J'étais emmitouflée dans une chaude couverture de laine, tout près de la fenêtre, en plein ouvrage. D'une main, je tenais une sphère et, de l'autre, un pinceau. Concentration. Délicatement, je traçai une nouvelle ligne, fine. Puis, j'avais replongé mon outil dans la peinture qui reposait à mes côtés, sur une table basse, et j'avais achevé l'oeil d'Henné. Enfin! Je déposai le pinceau et éloignai la boule de noël pour avoir une vue d'ensemble. Parfait! Je la laissai à sécher, juste à côté de la boule de noël à l'effigie d'Ancy et celle à l'effigie d'Hex. Oui bon, jusque là c'est difficile a comprendre, mais je vous explique. J'étais arrivée la première à notre petit chalet à moi et les filles et, bien sûr, je n'avais pas pu m'empêcher de décorer l'endroit de guirlandes et autres accessoires, dont un gigantesque sapin. Néanmoins, j'avais voulu faire original et j'avais donc pris des boules à personnaliser, y traçant le visage et les caractéristiques principales des Pokémon que je connaissais dessus. J'avais déjà terminé ma team et celle de Kaeko. Puis, j'avais commencé celle de Ruby et fait une petite pause pour commencer celle d'Allen, même si techniquement il n'était pas dans le même chalet que nous, mais voilà qui était un tout petit détail! Oh, et je vous ai dit que j'avais essayé de faire des biscuits? Enfin, ils étaient au four là. Ne sentez-vous pas cette merveille odeur de... fumée? Je tournai la tête vers la petite cuisine, chassant ma couverture et me redressant. Ah tiens, mais quel est ce chant mélodieux et harmonieux, dérangeant probablement le tiers le l'île à grands coups de BIIIIIP BIIIIIIP? Ne serait-ce pas les élégantes lamentations de l'alarme d'incendie? Merde!!
Ni une ni deux, je me ruai vers la cuisine pour constater l'ampleur du désastre. L'intérieur du four était léché de flammes orangé, laissant présager le pire si je n'agissais pas au plus vite. Prenant mon courage à deux mains, je m'approchai rapidement pour éteindre le four, histoire d'espérer ne pas encourager le désastre. Puis, j'ouvris la porte pour retirer vivement le plat enflammé qui tomba au milieu de la cuisine avant de reculer vivement, espérant tout de même ne pas me brûler au passage. Au moins le feu ne s'était pas propagé au four, mais je devais éteindre mes biscuits avant que le plancher du chalet ne sente le roussi! Instinctivement, je portai ma main à ma ceinture, décrochant la pokéball d'Hime, ma barpau et seule pokémon eau.
- Hime! Éteint ces biscuits!
Dis-je d'un ton décidé, pointant dramatiquement la plaque de cuisson à viser d'un quelconque pistolet à O ou autre technique du même acabit. Tristement, le poisson ne pouvait toutefois faire rien d'autre que gigoter au sol en me regardant d'un oeil intrigué. Bon, j'allais devoir lui apporter mon soutien, nous ferions ça en équipe! Pleine de conviction, je posai le genou à terre afin d'adopter une position plus stable et je m'armai de ma feebas, la tenant fermement avant de l'appuyer sur mon épaule tel un véritable bazooka. Ne me manquait plus que les lunettes de soleil et j'aurais eu tout l'air d'un super commando prêt à faire exploser le chalet, bien que j'essayais plutôt de le sauver dans ce cas ci. Que dis-je, j'étais une véritable super espionne, en mission pour sauver l'île Pumkin! Bien, maintenant à nous deux, plat en flammes!
- Hime, à toi de jouer!!
"Barpaau?" C'est là que le poisson me glissa des mains, allant réaliser une splendide technique trempette dans les flammes. C'est beau le dévouement, quand même, mais ça! Heureusement que je compris vite mon erreur et que je réagis en conséquence. Ni une ni deux, je rappelai ma Pokémon, mon air devenu complètement blême. Comment avais-je pu oublier que ma feebas n'avait encore aucune technique aquatique? Un peu plus et nous aurions mangé du poisson grillé si je n'avais pas songé à la ramener dans sa pokéball. Pour une éleveuse, on a déjà vu mieux comme soins de la peau pour un Pokémon. Bref, au final, je réussi à jeter le tout dans l'évier avant d'ouvrir l'eau et, en deux temps trois mouvements, le désastre fut complètement évité. Je poussai un soupir de soulagement. Certes, il y aurait une insupportable odeur durant quelques temps, mais sinon tout allait bien. D'ailleurs... Raah, mais c'était horrible! Je me bouchai le nez avant d'aller attraper manteau, foulard, iPok et bottes. Vite, je devais sortir de là! Aller faire n'importe quoi, tant que je n'avais pas à respirer l'odeur de ce massacre. Espérons que Ruby et Kaeko ne rentrent pas trop tôt!-- Quelques minutes plus tard --
Je me retrouvai donc dans un petit café servant des chocolats chauds exquis, passant le temps en compagnie d'Ouji-sama qui mangeait élégamment une pâtisserie quelconque. J'avais ensuite parcouru mes messages, sur mon iPok, jusqu'à trouver une invitation ou, plutôt, ce qui ressemblait fortement à un ordre de mission. Organiser une soirée thématique unique pour le fabuleux calendrier de l'avent de l'île Pumkin? Voilà un boulot qui semblait fait pour moi, à ne pas en douter! Ni une ni deux, je m'inscris donc et l'on me répondit presque dans la minute. J'échangeai quelques textos avec l'adulte en charge et, lorsqu'il avait appris mon implication dans la planification du festival de Parmanie, il avait semblé vivement enthousiaste à l'idée que je m'occupe de l'une de ses soirées. Il est difficile de vraiment décrire toute la satisfaction qui me traversa. Je n'aurais pas cette opportunité à cause d'un membre de ma famille, ni parce qu'un professeur avait choisi arbitrairement de m'assigner un rôle d'organisatrice. Je l'aurais à cause de mon expérience et de mon propre talent et ça, ça n'avait pas de prix. Quoi qu'il en soit, il me donna les coordonnées de quelques salles à inspecter avant la soirée et les coordonnées de l'élève avec qui je devrais faire équipe, un dénommé Leonidas Blackhart. Jamais entendu parler à dire vrai. Bon, au mieux ce serait un type sympathique et on ferait un duo d'enfer et au pire, eh bien, je n'aurais qu'à le renvoyer à son chalet et terminer l'organisation toute seule avec Ouji-sama. Ce ne serait pas très plaisant, mais je tenais mordicus à ce que cette soirée soit un franc succès, ma réputation en dépendait, plus seulement celle de l'Académie!
Après avoir réajusté le foulard de mon Vipelierre, nous quittâmes donc le café, en direction de la première salle potentielle. Par chance, le concierge se trouvait sur place et je pu admirer l'espace de danse quasi inexistant. Néanmoins il y avait un petit coin lounge qui semblait assez agréable pour une soirée tranquille ou pour un cocktail et les salles de bain étaient on ne peut plus luxueuse. Enfin, ce n'était quand même peut-être pas l'idéal pour une fête. Seconde salle donc. Je fis le chemin au pas de course, relevant le col de mon manteau et rentrant la tête dans les épaules avant de pénétrer ce nouvel endroit inconnu. Cette fois, j'eu l'impression d'être entrée dans un entrepôt. Le plafond était haut et l'endroit vaste, mais les murs peu chaleureux à dire vrai. Cet endroit aurait besoin de toute une touche d'amour. Au moins il y avait une cuisine à notre disposition et, bien que les salles de bain ne soient pas aussi impressionnantes que les précédentes, elles avaient le mérite d'être propres et clairement indiquées. Plus qu'une dernière location donc et, ensuite, il me faudrait faire mon choix afin d'envoyer l'adresse de la fête à mon coéquipier et, accessoirement, à l'adulte responsable du concept des soirées de l'avent. D'un point de vue organisation, l'endroit n'était vraiment pas mal, ça il faut avouer. L'espace était bien réparti, avec un petit espace cuisine, un coin lounge un peu à l'écart, etc etc. Mais les murs. Comment pourrions-nous profiter de cet endroit avec des murs d'un jaune aussi criard? Et impossible de re-peinturer, il était déjà 10h39 et à soirée devait commencer dans un peu plus de huit heures à peine. Le choix fini par s'imposer de lui-même et c'est l'adresse de la seconde salle que je joignis à mon message à ce fameux Leonidas.
Bonjour! Je m'appelle Estelle et je suis du dortoir Mentali, c'est avec moi que tu dois faire équipe pour la planification de la soirée. J'ai déjà trouvé le site, dont je vais t'envoyer l'adresse, donc n'hésite pas à m'y rejoindre dès que tu le pourras pour qu'on puisse décider d'un thème. La journée sera longue donc n'oublie pas de te munir de bonnes chaussures, tu en auras besoin. En espérant que cette soirée soit inoubliable, à très vite, Estelle.
Envoyer. Bon, je n'avais rien oublié, n'est-ce pas? Plus qu'à retourner au lieu choisi -j'avais écris et envoyé mon message alors que je n'avais pas encore quitté la salle jaune-. Je fis donc le chemin en sens inverse, les yeux rivés sur mon iPok, ne regardant même pas devant moi. J'étais bien trop occupée à faire des recherches sur le net afin de trouver une liste des traiteurs de l'île. Certes, nous n'avions pas encore décidé d'un thème, mais dans tous les cas nous devrions trouver de quoi nourrir nos invités et plus vite nous prendrions contact avec les restaurateurs, mieux ce serait pour tout le monde. Inutile donc de mentionner que je ne vis pas du tout le jeune homme blond se dirigeant vers le même endroit que moi. Inutile de mentionner, également, que je ne vis pas du tout la glace au sol, sous la neige légère. Inutile, aussi, de vous faire un dessin sur ce qui allait se passer ensuite j'imagine. Vous êtes intelligents, après tout, sans oublier que c'est assez cliché il faut l'avouer. Un jour, peut-être, je vaincrai la maladresse! Mais, en attendant, j'avais surtout l'air d'une pauvre cruche qui ne regardait pas devant elle, qui avait glissé et qui, avec toute la grâce d'un girafarig acrobate, avait entraîné un pauvre inconnu avec elle. Glace 1 - Estelle 0.
J'avais à peine eu le temps de dire "aie" que, déjà, Ouji-sama s'esclaffait un peu plus loin de ma maladresse. Parce que, bien sûr, ça le tuerait de venir m'aider hein! Heureusement que tout le monde ici n'était pas comme lui. Effectivement, le Pokémon de l'inconnu semblait être bienveillant, contrairement à une plante verte que je connais. D'ailleurs, c'est qu'il était imposant ce Pokémon! Je n'eu toutefois pas le temps de le détailler d'avantage, ma personne se retrouvant interpellée par le blond que je venais de rencontrer de manière percutante. Mademoiselle? Devant une demande si élégamment formulée, il n'y a bien sûr que d'une seule et unique façon que je me devais d'y répondre. Comme dans les films, je me relèverais comme une fleur splendide, avec un doux sourire, disant que je n'avais rien entre deux regards brillants de cet éclat qu'ont toutes les filles dans les films. Enfin, ça, c'est le plan si je n'avais pas été moi, une pauvre fille maladroite et encore abasourdie par cette appellation si inédite. Ma réponse ressembla donc plutôt à quelque chose comme :
- Ah bah je... ah bah c'est que... en fait je... la glace tu vois... enfin vous voyez... ouais bah je.... Non, mais c'est que...
Le tout avec les joues complètement rouges pendant qu'il prenait même la peine de retirer la neige de ma personne avant d'en faire de même de son côté. Et puis il avait de ces lunettes! Oui bon, bien sûr que c'était le premier truc que j'allais remarquer. C'était aussi évident qu'un nez au milieu du visage, haha! Non, blague pourrie à part, impossible de les louper quoi. En fait, ce type était un super espion intégré dans les rangs de l'Académie pour découvrir comment le vol avait pu se produire et s'assurer que nous étions tous en sécurité sur l'île Pumkin! Ça expliquerait même pourquoi un "élève" avait un Pokémon aussi classe avec lui. En fait il les portait pour dissimuler son identité secrète et le fait qu'il avait facilement dix années de plus que tous les étudiants, parce qu'impossible d'être un véritable super espion à notre âge, sauf si on a un Barpau-zooka bien sûr, mais je suis une exception. Oh, et puis qu'on me laisse vivre mes petits délires jusqu'au bout! Et en plus poli comme ça, qu'on vienne me faire croire qu'un simple adolescent parlerait à ses congénères de sexe féminin avec d'élégantes appellations telles que "mademoiselle". Et dire que j'étais probablement en train de lui faire une très mauvaise impression! Je devais me rattraper au plus vite! Me dis-je en esquissant un sourire gêné alors que, de son côté, Ouji-sama semblait remis de sa petite crise de rire, bien que son sourire habituel ne s'était pas amoindri. Même qu'il semblait considérer le blond avec un air hautain jumelé à son habituel sourire transpirant de narcissisme, le jaugeant pour voir s'il pouvait le laisser me parler ou s'il méritait d'être éconduit à coup de phytomixeur. Ah, ce starter, même pas capable de reconnaître un agent de la paix en mission secrète pour notre bien à tous!
- Je voulais dire : je vais bien, merci de votre sollicitude. Et désolé pour cette rencontre malencontreuse...euhm... monsieur.
Si Ouji-sama avait pu hausser un sourcil, je pense bien qu'il l'aurait fait. Il était des plus rare, après tout, que je passe pour une jeune fille de bonne famille. Estelle Highwind, posséder un vocabulaire élaboré, la douceur des gestes d'une princesse et les habitudes sophistiquées? Pouah! Même moi je n'achète pas. Du coup, m'entendre appeler quelqu'un monsieur comme ça me semblait si peu naturel, même dans mes propres oreilles. Bref, au moins je faisais un effort hein, après à l'inconnu aux cheveux blonds de déterminer si je lui faisais une bonne impression ou pas. D'ailleurs, il se réchauffa les mains et j'allais lui proposer de prendre mes gants -de toute façon j'en avais deux autres paires au chalet- lorsqu'il me posa une question qui me désarçonna. Moi, connaître une fille du dortoir Mentali qui se nommait Estelle? Je me figeai sur place, agrandissant les yeux et sentant un frisson d'effroi me parcourir. J'étais recherchée?!
- Non, pas du tout. Jamais entendu parler. Il doit y avoir une erreur sur la personne.
Glissais-je rapidement, en toute panique, avant d'analyser le reste de ses paroles. Ils s'étaient donné rendez-vous et le jeune homme était en retard? Oww, une élève avait un rendez-vous avec monsieur l'agent secret trop classe! Mais une mentalienne? Si on parle de super espionne trop forte, j'aurais plutôt parié pyroli m'voyez? Et puis, Estelle n'était pas non plus un nom super épique de femme fatale, tout juste un nom de pauvre fille maladroite incapable de cuisiner des biscuits sans mettre le feu... Ah ouais, logique, puisque c'était moi qu'il cherchait! Aller, retour à la réalité petite Estelle. Il faut parfois considérer l'option selon laquelle toutes tes petites hypothèses fantaisistes ne sont pas les bonnes. Il y existait donc des adolescents avec ce niveau de classe et de politesse? Woaw.
- Enfin, si ce n'est pas pour un interrogatoire intenable dans une salle sombre et lugubre, c'est peut-être moi... Leonidas Blackhart, c'est bien ça? Enfin, ce n'est pas que je doute mais...euhm... Vous êtes vraiment un élève? Enfin remarque, quel super espion irait se promener avec des lunettes comme ça, c'est un coup à se faire griller en moins de deux... Désolé, vos lunettes ont la classe, juré!
Dire que je pensais que je ne pouvais pas faire pire que de le renverser maladroitement à cause d'un peu de glace. Bien joué Estelle, maintenant la seconde impression serait encore pire que la première. Retour au sujet premier! Si ce type était véritablement le Leonidas, alors il était là pour m'assister à organiser la fête de ce soir, non? Ohhhhh, j'allais avoir un assistant personnel aussi classe que lui pour toute la journée?! Woaaaaaw prise deux! Et me voilà de retour à mon moi habituel, porteuse d'un sourire enthousiaste alors que toutes mes élucubrations étaient derrière moi et que je me préparais à ouvrir la marche vers le lieu que j'avais choisi pour la fête.
- Je suis enchantée de te rencontrer, je ne t'imaginais pas comme ça. On a beaucoup de pain sur la planche, tu as déjà participé à la planification d'événements auparavant?
Mais... mais... mais! Il avait éclaté de rire?! Okay, le sourire ça passait bien. Je trouvais ça super bizarre de voir quelqu'un sourire sans pouvoir voir ses yeux, mais c'était quand même bien. Ça lui donnait l'air de ce qu'il était probablement, simplement un jeune homme d'environ mon âge qui dissimulait ses yeux. Par contre, le voir éclater de rire avec autant de spontanéité parce que je l'avais gratifié de super espion, c'était amplement suffisant pour me faire prendre mon air parodique et caricatural de "c'pas gentil de se moquer des autres!" tout en boudant, gonflant un peu les joues.
- C'était un compliment!
Dis-je avant d'éclater de rire à sa suite, incapable de conserver mon sérieux plus longtemps. En même temps bon, le rire attire le rire, nan? Puis, il se passa même la main sur les yeux, comme pour les essuyer après avoir trop rit, et c'est un large sourire de fierté qui vint illuminer mon visage. Plus le visage est sérieux, plus précieux est le sourire. Et je venais de réussir à lui en donner un beau à part de ça! Ouaip, je savais maintenant que nous allions faire une bonne équipe, il ne fallait rien de plus. Quoi qu'il en soit, une fois les éclats de rire calmés il fallait bien poursuivre la conversation. Donc il n'y avait pas erreur sur la personne, c'était déjà ça. Imaginez si on avait sympathisé et tout et qu'au final je me retrouvais à devoir aller retrouver un autre partenaire morose et flemmard, le contraste rendrait la compagnie d'un tel individu plus insoutenable encore. D'ailleurs, il dit que je pouvais l'appeler Leo, ce que je notai mentalement après avoir acquiescé. C'est noté dans le super cerveau de madame l'assistante. Je pourrais me faire surnommer Hunnigan vous croyez? Je pourrais le contacter sur son iPok et le guider dans son périple sur l'île Pumkin tiens! Hum! Retour à la réalité Estelle!
Donc ce n'était pas des lunettes d'espions, mais bien un accessoire pour lui indispensable à cause de la sensibilité de ses yeux depuis un accident. Oh. Ah merde! Du coup je me sentais super mal, c'était une chance déjà qu'il n'ait pas eu l'air d'être dérangé par mes idées farfelues. N'empêche, ça devait être dommage de ne pas pouvoir admirer directement les choses de la vie, de toujours les voir au travers de ce voile filtrant la lumière. D'ailleurs, il passa la main à sa nuque cette fois, me laissant deviner le malaise que le sujet devait déclencher chez lui. Ouch, j'ai vraiment merdé quand même, ou en tout cas c'est l'impression que j'ai alors que son sourire semble moins sincère maintenant. J'aurais voulu balbutier une excuse, mais que dire dans ces cas là? Mis à part remuer le couteau dans la plaie, je ne pense pas que je pourrais rattraper celle-là, valait mieux tout simplement changer de sujet, pour l'instant au moins. L'organisation de fêtes donc. Il se dit novice, avant de mentionner qu'il espérait que je l'éclaire, mais pas trop. Je souris au jeu de mot, parce que c'était une bonne façon de dédramatiser quand même, bien que le jeu de mot était, avouons le, un peu douteux. Oh et puis les miens sont encore pires alors je vais pas commencer à juger! Oh, il avait même pensé à apporter de bonnes chaussures, il apprenait vite.
- Je ferai de mon mieux pour te guider, promis!
Puis, il entra dans le vif du sujet, me poussant à la réflexion. Une idée de thème pour la soirée, de préférence soft et sans trop d'artifice. Donc quelque chose qui se prêtait bien à une ambiance feutrée, à la lumière tamisée et, si possible, où Leo n'aurait pas l'impression de détonner de tout le monde avec ses lunettes qui le rendaient, avouons-le, plutôt original dans une foule. D'ailleurs, j'étais tellement loin dans mes pensées que j'avais à peine remarqué la façon dont il m'avait invité à prendre le chemin de notre salle de réception. J'avais seulement ouvert la marche, sans regarder où j'allais -vive le pilote automatique-, ayant même oublié pour l'instant les questions de traiteur. Au final, c'est devant la porte de la salle que je finis par me retourner vers lui, les yeux illuminés de ma soudaine... illumination?
- On pourrait faire une soirée sur le thème des espions! Avec lunettes fumées, habits chics et classe obligatoires. Comme ça on pourrait tamiser les lumières, peut-être même trouver une machine à fumée pas très chère pour envelopper un peu le tout et se la jouer "cachette secrète d'agents secrets". Avec ça on aurait qu'à mettre des cartes de différentes régions sur les murs, avec des liens en corde rouge et des clichés hasardeux.
Avais-je dis avant de pénétrer la pièce, bloquant la porte en position ouverte pour que la lumière du couloir l'illumine assez pour que l'on puisse voir sans allumer la lumière. Je m'étais également départie de mon foulard tout en m'avançant dans le vaste espace, visualisant déjà la salle prête à accueillir les invités alors que je poursuivais mon monologue.
- Ça habillerait bien ces murs froids et puis avec la lumière chaude, mais tamisée et peut-être un peu de fumée on oublierait vite les plafonds trop haut, ce serait bien meublé, mais quand même vivable vu que l'endroit est vaste. Après sur qu'on devrait la laisser au minimum -la machine à fumée-, dans ce coin là, derrière la petite scène. Et dans l'autre coin peut-être un petit coin jeu, genre une table de poker ou un truc comme ça, parce qu'il y en a toujours dans les films. On pourrait aussi mettre un garde à la porte ou un truc du genre, comme pour contrôler les entrées et les allées et venues. Oh, et donner des missions à la porte! Tu sais, des trucs qui commencent par : votre mission ce soir si vous l'acceptez, avec de petits défis ridicules à faire sans être repérés ou quelque chose comme ça! Ne manquerait plus qu'un genre de petite orchestre jazzy et l'ambiance serait parfaite! Tu en dis quoi, Leo?
Dis-je en me retournant vers lui, des étoiles dans les yeux, attendant avec impatience son point de vue sur la question. Qui sait, peut-être aurait-il des suggestions pour rendre cette soirée encore plus épatante? Après tout, il n'y avait rien de mieux que le partage des idées pour arriver à un résultat bien poli et optimal. J'avais déjà hâte d'y être! Notre soirée serait la meilleure, c'était obligé!
Cet air sceptique semblait se transformer au fur et à mesure que je parlais, alors qu'il commençait à me prendre de plus en plus au sérieux. Je le surveillais du coin de l'oeil tout en parlant, un éclat malicieux au fond de mes yeux alors que je le vis s'avancer dans la pièce et que j'eu l'impression, en un instant, qu'il venait de mettre un pas dans ce monde fabuleux que j'entrevoyais déjà. Puis, de ses lèvres s'échappa un air un peu envoûtant, un air qui, ma foi, semblait plus qu'à sa place dans notre décor. Plus que cela, cette musique lui donnerait vie, le ferait apparaître devant nous. Enfin, il laissa ses idées prendre forme, me les partageant à voix haute alors que je l'admirais trotter jusqu'à l'autre bout de la pièce, maintenant animé de la même passion que moi. La table de poker, le tapis rouge, la roulette! Même l'idée des missions n'échappa pas à l'inspiration du jeune homme qui précisa l'idée un peu plus encore, portant mon inspiration du niveau d'idée floue à celui d'idée établie et utilisable. Oh, et une piste de danse, bien sûr! Mon vif regard ambré la délimita mentalement alors que j'imaginais déjà les couples d'agents de choc s'entraîner en danses emplies de ce velours caractéristique de l'ambiance que nous recherchions. Oh, son Zoroark pouvait faire ça? Ouah, trop géant l'idée de l'attaque surprise pour vider la salle en fin de soirée! À coup sûr tout le monde s'en souviendrait et en parlerait pour le reste de l'année!
- Mais mais! Il me faudra une robe comme ça! Je n'aurais jamais pensé que ça irait si bien à ma silhouette... c'est même étonnant tiens. Ça doit vraiment être pratique d'avoir un Pokémon comme ça quand on magasine...
Hum! Pas le moment d'entrer en monde mentalienne! Il y avait bien plus important que cela en jeu, soit la meilleure soirée de l'année. L'organisation devait être parfaite, le thème sans tache. C'était l'occasion de me faire un nom, même si ce n'était qu'à petite échelle. Si l'instigateur des soirées de l'avent appréciait suffisamment notre soirée pour me recommander à d'autres en recherche d'organisateur, lentement, mais sûrement, je me construirais une réputation et on ferait bientôt appel à Estelle Highwind, pas à l'Académie qui m'enverrait après avoir pioché mon nom au hasard.
- Je veux dire, ce serait une superbe idée pour mettre les gens dehors en fin de soirée! Une fausse descente de police où tous devraient fuir, de quoi se souvenir de ce soir pour un bon moment quoi.
Terminais-je de me rattraper avec le sourire. Tout le monde semblait heureux et décidé à jouer son propre rôle. Tous, non. Un irréductible petit prince tapait du pied dans son coin, les bras croisés, observant la salle avec son regard hautain. Même pas besoin de demander à Ouji-sama ce qui lui passait par la tête, je le devinais depuis le temps. Monsieur était mécontent, n'arrivant pas à se trouver une activité pour la soirée qui pourrait justifier qu'il soit mis en évidence et entouré de la foule. Je me penchai donc pour tapoter doucement et affectueusement la tête du Vipelierre.
- Nous te trouverons une belle place sur la scène, ne t'inquiète pas.
Il semblait quelque peu sceptique, mais un éclat dans son regard me laissait apercevoir son contentement. Au fond il n'était pas un Pokémon compliqué. On avait qu'à lui promettre une belle apparition sur scène et il était satisfait, prêt à changer le monde en entier pour le forcer à regarder sa magnifique performance. Néanmoins, il y avait encore beaucoup, beaucoup de trucs à faire avant de pouvoir commencer à parler de performance. Pour l'instant, après tout, nous n'avions que la salle vide et des tonnes et des tonnes d'idées. Espérons simplement qu'elles seraient réalisables, autrement nous nous retrouverions avec une soirée décevante et morne, ce qui était hors de question! Il était donc temps de passer aux choses sérieuses car nous avions du pain sur la planche.
- Puisque nous sommes d'accord, nous pouvons dès à présent commencer les préparatifs! Je vais te donner une partie du budget de la fête pour aller acheter les cartes, le fil rouge, prendre les clichés et tout le tralala. Tu peux prendre tout ce qui te semble utile pour bien planter le décor et également pour planifier les petites missions si tu veux. De mon côté j'irai m'occuper des questions de traiteur et j'essaierai de trouver de quoi nous obtenir un espace jeu, ce serait génial d'avoir une vraie roulette d'ailleurs, mais je verrai bien ce que je trouverai. Puis, on se réuni ici dans deux heures, le temps de pouvoir tout faire, et, en attendant les livraisons, on pourra écouter les extraits que m'a envoyé l'organisateur. Ils ont déjà quelque chose comme dix groupes affiliés aux soirées de l'avent, suffit de trouver lequel saura le mieux nous donner notre belle ambiance veloutée. Oh, et tu devrais déjà avoir mon numéro d'ipok en cas de problème, vu que je t'ai envoyé un message texte plus tôt. Des questions, agent double zéro sept?
Terminais-je avec un sourire malicieux, emballée déjà par cette journée qui ne faisait que commencer!
Ouaaaaaah! Une Estelle qui sait danser... une Estelle trop canon en robe de femme fatale, accrochée au bras de Leonidas comme une véritable petite reine. Et même des lunettes fumées en bonus! Une Estelle canon avec une belle robe et un air mystérieux?! Geeeenre, vous y croyez vous?! Et puis j'y croyais plus du tout à l'hypothèse du Leo étudiant hein! La main sur la hanche de sa partenaire, le petit regard par dessus les lunettes, genre ce type! Soit il est un espion incapable de dissimuler sa nature de super personnage de film pokéwoodien, soit c'est tout simplement un coordinateur en fait! C'est possible ça, non? Parce que bon, autrement ça voudrait dire que j'étais tellement nulle que même la fausse moi Zoroark d'un élève non coordinateur faisait plus crédible que moi, c'est triste quand même! Dans tous les cas, après pareil spectacle c'est impossible de ne pas me joindre à eux lors de ce petit rire communicatif. Le seul qui y demeure fermé est le petit prince qui a plissé le regard, comme mécontent du petit jeu de Leo alors que, pourtant, je n'y avais même pas pris directement pars. Ce rabat-joie quand même, de quoi avait-peur à ce point pour rejeter systématiquement tous les garçons qui savaient me faire sourire? Peu importe, cette question aurait sa réponse, mais pas aujourd'hui. D'ailleurs, le grand pokémon semble avoir remarqué l'animosité du mien à l'endroit de son dresseur et il n'y reste pas de marbre. Espérons qu'ils arrivent à s'entendre quand même, sinon la journée serait longue!
J'assignai donc les tâches, espérant que Leo y trouve son compte et qu'il ne soit pas trop perdu. Enfin, il a l'air d'un type intelligent quand même. Après c'est peut-être juste un type qui est bon à avoir l'air intelligent, ça reste à voir puisqu'il est difficile de bien cerner quelqu'un en si peu de temps. Remarque nous nous entendions bien, donc il ne pouvait pas non plus être un super cerveau de la mort qui tue quoi, j'étais une fille bien trop simple et un peu niaise, du coup c'est certain qu'on aurait pas rigolé comme ça dès le départ quoi. Hum! Bref! On s'en fiche de tout ça. L'important, c'est qu'il me dit qu'il n'y avait aucune problème, "Mademoiselle Highwind". Et et.... de faire attention à moi avant de repartir avec tout la classe du monde?! Un poseur! Ce type est un poseur de première en fait! Et d'un fou rire de plus pour moi alors qu'il n'y a plus personne d'autre pour m'entendre que mon starter à l'air mitigé.---
Je revenais tout juste de chez le traiteur, marchant fièrement alors que j'avais conclu une affaire en or pour la soirée. La livraison aurait lieu une demi-heure avant le début de la soirée, ce qui nous laissait amplement de temps pour préparer la grande table qui devrait accueillir le tout, entre autres choses. Maintenant, direction l'une des petites salles de jeu de l'île Pumkin afin de nous trouver un ou deux croupier pour la soirée. Néanmoins, sur le chemin, je croisai une fois de plus ma némésis, la glace! Mon pied parti vers l'avant et je du faire de grands moulinets avec les mains alors qu'en fond résonnait le thème d'une mission impossible. Je glissais, j'allais m'écraser! Vite, je devais faire travailler mes réflexes de super espionne! Je me jetai donc vers l'avant, amortissant la chute de mes bras avant d'effectuer une super roulade pour me relever un peu plus loin avec style, les pieds maintenant en territoire sécuritaire. Je restai en position quelques secondes, prenant la pose telle une super actrice de la mort en plein tournage alors que certains regards se tournaient vers moi, me félicitant des yeux pour cette prouesse emplie de style et c'est là que...
- Yeaaaah! Une fois, mais pas deux!
Criais-je en me relevant avec enthousiasme, les bras levés de joie alors que tout l'effet venait de disparaître. Mais osef! Le plus important, c'était le pointage. Glace 1 - Estelle 1. Maintenant emplie de fierté, je me me remis en marche avant de m'arrêter devant une vitrine en particulier. Là, sur le mannequin, se trouvait une robe d'un rouge profond, mais vif et velouté. Un rouge qui rappelait ces lèvres écarlates de femmes fatale. Un rouge à en faire tomber. Mmmh.... Naaaan.---
Pas de chance, sérieusement. Et puis vu l'air que m'avait jeté Ouji-sama avant que je ne repartes, j'allais avoir droit à tout un savon si je ne respectais pas les règles de monsieur durant son absence. Enfin, oui, je vous explique. J'avais rencontré le propriétaire de la salle de jeu, mais malheureusement nous ne pouvions louer les services d'aucun croupier, ces derniers étant tous déjà occupés dans la soirée ou en congé. Néanmoins, après maintes délibération, il fut décidé que deux de mes Pokémons pourraient être formés à cet art au courant de la journée afin de pouvoir animer eux-même les tables la soirée même avec un minimum de savoir faire. Adjugé, vendu! Ouji-sama et Sephiroth étaient les deux meilleurs candidats pour la tâche en question.
Le petit prince semblait en pleine hésitation. Joie de pouvoir faire quelque chose de nouveau et attirer les regards. Déception de ne pas pouvoir me surveiller et me protéger, d'autant plus que son plus fidèle laquais allait lui aussi passer la journée loin de moi. Certes, Spark lui était également obéissante, mais moins capable de me protéger. Ne restait plus qu'Ash, mais le Phanpy m'avait fait serment d'allégeance et, si le Vipelierre était mon prince, lui était mon chevalier. Les indications de mon starter le laissaient donc indifférent, seule ma parole comptait pour lui. Quel dommage, n'empêche, que je puisse passer la journée sans chaperon. Mouhahaha! À moi la liberté! M'esclaffais-je en regagnant la salle de réception. Oh, mais qu'était-ce? Je m'avançai tout près d'une table basse où on avait laissé un petit ordinateur portable, ouvert sur un logiciel de traitement de texte. Je parcouru la pièce encore sombre du regard, personne. Un frisson me parcouru l'échine, on aurait dit un début de mauvais film... pourvu que je n'en sois pas la blonde idiote tout de même. Curieuse, je m'inclinai vers l'écran, y lisant rapidement les quelques lignes inscrites à notre intention.
"Vous n'étiez pas là quand je suis passé, alors je vous laisse mon ordinateur jusqu'à mon retour. Vous devriez y trouver les extraits des groupes disponibles pour ce soir, il ne vous reste plus qu'à choisir ce que vous voulez. Je passerai en fin de journée. En attendant, bon travail les jeunes!"
Soulagement. Pas de menace terroriste ni de partie de Simon says dans les rues de New York... euhm, un instant, c'était pas un film d'espion ça... Osef! C'est mon mot du jour tiens, osef! N'empêche c'était sympathique de la part de l'homme qui avait fait appel à nos services, surtout que c'était pratique. Avec le réseau en carton, c'était un plan pour que les chansons se stoppent en plein milieu de notre écoute quoi, du coup--- AHHHH! Je me retournai avec des grands yeux, mon coeur ayant presque manqué un battement. Ouf, ce n'était que Leo qui venait de revenir. Pour le coup il m'avait bien fait sursauter. Je m'éloignai de l'ordinateur avec un sourire soulagé, curieuse de savoir comment s'étaient passées ses courses. Sans doute plutôt bien à en juger par tous ses paquets.
- Oui, je pense que j'ai ce qu'il me fallait pour l'instant. Enfin, je ne sais pas encore ce que je vais porter, mais je trouverai bien quelque chose. Je t'attendais surtout pour écouter les extraits des groupes possibles pour ce soir. On commence par lequel?
Lui demandais-je pleine de l'entrain me caractérisant, un sourire joyeux sur le visage.
Des mains se déposèrent sur mes épaules, doucement, comme pour m'aider à me détendre. Cela fonctionna-t-il? Assez bien quand même, de façon surprenante. La tension de la surprise se retira de mes épaules en même temps que ses mains les quittèrent, emportant ma crainte avec elles. Puis, le jeune homme vint s'asseoir à mes côtés après un nouveau sourire échangé, histoire de voir ce qui se tramait sur l'écran d'ordinateur. Il sembla rester pensif un instant, sans doute parcourant lui aussi les titres afin de voir si l'une d'entre elles lui rappelait quelque chose. Pour ma part, il y avait bien un ou deux titres familiers, mais après dans le thème ça ne collait pas tellement. La joue appuyée dans ma paume, le coude de ce même bras sur la table basse, c'était presque lassement que je faisais défiler le tout de la droite, main sur la souris. Néanmoins, une soudaine inspiration semblait avoir pris possession de Leo alors qu'il ne tarda pas à s'emparer du contrôle de la situation, emprisonnant ma main sous la sienne au passage. Je ne savais pas trop si je devais m'en formaliser ou en rire, mais la question fut vite évincée lorsque résonnèrent les premières notes de la chanson sélectionnée. Je me retrouvai soudainement déconnectée, entrouvrant les lèvres alors que, dans ma tête, des voyants lumineux écrivaient en grosses lettres "CETTE CHANSON". Il semblerait d'ailleurs que je n'aie pas été la seule à être frappée de cette soudaine illumination musicale puisque Leo était déjà parti retrouver la piste de danse.
Euh, mais un instant... Essayez celle-ci? Il voulait dire quoi par là? Il ne pensait quand même pas à ce à quoi je pensais là hein? Je veux dire, la chanson était très bonne et tout et tout, mais euhm, comment dire, j'avais deux pieds gauches quoi. Un véritable aimant professionnel à malheurs, la maladresse incarnée. Enfin, ce n'est pas comme si je n'avais jamais dansé auparavant, mais c'était avec Allen. Allez savoir pourquoi et comment il avait appris, mais le Noctali était un cavalier si doué que même une cruche comme moi pouvait avoir l'air élégante. Leo saurait-il me faire virevolter avec la même élégance que le blond ou me retrouverais-je au sol telle la pauvre maladroite que j'étais? Je n'allais pas tarder à le savoir vu la main tendue vers moi, accompagnée d'une somptueuse invitation à laquelle je n'avais manifestement pas le droit de dire non. D'ailleurs, je ne m'avançai pas seulement vers la piste vide. Il n'avait fallu au Zoroark qu'un signal avant que les lumières tamisées ne fassent leur entrée, accompagnés d'un peu de fumée et d'une apparente chaleur dans l'air. La pièce en entier s'était transformée en un genre de bar, même la scène n'avait pas été épargnée avec ses fausses chanteuses, là juste pour nous. Impressionnant. Eh...mais un instant! Je baissai les yeux vers ma propre personne lorsque je remarquai tout ce rouge. Et puis cette échancrure qui débutait à la mi-cuisse! Et le boa de plumes! J'aurais bien voulu avoir un miroir tiens! me dis-je en étouffant un rire entre l'amusement et la nervosité.
Je m'avançai finalement pour aller timidement rejoindre Leo sur la piste alors qu'il n'hésita pas à passer un commentaire. Me faudrait en trouver un équivalent?! Je me raidis quelque peu, mes joues passant au rouge carmin en quelques instants. Non, mais la façon qu'il avait de le dire! On aurait dit... un directeur artistique en fait. Oui bon, après tout nous préparions un véritable spectacle sous forme de soirée, normal qu'il faille que les organisateurs soient dans le personnage jusqu'au bout des doigts. Pourquoi ne pas me laisser prendre au jeu, après tout? Je tentai donc de me détendre, lui répondant avec un sourire qui se voulait malicieux, mais qui demeurait dilué en ma gêne.
- Comme il vous conviendra, monsieur Blackhart.
Ne pas pouffer de rire, ne pas pouffer de rire! Puis, enfin, nous nous mîmes en mouvement. Un peu timidement au début, certes. Nous n'étions après tout pas familiers l'un avec l'autre et la danse demande une certaine complicité, une certaine chimie. Déjà si je pouvais ne pas lui marcher sur les pieds ce serait bien. Et puis fait étrange, je me voyais en talons hauts, mais je n'avais pas l'impression de les sentir lorsque je bougeais le pied. Du coup, je me retrouvai à danser presque sur la pointe des pieds, tentant de ne jamais déposer le talon, afin d'être en harmonie avec ce que je voyais, espérant ainsi m'éviter une chute malencontreuse. Je m'accrochais à la main de Leo de ma droite et j'avais posé la gauche près de son épaule, me sentant tendue du contact de sa propre main près de ma taille, pour me guider. Me détendre... je devais me détendre et laisser passer la musique, autrement ça ne rimerait à rien tout ça. Je ne devais pas gâcher cette essence pure et dorée qu'était l'énergie de notre soirée. Plus facile à dire qu'à faire malheureusement, surtout pour quelqu'un comme moi. Je trébuchai entre deux jeux de pieds, tombant contre Leo en m'accrochant à lui, le visage contre son torse. Heureusement qu'il avait sur me retenir. Je relevai vers lui un regard désolé de mon incompétence légendaire.
J'aurais voulu m'excuser, mais l'air qui régnait sur ses traits me laissait comprendre que ce n'était pas nécessaire. Ce n'était pas grave si je tombais mille fois encore, parce qu'il me rattraperait toujours et que la musique ne s'arrêterait pas pour autant. Devant cette réalisation, je reculai quelque peu pour reprendre une distance avec lui plus habituelle et pris une bonne inspiration. Maintenant c'était la bonne, me dis-je en acceptant de laisser Leo nous diriger. Je devais le laisser décider de notre rythme, le laisser choisir si je devais tourner ou si je devais l'effleurer. Je devais accepter de lui appartenir, ne serait-ce que le temps de cette danse. Plus rien sinon les notes, la voix de la chanteuse, la présence de Leo à mes côtés et mon long boa de plume qui meublait mes épaules laissées vacantes. Un tournoiement ici, un petit pas par là, une main qui effleure une hanche et une nouvelle variation, un nouvel éloignement. Je levai durant quelques instants un regard émerveillé vers mon cavalier, l'air de dire "mais c'est qu'en fait on y arrive!".
Nous y arrivions! L'étape du malaise passée, c'est qu'en fait nous faisions un bon duo de danse! J'étais même prête à crier victoire, relevant mon pétillant regard chocolat vers le jeune homme, mais voilà qui était une grave erreur. Comme quoi il ne faut pas danser sur ses lauriers. Je sentis mon pied s'emmêler à l'autre et, dans un mouvement désespéré et aléatoire, j'écrasai le pied de mon cavalier et, par je ne sais quel tour de passe-passe de madame la physique, nous voilà en train de tomber. Ce satané planché quand même! Ah? Surprise, je sentis des bras se resserer autour de moi, m'attirer, m'offrir un point d'atterrissage plus confortable que le sol, malgré le péril auquel il s'exposait ainsi. Et pouf. Nous voilà au sol, lui sous moi alors qu'il avait songé à me protéger lors des infimes secondes qu'avait durée notre chute. À ce stade, ça tenait carrément du réflexe.
Je me redressai quelque peu, bien que le trois quart de mon être -facilement- reposait toujours sur le Phyllali. J'agrandis les yeux, déjà inquiète de savoir s'il allait bien malgré tout, mais n'arrivai pas à formuler mes préoccupations. Avec un sourire comme celui-là, ça avait l'air d'aller. Ce qui m'avait coupé dans mon élan, toutefois, n'avais aucun lien avec ses lèvres. Non, en cette chute inattendue, ses yeux m'étaient maintenant dévoilés. Des iris d'ambres. De magnifiques prunelles qui m'avaient saisis avec plus de force que la chute qui avait précédée. Hum! Aller Estelle, des yeux ne sont jamais que des yeux. Au final, je ris légèrement, accompagnant le jeune homme et m'esclaffant de cette maladresse, parce qu'il valait mieux en rire qu'en pleurer. Hum? Serait-ce... des mains dans mon dos? Je reportai mon regard vers Leo, les yeux maintenant agrandis et les joues plus rouges que jamais. Je devais me relever, m'éloigner et vite à part de ça! Retour à la réalité petite Estelle, qu'est-ce que penserait Allen s'il voyait une scène comme celle-là? "Est-ce que ça va? Rien de cassé?" Une fois de plus, il me coupait dans mon élan -élan de fuite cette fois-, alors que je me demandais comment il pouvait bien me demander ça alors que c'était pourtant lui qui avait tout encaissé.
- Ça va, grâce à toi je n'--
Une porte qui s'ouvre, de grands yeux chocolats, paniqués, qui se tournent vers elle. Non! N'importe qui qui entrererait pile à ce moment croirait tout de suite à... bingo. Mais euhm, petits coquins?!! Dans toute mon idiotie, je me redressai, tendant la main vers le nouvel arrivant, un air paniqué sur le visage. Parce que, bien sûr, c'était tellement une meilleure idée que de juste me relever complètement et laisser Leo se relever hein. Parfois je vous dis, j'ai de ces idées de génie, je ne sais pas du tout où je vais chercher ça. Non, mais j'espère que vous le sentez bien le sarcasme hein.
- Ce n'est pas ce que vous croyez, monsieur Bond! On était seulement en train de danser voyez et puis bah, bah... Nan mais c'était pas!
Comme si une seule de mes paroles allait le convaincre. Les idées étaient déjà toutes faites dans la tête de l'adulte qui en avait vu plus d'un sans doute m'voyez. Il me fit signe que ce n'était pas grave et s'avança vers l'ordinateur, sans doute pour aller voir quel était donc l'extrait qui avait motivé cette petite danse improvisée. De mon côté il était peut-être temps que je me bouges, tu en penses quoi petite Estelle?! C'est donc finalement que je me retirai de sur la personne de Leo, me relevant avant de lui tendre la main pour l'aider à en faire de même, mes joues toujours aussi rouges alors que j'en évitais même son regard que j'imaginais trop bien maintenant. Ces pétillantes orbes d'ambre, je n'étais pas prête de les chasser de mon esprit, à mon plus grand regret. Aller, concentration, nous avions une fête à organiser tout de même! Je m'avançai vers monsieur Bond, essayant tant bien que mal de dissiper ce petit malaise en changeant de sujet.
- C'est la chanson que nous avons choisi. Du coup eh bien, on prendrait probablement le groupe qui en a fait le cover, pour la soirée. Oh, et le thème c'est un genre de soirée espion, avec un coin tables de jeu et tout et tout.
Il se tourna donc vers moi, le même sourire enchanté sur le visage qu'un peu plus tôt. Au moins le thème avait l'air de lui plaire.
- C'est parfait ça! Et je vois que vous avez même commencé vos achats, cette soirée sera prête en moins de deux à ce rythme. Il vous reste quoi à faire?
- Je dirais préparer la salle, enfiler nos costumes, réceptionner la livraison du buffet et avertir le groupe.
L'adulte acquiesça aux différents points tout en rangeant son ordinateur dans son sac. Apparement la liste semblait lui convenir puisqu'il ne s'opposa à rien de ce que je disais. Même, il semblait prêt à mettre la main à la pâte pour nous aider. C'est donc presque en coup de vent qu'il se prépara à repartir comme il était venu, pour aller bosser de son côté.
- Parfait, je vais prévenir le groupe pour vous et m'occuper de vous faire de la publicité. Soyez sages pendant ce temps là, et ne prenez pas toute la journée pour vous changer, on a du boulot!
Et la porte se referma comme elle s'était ouverte, plus rapide que le vent. Et puis c'était quoi ce sous-entendu?! Du coup j'étais presque gênée de me retourner vers Leo pour lui demander s'il était prêt à me donner un coup de main pour l'aménagement de la salle. Oh aller, ce n'était que des sous-entendus sans fondement, n'est-ce pas? Retour à la réalité ma petite Estelle, sinon tu vas finir par te faire lourde avec ta petite panique constante. Profonde respiration et en avant la musique, me dis-je en me retournant vers mon compagnon de la journée avec un sourire plus naturel alors que mes joues avaient repris une couleur à peu près normale.
- On commence par quoi? Oh, ça me fait penser que je vais devoir aller acheter une robe moi...
Le malaise écarté, il était revenu à mes côtés avec le même entrain que plus tôt, lorsque je lui avais confié mes idées. Voilà un Leo qui me semblait plus authentique déjà et, je dois l'avouer, qui me rendait bien moins mal à l'aise. J'avais simplement l'impression d'être en présence d'un bon ami, d'un camarade qui, je le savais, m'aiderais à faire de cette soirée tant attendue un franc succès. Il suggéra de commencer par la décoration, ce qui était selon moi une très bonne idée. Après tout bon, il faudrait bien s'y coller à un moment ou à un autre, donc pourquoi pas maintenant? Puis, offre inattendue, il offrit de m'accompagner pour aller choisir ma robe. J'haussai un sourcil, mes lèvres s'étirant en un sourire amusé alors que je le regardai en deux fois. Mais... mais c'est qu'il avait l'air sérieux?! Enfin, ça n'aurait peut-être pas du me surprendre de la part d'un jeune homme qui m'appelait mademoiselle depuis les débuts de notre rencontre déjà, mais quand même, il y a des choses dans ce monde qui sont bien plus surprenante et, vous l'avouerez, un garçon qui se propose pour accompagner une fille au centre commercial, ça relève du miracle pur et dur. Enfin, Ouji-sama y allait bien avec moi, mais généralement c'était surtout moi qui l'accompagnait et pas l'inverse. Oh, et il y avait Ash aussi, mais lui aurait pu me suivre dans un édifice en flammes -ou plein d'araignées- si je le lui avais demandé, donc bon après un centre commercial ça perds un peu de son côté terrifiant. Bref, tout cela pour dire que sur le coup, il m'avait fait bugué et que j'en laissais même échapper un rire tout aussi aérien qu'à l'habitude lorsque je réalisai qu'il était sérieux.
- Ouais! Enfin, ouais, si tu veux. J'ai même repéré une petite boutique tout à l'heure, du coup ça devrait aider les recherches. Mais bon, commençons par la décoration!
Je n'avais même pas terminé d'acquiescer qu'il faisait déjà marche vers les paquets qu'il avait ramenés plus tôt. C'est donc avec le sourire que nous nous mîmes tout deux à l'ouvrage, déroulant les cartes avant de les installer, faisant bien travailler notre aptitude au travail d'équipe. Tout comme pour la danse, notre duo fut un peu maladroit au début et ce n'est qu'au bout de maints efforts de communications que nous trouvâmes finalement une façon de travailler qui nous allais à tous les deux. Je tenais la carte en place, les disposant de mon oeil averti de coordinatrice, et il s'occupait de manier le marteau pour que mes jolis agencements restent bien à leur place sur les murs. Puis, j'avais mis la main sur ses revues et avais déniché une paire de ciseaux afin d'y dérober de jolis clichés pris par nos amis les paparazzis. Armée de punaises, je les disposai ici et là au travers des cartes tout en esquivant Leo et son fil rouge qui construisait je ne sais quels diagrammes. Enfin, ce n'était pas des diagrammes à proprement parler on s'entends, mais je trouvais que ça sonnais bien dans ma phrase, donc les remarques on les garde pour soi! Hum!
Maintenant que les murs étaient tapissés à la hauteur des yeux, l'environnement semblait déjà plus habité. Des murs de ce vaste entrepôt il n'y aurait bientôt plus souvenirs, notre superbe repaire d'agents secrets commençant à prendre la place. Je couru chercher un large balais et passai rapidement un peu partout alors que mon comparse déroulais les tapis avant de les placer adéquatement, achevant d'habiller la vaste salle. Ne nous resterait alors plus qu'à disposer les tables, préparer la scène et mettre en place la fameuse machine à fumée. Vous savez, celle que j'avais complètement oubliée d'acheter? Bah celle-là. Bravo moi! Encore un coup de maître! Je l'ajoutai mentalement à ma liste de chose à acheter, heureuse que nous devions déjà ressortir pour aller chercher ma robe, du coup il serait plutôt facile de réparer ce petit oubli. Pour l'heure, je me remontai les manches, donnant un coup de main comme je le pouvais en apportant des chaises pendant que Leo et son Zoroark s'occupaient des tables. Au final, ne nous restait plus qu'à ramasser nos outils de travail et nous pourrions aller réaliser les achats restants. Je me tournai donc vers le blond, porteuse d'un sourire victorieux, la main bien haute afin de lui offrir un highfive.
- Et c'est un sans fautes! Bientôt nous serons les nouveaux Bonnie & Clyde! Enfin, techniquement je n'ai jamais vu le film, mais euhm... enfin... Voilà! Plus qu'à aller faire les achats de dernière minute et aller récupérer nos croupiers en herbe et ça devrait être bon je crois. On aura même terminé en avance avec un peu de chance.
Je récupérai rapidement les clés de la salle, histoire de ne pas laisser une porte non-verrouillée derrière nous, parce qu'on ne sait jamais qui pourrait passer par là. Ne me restais plus qu'à enfiler mon manteau et j'ouvris la marche, parcourant mentalement notre liste de courses. Robe et souliers pour moi, machine à fumée pour la salle, une armée de paires de lunettes de soleil pour en faire la distribution à la porte -je n'avais toujours pas abandonné mon projet visant à permettre à Leo de se fondre dans la foule et d'oublier sa petite différence ne serait-ce que pour une soirée vu son malaise apparent lorsque j'avais évoqué le sujet plus tôt- et acheter des bouteilles d'eau et de petits amuse-gueules pour le groupe qui viendrait animer la soirée. Liste complète? Plutôt oui. Maintenant que le point était fait avec moi-même, je pu reporter mon attention sur mon camarade. Ce serait un peu impoli, et surtout inconfortable et dommage, de ne pas en profiter pour discuter un peu maintenant que nous avions du temps libre quelque part entre le point A et le point B de notre itinéraire. C'est d'une voix enjouée que je tentai de lancer la conversation, esquissant malgré moi un sourire quasi malicieux au moment de le gratifier de "monsieur" une fois de plus.
- Au fait, par curiosité, tu étudies à la Pokemon Community depuis longtemps, monsieur Blackhart? Je ne me souviens pas t'y avoir déjà croisé avant et bon, je sais que ma mémoire n'est pas toujours fiable, mais il y a des gens plus difficiles à oublier que d'autres.
Il m'avait répondu presque sans hésiter, mentionnant qu'il était ici depuis un an. Voilà de quoi me faire esquisser un "oh" de surprise. Ainsi il était arrivé en janvier dernier lui aussi? C'est qu'en fait nous avions posé les pieds à la Pokémon Community pratiquement en même temps! Drôle comme le hasard fait les choses. Et, selon ses dires, il détestait les Pokémon à l'époque? Voilà qui avait de quoi surprendre tout de même. Enfin, lui je ne le connaissais pas encore beaucoup, mais les gens qui détestent les Pokémon sont assez rares en règle générale, il faut l'avouer. Heureusement il avait l'air d'en parler au passé, du coup ce n'était probablement plus le cas maintenant qu'il avait du apprendre à les connaître, ou en tout cas j'espérai viser juste. Oh, et son accident remontait donc à cet été, c'était réçent quand même. Surtout que ça l'avait empêché de revenir si j'avais bien compris, donc ce devait être un truc plutôt grave, d'autant plus qu'il en avait retiré des séquelles vu ses lunettes. Mine de rien, ça devait lui demander beaucoup de courage de revenir après tout cela, d'essayer de rattraper son retard et de continuer sa vie comme auparavant. Il me demanda depuis combien de temps j'étais là aussi, mais je ne répondis pas à sa question, pas tout de suite en tout cas. J'étais lancée dans mon élan et une fois que c'était fait, impossible de m'arrêter. J'étais comme ça, c'est tout. C'est donc ainsi que je lui souris, essayant de me montrer amicale, tout en ne désirant pas en faire trop pour autant, ne voulant pas le mettre mal à l'aise.
- Si tu veux je peux peut-être essayer de t'aider, pour te remettre à jour. Enfin, je ne suis pas vraiment du style première de classe en fait... Oui bon, je suis même un peu lente parfois, mais un coup de main est un coup de main j'imagine.
Au final c'est moi qui me retrouvais gênée. J'avais parlé sans vraiment y réfléchir. C'était facile de se proposer pour aider les autres, mais dans les domaines scolaires, c'était généralement moi qui avait besoin d'aide, sauf lorsque ça parlait d'élevage bien sur. Du coup je me retrouvai à esquisser un sourire désolé, me grattant l'arrière de la tête avec quelque peu d'embarras. Sérieusement, je me demandais ce que les passants devaient se dire. On avait déjà des mimiques semblables, c'est dire! Oh, mais il m'avait posé une question hein! Il serait un peu malvenu de ne pas y répondre après qu'il m'eut partagé ces quelques informations à son propre sujet.
- Ça va bientôt faire un an moi aussi, je suis arrivée en janvier dernier. Pour ma part j'ai toujours aimé les Pokémon et je voulais faire de la coordination. Un peu dommage que je ne sois pas aussi douée que ce que j'aurais espéré, mais je me débrouille j'imagine. Sinon je me suis dirigée vers l'élevage, pour prendre soin des Pokémons. S'il y a bien une chose que je sais faire à peu près, c'est ça donc, je me suis dit autant miser là dessus. Je ne gagnerai peut-être jamais de ruban, je ne serai peut-être jamais une grand pokéathlète, ni une grande topdresseuse mais... Si je peux aider ne serait-ce qu'une personne, changer ne serait-ce qu'une seule vie grâce à ce que je fais de mieux, alors je pense que ça aura valu la peine. C'est pour ça que j'aimerais étudier la pokéthérapie, ou quelque chose comme ça. Je veux trouver un moyen d'aider, pour ne pas avoir honte même si je suis un peu naïve ou un peu maladroite. Désolé, c'est ridicule tout ça, haha! Mais c'est moi.
Voilà, bravo moi, je me retrouvais encore une fois avec les joues rosées. Il y avait longtemps maintenant que je pensais comme ça, mais je ne l'avais jamais dit à quelqu'un d'autre à voix haute. Maintenant que je prononçais mes ambitions ainsi, j'avais l'impression, plus que jamais, d'être une enfant aux rêves démesurés. Mais bon, peut-être était-ce un peu ce que j'étais. Une fille normale avec des rêves trop extraordinaires pour elle. Qui sait. Heureusement, nous atteignîmes la boutique peu après et je m'y engouffrai presque en hâte, trop effrayée à l'idée de ce qu'il aurait pensé de mon petit monologue de rêveuse professionnelle. Au lieu de cela, j'allai retrouver la vendeuse et lui demandai de me trouver des robes rouges, afin que je puisse les essayer. Je m'éclipsai donc avec un rapide "Je reviens!" et me dirigeai vers les cabines d'essayage. J'en ressortis à quelques reprises, pour avoir l'avis de Leo, mais retournais me changer presque aussitôt. Celle-ci faisait trop adulte, cette autre là ne respectait pas tout à fait le thème, une autre était beaucoup trop courte et une dernière tirait un peu trop vers l'orangé. C'est, au final, en y croyant presque plus que j'enfilai une splendide robe à l'allure asiatique, presque convaincue qu'elle ne me ferait pas. Pourtant, miracle, le résultat n'était pas si mal dans le miroir. J'ouvris la porte de la cabine d'essayage afin d'aller montrer le résultat à Leo, tournant même sur moi-même, pas trop rapidement bien sûr, pour lui permettre de bien voir le résultat de tous les côtés. Puis, je tournai mon sourire vers lui, sans même lui demander verbalement ce qu'il en pensait. De toute façon, je savais qu'il pourrait sans doute me répondre sans les mots, lui aussi.
Si quelqu'un m'avait dit qu'un jour, moi, Estelle Highwind, je serais assez jolie pour faire lever quelqu'un de sa chaise, je ne pense pas que je l'aurais cru. Pourtant l'évidence était là, juste devant mes yeux, en la personne de Leo. Sa bouche s'entrouvrit, ses mains presque tendues vers moi et il semblait chercher ses mots. J'en ris quelque peu, à la fois gênée et flattée d'une telle réaction, me demandant au passage quelle aurait été celle d'Allen. Ce n'est qu'après quelques secondes passées ainsi qu'il secoua soudainement la tête, comme pour se ramener sur Terre, provoquant chez moi un nouveau rire léger. Il semblait maintenant nerveux, s'excusant de sa réaction et achevant de me faire monter un peu de rose aux joues. Ainsi, selon ses dires, la robe était parfaite. Même plus, j'étais moi-même parfaite dans cette robe.
- Merci.
Répondis-je simplement, un peu timidement moi aussi avant de le voir prendre la fuite vers la sortie. Bon eh bien, il semblerait que celle-ci soit la bonne. Je retournai donc me changer, ré-enfilant mes vêtements habituels, me faisant bien songeuse durant ce temps. Je ne m'attendais pas à provoquer une telle réaction, tout de même. Cette journée avait décidément de quoi surprendre. J'avais dansé avec un garçon qui, jusqu'à ce matin, m'était totalement inconnu et maintenant voilà qu'il avait déjà ce genre de réaction en me voyant porter une robe. Mais le pire dans tout cela, c'est que tout ceci s'était déroulé d'une façon si naturelle, si facile, que je n'avais même pas réalisé avant de commencer à y penser vraiment. L'on m'aurait dit que je connaissais Leo depuis des années et je n'aurais pu qu'acquiescer, parce que c'était en réalité l'impression que j'avais. Qui sait, peut-être l'avais-je rencontré en une vie antérieure ou quelque chose comme ça? Enfin, pour peu que l'on soit prêt à croire que cela soit possible. Bref, maintenant vêtue normalement, je sortis et me dirigeai vers la caisse, attrapant des chaussures de la bonne taille au passage. Puis, je m'arrêtai devant le présentoir de lunettes soleil, vérifiai le prix et l'affaire était pour moi déjà conclue. Je ne repartirais pas d'ici sans une quarantaine de ces paires de lunettes!
Je remerciai donc la vendeuse, repartant avec un grand sac bien plein de tout mes achats. J'y fouillai d'ailleurs à l'aveuglette afin d'en sortir des lunettes, arracher l'étiquette et les poser sur mon nez avant d'observer le résultat dans un miroir. Parfait. Elles étaient justes un peu arrondies, ce qui préservait mon air jeune, mais conservaient un air rectangulaire, plus près de l'ovale que du cercle, ce qui me donnait un air classe -comme les lunettes du dessin en fait, mais chut, je suis pas censée savoir-. Cette petite amélioration faite, je sortis dehors, cherchant Leo du regard. Ah! Le voilà qui attendait patiemment avec son Zoroark, une fumée blanche dansant à chacune de ses expirations. Comme ça, là maintenant, j'avais presque l'impression de regarder une scène dans un film, avec le héros qui attend dans le froid, prenant de nouvelles résolutions importantes pour la suite de ses péripéties. Une scène où il manquait une actrice pour la suite du scénario, en toute logique de film pokéwoodien. Il me fallait donc le rejoindre, porteuse de ce nouvelle accessoire. Je déglutis, espérant qu'il ne prendrait pas mal ma petite initiative, retournant à ses côtés avec un sourire aussi brave que possible.
- Me revoilà! Et maintenant nous sommes deux supers espions au lieu d'un, comme ça on fait la paire.
Et comme ça ils ne te regarderont plus seulement toi, ils nous regarderont tous les deux et on sera peut-être un peu bizarre ensemble, mais tu ne seras pas seul. C'est l'important, non? Hum! Retour à nos mareep. Il nous restait encore plusieurs choses à faire, comme trouver la fameuse machine à fumée et récupérer Sephiroth et Ouji-sama, nos deux croupiers qui avaient du maintenant recevoir quelques heures de formation à cet effet. J'ignorais si ce serait suffisant, mais il faudrait faire avec puisque nous possédions un délai limité pour tout accomplir. Je me retournai donc une fois de plus vers mon acolyte, lui partageant la prochaine étape de notre long périple.
- Notre prochaine mission, si vous l'acceptez... haha! Non, j'y arrive pas! Bon, il faut aller récupérer nos croupiers et en même temps ils auront peut-être une vieille machine à fumée à nous prêter. Après il ne nous restera plus qu'à aller attendre l'arrivée du buffet et du groupe et leur indiquer où ils peuvent s'installer et bah, je pense qu'il ne nous manquera plus que les invités après ça.
Et nous voilà repartis, côte à côté sur l'un des trottoirs de l'île Pumkin, un imposant Zoroark nous escortant. Il n'y avait pas à dire, avec pareil Pokémon en notre compagnie, je me sentais on ne peut plus en sécurité. D'ailleurs, ça me faisait penser que je n'avais aucune idée de ce qui devait composer le reste de son équipe. Après tout, il était arrivé en même temps que moi, donc son équipe devrait théoriquement avoir à peu près la même grosseur, non? C'est donc enjouée de nouveau, convaincue d'avoir trouvé un sujet de conversation idéal, que je repris la parole. Quelle idiote je faisais, tout de même. Si seulement j'avais su, j'aurais pu ne pas le blesser inutilement. Moi qui ne désirait qu'aider, j'étais au final plus maladroite encore que je ne l'aurais cru.
- Sinon, pendant qu'on a le temps de discuter un peu, je me demandais qui sont les autres membres de la super équipe Blackhart?
Il s'était arrêté net, comme s'il venait de se retrouver confronté à un mur invisible. Comme lorsqu'un coup nous coupe le souffle et que l'on se retrouve déconnecté de la réalité. Pourtant je n'avais fait que parler. Tout comme j'avais su le délier plus tôt en quelques paroles, voilà que maintenant j'avais l'impression de lui avoir vrillé le coeur avec cette interrogation sans doute inattendue. Je ne pouvais voir ses yeux et, pour l'énième fois en ce jour, j'aurais bien aimé qu'il en soit autrement. Remarque, aurais-je eu la force de soutenir ce que j'aurais pu y croiser? Quelle était réellement l'ampleur de la peine qui sommeillait dans ces profonds iris d'ambre? Et dire que les passants semblaient énervés, contournant notre trio maintenant immobile en poussant des soupirs, en jetant des regards consternés et en montant un peu la voix. Ces gens, j'eu envie de leur crier dessus, de leur dire qu'ils n'étaient qu'une bande d'aveugles et d'insensibles. Comment faisaient-ils pour ne pas entendre pleurer le coeur de Leo?
Luné tenta de rappeler son dresseur sur terre et, si cela sembla fonctionner, le résultat n'en était pas moins factice. Une fois de plus cette main sur cette nuque. C'était quoi, la troisième fois maintenant? Chaque fois lorsque ce sujet précis revenait dans la conversation, chaque fois lorsqu'il était question de son accident, de ses lunettes, de ses Pokémons. Que s'était-il donc passé? Qu'est-ce qui justifiait ce sourire si triste qu'il m'en mettait presque les larmes aux yeux? Sa voix s'éleva de nouveau, visiblement prête à me partager l'atroce vérité se dissimulant derrière ces verres fumés. Il n'avait plus d'équipe Pokémon. C'était aussi simple que ça, aussi court, aussi sec. Pourtant, ces quelques mots avaient quelque chose d'horrible. Je sentis mon propre coeur se serrer à cet instant et, malgré moi, j'eu le réflexe d'un pas de recul. Son rire nerveux résonnait dans mon esprit et mon souffle me fut coupé un instant. Je revoyais Kaeko, recroquevillée sous cet escalier, pleurant car elle n'avait pas su protéger son dortoir. L'âme en peine car elle avait échoué à la protection de l'un de ses Pokémon. Et lui, ce jeune homme pourtant si gentil, cet individu au coeur semblant si tendre, le malheur s'était abattu sur lui de la pire des façons. Qu'aurais-je fait si, à sa place, il ne m'avait plus resté qu'Ouji-sama? Spark, Ash, Hime, Shaw, Sephiroth, mon oeuf de Ponyta. Qu'aurais-je fait sans eux?
J'étais toujours sans voix, toujours sous le choc lorsqu'il laissa sortir un Caninos d'une autre pokéball. Malheureusement, malgré tout l'entrain du canidé, il m'était impossible de sourire à son apparition, impossible d'être enjouée avec lui. Volés par la team Rouage. La Team Rouage. Encore et toujours. Y avait-il quelqu'un sur cette île qui n'eut pas versé de larmes par leur faute? Et pourtant Leo s'entêtait à tenter de sourire. Il avait l'air si triste, si brisé, si souffrant soudainement. Alors pourquoi souriait-il?! Comment trouvait-il seulement la force de le faire? Peut-être était-ce seulement parce qu'au fond, il n'avait pas le choix. Injuste. C'était tellement, tellement injuste. Je n'arriverais pas à lui sourire en retour, je n'en serais pas capable. Peut-être que ça faisait de moi quelqu'un de faible, peut-être que ça faisait de moi quelqu'un qui n'avait pas le droit de partager sa compagnie, parce que ça ne lui apporterait sans doute rien de bien. Je ne ferais que tourner le couteau dans la plaie, je le savais, mais c'était plus fort que moi. Comment sourire et juste continuer comme si de rien n'était? Non, je ne pouvais pas faire ça.
- Leo...
J'aurais voulu dire tellement de chose. J'aurais voulu m'insurger contre la team rouage, vociférer mille injures et m'indigner. J'aurais voulu crier, lui dire d'arrêter de sourire comme ça parce que c'était beaucoup trop faux. J'aurais aussi pu lui dire que les choses iraient mieux maintenant, mais sur quoi me serais-je basée pour affirmer une telle chose? Leonidas n'était plus un gamin et ce n'est qu'aux enfants que l'on assure que tout va bien aller. Il aurait été limite irrespectueux d'oser dire quelque chose d'aussi stupide. Ainsi, au lieu de dire toutes ces choses, je laissai simplement les actes parler pour moi, ça et mes larmes qui commencèrent à rouler sur mes joues, bien entendu.
Sans y réfléchir d'avantage, je serrai Leo et son Caninos dans mes bras, ou du moins je tentai de le faire. Après bon, vu le gabarit du phyllali, supérieur au mien, et la présence du pokémon feu en bonus, il était clair, net et précis que je n'arriverais pas à les enlacer tous les deux, mais ça ne m'empêcherait pas de faire ce que je pouvais, de lui apporter mon support tel que je le pouvais. Voilà qui était, toutefois, bien dérisoire. J'avais fait de même avec Kaeko après tout. Était-ce donc la seule chose que je savais faire, enlacer les gens en cherchant mes mots, les larmes aux yeux? Était-ce la seule chose dont j'étais capable? Non, je voulais faire plus, ne serait-ce que pour Leo. Il me paraissait quelqu'un d'extraordinaire et il méritait quelque chose qui soit à la hauteur. Je ne pourrais sans doute jamais rien faire qui soit suffisant, mais si je pouvais faire quelque chose pour lui, aussi insignifiant que ce le soit, je le ferais sans la moindre hésitation.
- Je vais t'aider... je ne sais pas comment mais.... mais au moins je suis éleveuse. Ouais... je pourrais peut-être t'aider comme ça...? Je suis tellement désolée... je....je suis tellement nulle que je sais même pas quoi te dire.
J'avais parlé tout en le serrant contre moi, n'ayant pas bougé de ma position, pleurant toujours doucement. Ma voix s'était faite timide, un peu faible et instable du à un rire nerveux et pathétique accompagnant mes derniers mots. Une fois de plus, je me sentais si impuissante. Tous ces efforts, toutes ces résolutions, toutes ces aspirations. Mais à quoi bon nourrir tant de rêves et d'espoirs si je n'arrivais même pas à aider les gens qui se tenaient devant moi, dans le moment présent?
Je devais avoir l'air idiote, mais là vraiment très très très idiote. Remarque, vous me direz sans doute que ce n'est pas quelque chose de nouveau après tout et je ne pourrais sans doute pas vous en tenir rigueur, mais là n'est pas le sujet du jour! Je m'étais mise à pleurer lorsque j'avais compris, j'avais voulu lui offrir mon support, j'aurais voulu pouvoir faire quelque chose. N'importe quoi, mais quelque chose. Pourquoi? Pourquoi pas. Il était là, devant moi et il souffrait de ce qui lui était arrivé, c'était indéniable, ça crevait les yeux. Chacune de ces fois où sa main était allée retrouver sa nuque, chaque fois que je m'étais demandée ce que je verrais en ces yeux sans ces lunettes, comment manquer tous ces signes? Mais en même temps, qu'est-ce que je voulais faire? Je n'étais même pas une topdresseur, je ne pouvais pas maudir toute la team rouage et promettre de les faire disparaître, de causer leur chute et de les vaincre un par un si nécessaire. Mon équipe n'était pas du tout entraînée pour ça, je n'avais même jamais pris part à un véritable combat Pokémon. De quoi aurais-je l'air, seule devant l'envahisseur, me reposant sur la capacité à combattre d'un petit Vipelierre qui avait passé le plus clair de son temps à se faire limer les ongles - si si - et à se faire appliquer de la crème hydratante?! Bon sang, l'image est encore plus pathétique que ce que je croyais maintenant que je la visualise en plus de ça.
Pendant ce temps, Leo avait posé les mains sur mes épaules, me disant de ne pas pleurer. Oui bon, c'était un bon conseil que j'aurais sans doute du m'appliquer à suivre, et c'est d'ailleurs ce que je tentai de faire. Heureusement que ce n'était que quelques larmes et pas des sanglots, autrement là c'est vrai que mon échelle de crédibilité aurait chuté d'encore quelques échellons. J'ai bon espoir qu'un jour, ma crédibilité soit si basse que je passe pour une personne extraordinaire en Chine. Chacun ses aspirations après tout. Il en essuya quelques unes du pouce et je le remerciai d'un genre de sourire alors qu'il me dit de ne pas pleurer pour lui, de ne pas pleurer pour eux. Même son caninos se mit de la partie, allant se percher dans la tignasse blonde de son dresseur. J'acquiesçai faiblement, résistant de peu à l'envie de m'excuser pour ça. Il poursuivit donc, me remerciant avant d'ajouter qu'ils étaient forts tous les trois et de consulter les deux Pokémon pour confirmer, ce qu'ils firent avec grand entrain. Maintenant porteuse d'un délicat sourire, même moi je ne pu résister à y apporter mon avis.
- Oui, c'est vrai. Vous êtes les meilleurs.
Dis-je en m'accompagnant malgré moi d'un rire léger, contraste sans doute un peu étonnant après cette autre expression que je portais un peu plus tôt encore. Mais bon, impossible de garder cet air triste et compatissant quand il semblait effictivement si fort et si décidé à franchir cette épreuve avec la tête haute, ses deux compagnons à ses côtés. C'est ensuite qu'il enchaîna en effaçant le reste de mes larmes et je le laissai faire sans rouspéter. C'est que décidément je pleurais souvent moi depuis cette fameuse attaque de la team Rouage. Comme quoi leur passage avait laissé en moi des traces plus profondes que je ne l'aurais voulu l'admettre. En même temps, comment pourrais-je oublier ces interminables minutes passées sous le lit et en pleurs, Ouji-sama caché loin de moi? Et, bien sûr, la peluche... J'en avais laissé les lambeaux à Lansat, incapable de la mettre dans ma valise. J'espérai vaguement quelle serait toujours là à mon retour. Certes, lui ne pensait peut-être pas qu'elle était importante, il pensait peut-être que c'était le genre de choses que l'on peut bêtement acheter et il avait raison, mais pour moi cette peluche était devenue un symbole. Elle était pour moi celui de la joie que j'avais partagé avec lui, de nos souvenirs communs, des espoirs que je me faisais pour l'avenir sur Lansat. Je devais la réparer, parce que la vie continue. Si Leo arrivait à se relever de ce qui lui était arrivé, s'il arrivait à poursuivre sa vie et à pourchasser ses rêves de nouveau, qu'est-ce qui m'empêcherait de faire pareil? Une fois rentrée sur l'île Lansat, j'allais me retrousser les manches et réparer la peluche. J'en étais capable. Lorsqu'il me dit de sécher mes larmes, c'est avec joie que j'acquiesçai.
- Ouais, je vais faire ça. Désolé. Mais je ne retire pas ce que j'ai dit. Si tu as besoin de quoi que ce soit n'hésite pas, je ferai de mon mieux pour t'aider, promis. -petite pause- On y va...?
Il déposa sa main sur le dessus de ma chevelure rosée. Un simple geste amical, mais qui me fit me sentir encore plus petite à côté de lui. Puis, il m'avait dit savoir vers qui se tourner et juste après, vint le saint-graal. Enfin bon, j'exagère peut-être un peu, mais osef. Ce sourire là. Ce sourire là, il brillait comme un petit soleil. Il brillait comme si on venait de lui enlever le plus pénible des poids et qu'il respirait enfin de nouveau. Réflexe, je souris avec lui. Un sourire enthousiaste pour faire écho au sien alors que mon coeur s'allégeait lui aussi. Et même, ce n'était pas tout, puisque je me permis de laisser échapper quelques mots à mon tour.
- Moi aussi, je préfère te voir sourire, Leo!
Et c'est après cela que nous reprîmes notre chemin, porteurs d'une nouvelle complicité. Remarque, c'était sans doute simplement une plus grande compréhension, parce que complicité déjà on pouvait difficilement faire mieux pour une première rencontre hein. D'ailleurs, il semblerait que ce n'était pas pour plaire à Ouji-sama, comme si cela allait étonner qui que ce soit. Il agissait différement ces temps ci, il semblait encore plus farouche qu'à l'habitude. Sans oublier qu'il était maintenant allergique aux garçons blonds, presque littéralement. Espérons que ça lui passe rapidement, parce qu'il était assez désagréable là. Bref, le buffet arriva et c'est selon nos indications que tout fut disposé. Ça prenait forme là! Bientôt, la fête pourrait commencer! Du coup, lorsque Leo me proposa d'aller nous préparer, c'est bien évidemment que j'acceptai, anticipant déjà le temps de préparation que cela me demanderait.---
J'étais presque prête, presque. Un peu de maquillage pour rehausser le regard et rendre ces lèvres un peu ordinaires plus attrayantes. Parce que bon, soirée espion en mode femme-fatale, autant jouer le jeu comme il faut, parce que sans le maquillage approprié j'aurais juste l'air d'une gamine dans une robe de femme quoi et donc au revoir le bel effet. Sinon, je portais déjà ma splendide robe chinoise et, en dessous, avais bien pris la peine d'enfiler des bas collant noir, bien que semi-transparant. Car bon, il y avait une échancrure de chaque coté de la robe à partir de la mi-cuisse, j'allais quand même pas laisser mes jambes à la vue de tous à ce point là, d'autant plus que nous étions quand même en plein hiver! Pour conclure le tout, des talons hauts. Ça, j'avais galéré un peu je vous avoue. Non pas que je n'arrivais pas à les choisir, ça s'était fait tout seul quand j'avais repéré cette paire splendide. Non, la question était plutôt : est-ce que je peux les porter? Si mon cavalier avait été Allen, j'aurais sans doute préféré des talons plus petits. Comme on aimait bien danser tous les deux c'était plus sécuritaire et puis comme ça nous conservions un certain écart de grandeur quoi. Mais vu que ce soir, exceptionnellement, j'allais sans doute être accompagnée par Leo qui faisait quelques centimètres de plus, pourquoi pas me permettre une petite folie tiens?
Plus qu'à relever ma chevelure pour l'attacher à la chinoise avec une baguette....Enfin, pas comme les baguettes pour manger, vous savez! Les grosses aiguilles de bois pour les cheveux quoi! Des piques à cheveux? Nan nan, baguettes pour cheveux! Ouais, on va dire ça comme ça! Bref. J'avais aussi laissé quelques mèches rosées venir encadrer somptueusement mon visage et rajouté à cela des boucles d'oreilles. Un rapide coup d'oeil dans le miroir me permis de m'admirer de la tête aux pieds et, sans vouloir paraître narcissique, c'est que j'avais la classe. Bon, ce n'était peut-être pas du niveau Scarlet Johansson, mais le niveau Emma Watson c'déjà un très très bon départ, non? Ouais bon, laissez moi mes rêves de ressembler à une grande dame, d'accord!? Dans mon coeur, j'étais facilement aussi jolie! Plus qu'une dernière chose, me dis-je en sortant mon iPok, prenant la pause en me plaçant un peu de côté, juste assez pour que l'on voit bien l'échancrure à la jambe. Parfait. Et maintenant, selfie. Vérification de l'image. Raaaah! Non, je ne pouvais pas faire un sourire de gamine pour aller avec ma superbe allure de femme fatale, voyons! Aller, on ré-essaie. Léger sourire en coin, un peu aguicheur, le regard confiant, les épaules bien droites et les courbes élégantes. Vérification de l'image! Ah ouais, ça c'était mieux! Hmm, mais la petite mèche de cheveux là j'avais pas remarqué. Bon on reprend. Cheveux en place, sourire confiant et un peu invitant, le regard vif, petite aura de mystère. Vérification de l'image. Mouhahahahaha! Je pouvais faire couverture de magazine avec ça! Faites moi tourner ce iPok!
Soirée espion ce soir. N'hésitez pas à venir me demander une hanche, monsieur Wills.
Envoyé avec la selfie parfaite en fichier joint. Hum? Un instant. Nooooon! Cet autocorrecteur! Ça ne voulait tellement rien dire en plus! En fait... hum.... Ouais non, dans un contexte comme celui-là ça pouvait être interprété d'une façon... Oh merde, vite, je devais corriger ça!
Une danse! Je voulais dire une danse! Désolé, c'est mon autocorrecteur. >.<
Pfiou, comme quoi malgré tous les efforts je ne changeais pas. Bref, il était temps d'y aller maintenant, pas question de faire attendre Leo et potentiellement les invités. Dernière vérification dans le miroir et j'étais partie, pratiquant ma démarche de super espionne alors que le claquement de mes talons m'accompagnait. Bientôt, je pu voir apparaître Leo à la deux. La soirée me stressait au point de voir double maintenant?! Ah, mais non! Luné bien sûr! Embarquant dans le jeu, je m'approchai donc avec le sourire, le même sourire que j'avais pratiqué à faire devant le miroir, feignant de ne pas savoir lequel des deux était le bon.
- Lequel de ces charmants jeunes hommes sera mon cavalier pour ce soir?
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