«- Léon, mon petit Léon, aujourd'hui... Je vais te donner une graaaaaaaande responsabilité... Une très graaaaaaaaaaaaaaaande responsabilité. Tu vas surveiller Victoire, Nush Eluard, Gala Dali, Simone de Beauvoir... Je ne sais pas quel nom lui donner... Bref, l'oeuf de Skitty. Tu vas rester sage, je t'ai TOUT préparé. Tu as des crayons, du papier, tout est là pour t'occuper. Donc s'il te plaît, sois sage. Il ne devrait pas éclore normalement, mais bon ! Tu as un panier repas complet. Bon, mon petit bébé, comporte-toi comme un grand aujourd'hui. Je te fais confiance, totalement ! Sinon, tu vas voir le gars hyper polyvalent, Mr Propre là, et tu lui dis poliment de m’appeler. C'est d'accord, Léon ? »

Celui-ci ne répondit pas, continuant à jouer au mikado, soulevant les baguettes par la pensée. Dès qu'il trichait, il lançait un regard coupable à la jeunette, qui faisait ses affaires. Son sac à dos en cuir commençait à s'user, avalant de la nourriture pour cette journée, une serviette de bain, des pokéballs... Elle avait mis un pantalon bleu de prusse avec de fines rayures blanches, ainsi qu'une chemise blanche. Ses boots en cuir lui permettraient de bonnes heures de marche. La batterie de son Ipok était pleine, rien n'était à signaler. Délicatement, elle alla embrasser Léon, totalement plongé dans son jeu, ainsi que son précieux œuf. Il risquait de bientôt éclore, et elle trépignait d'impatience à l'idée de découvrir le futur phénomène rose.
Olympe se limait les griffes avec un regard médusé, avant de lustrer son pelage d'ivoire. Parfois, Freyja se demandait si elle n'aurait pas du appeler la féline Kill Bill, ou Nikita, avec son aspect de peste tueuse. Elle alla délicatement se frotter contre les jambes de sa dresseuse, affirmant ainsi sa joie d'avoir l’exclusivité lors de cette sortie capture. En guie de réponse, dès que Freyja eut le dos tourné, visitant sa salle de bain pour se faire un chignon, Léon balança une baguette dans la figure de la Miaouss, qui le regarda avec un dédain incroyable, feulant de plus belle. Dès que la coordinatrice fut de retour, tous les deux mimèrent l'indifférence. Il était désormais temps d'y aller. Après un rappel très précis pour Léon, la blonde partit à l'aventure. Sur le chemin, elle écouta Nat King Cole, faisant partager un écouteur à la féline. Régulièrement, elle lançait des regards inquiets vers l'Académie, se demandant ce que pouvait bien faire Léon.
Dans le bateau, Freyja était prise de nausées, les vagues faisant tanguer l'embarcation. Elle soupira plusieurs fois, malade à souhait, avant qu'Olympe ne lui place les pattes sur la bouche pour l'empêcher de vomir. Après plusieurs râles convulsifs, la blonde s'approcha du rebord pour tout rendre, tandis que sa protégée feulait sur la moindre personne qui osait s'approcher pour lui demander si ça allait. Personne ne devait voir une princesse avec des restes digérés sur le coin de la bouche, et cela, Olympe en faisait une affaire personnelle.

« - Merci Olympe, c'est gentil, lança t-elle en s'essuyant, dégoûtée. Ça va mieux en tout cas. MA CHEMISE. Génial, tous les pokémons vont me fuir. Quelle classe...»

En effet, son haut empestait, et sa blancheur n'était plus qu'un mythe. Certains garçons mal éduqués pouffèrent, et Olympe s'empressa de les corriger avec un regard assassin. La blonde, terriblement mal à l'aise, resta près de la rambarde toute seule. Peu à peu, elle apercevait les contours de l'île en question, commençant à peine à songer à son nouveau compagnon. Quoique, elle ne savait pas que son occupation de la journée serait sans doute d’effectuer un lavage naturel.

Information pour la modération : Freyja possède trois pokéballs.

Nosferalto - Brocelome - Diamat - Mucuscule - Baggiguane.

Merci !

La température élevée chuta anormalement lorsque Freyja fit les premiers pas sur l'île. Elle regarda d'un œil inquiet les autres jeunes avant de partir dans la forêt, suivie d'Olympe, à l’affût. La blonde avait bel et bien compris que ce temps ne lui permettrait pas de faire la lessive, et une fois hors de la vue des autres élèves, elle enleva sa chemise puante, s'octroyant quelques secondes de répit en soutien-gorge. Si quelqu'un osait la croiser, elle lui ferait amèrement payer ses regards vicieux. Après de multiples soupirs, la coordinatrice s'arrêta contre un arbre, posant sa tête sur le tronc. Son estomac gargouillait de plus belle, et Olympe, face à ce son, s'empressa de sortir le panier repas du sac-à-dos. En effet, en ayant rendu tout son petit déjeuner, la blonde ne pouvait que se montrer faible, encore plus dans un environnement aussi hostile. Une fois la salade de crudités sortie, la jeunette s'assit, remerciant du regard sa camarade, avant de commencer sa dégustation. En amenant la cuillère à la bouche, elle songea à Léon, tout seul avec l'oeuf. Cette pensée l'inquiéta de plus belle, et elle se promit d'être la première à rentrer dans le ferry pour le rejoindre une fois l'heure venue. Plongée dans ses songes, la demoiselle ne remarqua même pas qu'une ombre s'était emparée de son déjeuner, disparaissant dans les bois. Lorsque la coordinatrice plongea un de ses couverts dans le vide, elle devint blême, rageant de plus belle. Le pelage d'Olympe se hérissa, et la jeunette se leva d'un bond, affamée, pour chercher l'intrus déjà bien loin.

« - Doux Mew... Olympe, regarde, Dieu m'aime... Il m'envoie un présent en gage de son amour. »

Un hamburger, au steak bien saignant, à la salade aguicheuse et au fromage dégoulinant voletait dans les airs, narguant la jeunette. Celle-ci, totalement dans les vappes, se contenta de s'asseoir et de tendre les bras pour recevoir sa chère offrande. Le tableau était curieux, nous pouvions voir, d'un regard objectif, une jolie jeune demoiselle en soutien-gorge, assise, la bouche béante, attendant de goûter à la fameuse sauce du met, qui papillonnait avec allégresse. Olympe, après un coup d'oeil médusé, attrappa une pokéball du sac et la lança sur le tas de nourriture. A l'instant où le halo lumineux couvrit le hamburger, Freyja comprit qu'il s'agissait d'une méprise, affichant un regard sévère. Cette île était un pays de petites illusions. Sans même se préoccuper de la pokéball sur le sol, la blonde se mit une veste car elle s'était mise à trembloter. La fièvre montait et ses prunelles ambrées se contentaient de fixer les oscillations de la pokéball, et ainsi découvrir la source de cette mutinerie.

Lancée de pokéball.

Et la balle laissa réapparaître le pokémon, qui apparemment ne souhaitait pas se laisser capturer comme ça. C'était une chauve-souris bleuté, absolument horrible dans tous les sens du termes, avec une gueule béante laissant échapper des ultrasons. Celle-ci, courroucée à l'idée d'avoir été confondue avec un plat de malbouffe américaine, utilisa une onde-folie sur Freyja, qui déjà patraque, tomba à la renverse. Olympe se jeta sur sa dresseuse pour tomber de la réanimer, mais celle-ci, encore consciente, lança un sourire terrible, écartant les doigts comme si elle s’apprêtait à jouer du piano.

« Olympe, capture le Prince Albert. Je sais, il est incroyablement laid. Il nous apprendra la tolérance, et au meilleur des cas, je le cuisine pour ce soir...»

La Miaouss fut surprise par les ordres de sa dresseuse. Jamais Freyja, dans un état normal, n'aurait capturé un pokémon pareil ! Mais si elle lui désobéissait, elle ne savait pas quel type de réaction aurait la jeunette, sous l'emprise d'hallucinations et d'une folie certaine. Elle trouvait par contre la comparaison avec le Prince Albert relativement recherchée, et apprécia son effort pour la qualité du surnom de sa future dégustation. Après une utilisation de Combo-Griffes, le volatile se trouva fort dépourvu, mais son râle fut stoppé par une morsure de la féline. Freyja, reprenant ses esprits mais toujours empotée, attrapa une pokéball et la lança sur le monstre sans véritable conviction. Elle se demandait à quoi servirait véritablement cette bestiole dans son équipe, n'étant guère sûre de lui trouver un quelconque acheteur. Après tout, ce monstre était déjà à un stade évolué, et semblait se montrer relativement docile.

« - Albert, si tu te laisses capturer, crois-moi, nous ferrons table rase du passé. Allons cueillir des baies ensemble, camarade ! Attends... Pas camarade, Prince Albert, ça ne fait pas très communiste...»

Au fur et à mesure que Freyja parlait, elle se rendait compte des âneries qu'elle déballait. Il fallait qu'elle cherche la pokéball pour voir si la capture avait été réussie ou non, mais celle-ci avait tout bonnement disparue de son champ de vision.

Lancé de pokéball.

Imaginez le regard médusé de la blonde, apercevant le Nosferalto sauvage encore jaillir de seule part. Sa faiblesse physique ne suffisait guère à diminuer la colère qu'il l'envahissait. Elle n'aimait pas ce Pokémon, mais avait voulu en faire son ami pour des raisons plus ou moins abstraites, réfléchissant à son futur si elle n'y arrivait pas. Cette chauve-souris aurait été un élément idéal pour les fouilles, si elle n'était pas en train de vider son stock de pokeball. Attristée la jeunette ramassa son sac pour se diriger vers l'extérieur de la forêt, abandonnant sa capture une bonne fois pour toute. Après de multiples soupirs, la jeunette trouva un arbre à baie. Elle en mangea, et son niveau de sucre dans le sang lui permit d'avoir les idées plus claires. Olympe, confuse par son incapacité à assurer une capture quand sa dresseuse n'était pas en état, vint se lover contre elle, toute penaude.

- Ce n'est pas grave, nous avons fait de notre mieux, Olympe. Je suis sensible aux psychotropes, il était dangereux de rester là-bas.

Elle pensa encore une fois à son petit chaton tout seul avec son œuf de Skitty. A cette heure, il devait paisiblement faire la sieste... La jeunette l'avait déjà laissé seul pendant une journée de cours, mais elle était passée régulièrement pour éviter la casse... Encore heureux, car frustré par son absence, il avait détruit un beau tapis que sa grand-mère lui avait envoyé de Kalos... Une idée lui passa par la tête. Et si... Non... Bien sur que si ! Léon avait dû les suivre, ce n'était guère son genre de rester inactif. Cette idée la fit paniquer, elle regarda autours d'elle, sans résultat.

- Olympe, dis moi la vérité... Léon ne nous aurait pas suivi ?

La Miaouss mima l'ignorance, effectuant un regard angélique. La coordinatrice eut des frissons sur tout le corps, attrapant la persane par la peau du cou pour la balancer de gauche à droite. Elle finit par acquiescer, et Freyja lui lança un regard empreint d'une grande déception. Certes, Olympe avait besoin d'un petit moment d'exclusivité, mais ce n'était pas une raison pour laisser son bébé se mettre en danger. D'un côté, la blonde aurait dû savoir que le Psystigri agirait ainsi.
Sans plus attendre, elle se précipita vers la forêt, la Miaouss ne pouvait pas le repérer dans un pareil endroit. Elle entendit une bruissement dans les bosquets, et Freyja se rua dessus, croyant que c'était Léon. Ce fut pourtant sans surprise que la blonde vit le Nosferalto lui coller à nouveau aux baskets.
Une idée lui vint, cet être, avec ses ultrasons, pourrait l'aider à retrouver son chaton. Elle lui montra un visage dépité, affirmant d'une voix ferme :

- Tu es faible, je te laisse une dernière chance. J'ai besoin de toi Albert, vraiment.

Lancé de la dernière pokeball.