« T’as pas bientôt fini de faire la belle ? »
Non, sembla lui répondre Bleuenn d’un seul regard. Depuis son évolution, la Macronium semblait se pavaner dans le dortoir, comme pour montrer à tous son éclatante beauté. Amusée, Eryn lâcha un petit rire flûté, et tendit la main vers Bleuenn pour lui caresser la tête. C’est vrai qu’elle était belle. Se redressant du lit où elle était assise, Eryn attrapa sa serviette mouillée pour la replier soigneusement et la poser près du radiateur, pour qu’elle sèche un minimum. Se retournant, elle jeta un coup d’œil au lit de Dahlia, bien fait, tiré à quatre épingles. Elle croisait très peu sa camarade, le matin. Dahlia se levait très tôt pour participer à l’entraînement Pyroli – quelle suicidaire – et ne revenait que quatre heures plus tard au dortoir. Le seul moment où elles se croisaient le matin, c’était quand la Mentali revenait dans la chambre, engoncée dans sa serviette de toilette, au moment où Eryn préparait ses affaires pour y aller à son tour. Au début, elle était très gênée de voir Dahlia débarquer comme ça, mais elle s’y était habituée, au final. En parlant de se préparer… Elle allait être en retard ! Toute guillerette, la Mentali se saisit de son sac pour le passer à son épaule, et poussa Bleuenn la crâneuse hors de la chambre en pouffant de rire face à ses couinements indignés.
« Ohlala, arrête un peu, il ne faut pas le faire attendre, c’est impoli ! Et que dira-t-il, si je lui dis que je suis en retard à cause de toi, hein ? »
La Macronium lâcha un petit sifflet de mépris, et trottina royalement vers la porte, suivie par le Cabriolaine qui avait beaucoup de mal à émerger, ce matin. Après avoir fermé à clé la porte de la chambre, Eryn courut dans le couloir pour rattraper ses Pokémon, et entourer de ses bras le cou de son Cabriolaine pour l’embrasser sur la tête, faisant bêler de joie le câlin petit Pokémon Monture. La traversée du couloir ne fut pas bien longue, mais celle de la salle commune le fut un peu plus, les Mentali s’étant rassemblées là pour papoter entre filles tout en s’échangeant du maquillage. Eh, les Mentali quoi, ça vous étonne ? Attrapant sa Chlorobule au vol pour l’empêcher de s’approcher des parfums (mais Eryn, ils sentent siiii booooon !) elle quitta le dortoir Mentali, et ne fut pas longue à trouver le Voltali, assis sur son vélo, qui regardait le dortoir avec une certaine indifférence. La main de la Coordinatrice fusa, saisissant la corne de Yakuru qui s’apprêtait à foncer vers le monsieur pour lui dire bonjour à sa manière, donc en le renversant pour se frotter à lui.
« Bonjouuuur ! Je ne t’ai pas trop fait attendre ? »
Visiblement, non, le Voltali n’avait pas l’air d’être là depuis longtemps. Autour de lui courait un Voltali, je veux dire, un VRAI Voltali, le Pokémon Electrique là, qui s’arrêta brièvement pour lui renifler les jambes avant de repartir en courant. Okay. Elle n’était pas la seule à avoir un Pokémon foufou dans son équipe, alors ! Avec méfiance, elle lâcha Yakuru, et ce dernier, très intéressé par le Pokémon Electrique, fila vers lui pour jouer. Bon, au moins elle était sûr qu’il ne ferait pas de bêtises. Du moins, elle l’espérait. Détaillons le dresseur… Ouhla. Grand, et relativement froid, tout de même. Essayant de ne pas se laisser paralyser par l’intimidation, elle esquissa un sourire poli. Allez, il n’est pas méchant, il ne va pas te faire de mal, en plus il veut te donner un Ceribou. Gratuitement. C’est très choquant, je sais. C’était tout de même très triste qu’elle ne sache pas quoi lui dire du plus… Raah, quand cesserait-elle d’être bêtement intimidée par les personnes de sexe masculin, hein ?