes de notre essai raté de gâteau sur ses lianes, le feu qui venait de se déclarer et la fumée qui n'aidait certainement pas à garder cette cuisine salubre. Heureusement, la Pyroli vint me rejoindre peu de temps après, semblant avoir une meilleure idée que moi de ce qu'il convenait de faire dans pareille situation. Je la suivis donc des yeux alors qu'elle s'arma d'un pichet pour éteindre le feu, bonne idée! Par contre, assassiner le dernier sac de farine du talon en était une moins bonne. Enfin, qui étais-je pour faire ce genre de commentaire, avec mon incompétence j'étais celle qui avait gâché la plus grande quantité de nourriture, sans oublier ce mini incendie rapidement contrôlé par Aileen. Cette dernière ne tarda pas à m'ordonner de quitter la cuisine, utilisant la limonade en guise de prétexte, ce à quoi je n'allais certainement pas protester. Prendre soin des Pokémon était si facile alors je me disais qu'il en allait forcément de même pour les enfants. Enfin, c'était déjà plus facile de s'occuper d'un gamin que d'un four. Bref, je retournai donc auprès de nos protégés du jour, porteuse d'un sourire nerveux en repensant à la catastrophe que nous avions évité de justesse. Je commencai à servir tout le monde lorsqu'une voix de petite fille s'éleva plus que les autres alors qu'elle laissa tomber les ciseaux avec lesquels elle faisait du bricolage. La pauvre gamine s'était coupée apparemment. En deux temps trois mouvements, j'allai récupérer un pansement et revint à ses côtés. La petite Clémentine, six ans, pleurait à grande eaux, tournant son regard paniqué vers moi alors que je m'accroupis à ses côtés.
- Ne pleure pas, jolie petite princesse. Regarde, on met le pansement et ça ne saigne déjà presque plus. Et maintenant, je vais y déposer un baiser magique pour que ton doigt guérisse plus vite, d'accord? C'est que tu es bien plus jolie quand tu souris. Tu veux un peu de limonade?
Aussi simple que ça. Essayer de calmer la cuisson d'un gâteau comme ça pour voir! Pas étonnant que ce se soit soldé en un vrai désastre. Quoi qu'il en soit, la petite fille continua à jouer comme si de rien n'était et je terminai mon tour de distribution pour ensuite retourner dans la cuisine, là où les choses semblaient être en contrôle de nouveau. Aileen m'informa de son nouveau plat consistant d'omelettes et de poireaux et je ne pu qu'être ravie. Non seulement elle avait rapidement su nous trouver un plan de rechange, mais en plus c'était un truc qui semblait bien plus simple qu'un gâteau et pour preuve, j'en avais déjà cuisiné par le passé. Enfin, le résultat n'avait pas été très appétissant, mais ça c'était secondaire, surtout que j'avais la Pyroli pour me donner un coup de main. Ah... Mais, mais, mais... Ma collègue repartit en salle à la course avec des céréales, me laissant en charge des omelettes. Je me tournai vers ma Némésis, la plaque de cuisson. Je devais le faire, Clémentine comptait sur moi, tout comme ces autres gamins. Soudainement, toute cette scène prit l'apparence d'un combat épique. Que dis-je, des apparences de boss final. J'avais l'impression d'entendre à l'oreille un thème musical impressionnant, digne de celui d'un ange muni d'une seule aile, paré de voix d'opéra qui scandaient le nom de mon ennemi, "Omelette!". Je déglutis de travers et vérifiai mon équipement avant de partir en guerre. Une poêlonne anti-adhésive avec de l'espace pour deux materia et une spatule en plastique offrant dix pourcents de point de vie supplémentaires, j'étais prête! Comment ça j'exagère?! Vous ne connaissez rien à la cuisine, voilà tout!
Bref, je déposai la poêlonne sur le rond et allumai ce dernier avant d'y casser autant d'oeufs que faire se peut. Nous avions trente petits clients affamés, valait mieux s'assurer de préparer une quantité suffisante pour que chacun puisse manger à sa faim. Pendant ce temps, j'avais mis Ouji-sama en charge des poireaux d'Aileen et il se débrouillait assez bien, maintenant muni d'un chapeau de chef et d'un petit tablier trouvés je ne sais où. À nous deux, notre équipement était sans faille! La bataille pu donc commencer. J'étais la plus rapide, "Estelle utilise feu moyen". Le blanc des oeufs commença à passer doucement du transparent à un blanc plus opaque, mais ce n'était qu'une feinte pour me faire croire que j'étais en contrôle, la contre-attaque arrivait en même temps que la montée en intensité de la musique de fond. "Omelette utilise coller!". Pas si vite, j'étais prête à contrer! "Estelle utilise coup de spatule!". Je me sentais transpirer, la tension était à son comble, les oeufs commençaient à frémir légèrement, ils préparaient leur prochaine attaque, me laissant la chance de placer un second mouvement. Je devrais bientôt porter le coup de grâce, la prochaine offensive serait destructrice. "Estelle utilise assaisonnement!". Ça y est, nous y étions presque, le point culminant de cette lutte acharnée montrait enfin le bout de son nez. Mes mains se serrèrent sur le manche de mon arme et je campai sur mes positions alors que l'attaque finale était lancée. "Omelette utilise brûler!". Malheur! "Estelle entre en overdrive! Estelle utilise éteindre la plaque, c'est super efficace!". Je restai paralysée sur place un instant, fixant les restes de l'ennemi, guettant un dernier mouvement qui ne vint pas. J'avais réussi à cuire le tout à la quasi perfection! J'avais appris à faire des omelettes réussies! Je ne pu me retenir de sauter de joie et de prendre la pose alors qu'une petite fanfare de victoire résonna dans mon esprit et que je pu recueillir mon expérience et mes gains. Ne resterait plus qu'à s'occuper des poireaux d'Aileen, mettre tout ça dans des assiettes et servir le repas. Nous nous approchions du but, même si la guerre n'était pas totalement terminée. D'ailleurs, en parlant de la Pyroli, je m'adressai à elle avec un immense sourire à son retour.
- Je l'ai fait! Ça n'a pas été facile et il ne m'a pas fait de cadeau, mais on touche à notre but maintenant.
Tout allait bien maintenant, presque trop bien. À deux nous fîmes la préparation des assiettes, y ajoutant chacune notre portion du repas pour les petits juges qui devaient mourir de faim. Une fois cela fait, il fallait encore trouver le moyen de leur servir le tout et Aileen prit une fois de plus les choses en charge, imaginant un usage astucieux du tapis roulant, ce qui allait nous permettre de sauver un temps précieux. Dans la manoeuvre, la Mysdibule renversa un peu les assiettes et la pokeathlete s'en excusa, ce à quoi je lui répondit avec le sourire que ce n'était rien de grave. Tant que nos petits protégés avaient de quoi manger, tout se passerait pour le mieux et notre mission serait accomplie. Nous nous divisâmes les tables et le service pu commencer alors que les enfants nous surveillaient d'un oeil attentif, espérant que leur tour arriverait sous peu. Puis, ce fut le tour d'une nouvelle distribution de limonade alors que le repas semblait enfin près de se terminer. Nous avions survécu!
- Madame Estelleee. Je peux pas manger mes poireaux, je sais pas les couper.
Je m'accroupis aux côtés du petit garçon qui venait de m'interpeller, tout sourire. En vérité, je le suspectais de ne pas vouloir les manger et donc je lui offrit de lui montrer comment les couper. Il accepta avec une mine un peu renfrognée et au final il se débrouilla très bien. Il semblait toutefois encore réticent et je m'assis donc avec eux à leur table, faisant un petit marché pour l'inciter à manger. Bien sur, la ruse fonctionna et tous les enfants qui m'avaient entendue semblaient prêt à ne laisser aucune miette. Bien. Plus qu'à informer Aileen de cette petite initiative et tout irait pour le mieux. Mais bon, c'était quand même ma propre décision, je ne désirais pas l'entraîner là-dedans contre son gré. D'ailleurs, en parlant de la Pyroli, où était-elle?
Je la retrouvai, assise avec son Absol à la couleur singulière, l'air d'avoir hâte que tout ceci soit terminé, ce qui me fit sourire. J'allai m'asseoir à ses côtés lorsqu'elle prit la parole notant que les deux heures étaient presque déjà écoulées. Quoi, déjà? Mais je commençais à peine à m'amuser moi! La partie faire à manger terminée, tous les obstacles étaient maintenant derrière nous et l'après-midi commençait à peine. Sans oublier que je m'étais déjà engagée maintenant. J'eu un petit rire gêné et passai une main dans ma chevelure châtain avant d'avouer. De toute façon elle allait bien finir par savoir, donc autant le lui apprendre moi même et tout de suite.
- Ouais, elle devrait arriver bientôt... En fait hum... Le petit Alexandre ne voulait pas manger ses poireaux, tu sais comment ils sont à cet âge, si c'est pas un gâteau c'est pas bon. Alors du coup je leur ait dit que si tout le monde finissait leur assiette, j'allais rester et les laisser jouer avec mes Pokémon. Ouji-sama avait l'air de vouloir leur apprendre la danse hawaïenne et il faut bien que j'aide cette pauvre dame à nettoyer la cuisine. Mais rien ne t'oblige à rester, bien sûr.
Et pourtant je la regardais avec de grands yeux brillants et un petit sourire kawai. Que voulez vous, j'appréciais bien la Pyroli, nous étions différentes et je trouvais ça bien. Je voulais apprendre à la connaître un peu plus et m'en faire une amie si possible, alors autant mettre toutes les chances de mon côté pour essayer de passer plus de temps avec elle. Espérons qu'elle ne m'en veuille pas trop.
Je guettais sa réaction, espérant de tout coeur qu'elle accepterait. Après tout soyons honnêtes, je n'avais aucune envie de nettoyer tout ce bazar toute seule, mais j'en était trop responsable pour laisser la dame de la garderie s'en occuper. La meilleure alternative était donc de convaincre Aileen de me filer un coup de main. Elle eut l'air d'hésiter et le suspence me fit retenir mon souffle, jusqu'à ce qu'elle accepte finalement. Je réprimai un cri victorieux, toute contente que j'étais de ne pas devoir me taper tout ça toute seule. Enfin, elle avait accepté pour ses Pokémon, c'était déjà la moitié du chemin de fait. Voyant que j'attendais toujours, la Pyroli fini par accepter de participer au nettoyage, à ses conditions, ce qui me convenait parfaitement. Un grand sourire un peu enfantin apparu sur mon visage alors que mes yeux brillaient de mille feux, comme si la Pokeathlete eut été ma nouvelle idole et que j'eu été émue de sa décision.
- Tu es trop géniale Aileen! Je savais que je pouvais compter sur toi, toutes les Pyroli sont fiables et prêtes à se salir pour leurs amies!
À peine eu-je terminé de parler que la clé tourna dans la serrure et que la responsable des lieux revint, se ruant vers les lieux du crime pour constater les dégâts. C'était le moment de faire une mauvaise blague et d'enfiler des lunettes de soleil, ou en tout cas c'est ce que j'aurais fait à sa place. Ses lèvres s'entrouvrirent dans le but de s'indigner, vachement moins plaisant que de l'humour, et ma camarade de la Pokémon Community prit les devants, lui clouant le bec en lui faisant bien comprendre qu'elle n'avait eu que ce qu'elle méritait. Une main sur mes côtes, l'autre plaquée sur ma bouche, je tentais de ne pas céder à l'hilarité, mais c'était plus hardu qu'anticipé. Mais que voulez-vous, cette réponse, ce timing, c'était trop parfait. On aurait pu écrire cette scène qu'on aurait jamais pu capturer toute la spontanéité et la perfection du moment. Ouaip, j'étais vraiment en train de devenir fan de cette Pyroli. Mais bon, il fallait continuer l'histoire maintenant. Je fis donc un détour auprès des enfants, libérant Ouji-sama, Spark et Ash afin qu'ils puissent tous les trois occuper les enfants. Le premier se fit rapidement un collier de fleurs et une petite jupe à l'aide de cartons de couleur volés dans la section bricolage et il entreprit de danser, bientôt imité par nombre de gamins qui trouvaient cela amusant. Autour de Spark, plein de petites filles s'étaient amassées, armée de maquillage et de costume, prêtes à lui refaire une beauté. Pour conclure, Ash était avec les petits garçons restant, leur enseignant à faire des roulades. Satisfaite de ce tour d'horizon, je rejoignis les autres à la cuisine, prête à mettre la main à la pâte.
M'attachant les cheveux en un chignon haut et simple, mais élégant comme seules les Mentali savaient en faire, je me remontai les manches, agrippant un torchon plein d'eau savonneuse et grimpant sur un tabouret pour atteindre le plafond. Du haut de mon perchoir, j'avais une vue d'ensemble de la pièce et ce n'était pas du joli. Déjà, j'aurais presque été portée à tracer au sol la silhouette du défunt sac de farine. Un véritable massacre avait eu lieu ici et c'était un euphémisme. Nous redoublâmes donc d'ardeur, motivées que nous étions à rendre à la pièce sa propreté d'antan. Enfin, motivée, c'est relatif... Si au début je frottai avec enthousiasme, vigueur et motivation, je n'étais pas une fan finie du ménage et donc je ne maintaint pas longtemps cet état d'esprit. Au bout d'une demi-heure, j'étais assoiffée, pleine de sueur, désespérée et mon visage toujours aussi caricatural était quasiment baigné de larmes. Pourvu que le calvaire se termine au plus vite! Quelle idée merdique quand même! Nous aurions du prendre la poudre d'escampette et fuir. Certes j'en aurais eu des remords, mais sur le coup je me disais presque que ça en aurait valu la peine. Quel soulagement lorsque tout fut terminé et qu'Aileen sonna l'heure du départ. La Pyroli se tourna vers moi, me demandant ce que je pensais faire à présent. Souriante, je lui partageai mes projets.
- Je crois que ma petite troupe en a assez fait aujourd'hui, je pensais nous offrir à tous une belle petite récompense. La plage est à portée de la main et on a bien mérité ça je pense. Je dois juste passer à ma cabane avant personnellement, pour faire un brin de toilette et tout préparer, mais si ça te dit on peut y aller tous ensemble!
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