Huit heures dix du matin. Aileen sortit de sa salle de bains en se frottant les cheveux pour les sécher. C’était un des avantages cool à être préfet. La salle de bains privée. Plus la peine de se taper la cohue d’après le sport pour arriver première dans une cabine de douche, vu qu’elle avait la sienne dans sa chambre ! Accrochant sa serviette à une patère murale, elle tendit la main vers ses vêtements, posés sur son bureau, et s’habilla en vitesse avant d’avoir trop froid. Un jean simple, un tee-shirt Pyroli, son habituelle cape, ses deux oreilles de lapin qui refusaient obstinément de rentrer dans sa chevelure embrouillée, et voilà, elle était prête. Y avait-il une simple chance, une seule, qu’il dorme encore à cette heure-ci ? Elle préparait son expédition depuis plusieurs jours. Vu qu’elle n’avait pas réussi à le croiser durant deux mois, et à l’école, elle allait lui tomber dessus, dans sa chambre, pour le harceler de questions et le torturer psychologiquement jusqu’à ce qu’il cède. Et accessoirement, lui laisser un petit souvenir sadique, héhéhé.
« Générale Hilda ! Le paquet est-il prêt ? »
Amusée par la bêtise de sa dresseuse, la Persian ronronna en hochant la tête, indiquant le lit du bout de la queue. Ce dernier, tiré à quatre épingles, avait quand même un tout petit défaut. Un sac en carton posé dessus, une Pokéball juste à côté. Le paquet était donc bien prêt. Elle allait s’en saisir mais, plus vive, sa Mangriff tendit la patte pour attraper le tout, lançant un regard de connivence à l’Absol chromatique assis près de la porte. Leur dresseuse avait un grain. Mais c’était clairement le faute de Jackie ! Cette dernière avait décidé de faire un entraînement matinal basé sur l’espionnage, avec des trucs à récupérer, et l’interdiction de se faire toucher sous peine de recommencer depuis le début. Aileen avait recommencé, encore et encore, avant de finalement saisir son propre objet (son insigne de préfète en chef, Jackie a le sens de l’humour, parfois), terminant l’entraînement couverte de boue et de vase. Sexy. Quittant sa chambre avec sa petite troupe, la brune ferma la porte à double tour par pure habitude, et sortit du dortoir Pyroli pour… Entrer dans le dortoir d’en face, situé à quelques minutes de marche, à savoir le dortoir Voltali. Si elle ne se trompait pas, sa cible du jour n’avait pas changé de chambre. Il fallait juste qu’elle crochète la porte sans le réveiller. Hmmm… Non, attendez, il n’oserait tout de même pas… A tout hasard, la brune posa la main sur la poignée, pour la baisser et pousser la porte. Qui s’ouvrit.
« Il ne verrouille même pas pour dormir ? C’pas très prudent ça… »
Haussant les épaules, la brune rentra dans la chambre et referma discrètement la porte. Ouhla… Il dormait vraiment avec toute son équipe ? Ca allait être un parcours du combattant de passer ! Heureusement qu’elle était une Pyroli… Sans un bruit, elle se faufila entre les Pokémon, saluant ceux qui ouvraient les yeux pour considérer si elle était ou non une menace. Non, décidèrent-ils en refermant les yeux. Elle n’avait sans doute pas le droit d’être là, mais elle ne ferait pas de mal à leur dresseur. Après quelques acrobaties, la Pyroli finit par atteindre le lit où dormait le Voltali. Wow. Il avait l’air si calme, si paisible… Bien loin de l’habituelle pile électrique qu’il était en journée, en fait. Son moment d’attendrissement passé, Aileen se laissa souplement tomber sur le lit, pour entourer son camarade de ses bras afin de le maintenir immobile.
« Graouuuuh ! Je suis le vilain monstre voleur de signe astrologique et de frigo caché dans le placard ! »
Elle le laissa se débattre quelques secondes, avant de se redresser, morte de rire, des larmes piquetant ses yeux. Trop facile. S’asseyant au bord du lit, elle le laissa émerger du sommeil dont il avait été si brusquement tiré, s’essuyant les yeux pour arrêter de rire comme ça.
« Saluuuut Ginji… Aaah, excuse-moi, mais en te voyant dormir, je n’ai pas pu m’en empêcher ! Sans rancune ? » Aileen lui fit un sourire étincelant, avant d’attraper le sac en carton et le poser sur le lit, devant lui. « Pour me faire pardonner, tiens ! J’ai un peu voyagé, cet été, je t’ai ramené des souvenirs ! »
Et quels souvenirs ! D’Illumis, elle avait pris des galettes, et du Grand Festival du Lac Courage, elle avait ramené tout ce qu’elle avait pu. Des marchands du monde entier étaient venus ! Lava Cookies, Bonbons Rage, Sablés Yantreizh, Glace Volute, dragibaies… Elle n’avait pas fait semblant. Et avait presque tout eu gratuitement, vu qu’elle était la fille d’une des trois juges du festival. Autant dire qu’elle en avait profité pour faire le plein, en prenant pour Ginji, mais aussi pour Cael, et évidemment, pour elle.
« Bon petit dej ma Mascotte ! A la base, je suis venue parce que j’avais un truc à te donner et que ça fait trois mois que j’essaie de te mettre le grappin dessus, mais mange, ça peut attendre. Puis, tu en profiteras pour m’expliquer pourquoi le mur qui sépare ta chambre de celle de Loan a mystérieusement disparu, accessoirement. »