Ceux qui te fréquentent pourraient te penser arrogant. Jamais tu ne réponds ou ne crie, pas un bruit pour emplir l'espace qui t'entoure. Pourtant, rien ne te ferait plus plaisir que de te faire l'écho de ces voix, du même ton clair et audible. Hélas, Nolan, tu ne peux qu'y songer puisqu'il n'a jamais franchi la barrière à jamais scellée de tes lèvres. Toujours ce silence que tu ne peux briser...
Alors non, tu n'est pas arrogant juste Muet.
Ceux qui t'entourent pourraient te penser solitaire. Tu semble préférer le calme au tumulte de la foule, le solo au concert. Ainsi, il n'est pas rare de te voir seul, adossé à un arbre, plongé dans la musique qui jaillit sans discontinuer du casque que tu portes en permanence. Pourtant ce n'est pas tant la solitude que tu recherches, puisque partager ce moment privilégié avec quelqu'un est une joie sans pareille pour toi: Non, tu es juste désespérant lorsqu'il s'agit d'approcher autrui. Tu rougis, tu vires de bord et tu t'éloignes...Une fois de plus.
Alors non, tu n'es pas solitaire, juste Timide
Ceux qui te parlent pourraient te penser blasé. Souvent, tu te contente d'écouter avec application, avant de ne répondre que d'un simple hochement de tête. Ce sont ces yeux et ce sourire las qui perturbe ton entourage....En tout cas, jusqu’à ce qu'il entende ta musique. La guitare que tu transportes vient éclairer ton visage et ceux des gens qui t'écoutent et tes émotions voyagent bien plus vite par le biais de tes doigts sur les cordes. Dans ces instants-là, l'azur de tes yeux semblent irradier tandis que tu enchaines les notes...
Alors non, tu n'es pas blasé, juste Attentif
Ceux qui t'observent pourraient te penser taciturne. Qu'attendre d'un garçon dont la principale activité consiste à s'allonger sous un arbre avant de s'endormir, un livre ou une partition ouverts sur la tête ? En effet, tu ne peux nier un gout prononcé pour le repos méditatif et la réflexion onirique....et toutes les formes de siestes en général. Tu sembles toujours en attente de la suite des événements. Jamais premier, toujours second, aucune première approche ne trouve grâce à tes yeux. Et ceux qui se laissent déborder par leurs émotions ou leurs désirs, avant de partir sans plan préétabli, ne récolteront qu'un profond soupir avant que tu ne leur emboites le pas.
Mais si l'on apprends à te connaitre, c'est un esprit vif qui se dissimule derrière cette cuirasse de paresse : toujours à l'écoute depuis l'enfance, tu as appris à engranger les informations et à en faire bon usage.
Alors non, tu n'es pas taciturne, juste Réfléchi
On pourrait te trouver tout ça et plus encore...
Mais tu es juste toi.
Ne soyez pas intimidé par l'aspect étrange et la taille de ce grand gaillard d'un mètre quatre-vingt-dix. Sa tignasse brune aux reflets roux le rend encore plus repérable, si cela est possible. Sa grande taille est autant un avantage qu'un handicap: préférant la discrétion et le calme, il lui est pratiquement impossible de se déplacer sans attirer une multitude de regard. Certaines le trouveront probablement beau garçon, peut-être à cause de sa silhouette relativement mince et qui dissimule une énergie qu'il laisse rarement paraitre.
Forgées par des années de pratiques, ses mains peuvent faire vibrer la plupart des instruments à cordes, même si sa guitare fétiche laquée de noir quitte rarement son coté. On le verra encore plus rarement sans son casque, le jeune homme le conservant même pour dormir ! À tout heure du jour et de la nuit, la musique qui s'échappe de ce dernier viennent aider le jeune homme à se concentrer. Si vous le voyez stopper brusquement toute activité pour placer l'appareil sur ses oreilles, inutile de le déranger : dans cet état, le monde extérieur n'existe plus, seul le problème qu'il s'attelle à résoudre, occupe ses pensées.
Votre serviteur musicien n'a que deux faiblesses...Mais pour le convaincre de les avouer, il vous faudra plus qu'une simple demande !
Être complet...Ça sonne un peu bizarrement, tu ne trouves pas ? Enfin, personne ne l'est réellement, tu le sais bien. On te l'a assez répété : "Ça ne sert à rien de s'enfermer dans un rêve", "L'important c'est de continuer à avancer et dépasser ce qui te manque", "Tu n'es pas différent des autres".
Et comme à ton habitude, tu as écouté, avant d'acquiescer...Après tout, c'est bien ce que tu as toujours fait, non ?
"Vous...Vous êtes sûr qu'il n'y a rien..."
"Croyez-moi, si je pouvais, je le ferais. Mais à ce niveau-là, il y a beaucoup trop de risques."
Aphasie...A-P-H-A-S-I-E, terme venant du grec "phasis", la parole, il regroupe les différentes formes d'afflictions qui affecte le langage. Certains patients déjà en mesure de parler, perdent tout bonnement la faculté de prononcer ces mots si chèrement acquis. D'autres développent des troubles de la parole, de la compréhension ou de la prononciation. Et dans certains cas, c'est la faculté même d'émettre des sons construits qui est affectée. Mais allez donc expliquer ça à un enfant de cinq ans. Dites-lui qu'il ne pourra probablement plus jamais dire à ses parents à quel point il les aime. Ou les appeler en pleurant, après avoir fait un cauchemar. Ou décrire à ses copains sa rencontre héroïque avec un Wattouat. Discuter, chanter, débattre, tant de termes qui n'ont de sens que pour ceux qui sont en mesure de le faire.
Comme une guillotine, le diagnostic est donc tombé : développement anormal des cordes vocales, à un stade trop avancée pour que l'opération soit sans danger pour le petit bout aux grands yeux que tu étais. Avec des mots simples, ta mère a essayé de t'expliquer que le feu qui te dévorait la gorge allait partir, mais qu'il avait "emporté" ta voix. Et même si tu a longtemps attendu qu'il te la rende, les choses ne se sont malheureusement pas déroulés comme tu l'espérais.
"Non, non et non, si je te dis en quinte, tu me joues ça en quinte, pas en sixte !
"..." *lève les yeux au ciel
"Pas ce regard-là avec moi, mon grand. Allez, tu recommences encore une fois !"
La vie à Oliville n'est pas réputée pour son dynamisme et si l'on écarte ton "problème", la tienne a été somme toute relativement normale : entre un père docker, dont tu as probablement hérité au niveau de la stature, et un mère journaliste, à l'esprit aussi vif que le roux de sa chevelure, on ne peut pas dire que tu es manqué de quelque chose durant ton enfance. Peu d'amis mais très proches, une scolarité sans accroc et surtout....Lionel.
Encore aujourd'hui, tu as du mal à l'appeler autrement que par son prénom, tant la différence entre ton père et son frère ainé est flagrante. Si l'un est un colosse aux bras brunis par le soleil, toujours rasé de prés et dont la voix porte autant que celle d'un Brouhabam, tu ne peux imaginer ton oncle autrement que comme l'homme mince et effacé qu'il a toujours été. Une barbe de trois jours qui mange ses joues, flottant dans des vêtements qui semblent trop grand pour lui, sa guitare en bandoulière, chaque apparition du musicien itinérant à Oliville était un événement, trop rare à tes yeux.
Tu pouvais passer des heures à l'écouter frotter les cordes de son instrument, la tête posé entre les mains, tout en battant le rythme de tes petit pieds contre le sol. Chaque note, chaque reprise t'ouvrait un nouveau monde : Sans prononcer le moindre mot, Lionel pouvait te raconter une histoire ou te faire ressentir n'importe quelle émotion. Pour quelqu'un qui avait si longtemps était privé du langage....De l'auditeur, tu devins l'élève, avec un acharnement qui ne fit qu'aller croissant au fil des années. Et le monde dans lequel tu venais de plonger, aller être bien plus qu'une nouvelle voie pour un enfant muet...
"Trousse de toilettes, vêtements...T'es sur d'avoir pris assez de médicaments, Nolan ? On sait jamais, tu pourrais choper une saloperie avant la rentrée."
"..."*soupir*
Casque sur les oreilles, tu n'écoutes qu'à demi, la millionième recommandation de ton père, tandis que ce dernier s'affaire tout autour de tes valises. Pourtant, avec un soupir, tu ne peux t'empêcher de lui indiquer le petit sac en question, à demi enseveli sous une pile de vêtements. Un peu plus et on pourrait penser que c'est lui qui après-vente à quitter la maison ! Dans l'encadrement de la porte, Lionel s'est adossé contre le chambranle et contemple la scène avec un sourire ironique. Le temps que ton père et toi parveniez à descendre ton bagage, il a repris son occupation favorite, à savoir accorder les clés d'un des instruments qui parsèment le salon de ta maison. Bon choix en effet, la guitare qu'il vient d’agripper est celle que tu comptais embarquer pour cette année...spéciale.
15 ans de ta vie sans jamais quitter Johto, et te voila parti pour un île étrangère et une académie dont la réputation oscille entre la louange et le cataclysme...De quoi inquiéter n'importe qui, surtout le cœur d'artichaut paternel. Mais cette fois, tu sais où doit te mener la mélodie de ta vie. Une fois là-bas, tu pourras enfin concrétiser ce projet qui te tiens tant à coeur : un "Pokédex symphonique", sans mot ni chiffres, qui regroupera les "rythmes" de chaque espèces de Pokémons. En effet, quoi de mieux qu'une ile remplie de jeunes Dresseurs comme terrain d'écoute ?
"La couleur des chaussettes de ton grand-père, lorsqu'il doit se rendre à un mariage ?"
"..." * presse un bouton, malgré un instant d'hésitation devant la question*
"Donc mauve avec des carreaux verts...Parfait. Ensuite, est-ce que tu as déjà dansé à la pleine lune, au milieu d'une cercle de pierres enveloppées dans du jambon ?"
"..." *presse le bouton, avant de détailler le type de haut en bas, en cherchant la camisole de force du regard*
" Et pour finir, si je te donne le choix entre une tronçonneuse et un clafoutis à la banane, tu choisis...?"
"..." *Ira probablement vérifier si les drogues douces sont autorisés au sein du corps enseignant dans le règlements, mais valide la dernière réponse.*
"Le clafoutis, j'en étais sûr ! Bon, bon bon, voyons un peu ce que je vais te dégoter..."
Premier contact avec l’équipe enseignante de Lansat...Enfin, si ce type est professeur, parce que tu ne peux t’empêcher de l'imaginer terré derrière son bureau, à caresser amoureusement une Pokéball, au lieu de donner le cours prévu. Impossible de trouver son rythme, tu as beau l'écouter attentivement, cet homme change constamment, passant d'un extrême à l'autre. D'abord calme et posé, le voila à présent aussi bouillonnant qu'un Camerupt tandis qu'il passe en revue les innombrables sphères métalliques qui parsèment les murs de son repaire. Un temps, deux temps, trois temps...Et le voila revenu à un rythme bien plus calme, lorsqu'il dépose, presque avec regret sa trouvaille entre tes mains.
Un simple hochement de tête pour le remercier et tes doigts volent jusqu’à l'anneau centrale. Une brève lumière rouge rayonne entre vous deux et un troisième battement rejoint votre duo : Petite et....adorable, voila les deux premiers mots qui te viennent à l'esprit lorsque tu contemples la petite chose qui te détaille avec des grands yeux. Comme un silence dans la partition, la Tarsal disparait et se rematérialise....sur ta tête ! Te tapotant le front avec curiosité, elle réitère son attaque Téléport, pour apparaitre cette fois à hauteur de ta jambe. Soupirant, tu subis sans broncher son examen, qui s'étire et traine jusqu’à ce que le Collectionneur ne finisse par littéralement vous mettre tout les deux dehors.
Un peu perplexe, tu observes ta nouvelle partenaire qui tente de comprendre comment la jolie musique peut sortir de l'étrange machine que tu portes autour du cou. Maladroitement, elle pousse l'un des sélecteurs sur le coté du casque et le volume s'amplifie brusquement, mettant à mal tes oreilles sensibles. Il va falloir la surveiller, cette petite, ça promet...