« - Ta décision est définitive ? Je ne me vexerais pas, tu sais. »
Khensit approuva, la mine grave. Pour une fois, ce ne fut guère le temps de multiples bavardages. Il y avait une étrange sobriété, un brin de mélancolie. La blonde ne fut s'empêcher de prendre sa petite vipère dans ses bras et de la serrer très très fort. Elle savait que leur séparation était nécessaire, la Vipelierre était malheureuse dans ces conditions. Le petit être vert avait besoin de monde, et d'énormément d'attention. Ses paroles incessantes ne pouvaient être comprises que par des pokémons. Léon aurait pu faire l'affaire s'il était pas aussi... Étrange. Une forme d'autisme se déclinait peu à peu chez le chaton. Il n'était pas l'as de la communication, partageant uniquement une flopée d'émotion, discrètement échappée de temps à autre. Son éducation prenait énormément de temps à sa coordinatrice. Ce n'était pas une bestiole que l'on sermonnait, que l'on punissait, car il intériorisait absolument tout, ne jugeant pas avec les mêmes critères qu'une conscience normale. Freyja avait toujours peur de le briser, et l'arrivée de Khensit l'avait énormément perturbé. Le chaton s'enfermait sur lui-même, faisait encore plus de bêtises pour évacuer sa frustration, et devenait de moins en moins présent. Les deux ne pouvaient pas cohabiter, cela était une tâche absolument impossible. Freyja devait réfléchir minutieusement pour l'adoption d'un nouveau pokémon. Peut-être qu'un félin ferait l'affaire ? Les chats, généralement, s'entendaient bien entre eux. Ce serait délicat au début, mais la blonde se devait de constituer une équipe qui n'amènerait pas Léon vers le fond. Des bébés pokémons, aussi, peut-être. Elles pourraient les éduquer et les inciter à la tolérance. Khensit avait déjà une personnalité bien définie, terrorisant le jeunot lorsqu'il agissait pas correctement. L'idée même la fit soupirer. Elle balança un regard autours d'elle, apercevant son starter qui regardait la scène, passif. La coordinatrice savait qu'au fond, il était triste.
« - Khensit, va dire au revoir à Léon, il ne comprends pas. »
Pour une fois, la vipère fit preuve de compassion, se dégageant des bras de sa dresseuse pour aller voir le chaton. Certes, il n'eut pas de démonstration d'affection explicite, mais elle lui remit son nœud papillon en place, et se servit de ses lianes pour appuyer sur ses joues, le forçant à sourire. Sa seule réaction fut de jouer avec les lassos verts. Le serpent ne put s'empêcher de faire un regard amusé. Le départ risquait d'être difficile, mais elle avait fait l'annonce en sa compagnie, et un certain Nox avait répondu. Il avait une bonne équipe, et Freyja était sûre que Khensit serait heureuse. Et puis, elles pourraient se revoir ! Ce n'était pas une séparation chaotique, loin de là.
« - Bon, ma petite déesse, ce cher Nox doit t'attendre. Je t'ai fait un petit sac, avec des cookies pour toi et tes futurs amis, prends ce que tu veux, il y a de la place. »
Le serpent choisit un foulard de sa dresseuse, ainsi que Le traité des Passions de l'âme, de Descartes. Son choix surprit légèrement notre jeunette. Certes, Freyja aimait particulièrement parler de philosophie, et enseigner, mais c'était un livre complexe, et elle n'était pas sûre que Khensi sâche réellement lire, même si elle faisait souvent mine de le faire.
Il était bientôt l'heure d'y aller, la blonde s'attrapa une veste et un chapeau bordeaux, la vipère et le chaton prenant place sur chacune des épaules. Khensit tenait à tenir elle-même son propre petit sac. Le trio qui allait bientôt se décomposer abandonna la chambre pour se diriger vers le parc.
Une fois arrivée, elle reconnut rapidement le concerné. Freyja arbora un sourire jovial, s'asseyant sur un banc.
« - Bonsoir, elle avait levé les yeux pour vérifier la couleur du ciel, mélange de teintes orangées et violacées. Tu dois être Nox, enchantée. Je m'appelle Freyja, et voilà Léon, et la fameuse Khensit. C'est la première fois que je fais ce genre de manœuvre, donc je ne sais pas trop comment procéder. Tu veux des renseignements sur elle ? »
La concernée regardait attentivement le dresseur, sautant de l'épaule de la blonde pour l'examiner. Eh bien, quelle pression.