Si elle vivait dans le monde d’Harry Potter, Cleve aurait certainement pu dire qu’elle se trouvait actuellement dans la Salle Commune de sa maison. La pièce n’avait en réalité pas vraiment d’appellation ; les élèves la nommaient le hall et y passaient quelques bons moments lorsqu’ils n’étaient pas dans leurs chambrées en train de vaquer à leurs occupations toutes plus farfelues les unes que les autres. Ce jour-ci, la jeune Carter s’était donc isolée dans un coin de la Salle Commune pour traficoter une Pokéball, sans prêter attention aux regards des autres. Elle n’aimait pas particulièrement rester dans son dortoir parce que les pimbêches qui avaient écopé de la même chambrée qu’elle pouvaient parfois la déranger avec leurs bavardages incessants. Et puis bon, Peppéroni ne semblait pas vraiment apprécier les discussions autour de « vernis », « chaussures » ou « lingerie olé olé aguicheuse », tant et si bien qu’il se mettait à brailler dès qu’une Givrali ouvrait le dernier exemplaire des magazines en vogue en parcourant les pages de papiers glacés de ses mains parfaitement manucurées. C’était donc sous un épais brouhaha que la rousse, casque vissé sur les oreilles, s’amusait à éventrer une Pokéball en se demandant si elle oserait un jour s’attaquer à celles de Peppéroni ou de son nouveau compagnon, Biscuit le Marill. Elle n’avait aucune idée de ce qu’il se passerait si jamais elle faisait une fausse manipulation, et préférait se renseigner auprès de ses professeurs avant d’entamer quoi que ce soit. Cependant, Cleve était d’une timidité maladive avec les adultes, et, de surcroît, ne savait pas réellement à qui s’adresser pour avoir des réponses pertinentes. Percy Yade était peut-être la personne à qui elle pourrait parler le plus simplement possible –après tout, il était aussi névrosé qu’elle-, mais la rousse doutait des capacités de son enseignant à la renseigner sur la mécaniquepour ne pas dire qu’elle le trouvait trop benêt pour accorder du crédit à ses dires.
Silencieusement, et sans cesser de se faire mâchouiller le haut du crâne par Peppéroni, la Givrali continuait donc ses expérimentations en se demandant si le casque qu’elle était en train de bricoler marcherait bien. Elle avait un gros projet sur le feu, mais avait été obligée de le mettre de côté par manque de matériel. Soupirant, la rousse remarqua une paire de chaussures s’avancer près d’elle et enleva son casque pile au bon moment pour entendre ce que l’une de ses camarades lui disait.
Rousse tout comme elle, la jeune fille avait à peu près les mêmes attributs que Cleve, même si leur visage avait une morphologie différente. Elle portait dans ses bras un Kaïminus, que la petite mécanicienne connaissait parce qu’il s’agissait d’un Pokémon assez rare dans la région de Johto, que le professeur Orme avait l’habitude d’offrir à ses disciples. Elle n’en avait cependant vu qu’une seule fois de ses propres yeux, et admira d’un regard curieux la petite bête aux allures de Prince. Peppéroni arrêta immédiatement de mâchouiller le crâne de sa dresseuse et attendit avec un intérêt non dissimulé la suite des évènements. Sentant le rouge lui monter aux joues, Cleve arrêta de tripoter sa Pokéball, et s’agita sur place, assez mal à l’aise.
« Bonjour. » murmura-t-elle d’une voix presque inaudible, en tentant de ne pas montrer qu’elle était intimidée (« Aaaah mais que me veut-elle ? Encore mettre des poulpes dans mon lit ? Nooooon ! »). Chassant ces pensées de son esprit, parce que son interlocutrice avait l’air tout aussi timide qu’elle, Cleve esquissa un petit sourire et montra la Pokéball à Ikiala. « Je suis en train de la démonter parce que j’ai besoin de certaines pièces pour fabriquer un autre truc. » expliqua-t-elle en essayant de ne pas faire sonner ça comme une activité trop ennuyante ou inutile –ce qui ne l’était pas, à son humble avis-. « On ne trouve pas trop de vis ou de matériel pour faire du bricolage à la boutique, alors je fais avec les moyens du bord… » ajouta-t-elle enfin, en montrant le petit tas de vis qu’elle avait pu récupérer durant la dernière demi-heure. Puis, parce qu’il n’était pas poli de ne parler que de soi, Cleve jeta un petit regard au Pokémon d’Ikiala et demanda : « C’est un Kaïminus que tu as là ? C’est le Collectionneur qui te l’a donné ? » Plutôt bonne entrée en matière. Elle ne savait pas si elle était censée connaître cette fille ou non –peut-être avaient-elles déjà été à côté en cours ? Elle ne s’en souvenait pas trop-, alors elle préférait éviter de lui demander son prénom, de peur de la vexer…
La jeune fille qui venait d’aborder Cleve semblait être tout aussi « petite souris » qu’elle, si la Givrali reprenait les mots d’Amaoka. Et en plus, elle était rousse, ce qui incitait forcément à la confiancecomment ça raison à la gomme ?. Quoiqu’il en soit, la petite mécanicienne lui accorda un sourire chaleureux et éclata de rire malgré elle lorsque le Kaiminus prit une pose de conquérant, griffe et museau en l’air. Elle ne souhaitait pas vraiment se moquer, mais elle trouvait le crocodile d’eau vraiment adorable. Et puis comparé à Peppéroni, il était portatif ; ce qui était l’argument le plus important aux yeux de Cleve, qui, elle, n’avait pas réellement cette chance. Ikiala sembla cependant plutôt gênée par le comportement de son Pokémon –ou bien par le fait que la Carter ait rigolé ?-, et ses joues devinrent aussi écarlates que ses cheveux –ce qui n’était pas une mince affaire-. Avec un sourire d’excuse, Cleve se calma quelque peu, et repris une expression un peu plus sérieuse. Elle n'avait jamais été du genre à se moquer ouvertement des autres, et elle savait l'effet que cela faisait d'être intimidée. Elle s'en voulait déjà pour avoir ri de la sorte, même si elle ne pensait pas à mal.
« Pas de soucis, il est vraiment mignon. Mais je ne savais pas qu’il y avait des Kaiminus sur l’Île Mépo, je n’ai rencontré que des Nénupiots et un Marill. Tu as de la chance, il est vraiment rare à Johto, qui est pourtant sa région d’origine. » répondit la rousse en jetant un nouveau coup d’œil à Zélos. Le nom du Pokémon lui semblait être à la hauteur de ses ambitions, chose plutôt étonnante pour une aussi petite créature. Décidément, ses camarades avaient pas mal d'imagination pour trouver des surnoms à leurs Pokémon. Elle, elle devait se contenter de Peppéroni et... Biscuit. Bonjour la crédibilité.
Ikiala sortit ensuite son starter de sa Pokéball, et Cleve regarda admirative, le Minidraco se dérouler et poser sa tête sur celle de sa dresseuse. Décidément, son interlocutrice avait des Pokémon réellement rare ! Cleve connaissait les Minidraco parce qu’ils étaient célèbres dans tout Kanto, grâce à Peter et à Sandra, mais également parce qu’ils avaient longtemps été considérés comme des Pokémon légendaires. Il lui semblait même qu'il y avait une antre bizarre à Ebenelle qui permettait d'en capturer, mais elle n'y avait jamais mis les pieds pour vérifier la véracité de ces mythes. L'autre moyen de s'en procurer restait le Casino, mais il était fort probable d'y abandonner toute sa fortune avant de pouvoir s'en payer un.
« Il est magnifique. » commenta-t-elle enfin, en offrant un petit salut de la main au nouvel arrivant. A ces mots, Pep’ ouvrit un peu plus les yeux, fixa d’un air mauvais ce Pokémon dragon qui ressemblait plus à une écharpe à pompon qu’à un réel Pokémon, et mâchouilla un peu plus le crâne de Cleve pour lui signifier sa présence. « Je me demande comment le Collectionneur fait pour choisir un Pokémon qui nous corresponde. J’ai eu beau chercher, je n’ai toujours pas trouvé pourquoi il m’avait remis mon starter. »
Rapidement, le Kaiminus grimpa sur le dos de son compagnon et repris sa pose héroïque. Cette fois-ci, Cleve se retint de rire et parvint à calmer son hilarité grâce à la mine toujours plus gênée d’Ikiala.
« Oh et oui, il m’a remis Peppéroni. C’est un Lokhlass, effectivement, mais apparemment il est assez rare. Je n’en avais jamais vu à Johto. » répondit Cleve en donnant une pichenette au Pokémon transport. « Il n’est pas très pratique à transporter, et il ne veut jamais rentrer dans sa Pokéball. C’est une véritable plaie. » ajouta-t-elle en adressant un sourire à Peppéroni. « Oui, c’est de toi dont je parle. »
Tirant sur les joues extensibles de son Lokhlass, Cleve lui fit une grimace puis reporta son attention sur sa camarade.
« Tu viens de quelle ville de Kanto, sinon ? Je n’en connais pas énormément, mais le Bourg-Palette est très célèbre à Johto, grâce au Professeur Chen. Il est très respecté par tout le monde, et je crois qu’il est passé une fois dans mon village, mais je ne m’en rappelle plus trop… tu l’as déjà vu ? »
La conversation semblait s’enchaîner de façon plutôt naturelle entre les deux rousses. Cleve en fut d’ailleurs presque étonnée, puisqu’elle avait rarement eu l’occasion de rencontrer des gens avec qui il était facile de converser. Décidemment, la timidité des deux Givralis avait annihilé leurs réserves respectives. Chose qui n’était pas vraiment désagréable, à dire vrai. Quoi qu’il en soit, la mécanicienne en herbe regarda sa camarade et sortit la Pokéball de Biscuit pour le lui montrer. Elle se rappela cependant au dernier moment que son compagnon était totalement intenable et se ravisa, préférant jouer maladroitement avec sa Pokéball pour justifier son geste.
« Erm… J’ai capturé un Marill, mais c’était plutôt de l’auto-défense. Il nous a volé quelque chose d’important et il est parti avec, donc on lui a couru après… Je le trouve encore un peu trop sauvage alors je préfère éviter de le sortir. » expliqua-t-elle maladroitement, tandis que Peppéroni lançait un regard noir à la petite Pokéball de Biscuit. Comme s’il risquait de se faire voler son ruban de nouveau, le Lokhlass se cacha derrière sa maîtresse et jeta des coups d’œil suspicieux autour de lui.
La rousse prit volontairement une moue blasée, mais regagna bien rapidement un visage normal lorsqu’Ikiala lui parla du Collectionneur. Il y avait bien quelques fois où elle comprenait pourquoi on lui avait donné Pep’, en effet. Mais la majorité du temps, elle était plutôt du genre dépassée par les évènements et se demandait en quoi les questions du mystérieux ermite de l’académie pouvaient avoir un quelconque poids dans le choix d’un Pokémon.
« Il m’en a posé un tas aussi, mais en général ce n’étaient pas des choses très… conventionnelles on va dire. Je me demande toujours en quoi le diamètre de ma narine gauche peut avoir une quelconque influence –au passage c’est 1cm, si tu te poserais la question, ahaha-. Mais bon, je suppose que l’école sait ce qu’elle fait. Sinon il s’appelle Peppéroni, mais je l’appelle Pep’ la plupart du temps. Ce n’est pas moi qui ait choisi son surnom, il l’a entendu dans le réfectoire et depuis, impossible de lui en donner un autre… mais bon, je m’y suis faite. »
A l’évocation du surnom de son Pokémon, les joues de Cleve rosirent un petit peu. Que n’aurait-elle pas donné pour avoir un truc un peu plus classe ? Et dire que ce bougre de Pep’ vivait convenablement avec son appellation. Heureux, les simples d’esprits !
La conversation s’axa rapidement sur les régions d’origines des deux jeunes filles. Rassurée de pouvoir parler encore une fois d’un sujet qu’elle maîtrisait parfaitement, Cleve écouta attentivement Ikiala évoquer sa ville. La rousse avait déjà entendu parler de Jadielle évidemment, même si elle n’y avait jamais mis les pieds –les endroits où elle s’était rendue en dehors d’Ecorcia se comptaient d’ailleurs sur les doigts d’une main-. Jadielle était cependant un lieu touristique majeur, essentiellement connu pour son arène et sa proximité avec la Ligue Pokémon de Kanto, comme Ikiala l’avait dit. Fait étonnant, la Givrali n’avait jamais croisé le Professeur Chen, qui était sans doute le scientifique le plus connu de la région. Néanmoins, Cleve se fit la réflexion que le vieil homme passait peut-être plus de temps un peu partout dans le monde plutôt que dans son patelin d’origine.
« C’est dommage que tu ne l’aies jamais vu alors qu’il habite si près de ta ville ! Je viens d’Ecorcia, un petit village proche de la grande Doublonville. Enfin on y accède à partir d’un petit bois mais il n’est pas très connu. C’est une ville de bûcherons principalement, mais le Professeur y était passé il y a quelques années, je ne sais plus trop pourquoi… Probablement des recherches sur les Pokémon, ou peut-être simplement pour venir voir le Professeur Orme –c’est un peu notre Professeur Chen à nous, même s’il est moins expérimenté-. »
Enfin elle ne savait pas grand-chose de la venue du Professeur Chen à Ecorcia. Peut-être était-il simplement venu rendre visite au vieux Fargas… En l’état des choses, Cleve avait du mal à s’en rappeler, mais ce n’était probablement pas bien important.
La conversation s’orienta ensuite rapidement sur la Forêt de Jade, et la rouquine esquissa un sourire en se rappelant du cours de Géographie de ce pauvre Percy Yade. Elle se souvenait vaguement de l’intervention d’Ikiala, même si comme d’ordinaire, elle ne devait pas être en train d’écouter.
« Oui je vois à peu près ce que c’est. C’est vrai qu’on peut capturer des Pikachu là-bas ? Sinon à Johto, pour tout t’avouer, je suis rarement sortie d’Ecorcia… Donc il n’y a pas trop d’endroits où j’aime aller, à part la maison du vieux Fargas… Je ne sais pas si vous le connaissez à Kanto, mais il est très réputé à Johto parce qu’il peut fabriquer des Balls spéciales à partie de Noigrumes. Je n’ai jamais compris comment il s’y prenait, mais c’est un peu ça qui m’a poussée à me lancer dans la mécanique… »
Un sourire plus tard, et la demoiselle était déjà repartie dans ses pensées nostalgiques. Il y avait bien eu une époque où elle s’entendait à merveille avec ce vieux rabougri de Fargas… Mais les choses avaient rapidement changées, et la rouquine se demandait s’il viendrait l’accueillir avec un sourire lorsqu’elle retournerait enfin à Ecorcia…
« D’ailleurs, je ne t’ai pas demandé… Tu as déjà choisi ta spécialisation ? » finit-elle enfin par dire, dans le but de continuer la conversation avec sa camarade.
Ikiala était plutôt bon public, étant donné qu’elle riait à chaque blague nulle que Cleve faisait. Ceci dit, ce n’était pas pour lui déplaire et la rouquine avait l’impression de s’être trouvé une bonne camarade Givrali. Cette dernière salua d’ailleurs Peppéroni, et l’immense bête marine la toisa un instant d’un œil critique avant de courber l’échine et de répondre à son tour. Visiblement, la jeune fille n’était pas perçue comme une menace par le Lokhlass ; l’inverse aurait d’ailleurs été étonnant, puisque Cleve et Ikiala se ressemblaient sur bien des aspects. Il n’en était cependant pas de même pour Zélos, et Pep’ continuait de l’observer avec un air hautain, bien décidé à montrer aux autres comment se comportait un Pokémon eau digne de ce nom. La mécanicienne laissa un instant l’égo de son Pokémon de côté, et poursuivit sa conversation sur leurs régions d’origine. En voyant l’expression d’Ikiala, Cleve se doutait bien qu’elle ne connaissait pas vraiment Ecorcia. Fait bien peu étonnant quand on y pensait, car son village était un peu perdu au milieu des bois. D’autres lieux comme Doublonville ou Bourg-Geon devaient forcément être plus célèbres, ne serait-ce que pour le Professeur Orme et ses recherches sur les œufs de Pokémon, même si Fargas avait lui aussi sa petite communauté de fans. Et en parlant du vieux, la rousse ne put retenir un sourire lorsque sa camarade lui demanda si Fargas faisait réellement des Pokéballs à partir de noix.
« Non, non, pas des noix ! Des noigrumes ! Ce font des espèces d’agrumes, je crois… enfin pour te faire une image, dis-toi que ça ressemble à des baies. Le vieux Fargas avait un arbre à Noigrumes Blancs dans son jardin, mais il ne donnait qu’un seul fruit par jour. Ceci dit ce n’était pas vraiment un problème parce que c’est vraiment long de faire une seule Pokéball. Et dire que certains dresseurs les gaspillent ! » s’indigna Cleve.
Enfin pour le moment elle avait eu de la chance et n’avait lancé qu’une seule Pokéball lors de sa sortie capture. Elle touchait du bois, comme on dirait. Néanmoins elle avait déjà vu des dresseurs lancer jusqu’à 5 Pokéballs pour un même Pokémon ! Bon sang, ça relevait carrément de l’acharnement à ce stade-là. Il fallait qu’elle trouve un moyen de fabriquer des Pokéballs qui puissent être réutilisées après échec de capture, elle se ferait carrément une fortune. Malheureusement, elle ne savait même pas comment fabriquer une simple Pokéball, donc on n’en était pas encore là… Ikiala semblait cependant s’être remise de sa surprise, et lui confia qu’elle serait chez les Topdresseurs, en ajoutant que ce n’était probablement pas le style de ce Dortoir.
« Bah… » répondit Cleve en haussant les épaules. « C’est un cliché cette histoire de dortoir scientifique. Je suis sûre qu’il y a une proportion plutôt équilibrée de chaque spécialité. Au pire c’est pas grave, chacun fait ce qu’il veut. En tout cas je trouve ça cool d’être topdresseur ! Tu veux ta propre arène et tout ? »
Cleve se demandait d’ailleurs comment un dresseur pouvait avoir sa propre arène. Sachant qu’il y en avait un nombre limité par région, était-il encore possible de devenir maître d’arène ? Devait-on détrôner un maître pour lui prendre son arène ? Que se passait-il si le type de ses Pokémon était différent de celui de ceux de l’arène en question ? La rousse voulu demander autre chose à ce sujet, mais Ikiala l’interrogea sur la spécialité qu’elle-même avait choisi.
« Oui tu as visé juste, je suis chez les Scientifiques. Désolée de renforcer le cliché du dortoir, mais j’aurais choisi ça quand bien même on m’aurait envoyé avec les Pyrolis ou les Mentalis. Enfin je suis bien contente d’être ici plutôt que chez les Pyrolis. J’ai entendu dire que le Général Jackie réveillait les filles de son dortoir tous les jours à 4h du matin pour aller courir… » Chose qui, entre nous, aurait achevé de précipiter Cleve vers une mort prématurée, lente et douloureuse. « Tu aurais voulu être où si on t’avait donné le choix ? » ajouta la rousse avec un sourire.
Son attention fut momentanément captée par Zélos qui s’était mis à tourner autour de Peppéroni en l’observant, ce qui semblait agacer passablement l’immense Pokémon transport. Ce dernier n’eut d’ailleurs pas beaucoup de patience car il claqua méchamment de la mâchoire pour effrayer le Kaïminus et le faire déguerpir.
« Pep’ ! », le gronda Cleve en fronçant les sourcils et en posant une main sur son long cou. Elle soupira ensuite après s’être assurée que le Lokhlass ne recommencerait pas, et sorti une petite friandise de sa poche pour la donner au starter eau de la région de Johto. « Tiens, excuse-le. Il a plutôt mauvais caractère. »
Visiblement, les deux rousses commençaient à s’apprécier, et Cleve remarqua qu’elle était moins stressée en compagnie de la topdresseuse, qu’avec ses autres camarades Givrali. Cela lui faisait d’ailleurs plaisir de pouvoir discuter de Pokéballs avec une personne, sans que celle-ci ne l’envoi balader en lui disant qu’elle était inintéressante. Ikiala semblait partager son point de vue, même si elle lui avoua avoir essuyé un premier raté sur la capture du Kaiminus.
« Oh, ça arrive à tout le monde. Une petite Pokéball perdue par ci, par là… Ceci dit, certaines personnes s’acharnent à en lancer cinq d’affilée sans réussir à capturer. Dans ces cas-là, il suffit juste d’affaiblir un peu plus le Pokémon pour réussir. Enfin désolée, dit comme ça, ça fait un petit peu barbare. Je ne suis pas fan du fait de blesser les Pokémon pour les capturer, mais bon, nous sommes des dresseurs, après tout. »
Son regard se perdit dans le vague. Certes elle n’aimait pas taper sur un Pokémon par méchanceté gratuite. D’ailleurs, elle n’avait jamais voulu être dresseuse, et avait dû se plier aux exigences de ses parents concernant son entrée à l’académie. Cependant, l’essence même des dresseurs résidait dans le fait de faire des combats Pokémon. Si les gens commençaient à crier haro sur ceux qui blessaient les Pokémon pour les capturer, ce ne serait que pure hypocrisie. Les deux jeunes filles passèrent cependant rapidement sur un autre sujet.
« Oh il doit bien y avoir des villes sans arènes. Et puis les champions se succèdent dans les arènes. Il me semble qu’à Mauville, le champion a hérité du statut de son père. Ce qui peut expliquer pourquoi il a l’air de n’être pas vraiment très fort… » commenta Cleve en croisant les bras.
Pour ce qui était des dortoirs, la pokémécanicienne hocha la tête de haut en bas pour approuver Ikiala sur son choix. A dire vrai, elle-même ne se voyait nulle part ailleurs que chez les Givralis. Disons que si on suivait les clichés, la petite rousse correspondait encore moins aux deux autres. Et puis se lever tous les matins pour faire un entraînement digne de camps militaires… la pauvre Carter n’en aurait pas eu le courage.
« Ce dortoir est plutôt bien, notre référente est assez calme. Bon d’accord, on n’a pas les gâteaux de Melty Potts tous les matins, mais je crois qu’il s’agit plus d’une légende que d’un fait avéré. Ça m’étonnerait qu’elle leur amène des pâtisseries tous les jours. Tu ne crois pas ? Faudrait aller vérifier. Et sinon je pense que j’aurai choisi Givrali aussi. L’ambiance est assez reposante, ça me rappelle un peu Ecorcia… » répondit la première année avec nostalgie.
Ce fut à ce moment que Pep’ fit sa tête de cochon. Par chance, Zélos avait évité le coup, et il commença à se mettre en mode « épique », souhaitant en découdre contre le grand Pokémon transporteur, qui le toisa de toute sa hauteur avec dédain. Cleve était cependant intervenue, et le Kaiminus accepta de bon cœur le bonbon qu’elle lui tendait pour faire pardonner le comportement de son compagnon. L’instant de malaise passé, Ikiala fit une petite remarque à laquelle la rousse répondit par un sourire.
« Oh, tant mieux ! Sinon je suis allée chez les scientifiques pour devenir pokémécanicienne. Inventer des objets, des trucs comme ça… Enfin j’aimerais bien apprendre à faire des Pokéballs comme tu l’as si bien deviné, mais j’aime toutes sortes de bricolages. »
Un nouveau sourire et un coup de Pep sur l’épaule plus tard, et Cleve regarda rapidement l’heure sur son iPok. Il était temps de partir faire une promenade avec son fidèle compagnon, et de prendre congé de la gentille topdresseuse. Avec une mine d’excuse, la rousse s’inclina donc légèrement.
« Bon ben je dois y aller. J’espère qu’on aura l’occasion de se reparler bientôt ! Bonne journée en tout cas, et à plus tard ! »
Elle sortit ensuite du dortoir, Pep’ sur les talons. Elle ne savait pas où cette rencontre la mènerait, mais une chose était sûre ; elle avait à présent une bien sympathique nouvelle connaissance.
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