L’usine était vaste, vue de l’intérieur. Alban déboucha dans un couloir complètement délabré, où se côtoyaient vieilles machines cassées et débris de verre. Il semblait que les fenêtres avaient volé en éclat, vestiges probables des vandalismes de visiteurs bien peu respectueux. Evitant de marcher sur les bouts tranchants, Alban surveilla du coin de l’œil son Noctali. Auster avisa le parterre dangereux, puis, d’un bond souple, il sauta sur une des machines qui était à hauteur respectable. Ils évoluèrent ainsi pendant quelques minutes, explorant les ruines, poussant par moments des machines pour essayer de voir ce qui se cachait derrière. Grâce à son cours sur l’île aux Oiseaux, Alban pu détecter assez facilement les traces de la présence de certains Pokémon. Il préleva les touffes de poil, les plumes, et, parfois, d’autres substances assez compliquées à analyser. Une odeur aseptisée flottait dans les airs, comme si l’endroit avait été désinfecté à grandes eaux avant d’être abandonné. A moins qu’il ne s’agisse simplement de l’odeur des produits chimiques autrefois utilisés. Se promenant dans cette zone si particulière, Alban ne manquait pas une occasion d’immortaliser certaines pièces avec son polaroïd. Il avait l’impression que ce petit bijou technologique allait lui ouvrir de nombreuses autres portes. Débouchant dans ce qui devait auparavant être une zone de production, il passa son doigt sur les machines couvertes de poussière. Certaines étaient intactes, bien que méconnaissables sous leur couche de saleté, tandis que d’autres étaient éventrées. Dans leurs plaies béantes, des boyaux électroniques ressortaient, câbles arrachés par il ne savait quoi. Avisant un trou derrière l’une des machines, Alban essaya de regarder au travers. Mais le couloir masqué derrière était beaucoup trop sombre.
- Auster. Tu peux m’éclairer un peu, mon grand ? demanda-t-il tandis que le Noctali trottinait vers lui, faisait briller avec puissance ses anneaux pour venir en aide à son dresseur.
Les yeux gris anthracite d’Alban parvinrent à détecter du mouvement derrière le trou. Excité à l’idée qu’il puisse s’agir d’un Pokémon, il essaya de pousser la machine avec son épaule pour pouvoir passer de l’autre côté. Malheureusement, la carcasse mécanique était bien trop lourde et, même après avoir demandé un coup de main à Auster, il ne put que la déplacer de quelques millimètres. Frustré, il tenta de trouver un autre passage. Le couloir en face de lui semblait condamné. Aussi descendit-il les escaliers pour accéder aux niveaux inférieurs, la présence de son Noctali étant plus que bénéfique dans un corridor aussi sombre. Il ouvrit une porte au hasard, et son nez fut aussitôt agressé par l’odeur forte de la moisissure. Un ploc retentissant indiquait que de l’eau s’écoulait quelque part. Du plafond, peut-être ? Il sentit que l’air était extrêmement humide. Par précaution, il demanda à Auster de briller plus fort encore, et ce dernier chassa les ténèbres. Devant lui, à quelques marches plus bas, le sous-sol était complètement inondé. Une certaine profondeur d’eau marron recouvrait tout l’espace. A en voir la teinte et les débris de végétaux qui flottaient, Alban se fit la réflexion qu’il n’avait pas forcément envie d’y mettre un pied. De l’autre côté de ce lac improvisé, un morceau de sol semblait immergé, comme la pointe d’un iceberg.
Il réfléchit un instant. S’il rebroussait chemin, il avait encore une bonne partie de la vieille usine à visiter. Mais de l’autre côté, il devait probablement y avoir des choses intéressantes au-delà de cette mare. Après tout, tout ce qui valait plus le coup était forcément plus difficile d’accès, non ? Prenant son courage à deux mains, Alban fit un pas dans l’eau. Il plongea tout d’abord son pied pour en sonder la profondeur, et s’immergea jusqu’au genou, avant de pester. Il ne savait pas quelle profondeur il y avait en dessous de ces marches, mais quelque chose lui disait qu’il n’allait pas pouvoir traverser en ayant juste l’eau aux genoux. Il aurait pu y aller à la nage, même s’il n’était pas forcément un bon nageur, mais le regard carmin d’Auster l’en dissuada. Ce n’était pas la peine de prendre des risques inconsidérés, d’autant plus qu’il y avait peut-être de vieilles machines au fond. Et, même s’il n’y avait plus de jus dans l’enceinte de l’entrepôt, un faux contact n’était pas à écarter. Frustré, Alban rebroussa donc chemin en essayant de sécher son pantalon complètement trempé.
Il remonta les escaliers et déboucha dans un couloir qu’il n’avait pas encore visité. Là au moins, l’endroit lui semblait sec. Un mur végétal lui bloquait cependant le passage, mais il eut rapidement fait de s’en débarrasser grâce à l’attaque Coupe de son Noctali. Auster, après avoir aiguisé ses griffes, fit un bond en avant et déchiqueta les lianes, qui tombèrent au sol, inertes. Deux trois baies tombèrent du plafond et Alban les glissa dans sa poche après les avoir observées un moment, intrigué. Puis, sentant qu’on l’observait, il se figea, à l’affût. Dans le couloir qu’il venait de libérer, deux yeux semblaient scintiller dans l’obscurité. Alerte, Alban fit venir Auster près de lui, prêt à le défendre en cas de problèmes. Zéphyr et Mistral restèrent d’ailleurs bien silencieux également, guettant la moindre ouverture. Puis, dans un petit éclat orangé, une étrange citrouille vint à leur rencontre.
Le Pokémon n’avait pas l’air très dangereux. Pas plus haut qu’Auster, il s’agissait d’une citrouille avec des yeux et une bouche au niveau des feuilles. La chose les observa un moment, avant de trottiner joyeusement vers eux. Il semblait marcher maladroitement, comme si sa constitution lui donnait un air gauche quand il se déplaçait. Quelle était cette espèce ? Etonné, Alban le laissa venir vers lui, dégainant son carnet pour prendre quelques notes. Le Pitrouille le regarda puis, dans un sursaut, il vint se cacher derrière ses jambes. Hein ? Alban ne comprit que lorsqu’il entendit un grognement sourd en provenance des tréfonds de l’endroit d’où était arrivé le Pokémon. Deux yeux luirent dans le noir, bien plus menaçants que ceux du Pitrouille, et un immense Galegon déboula vers eux. Bon ok. Là, il était temps de prendre la fuite.
Sans réfléchir, Alban attrapa le Pitrouille sous son bras, Auster sous l’autre, et commença à détaler comme un lapin tandis que le Pokémon le chargeait. Il ne savait pas pourquoi il avait gardé le Pokémon inconnu avec lui, mais quelque chose lui disait que s’il le laissait ici, il allait forcément se faire réduire en potage par l’immense truc qui venait vers eux. Faisant appel à tout son self control pour éviter ses jambes de trembler, Alban se faisait progressivement rattraper par le Galegon. Acculé au niveau d’un escalier, il demanda à Zéphyr de lui venir en aide. Galegon était un Pokémon Roche, non ? Il devait forcément être faible à l’eau, n’est-ce pas ?
- Zéph’ ! Utilise Vibraqua ! ordonna-t-il.
Zéphyr ouvrit la gueule et déversa un flot d’eau sur le Galegon, ce qui sembla ne pas lui plaire. Profitant de cet instant pour se carapater, bien conscient qu’il n’allait pas terrasser le Pokémon à la cuirasse d’acier avec juste un Goélise - il était réaliste, dieu merci -, Alban tira sur ses jambes pour aller plus vite. Il tourna à un couloir, ferma les portes derrière lui, puis monta quatre à quatre un escalier, Auster et le Pitrouille toujours dans ses bras. Puis, lorsqu’il estima qu’il était enfin en sécurité, il se laissa tomber sur le sol.
HRP : Lancer d'une Pokéball
Utilisation #1 de la CS Coupe
Dernière édition par Alban Abernaty le Mar 13 Oct - 15:28, édité 1 fois