Je me retournai dans mon lit, lentement, m'emmêlant dans ma longue chevelure rose bonbon. Dans l'hécatombe capillaire, un oeil chocolat s'ouvrit, puis un autre, suivit d'un bâillement. Après une courte bataille, je pu enfin voir le plafond et, accessoirement, juste au dessus de moi, le visage moqueur de Sephiroth qui me fixait, pour me faire sursauter. Blasée, je me retournai sur le côté en maugréant, enfouissant mon visage dans l'oreiller pour ignorer le pauvre spectre, maintenant attristé par son échec retentissant, se laissant glisser jusqu'au matelas, à mes côtés. Je soulevai une paupière de nouveau, patientant, mais rien. Ha ha! Gagné! Je me retournai vers le spectre, tentant de refermer mes bras autour de lui pour un câlin surprise. Aaaah! Le spectre en profita pour me passer directement au travers, me frigorifiant en un instant alors qu'un frisson me parcouru d'un bout à l'autre. Je me relevai d'un bond dans le lit, lançant un oreiller en sa direction en tempêtant, m'enroulant dans la couverture pour tenter de dissiper cette sensation oh combien désagréable.
- Non, mais ça va pas?! Me traverser de si bon matin et en plein hiver, tu veux me faire faire de l'hypothermie ou quoi?!
Après ça, c'était certain que je n'arriverais pas à me rendormir, autant rêver. Un nouveau frisson me parcouru et je grommelai de nouveau en me préparant à aller à la douche rapidement. Aujourd'hui, je n'avais pas de temps à perdre! Effectivement, j'avais prévu une rencontre au dortoir Phyllali avec un nouvel ami à moi, rencontré lors de notre séjour sur l'île Pumkin. Leonidas avait vécu de dures épreuves cet été et, suite à tout cela, son Caninos avait stoppé sa croissance et pas besoin d'être un grand médecin Pokémon pour deviner que ce n'était pas une bonne chose. M'étant proposée pour l'aider s'il en avait le besoin, c'était sans hésiter que j'avais accepté de faire une petite expérience sur Arkhan, histoire de travailler du même coup mes hypothèses sur les répercussions d'un fort lien entre un dresseur et son Pokémon, accompagné de contacts physiques affectueux et réguliers. Bref, j'avais fini de me préparer -en un temps record pour une mentalienne, je tiens à le préciser- lorsque je préparai mon kit de massage, que je plaçai mon oeuf de Pichu bien confortablement dans mon sac à dos avec une couverture et, finalement, que j'accrochai la ball du Statitik à ma ceinture. Effectivement, je possédais déjà plus que ma dose de Pokémon électriques et je connaissais un dresseur de confiance qui ne demandait qu'à rebâtir la fabuleuse team Blackhart, pourquoi ne pas poser ma pierre à cet édifice en lui offrant ce Pokémon que j'avais capturé il n'y a pas si longtemps? Enfin, ça c'était ma petite surprise, hehe!
Quoi qu'il en soit, c'est donc chargée de tout mon attirail, et accompagnée d'un Fantominus en orbite autour de l'imposante masse gravitationnelle que représentait ma chevelure, que je quittai la chambre que je partageais maintenant avec Kaeko-chan pour me diriger vers le dortoir Phyllali. Tout aurait pu bien se passer dans le meilleur des mondes si, sur mon passage dans le couloir, je n'avais pas senti des paires de regard se tourner vers moi, les conversations se calmant soudainement sur mon passage pour ensuite se raviver une fois que j'étais plus loin. C'était suspect, vraiment très très suspect. Je m'arrêtai net, tournant la tête vers le troupeau de Lippoutou, ne les quittant pas de mon regard chocolaté. Je pu presque les entendre déglutir. Non, mais c'est pas sérieux là?! Elles étaient aussi discrètes qu'un Ouji-sama dans un concours de coordination et elles étaient surprises que j'ai remarqué quelque chose? Non, mais il y a des limites à se foutre de la gueule des gens! Je posai un poing sur ma hanche, celui qui ne devais pas composer avec le lourd poids du kit de massage, et je fronçai les sourcils, prête à demander des explications.
- Je peux vous aider, les filles?
Échange de regards furtifs, petits gloussements, encore quelques regards gênés, puis l'une des filles se fit pousser vers moi. Comble de malchance pour l'envoyée à l'abattoir, non seulement elle avait l'air très très gênée, mais en plus sa tête ne me plaisait pas, mais alors pas du tout. On aurait dit une petite mentalienne sans trop de cervelle qui faisait partie des fans de Justine Biebeurre ou un truc comme ça. Le même genre de fille qui pourrait totalement faire partie du fameux fan club d'un certain Préfet du dortoir Noctali, mais je dis ça je ne dis rien. J'haussai un sourcil, pour l'encourager à cracher le morceau, et la présence fantomatique de mon ectoplasme se fit plus insistante, n'hésitant pas à aller faire un petit tour auprès de la brunette pour la motiver à parler.
- Eh bien... Enfin, ce n'est pas mon avis, Estelle, faut me croire! Mais il y a beaucoup de filles... les gens disent.... enfin.... Oh ça va! Éloigne ce fantôme il m'inquiète! Merci. Hum. En fait, ils disent que tu es...euhm... que tu ne le mérites pas vraiment, parce que tu... enfin... elles ne t'ont pas vu aller le visiter à l'infirmerie, pendant qu'elles surveillaient la chambre, alors.... les rumeurs disent.... enfin, elles ne sont pas méchantes hein. Mais fait attention à toi dans les couloirs, d'accord?
- Mmh, merci de l'info.
Laissais-je glisser, la voix plus froide que jamais. Sephiroth lui-même en sembla surpris, me suivant en gardant quelque peu ses distances, me surveillant comme si ma réaction l'inquiétait. Il y avait de quoi, remarque. Le visiter à l'infirmerie lorsque quoi? Il était arrivé quelque chose à Allen et il ne m'avait pas appelé? On ne m'avait pas mise au courant à tel point que toutes ses satanées de groupies l'avaient su avant moi et avaient pu lui faire parvenir tout plein de cadeaux avant moi?! Je ruminais maintenant toutes sortes de pensées, me questionnant sur le bien fondé de ces informations. Rien d'étonnant, dans ce cas, à ce que j'envoie un message texte au concerné.
Tu vas bien? J'ai entendu dire de drôles de choses, n'hésite pas à m'appeler si tu as besoin. Donne moi de tes nouvelles. Je t'aime. Bises, Estelle.
Envoyer. Je soupirai, rangeant mon iPok dans l'une des poches de ma veste, replaçant mon foulard et haussant le pas pour approcher du dortoir Phyllali. Non, mais. Comme si j'avais pu ne pas être au courant pour un truc aussi important, et puis quoi encore. Après j'allais apprendre qu'en fait il avait une soeur cachée ou un truc incroyable comme ça? Non, je sais, un mariage arrangé en fait! Pire, il allait quitter l'Académie et faire carrière en tant que chanteur aux côtés de Justine Biebeurre! Haha! Oui, voilà. Toutes ces histoires étaient ridicules. Je l'aurais appris si Allen s'était retrouvé à l'infirmerie, soyons réalistes. Sephiroth revint à mes côtés, son sourire s'étant fait plus étiré et je le lui rendit, ou en tout cas tentai de le faire, et il en paru satisfait. Bien, tout allait mieux dans le meilleur des mondes... Ou en tout cas c'est ce que j'espérais, jusqu'à tomber sur le surveillant à l'entrée du dortoir. Me faire des misères parce que je voulais aller visiter des garçons en plein jour, et puis quoi encore?! Ouais, genre j'allais m'introduire comme ça pour le plaisir avec tous ces bagages pour passer illégalement la nuit dans un dortoir masculin. Et puis quoi encore?! Ridicule cette histoire.
Heureusement que je réussi à passer tout de même après un léger mensonge qui ne ferait de tort à personne. Et puis bon, ce n'était pas si éloigné de la vérité techniquement, du coup je ne me sentais pas trop coupable. Que de soulagement, dans tous les cas, lorsque je pu finalement frapper à la porte de Leo et attendre qu'il ouvre. Enfin, moi j'attendis, Sephiroth ne pu s'empêcher pour sa part de traverser la porte et d'aller tournoyer autour de Leo en grimaçant avant de lui voler son crayon des mains, pour le forcer à abandonner le dessin et à venir m'ouvrir. Patiente, j'attendis qu'il ouvre, n'hésitant toutefois pas à entamer moi-même la conversation avec le sourire, tentant d'étouffer mes préoccupations autant que possible, pour l'instant.
- Bonjour Leo! J'ai failli ne pas pouvoir entrer, j'ai du dire au surveillant que je venais visiter mon frère, c'est une chance que ton colocataire ait les mêmes cheveux que moi quand même. Oh, sinon, je peux déposer le kit de massage quelque part? Pas que c'est lourd, mais.... oui bon, ok, mais j'ai réussi à le porter toute seule jusqu'ici hein! M'enfin, comment ça va? Je ne t'ai pas trop fait attendre j'espère?
C'est presque immédiatement que la porte s'ouvrit, dévoilant un Arkhan surexcité et un Sephiroth heureux de me revoir, comme si l'on avait été séparé durant plus que dix secondes. Leo, pour sa part, s'empressa de venir récupérer le kit de massage pour moi, me donnant ainsi un coup de pouce des plus appréciables. Puis, après avoir mentionné le poids de mon fardeau et l'avoir déposé sur le bureau, il me répondit qu'il avait bien dormi pour une fois, ce qui me porta à sourire. C'était une bonne nouvelle ça. Moi-même j'avais du mal à dormir depuis le vol de la team rouage et je ne savais que trop à quel point cela pouvait s'avérer désagréable. Tourner et retourner dans le lit, soupirer, regarder le plafond et, lorsque l'on dormait finalement, se réveiller en nage à cause d'un cauchemar. Il n'y avait pas pire fléau que des troubles du sommeil, je vous le garantis! Quoi qu'il en soit, il me retourna ensuite la question et c'est avec un sourire pseudo détendu que je commençai à y répondre...
- Ça va, rien à signa...
...pour mieux m'interrompre en plein milieu. En se tournant vers Leo, mon regard chocolaté avait capté son expression et ce, malgré les verres fumés du jeune homme. Ses traits laissaient transparaître de l'inquiétude. Il ne posait pas cette question par simple politesse, mais bien car il était sincèrement inquiet. Même, je pouvais sentir cet insistant regard d'ambre, comme essayant de faire passer un message. Ce n'est pas la peine de me raconter n'importe quoi Estelle, tu n'avais pas fait un pas dans cette chambre que je savais que quelque chose clochait, alors n'essaie pas de te défiler et soi honnête, je suis inquiet. Tout ça, et sans même prononcer un mot! Était-ce Leo qui était particulièrement bon à ce jeu ou était simplement ce genre de lien invisible qui passait entre nous? Car bon, avouons le, se comprendre aussi vite pour des gens qui, pourtant, ne se connaissaient pas depuis si longtemps, ça avait de quoi surprendre. Mais bon, je me passerais ces réflexions plus tard, lorsqu'il ne serait plus en train de me fixer comme ça. Désemparée et un peu gênée peut-être, je détournai le regard, croisai les bras et gonflai un peu les joues avant de tenter d'enfouir ma petite tête dans ma tignasse rose. Ajoutez à cela un tout petit peu de rose aux joues avec la gêne d'avoir été démasquée si vite et des sourcils froncés et vous avez le portrait complet.
- Ne fais pas cet air quand même! J'ai compris. J'ai eu un petit accrochage avec des membres du fan club d'Allen en me rendant ici. Habituellement je n'en fais pas trop de cas, je me dis quelles sont justes jalouses ou quelque chose comme ça, mais... Cette fois elles me reprochent un truc bizarre et on dirait quelles sont toutes dans le coup, c'est vraiment étrange. Un truc par rapport à l'infirmerie, comme quoi je n'aurais pas été le voir. Mais c'est ridicule, il m'aurait appelé s'il avait du s'y rendre quand même. Je sais bien qu'il est réservé, mais c'est le genre de truc trop important pour qu'on n'en parle pas quoi. Du coup je lui ai envoyé un message texte, pour avoir le fin mot de l'histoire à la source. Il n'y a pas encore répondu, mais c'rare qu'il le fasse directement de toute façon alors, la patience est de mise j'imagine. M'enfin, nous avons plus important à faire je pense.
Pas que je n'étais plus inquiète, pas que je voulais empêcher Leo de me partager son avis sur la question en mettant tout de suite un terme au sujet de conversation et pas que j'étais gênée de lui parler de tout ça. Non, en vérité, c'est que le seul fait de lui partager cette inquiétude, c'était déjà suffisant pour que je me sentes un peu mieux. Il n'avait besoin de rien dire, je sentais déjà son support. Enfin, après il était intelligent et bien plus réfléchi que moi, du coup il aurait peut-être une réplique pour achever de me rassurer et de me faire sourire, vu qu'il avait l'air d'exceller dans cette compétence. Dans tous les cas, il y avait toujours un petit Caninos tout énervé pour me tourner au tour en jappant pour attirer mon attention, venant gratter un peu ma jambe tout en battant l'air de sa queue. Ne désirant pas l'encourager et préférant le laisser se calmer, je l'ignorai un peu plus longtemps, tentant de retrouver une certaine paix intérieure qui, normalement, s'avérait contagieuse aux Pokémon, tout comme l'inverse était vrai. Ainsi, si le Caninos était aussi excité là maintenant, était-ce un signe de l'énervement que son dresseur avait pu lui-même ressentir en sachant que je viendrais le voir aujourd'hui? Peut-être que oui, peut-être que non. Qui sait.
- Vaut mieux attendre qu'Arkhan se calme un peu, autrement il ne sera pas assez réceptif. Il suffit juste de se détendre un peu et ça devrait être communicatif, j'ai lu ça quelque part une fois.
Du coup j'allais devoir attendre à après le massage pour offrir le Statitik à Leo, mais bon, ça pouvait bien attendre. Dans l'instant, pourquoi ne pas en profiter pour installer le matériel?
- Je vais probablement avoir besoin de ton bureau, pour le massage. J'ai aussi une petite couverture là-dedans, du coup il sera confortable quand même. Enfin, je ne veux pas non plus envahir ton espace. *petite pause* Oh, tu étais en train de dessiner?
Mon regard chocolaté parcouru les feuilles avec curiosité, mais, surtout, avec un air adoucis, une curiosité calme et contemplative. L'on pouvait suivre l'évolution d'Arkhan d'un croquis à l'autre et, honnêtement, j'étais très impressionnée par le talent caché de mon camarade. On voyait bien l'énergie du Caninos, comme on sentait parfois son épuisement après la course, le tout simplement par quelques habiles coups de crayons. Et dire que j'avais hérité de modestes capacités de coutures, rien d'aussi impressionnant que les oeuvres de Leo. Et puis...? Mes lèvres s'étirèrent en un sourire amusé lorsque je cru reconnaître le jeune garçon endormi avec son Riolu. N'était-ce pas le colocataire de Leo? En même temps, espérons le, parce que s'il y a un truc plus creepy que de dessiner quelqu'un pendant qu'il dort, c'est de s'introduire dans d'autres chambres pour dessiner quelqu'un pendant qu'il dort. J'entendis alors Leo me dire que ses oeuvres étaient un peu du grand n'importe quoi. Tout de suite, je lui jetai un regard en coin, un peu espiègle, le sourire pas convaincu une seule seconde.
- Ils sont géniaux Leo. Je les regarde et je peux presque sentir Arkhan qui essaie d'attirer mon attention avec sa patte sur mon mollet.
Sourire complice, pour ne pas rigoler franchement et risquer d'énerver à nouveau le canidé, qui était d'ailleurs justement en train d'essayer d'attirer mon attention. Il avait l'air déjà un peu moins emporté, mais la façon dont il faisait encore claquer sa queue dans l'air me disait que ce n'était pas tout à fait ça. Je poursuivis donc ma découverte des croquis de Leo avec un regard passionné, comme si je tentais de tous les mémoriser quelque part dans un coin de ma tête. Je lui passai également un ou deux petit commentaires ça et là en souriant, du genre de : On dirait qu'il va te sauter dessus pour que tu arrêtes de dessiner et que tu t'occupes de lui. Ou encore de : Cael dort-il vraiment toujours avec sa boite de biscuits? Non, parce que c'est vraiment une boite de biscuit ça, non? Tu vois, tu es si doué que j'arriverais presque à te dire la marque si ce n'était du Riolu placé devant. Rires légers, tension envolée, regards complices et toujours cette atmosphère confortable, naturelle. Même Arkhan n'y avait pas échappé et, bientôt c'est avec un sourire que je décrétai que nous pouvions commencer.
Je plaçai la couverture, pliée pour faire un coussin confortable, au milieu du bureau de Leo et attachai ma longue chevelure en un haut chignon tout en élégance, laissant quelques mèches venir encadrer mon visage avec leurs amples boucles et d'autres dégringoler malgré moi sur mes frêles épaules. Au moins je serais plus à l'aise pour travailler, me dis-je avant de venir placer Arkhan sur son nouveau piédestal. Je me tournai ensuite vers Leo, lui tendant l'un de ses crayons, récupéré plus tôt par Sephiroth, en lui adressant un sourire doux et détendu.
- Tiens, une fois que j'aurai commencé, il ne bougera plus. C'est l'occasion ou jamais.
Quant à savoir s'il allait suivre ou pas cette suggestion semi-sérieuse, c'était plus ou moins important. Ce qui comptait, c'est qu'il soit attentif à ce que je faisais pour pouvoir apprendre, à long terme, à effectuer lui-même ces massages à l'endroit de son Pokémon. Je tournai mes iris concentrés vers le kit de massage, cherchant ce qui serait le plus adapté à ce cas-ci. Au final, j'optai pour une crème naturelle conçue pour fortifier le poil et lui donner plus de lustre. Je laissai Arkhan le sentir avant toute chose et, comme il ne semblait pas répugné, mais qu'il ne semblait pas non plus avoir l'envie irrésistible de la manger ou de me lécher les doigts, j'estimai que le choix était le bon. Je déposai donc une petite quantité de crème dans la paume de main, refermai le tube et le re-déposai dans la trousse avant de frotter mes mains l'une contre l'autre, pour répartir le produit sur chacune de mes mains, pour une application plus uniforme. Puis, je vins d'abord gratter Arkhan derrière l'oreille, doucement et affectueusement, pour achever de le détendre, de le mettre en confiance et de l'ouvrir à la possibilité d'un massage. Il se laissa faire, visiblement bien heureux de la tournure des choses. Je fis bientôt de même avec l'autre côté, puis je vins m'attarder au poil près de la mâchoire, dans le creux de son cou, avec la même délicatesse et le même soin. Je pouvais sentir la tension qui semblait diminuer au fur et à mesure, mes iris à l'éclat serein ne se détournant pas de mon petit patient qui semblait aux anges.
- Il faut commencer par les endroits où il préfère être gratté et touché, pour le mettre en confiance. Il faut vraiment bien le détendre et lui donner envie de s'abandonner à nous, pour qu'il se laisse faire lorsque j'en serai à masser son ventre ou même ses pattes. Il a beaucoup de tension accumulée, ça se sens dans sa façon d'être, il a du mal à se laisser aller, comme s'il y avait toujours un peu de peur dans sa poitrine, même si ce n'est pas conscient. Il faudra faire preuve de beaucoup de patience et d'amour. Qu'en penses-tu, Arkhan? Tu es un beau garçon, j'espère que tu le sais. Il faudra te montrer les magnifiques croquis de Leo, ils te rendent très bien justice. Et même, après ce petit massage ton poil sera encore plus radieux. Tu seras le plus beau Caninos de l'Académie, Arkhan.
Ma voix s'était fait aussi douce que possible, détendue et égale, ne laissant filtrer aucun signe d'énervement alors que j'avais poursuivit mon ouvrage au fur et à mesure, sans jamais seulement faire mine de me retourner vers le dresseur du pokémon feu. J'avais passé à son dos et je le massais doucement, du garrot jusqu'aux reins, puis retour au cou et ainsi de suite, suivant toujours le sens de son poil pour ne pas le rendre inconfortable. Il se laissa aisément bouger sur le côté lorsque je le poussai avec douceur et je passais ma main à son poitrail, l'y massant doucement également alors qu'il se laissa rouler encore un peu plus, dévoilant son ventre. Un sourire vint animer mes lèvres une fois de plus. Il commençait à s'ouvrir à moi. Je commençai à masser avec application l'une de ses pattes avant, remarquant que les yeux du Caninos étaient maintenant clos et que sa respiration semblait plus régulière, plus paisible.
- Tu sembles avoir retrouvé tes aises, c'est bien. Oui, il vaut mieux lui parler, le son d'une voix rassurante peut l'aider à se détendre. Ce n'est pas toujours le cas, mais il semble apprécier ma voix, alors j'en profite.
Encore une fois, j'avais eu l'air de m'adresser d'un bout à l'autre à l'heureux élu du massage d'aujourd'hui, ne détournant pas mon attention de sa précieuse personne. J'avais passé à sa seconde patte entre temps et, une fois celles de ce côté massées, je le remis sur le ventre et recommençai à le masser de la nuque jusqu'aux reins avec la même application, jusqu'à le manipuler doucement pour le coucher de l'autre côté et atteindre ses deux autres pattes. Il se laissait maintenant faire comme une poupée de chiffon, remuant de temps en temps lorsqu'il faisait mine d'éternuer ou se trouver une position plus confortable, la langue pendue et la respiration régulière et calmée. Après cela vint le tour du ventre alors qu'il se roula complètement sur le dos, pattes écartées, me laissant lui masser le poitrail et le ventre, comme s'il me faisait totalement confiance. Impossible de ne pas sourire devant tel spectacle. Ce n'était que le premier massage et, déjà, en une quinzaine de minutes, nous avions déjà fait de grands progrès. Au final, je le grattai de nouveau au cou et il se retourna sur le côté en un mouvement rapide, pour profiter de cette nouvelle marque d'affection, sa queue battant l'air une ou deux fois.
- Tu as très bien fait ça Arkhan. Tu es un bon chien.
Il me répondit d'un jappement, déjà prêt à se relever pour se rapprocher de moi et demander plus de caresses, retrouvant déjà un peu de sa vigueur. Il faisait plaisir de voir un Pokémon aussi énergique, c'était annonciateur de bonnes choses généralement. Je replaçai distraitement l'une de mes mèches de cheveux derrière mon oreille, n'ayant pas trop porté attention à mon environnement, même aussi direct que ma chevelure, durant toute l'opération. Ce n'est qu'à se moment que je daignai tourner de nouveau mon regard chocolat vers Leo, l'air un peu gênée. Pourvu qu'il n'ait pas trouvé le temps trop long pendant que je massais Arkhan. Je m'étais complètement coupée du monde pendant ce temps et, maintenant que je le réalisais, je m'en ressentais un peu coupable.
Il ne semblait pas en avoir pris ombrage, au contraire. Vu la gêne qui semblait l'habiter lui aussi, j'en conclus qu'il avait sans doute épié mes moindres gestes sans voir le temps passer lui non plus, perspective qui, du coup, avait de quoi me gêner encore plus. Le phyllali vint au final me rejoindre et, en un mouvement un peu maladroit, sa hanche vint heurter la mienne et je me décalai un peu plus, pour lui laisser le champ libre, répondant que ce n'était rien avec un sourire indolent. Puis, il me complimenta, mentionnant que c'était incroyable. Je piquai un léger fard et ris doucement en haussant les épaules.
- Des heures de pratique. Tu devrais voir, chaque fois que je sors le kit de massage mes Pokémon font la file et se battent presque pour savoir qui se fera le plus dorloter. À force j'ai fini par m'y faire.
D'ailleurs, c'était certain que, lorsque je rentrerais à ma chambre au dortoir Mentali, ils seraient sans doute déjà tous en train de jouer des coudes pour me faire les beaux yeux, espérant tous avoir leur petit moment de détente et de caresses.Comme quoi, au final, je les avais peut-être trop couvés. Dans tous les cas, le caninos s'était maintenant rapproché de son dresseur, partageant un baiser esquimau avec ce dernier alors qu'il se faisait complimenter. Impossible de ne pas sourire devant un tel spectacle. C'est alors que ses verres noirs se retournèrent vers moi alors qu'il me demanda s'il pouvait mettre la main à la pâte, me qualifiant au passage de Doc'. Oh oh! Doc! Comme le Doc' de Retour vers le Futur peut-être! Ou bien comme dans la réplique de Bugs Bunneary, son célèbre "Quoi de neuf, Docteur?" Aurais-je donc atteint ce niveau d'awesomness? Pour le coup, c'est des étoiles plein les yeux que j'acquiesçai, caressant déjà ce nouveau titre et le chérissant, fière d'imaginer que, bientôt, il n'y avait plus que mon père que l'on appellerait Docteur Highwind.
Je donnai un peu de la crème à Leo, pour qu'il puisse s'habituer à travailler avec ce produit -car oui, j'avais déjà prévu de lui faire cadeau du tube en partant, pour qu'il puisse le masser régulièrement même si je ne passais pas tous les jours- avant de le guider minutieusement. Je le guidai avec des instructions claires et, à quelques reprises, ne me gênai pas pour venir mettre mes mains sur les siennes, pour bien lui enseigner chaque mouvement et lui indiquer les endroits où son caninos avait semblé le plus réceptif. Je lui donnai également quelques petits trucs, comme la façon la plus appropriée de ressentir le stress intérieur d'Arkhan, entre autres choses. Tout au long de notre petite manoeuvre, le chien de feu se laissa faire avec joie, bien trop heureux de se faire chouchouter de la sortes, par deux dresseurs plutôt qu'un en plus. Sephiroth, de son côté, était depuis longtemps parti tournoyer paresseusement au dessus de Luné, nous laissant le champ libre sans s'imposer d'avantage. Tout se passait pour le mieux, jusqu'à ce que Leo passe un commentaire qui me fit d'abord agrandir les yeux, puis rigoler franchement.
- Tu as toute une façon de le demander toi! Après j'avoue qu'après un pareil séjour chez les Pyroli, n'importe qui aurait bien besoin d'un massage. Remarque, j'ai fait des massages à toutes sortes de Pokémon, mais jamais à un être humain, je me demande si c'est très différent.
Déjà, mes iris parcouraient mes différents produits dans le kit de massage, comme à la recherche de quelque chose adapté à la peau d'un être humain plus qu'aux poils d'un Pokémon. Il ne l'avait peut-être pas pensé comme ça en le disant, mais mes réflexes d'éleveuse étaient bien huilés et, dans un contexte comme celui-là, ma réaction avait presque été instinctive, faisant passer Leo au statut de patient en moins de temps qu'il n'en faut pour l'écrire. Je pris un tube de crème hydratante, le sentit, le remis à sa place. De l'huile carrément? Un peu trop salissant quand même, valait encore mieux trouver autre chose. Hm? Crème hydratante à l'odeur d'orchidée. Je la sentis, celle-là aussi, et fut heureuse de constater qu'elle était beaucoup moins odorante que l'autre, possédant au final un parfum délicat et suave. Oh? Mais en fait. Nouveau regard vers le tube de crème, interloquée. N'était-ce pas la crème que j'utilisais moi-même dans ma routine beauté? Comment s'était-elle retrouvée dans mon kit de massage? Oh peu importe, ça ferait l'affaire j'imagine. Enfin, je devais quand même avoir l'approbation de Leo avant quand même. Si jamais il n'aimait pas l'odeur je n'allais pas non plus le forcer à la trimbaler partout avec lui pour le reste de la journée.
- Sens ça. Tu en dis quoi? Enfin...je veux dire... tu étais sérieux, hein?
Moment d'hésitation soudain alors que mes joues rosirent une fois de plus. J'avais réagi sans trop y penser, prenant ses paroles pour une demande dissimulée alors qu'en fait, je ne lui avais pas trop demandé son avis sur la question. Pourvu que je ne sois pas en train de causer un malaise quand même, ce serait bien ma veine.
Il sentit la crème, me jeta un regard, puis de nouveau la crème. Il avait fait le lien. Comme ça, de façon instantanée, sans pouvoir confondre l'odeur avec une seule autre. Voilà qui me gêna un peu plus. Certes, nous avions passé beaucoup de temps ensemble pour des gens qui venaient de se rencontrer et, même s'il aurait été plus facile de le nier, nous avions une étrange faculté à pouvoir nous deviner l'un l'autre, mais je n'aurais pas cru qu'il aurait identifié si rapidement jusqu'à mon parfum. Enfin, l'avait-il réellement deviné ou cela était-il encore au stade de l'impression? Non, la réaction avait tenu du réflexe, il n'avait pas été hésitant, le lien était bien solide. Il savait plus qu'il avait deviné, car Leo sentait ces choses sur moi, tout comme je pouvais sentir là où se dirigeait son regard en regardant seulement ses plus subtils mouvements de la tête. Au moins, il mentionna que l'odeur était bonne, puis acquiesça et, finalement, s'interrompit. Détournement du regard vers son caninos, une fois de plus. Alors j'avais vraiment mal interprété les choses! J'allais me confondre en excuses et lui expliquer que je n'avais pas vraiment réfléchi, mais la résolution de Leo était déjà prise alors qu'il avait commencé à déboutonner sa chemise pour dévoiler un chandail en dessous. Je détournai les yeux, un peu gênée tout de même, jusqu'à voir ses vêtements rejoindre le lit. Sephiroth tourna un large sourire vers moi, ricanant légèrement avant de tourner quelques fois dans la chambre, sa façon perso de me narguer. Charmante attention. Regard en coin vers le jeune homme.
Sans blague?! En fait, sous ses airs de garçon réservé et intellectuel qui aimait bien dessiner ses pokémons lorsqu'il ne trouvait pas le sommeil, il y avait ça? Tablette de chocolat. Seize ans et tablette de chocolat. Sans oublier que je réalisais pour la première fois qu'en fait il ne manquait pas d'épaules non plus, même qu'il était assez grand. C'est moi ou je trouvais le moyen d'être intimidée par Leo moi?! Ridicule, non? Pas tant que ça, finalement, puisqu'il l'avait lui aussi sentit et s'empressa de mentionner qu'il était docile et qu'il ne mordait pas, me poussant au sourire malgré moi. Hm? Même ses lunettes? Remarque, c'était logique. Tant qu'à se détendre, autant essayer d'oublier ne serait-ce que temporairement la présence de son voile de verre, rappel sans doute constant de ce qui s'était passé l'été précédent. Il poussa même la blague jusqu'à ouvrir les bras et se qualifier de complètement inoffensif. Malgré moi, je ne pu m'empêcher de me demander qui est-ce qu'il tentait le plus de convaincre, moi ou lui?
- J'espère bien. Arkhan te surveille pour moi, n'est-ce pas?
Le caninos répondit d'un jappement content, puis se tourna vers son dresseur avec un certain sérieux, comme prêt à remplir la mission dont je l'avais affublé. Un nouveau rire léger m'échappa et je m'approchai finalement de Leo, me posant derrière lui, debout pour être plus à l'aise et avoir moins de mal à atteindre ses épaules par exemple. Je ne jetai, dans la manoeuvre, qu'un regard à la dérobée à son visage. Il était si étrange de le voir ainsi. Ça me rappelait notre danse, lorsque j'avais trébuché et que ses lunettes avaient déserté leur poste, me laissant apercevoir l'ambre de ses iris. Pour le coup, je restai une ou deux secondes de trop perdue dans mes réflexions, jusqu'à ce que la voix de Leo me rappelle à l'ordre, annonçant qu'il était tout à moi.
- Oui oui, je me nettoie juste les mains, ce serait dommage de mélanger cette crème avec le produit d'entretien du poil d'Arkhan.
Je m'exécutai donc, retirant les dernières traces de lotion avant de réitérer le même geste que j'avais fait plus tôt avec ma crème florale. Un peu dans la paume, puis frotter les deux mains ensemble et en enduire également les doigts, pour une application uniforme, fraîche et apaisante. Maintenant, commencer. Un peu timidement, ma main droite vint effleurer son épaule, ou s'y poser plutôt, mais sans vraiment oser. Je sentis sa peau, chaude, et surtout cela me suffit à sentir que quelque chose n'allait pas. Je me fis alors plus détendue, plus confiante, me recentrant sur l'objectif ici. Sur ce, le contact de ma main se fit plus assuré alors que je lui caressai doucement l'épaule tout en prenant la parole. J'avais retrouvé le même ton que plus tôt, lorsque je m'adressais à Arkhan. À ce niveau, ça tenait presque de l'instinct.
- Ne t'inquiète pas, Leo. Je ne mords pas non plus, promis. Tu dois te détendre, autrement tu ne pourras pas en profiter et je pourrais te faire mal. Tu as beaucoup de tension accumulée... Fais moi confiance, d'accord?
Sur ce, mon autre main vint se poser sur son autre épaule et je lui caressai doucement la base du cou et les épaules, les trapèzes, cette section si propice à ce que la tension s'accumule. D'abord, je devais commencer par réchauffer la zone à masser, le pousser à se détendre et à se laisser aller à profiter du massage. Si je massais directement en profondeur, cela pourrait le brusquer et ici tout l'intérêt était justement d'éviter cela, pour qu'il puisse respirer de façon plus légère, ne serait-ce que dans l'immédiat. Graduellement, j'étendis la zone pour masser de haut en bas, jusqu'à son bassin, et de bas en haut, retour aux épaules. Je glissai un peu de ses épaules également pour m'attarder un peu sur ses bras, puis retournai vers le dos et poursuivis. Graduellement, j'appliquai un peu plus de pression dans le haut de son dos, localisant même un ou deux noeuds. Pas étonnant qu'il ait du mal à dormir, il avait l'air plus tendu que la corde d'un arc. J'ignorais si c'était son état naturel ou si cela n'avait pas plutôt à faire avec l'entraînement des Pyrolis, mais pour le coup il avait presque plus besoin de ce massage que son Pokémon. Je travaillai un peu au niveau de son premier noeud, pour essayer de l'en soulager ne serait-ce que partiellement, puis retournai à masser l'intégralité de son dos, pour le détendre de nouveau avant d'attaquer le second, placé près d'une omoplate.
- Respire et n'hésite pas à me le dire si je te fais mal.
Je poursuivi encore un peu, jusqu'à une fois de plus masser son dos de façon plus générale, pour l'apaiser de nouveau après cela. Je m'aventurai également du côté de sa nuque, de façon plus douce, allant rencontrer au passage quelques unes des blondes mèches de la chevelure du Phyllali. Puis de nouveau les épaules et, maintenant, le bras gauche. Lentement, mais avec application, je le massai de l'épaule jusqu'à la main, prenant bien le temps de m'attarder pour diriger la tension de ses épaules vers sa main. Cela pouvait s'avérer quelque peu désagréable puisque, habituellement à ce stade ci la main en devenait très tendue, mais je ne tardai pas à y remédier en venant masser la paume de sa main, puis finalement ses doigts au passage, pour m'assurer de le débarrasser de toute la tension qui aurait pu demeurer dans sa main. Pour le coup, c'était les miennes maintenant qui devenaient tendues à forcer d'appliquer toute cette pression ici et là, après tout il me fallait appuyer plus fort pour Leo que pour son chien de feu. Malgré tout je tenais le coup, désirant de toute façon habituer mes délicates mains, car j'allais sans doute rencontrer des pokémons encore plus robustes que le scientifique dans l'avenir. Je retournai masser un peu ses épaules, m'y attardant de nouveau avant de commencer à masser son autre bras de la même façon que le précédent. Tout en étant concentrée sur mon ouvrage, un vague sourire sur les lèvres, j'interpellai Leo d'une voix douce, pour m'assurer ne pas l'avoir perdu en cours de route.
- Tu ne dors pas j'espère?
La claire lumière de l'avant-midi entrait timidement par la fenêtre de la chambre des Phyllali, éclairant la scène en une atmosphère douce et lumineuse. Il était une chance que les yeux de Leo fussent fermés. Remarque, il n'avait pas simplement l'air de protéger ses yeux, plus maintenant. Je l'avais donc interpellé avec douceur, pour vérifier. Contre toutes attentes, sa voix s'éleva, un peu plus grave peut-être qu'à l'habitude. Un ton qui semblait plus assuré, plus en confiance. Même en étant ainsi totalement abandonné à mes bons soins, il semblait plus à l'aise que dans tout autre contexte. Leo mentionna même très bien comprendre pourquoi mes Pokémons faisaient la queue pour se faire masser et j'en fus réellement flattée. Plus, j'en était fière. Ce long soupir de satisfaction qu'il laissa échapper, c'était la preuve qu'il avait vraiment eu besoin de mon aide et, plus que tout, que j'avais réussi à l'aider. J'avais beau être maladroite, naïve et parfois aveugle aux trucs pourtant les plus évidents, mais je réussissais à aider les gens comme ça. J'améliorais un peu le sort des gens qui m'entouraient et, cela, c'était pour moi quelque chose de très, très précieux.
- Merci.
Lui répondis-je donc simplement après qu'il m'eut qualifiée de douée. Je poursuivis mon ouvrage, m'appliquant toujours autant alors que je pouvais le sentir sombrer doucement. Bientôt, s'il s'endormait véritablement, j'allais me retrouver avec un problème. Un grand problème d'un mètre soixante-treize que je ne pourrais pas porter seule jusqu'à son lit, mais il avait tellement de mal à dormir ces temps ci que je n'osais pas non plus envisager de le réveiller. S'il pouvait ne serait-ce que faire une petite sieste réparatrice, cela lui ferait le plus grand bien, c'était certain. Que faire a-- Pas le temps de réfléchir. Il ne m'en avait pas laissé la chance, m'attirant près de lui alors que ses bras se refermèrent sur moi. Gênée, je n'osai pas trop bouger, l'un de mes bras coincé par l'étreinte du lion assoupi, l'autre toujours en ma possession bien heureusement. Je cherchai à croiser son regard de mes iris, mais c'était peine perdue. Seul un Hmmm vint répondre à mes interrogations. Il s'était endormi, cette fois c'était officiel.
- Leo? Leonidas? Alors au final tu n'as vraiment pas pu t'en empêcher...
Souriant avec tendresse, je passai la main dans sa chevelure, sans vraiment y réfléchir, peut-être pour y jouer doucement avec affection ou bien sans doute pour dégager son visage et apercevoir son air si paisible, si serein. Des traits à la fois doux, tendres et dorés, mais possédant déjà un peu de ce côté carré et robuste qui faisait d'un homme ce qu'il était. Je me figeai dans mon mouvement, mon regard chocolat se voilant soudainement alors que ma main se retira de sa tignasse blonde comme si elle venait de s'y brûler. Je sentis mes propres épaules se tendre, mon coeur battre plus fort et ma respiration devenir difficile, presque acide. J'avais l'impression que je sortais d'une longue plongée et que mes poumons, privés d'air, se brûlaient soudainement. J'avais voulu rendre service à un ami en massant son Growlithe, d'accord, il avait des problèmes de croissance et je pensais sincèrement que ça pouvait l'aider. Puis, j'avais voulu aider ce même ami lui-même, parce qu'il en avait besoin et que, ça aussi, ça m'avait semblé normal jusqu'à maintenant. Ce qui m'avait semblé moins normal, toutefois, c'était cette réaction que je venais d'avoir. Lui passer la main dans les cheveux comme ça, presque lui effleurer la joue dans mon geste. Cette proximité qu'il avait avec moi, là, maintenant, pourquoi me dérangeait-elle autant soudainement? Comme ça, sans crier gare? Qu'est-ce qui venait de se passer? Qu'est-ce qui venait de changer? Ou plutôt, tout simplement, qu'est-ce que je n'avais pas réalisé avant cet instant précis?
Portant une nouvelle fois mon regard vers lui, vers cette chevelure dorée qui brillait dans la lumière de l'astre solaire, s'infiltrant par la fenêtre, je plissai quelque peu le regard, mon coeur se serrant au point de m'étouffer. Leonidas était un ami. Un très bon ami, certes, mais un ami tout de même. Alors pourquoi, oh grand Arceus pourquoi avais-je eu cette réaction en guise de réflexe? Était-ce le genre de réaction que j'avais eu si Ginji m'avait serré dans ses bras par exemple? Non, bien sûr que non. Sans oublier qu'il ne l'aurait tout simplement pas fait, il n'aurait eu aucune raison de le faire et nous n'étions pas assez proche. Pour l'amour du ciel, avais-je seulement déjà partagé un telle intimité avec Allen? Tout ceci avait parti d'une bonne intention, mais c'était définitivement trop cette fois. Cette façon que Leo avait de me faire perdre le contact avec le reste du monde, c'était tellement effrayant. Lorsque j'étais seule en sa compagnie, c'était comme si le monde s'arrêtait. Comme si plus rien n'avait compté, ne comptait ou ne compterait jamais. Son étreinte qui m'avait pourtant paru si douce, si affectueuse, maintenant se muait en prison et je ne pensais plus qu'à en sortir.
Heureusement, c'est à ce moment qu'il réagit. Était-ce parce que, même endormi, il arrivait à ressentir mon malaise? Car même le sommeil ne pouvait l'empêcher d'être uni à moi et de ressentir les variations de mon esprit comme si je les lui avais chantées? Maintenant complètement rouge, il me libéra sans plus de délai, s'apprêtant à se confondre en excuses. Je reculai de deux bon pas, me détournant de lui comme pour reprendre mon souffle, pour regarder ailleurs, pour essayer d'échapper à l'emprise qu'il avait si naturellement sur moi, tentant d'oublier que la réciproque me paraissait toute aussi vraie. Dans l'empressement, je ne le laissai même pas terminer sa phrase.
- Ça va, ce n'est rien.
Je me mordis la lèvre inférieure. Il n'y avait aucune chance pour qu'il n'ait pas remarqué ça. Ça devait avoir été plus évident qu'un Snorlax endormit dans un couloir ou, pire, qu'une Général Jackie sur une piste d'athlétisme. Autant tout lui avoir déballé d'un coup, l'effet aurait sans doute été le même. Vite, je devais détourner la conversation vers autre chose, je devais l'empêcher de me questionner et de me sonder. L'empêcher de froncer subtilement les sourcils comme il le faisait toujours lorsque l'inquiétude venait le tirailler. Pourquoi je savais ça moi pour commencer?! Et Allen, est-ce que j'étais capable de dire le visage qu'il avait lorsqu'il était inquiet? Oui, je le pouvais, l'éclat dans ses yeux se faisait terne dans ces cas là, mais généralement ses questionnements semblaient plus intérieurs, tout à l'inverse de Leo donc. Voilà qui était déjà sécurisant. Penser à Allen, voilà. Et puis de toute façon Leo était endormi à ce moment là, lui-même n'avait pas du remarquer le geste d'affection que j'avais eu à son égard en laissant ma main vagabonder dans sa chevelure, je n'aurais qu'à m'en tenir loin à l'avenir et tout se passerait bien. Je n'avais qu'à faire taire ce je ne sais quoi qui grognait en moi et me ressaisir une bonne fois pour toutes. Il y a un principe simple dans ce monde, un principe qui dit que, si on a honte de dire quelque chose que l'on a fait à la personne que l'on aime, si l'on a besoin de se demander si c'était mal ou pas, alors c'est qu'à quelque part on l'a déjà trahi, autrement on ne se poserait même pas la question. C'est donc un goût amer à la gorge que je récupérai les lunettes de Leo, sur son bureau, et que je les lui rendis, les laissant entre ses mains. Suite à cela, je lui laissai le loisir de les remettre tout en me détournant de lui, libérant mon imposante chevelure avant de commencer à ranger les différentes composantes de mon kit de massage, Sephiroth quittant son coin bien tranquille pour venir me tournoyer autour presque par réflexe, son regard passant de moi à Leo et à moi encore. Lui aussi avait sentit que quelque chose se tramait dans mes pensées, pour la seconde fois de la journée, mais il ne semblait pas capable d'en blâmer tout à fait Leo. Encore heureux. Lui n'avait rien fait de mal après tout.
- Je... Je ne voudrais pas te déranger trop longtemps. Il vaut sans doute mieux que... Ouais...
La fuite, prendre la porte, m'en aller et ne pas me retourner. Ne pas porter attention aux gestes ou aux paroles de Leo. J'avais décidé de partir, décidé que je devais m'éloigner de lui, ne serait-ce que dans les minutes à venir. Pourquoi? Voilà une question que je tentai d'éloigner autant que possible, d'étouffer, d'éviter, d'ignorer. Je le savais, la réponse à cette question serait plus dévastatrice que tout ce que j'avais du affronter jusqu'à maintenant. Pourquoi est-ce que les choses se passaient comme ça? Pourquoi est-ce que la simple pensée du regard céruléen d'Allen me paniquait maintenant? Non, c'était un mot maudit. Pourquoi? Parce que. Voilà. C'est tout. Je n'étais pas suffisamment courageuse pour aller plus loin. Je ne désirais pas franchir ce point de non-retour, pas là maintenant. Juste partir. Juste...
Le bruit de la chaise contre le lit, aigu et vibrant dans l'air, provoquant des réactions variés. Sephiroth s'écarta, comme manifestant soudainement son désir de ne pas me suivre. Son désir de m'empêcher de continuer, de m'empêcher de partir. Mon regard chocolat s'était levé vers lui, interrogatif. N'était-il pas, habituellement, complètement aux ordres d'Ouji-sama? Ne suivait-il pas ses instructions au pied de la lettre? Pourtant, cette fois, il semblait ne suivre les idées de personne sinon les siennes voir... celles de Leo? Car oui, lui non plus ne voulait que je partes, bien évidemment. Trop interloquée par le mouvement de recul du fantôme, je ne fis rien pour éviter la main du lion, venant se refermer sur mon poignet pour mieux me retenir. Je tournai mon attention vers lui, remarquant qu'il avait récupéré sa chemise, bien qu'elle fut toujours ouverte. Le sentiment d'urgence, assurément. Impossible de lui dissimuler mes pensées, impossible qu'il ne comprenne pas que cette fuite, elle serait peut-être définitive. Lentement, je levai les yeux vers son visage. Ce n'était pas par courage, oh que non, car je m'en sentais complètement dépourvue là maintenant. C'était parce que c'était Leo, parce que je ne pouvais pas m'empêcher de le regarder. J'aurais peut-être du faire un effort pour que ce ne soit pas le cas, mais il est très difficile de lutter contre ce genre de choses. Attend, qu'il avait dit. Ne me laisse pas, ne pars pas, reste avec moi. Ne m'abandonne pas maintenant. N'emporte pas tout cela avec toi sans m'en laisser une partie d'abord. Ce n'était pas mon poignet qu'il venait d'agripper. Pas que ça.
Les mots se bloquaient dans ma gorge et la seule chose que mon visage savait lui répondre, c'est que j'étais profondément désolée. Pourquoi? Parce que, c'est tout. Pas cette réponse là. Évitement, fuite, encore. Mais il n'allait pas me laisser faire, bien sûr que non. D'une façon ou d'une autre, nous comptions trop l'un pour l'autre pour qu'il me laisse partir comme ça. Sa voix s'éleva, presque en un adieu. Son visage et son corps me criaient de rester, voulaient me garder à ses côtés, voulaient me garder sous son emprise. Pourtant ses mots étaient tout autres. Presque déchirants, c'était là un Adieu qu'il me faisait. Il était prêt à me laisser partir, mais il ne le voulait pas. Il me respectait assez pour obéir à ma décision, mais se devait tout de même de me laisser connaître ce qu'il désirait vraiment, quand bien même c'était peut-être inconscient. Je me demandai, vaguement, si je lui demandais pourquoi, peut-être lui avait-il la réponse à ma question. Justement, peut-être que si. Merci de ce que j'avais fait pour lui. Il serait encore à se morfondre si je n'avais été là pour lui... Voilà une pensée douloureuse. Tu dois être mon ange gardien. Voilà une pensée dévastatrice. Autant me rendait-elle fière de moi, heureuse à l'idée d'avoir pu l'aider et simplement enjouée et flattée et ainsi de suite, autant cela me donnait l'envie de pleurer. Pourquoi était-ce si naturel d'épauler Leo, d'être à ses côtés et de lui donner un peu de ma force comme il me donnait de la sienne alors que, au contraire, j'avais l'impression qu'Allen ne me parlait jamais de rien? Non, tais toi Estelle. Tu ne viens pas de penser à ça. Cette pensée n'est pas la tienne. Cette pensée n'est pas réelle, pas fondée. Oublie la, maintenant.
Et son rire doux, sa façon gênée de se gratter la joue. Oh Leo, les choses que tu me dis sans me les dire. Ce devrait être criminel de me laisser entrevoir ces pensées là. Je devais les imaginer, sans doute. Impossible que je le déchiffre si facilement, je me faisais des idées, voilà. Et il en rajouta. Je lui avais tombé dessus quand il en avait eu le plus besoin. Je lui avais rendu le sourire, aidé avec ses Pokémons, avec ses problèmes de sommeil. Merci, hein? Infiniment... Est-ce lui qui vint m'entourer de ses bras une fois de plus, ou est-ce moi qui m'y réfugiai? Au fond, peut-être que ce n'est pas si important. Juste peut-être.
- Ne dis pas ça. Ne le dis pas comme ça.
Tu parles comme si j'allais partir. Mais n'était-ce pas très précisément ce que je voulais faire? Oui et non. J'avais l'impression de danser hors tempo. D'être l'aiguille folle d'un boussole qui s'évertue à rechercher le Nord. Ma seule certitude, c'est que je ne voulais pas le couper, ce petit lien de ficelle rouge. Même, je me demandais si je le pouvais seulement. Je fermai les yeux, me blottissant contre lui alors que ses bras m'entouraient, me réconfortaient à sa façon, apaisaient mon esprit comme lui seul savait le faire. Je pouvais sentir l'odeur d'orchidée, je pouvais sentir toute la chaleur de sa peau. Ah, mais c'est vrai! Sa chemise était encore ouverte en fait. Je piquai un fard et reculai, enfouissant une main dans mes cheveux tout en détournant le regard, essayant de chercher autre chose sur quoi rebondir. Il n'avait pas fallu beaucoup, au final, pour qu'il me rattache à lui et m'empêche de prendre mes jambes à mon coup.
- Oh! J'étais en train de l'oublier complètement avec tout ça.
Je portai ma main à ma ceinture, décrochant la pokéball du Statitik. Je la considérai un court instant, puis la tendit à Leo, un sourire un peu vague venant reprendre empire sur mes traits. J'étais encore mal à l'aise et encore un millier de questions qui se bousculaient dans ma tête, mais la présence du Phyllali me suffisait, pour l'instant.
- Je l'ai rencontrée durant ma sortie capture. Je me suis dit que ce serait un bon premier pas... pour reconstruire la fabuleuse team Blackhart.
J'avais fini par reculer, mettant un terme à une étreinte avec Leonidas pour la seconde fois en très peu de temps. Cette simple idée, dans ma tête, semblait totalement sortie hors de nulle part. Moi, me faire serrer dans les bras de quelqu'un d'autre qu'Allen? Bon sang, il n'y a pas si longtemps l'on m'aurait dit qu'un jeune homme quelconque allait me serrer contre lui que je ne l'aurais même pas cru! Le lion avait rit, le coeur comme plus léger. Il a presque l'air fier d'avoir provoqué son embarras chez ma personne! Pour le coup je froncerais presque les sourcils pour le réprimander de cette attitude aussi décontractée, mais au final j'oriente le sujet vers la statitik que j'avais capturée spécialement pour le scientifique. Il en profita d'ailleurs pour refermer sa chemise, à mon grand soulagement. Je lui avais ensuite tendu la Pokéball et l'hésitation sembla s'être emparé du blond. Il regarda même par dessus son épaule, me faisant sourire une fois de plus. Enfin, je me repris tout de suite après, je ne voulais pas me laisser attendrir si facilement. Soit une forte femme, Estelle!
Après maintes hésitation, il fini toutefois par s'exécuter, se saisissant timidement de la ball. Voyant son regard ambre revenir vers moi, j'acquiesçai sans un mot, l'encourageant à poursuivre sur sa lancée. Enfin, en même temps moi et les araignées c'était pas totalement ça, donc j'avais à moitié envie qu'il l'ouvre, mais une autre partie de moi espérait également qu'il allait l'apprécier. J'aurais l'air bien belle moi avec une araignée sur les bras. Aaaaah, non, je ne voulais même pas l'imaginer en fait! Hm! Il ne fallu pas plus pour que Leo ose l'ouvrir, laissant un vif éclair -attention les yeux- illuminer la chambre avant de révéler une toute petite silhouette hyperactive. Prochain arrêt pour la créature? La crinière de Leo, directement, sans la moindre hésitation, me faisant presque rougir. C'est ça hein, d'abord j'y laissais vagabonder mes doigts et maintenant même le pokémon que je lui offrais prenait cette direction. Heureusement il la rapatria dans sa main rapidement avant de me faire savoir son avis verbalement. Enfin, parce qu'en fait son avis je le connaissais déjà, il n'y avait qu'à voir la façon dont il observait l'insecte, on voyait qu'il était complètement sous le charme et c'était suffisant pour m'apaiser. Un peu plus et on aurait dit que rien de tout ceci ne s'était passé. Que j'avais simplement terminé de masser Arkhan et qu'ensuite je lui avais offert la statitik, directement, sans aucun temps mort. J'aurais peut-être pu réussir à m'en convaincre si ce n'était de cette odeur qui flottait sur la peau de Leo ou du souvenir encore frais des cheveux du jeune homme qui glissaient entre mes doigts. Dans tous les cas, le Phyllali mentionna m'avoir remercié de toutes les façons possibles déjà, mais qu'il m'embrasserait en plus s'il le pouvait! J'en ris délicatement, ignorant la sensation de mes joues qui rougissaient malgré moi avant de lui lancer une réponse à laquelle je n'avais pas du tout réfléchi. Spontanée, automatique.
- Effectivement, je ne pense pas qu'Allen en serait très heureux.
Parce que le massage juste avant, tu penses vraiment que ça ne le dérangera pas, ça? Réfléchis un peu à ce que tu fais, petite Estelle! Et puis aller dire ça comme ça à Leo, pour le coup je m'applaudirais presque. Non, je m'en fouterais bien une en pleine gueule, et même deux de plus pour la peine. On aurait presque dit que j'essayais de le faire culpabiliser pour les bourdes que moi j'avais commises! Mais non, je ne voulais surtout pas de ça. Je devais prendre la responsabilité et, lorsque je verrais Allen, je lui en parlerais, tout simplement. Autrement, je n'aurais jamais la conscience tranquille. Remarque, il y avait autre chose qui planait dans mes pensées. Une question qui ma taraudait et qui me forçait à éviter le regard d'ambre du lion. Avait-il sentit le passage de ma main dans ses cheveux? Avait-il sentit le regard si tendre qui avait parcouru ses traits? Est-ce qu'il avait ressenti ce moment de faiblesse inattendue? Ces quelques instants de laissé-aller? Mais, au fond, voulais-je vraiment le savoir?
- Par contre je devrais vraiment y aller. Le surveillant doit commencer à se poser des questions, sans oublier que je ne voudrais pas déranger ton colocataire. Je compte sur toi pour bien t'occuper d'Arkhan et de cette statitik. Et je me demandais... Non, en fait laisse tomber, ce n'est pas important. J'y vais!
J'avais tourné les talons, récupéré mon kit de massage et tourné la poignée de la porte pour fuir dans le couloir et refermer derrière moi avant que Leo n'ait la possibilité de m'interroger d'avantage, Sephiroth sur mes talons. Cette question là se garderait bien d'avoir une réponse. Il dormait, il n'avait pas du remarquer, je devrais porter ce poids là sur ma conscience toute seule, fin de l'histoire. Il n'y avait rien de plus à demander, pas d'autres questions à se poser. Ce serait déjà oublié d'ici quelques semaines, pas de quoi en faire un foin. Dans ma précipitation, j'en avais même oublié ma fameuse crème au parfum d'orchidée. Comme quoi il était rarement une bonne chose de partir en toute hâte.