L'heure des vacances avait sonné. Et pour cette occasion, l'école n'avait pas prévu de voyage extraordinaire sur une toute autre île recouverte de neige. Non, les élèves de Pokemon Community passeraient leur vacances de Noël à Lansat même... Bien que la plupart ne semblaient pas enchantés par cette idée, cela ne me dérangeait pas spécialement. Après tout, l'île devenait de plus en plus connue et elle avait évolué dans le bon sens. Il était même agréable de faire un tour en centre ville ces derniers temps car les commerçants et le maire en lui-même faisait tout pour rendre la vie des habitants sympathiques, d'autant plus que les fêtes de fin d'année approchaient à grands pas. C'est donc avec émerveillement que je découvrais un centre-ville totalement transformé. La neige était bien présente -heureusement- et une piste de ski avait même été créée par le Général Jackie. Décidemment, même le corps professoral avait mi la main à la patte afin de satisfaire leurs élèves. Pour l'occasion, on allait pouvoir loger dans des chalets confortables et spacieux. Cependant, il faillait le partager à trois et je m'étais retrouvée avec deux compères de mon dortoir sans réellement le vouloir. Il faillait dire que je ne m'étais pas non plus manifestée pour choisir mes partenaires. A vrai dire, ce n'était pas le cadet de mes soucis.
Cela faisait deux jours à présent que j'étais sur place. J'avais déjà fait le tour du village de Noël, découvrant avec plaisir toutes les activités mises à notre disposition. Mais je n'avais pas encore eu l'occasion d'en profiter. Jugeant que j'avais amplement le temps pour cela, je préférais m'occuper des mes compagnons. La chambre était grande et laissait une liberté certain à ces derniers. Ainsi, toute la troupe d'Evoli était de la partie ! Shiva se léchait dans un coin pour perfectionner son toilettage, attrapant par la même occasion la pauvre Seishin, qui, cette fois ci, désirait plutôt s'amuser avec les autres. Yuki et Noah se coursaient l'un après l'autre, générant un désordre pas possible. Heureusement, il n'y avait qu'eux -et c'était bien suffisant. Car Taika et Apple Pie arrivaient à se reposer dans un coin, en boule l'un contre l'autre. Meian, lui, était resté prêt de moi, la tête posé sur mes genoux tout en bénéficiant de quelques caresse entre ses deux oreilles abaissées. Il avait toujours apprécié ce contact avec moi et je ne me retenais pas pour le câliner.
Voir tous mes compagnons me réchauffait le cœur. Et autant dire qu'en ce moment, j'en avais grandement besoin. Depuis le retour de Noctis, je ne savais plus trop quoi penser. Certes, j'avais difficilement accepté son départ mais le voir revenir générait deux choses en mon être : le soulagement et la colère. Le soulagement car j'éprouvais encore des sentiments pour lui. Mais la colère parce qu'il m'avait presque abandonné sans me donner de nouvelle. Inutile de réexpliquer le choc que j'avais eu en le découvrant au pied de la porte de ma chambre... Je n'avais pu accepter son excuse ce jour là, l'épreuve était encore trop difficile pour me permettre de tourner la page et faire abstraction de tout cela. C'était finalement à Thanksgiving que mon opinion commençait à changer. Car le garçon avait eu cette attention particulière à mon égard, me prouvant alors sa faiblesse vis à vis de cette situation et au fait qu'il désirait réellement recoller les morceaux. Pouvais-je finalement lui en vouloir totalement ? Non. Je faisais simplement ma forte tête, celle de la demoiselle têtue qu'il faillait à tout prix reconquérir... Mais, c'était mon caractère et j'avais besoin de voir si je pouvais vraiment redonner ma confiance à Noctis. Concernant mon Noctali, c'était peine perdue...
Perdue dans mes pensées, je n'arrivais même pas à gronder les deux perturbateurs. Je me relevais d'un coup et me dirigeais vers le bureau où trônait un gigantesque aquarium. Enfin, gigantesque, tout est relatif... Disons plutôt qu'il était de taille convenable pour un Barpeau. C'est d'ailleurs cette créature qu'il y avait à l'intérieur. J'étais en charge de cette dernière durant la période de Noël. Un ami Voltali répondant au prénom d'Alban me l'avait confié pour que je m'occupe un peu de ce dernier. Hors, ce n'était finalement peut-être pas la bonne période, vu mon état. Soupirant doucement, je m'approchais de la bête doucement pour ne pas l'effrayer. Ses nageoires bougeaient légèrement. Pauvre Barpeau... Il pouvait à peine se mouvoir là dedans. Mais qu'est-ce que j'y pouvais ? Haussant doucement les épaules, je me concentrais, plongeant mes main dans cette eau fraiche. Je vérifiais si c'était à la bonne température et rajustais si nécessaire. Le rendre beau... Comment est-ce que je pouvais rendre beau une telle chose. Cet adjectif ne le qualifiait pas du tout et pourtant... Je me disais que je pouvais toujours faire briller ses écailles en y prenant soin. Mais la nourriture restait le meilleur moyen. Je vidais alors quelques Pokebloc afin de le nourrir et essuyais mes mains.
Je songeais à la journée d'aujourd'hui car elle serait particulière. La veille j'avais reçu un message du dit Noctis, ce dernier quémandant une journée spéciale à passer avec lui. J'étais incapable de la lui refuser, car les sentiments étaient plus forts que ma volonté pour cette fois-ci. J'avais donc répondu positivement à son rendez-vous. Sauf qu'il était maintenant et je ne me sentais absolument pas à l'aise. J'appréhendais énormément la situation et c'était bien rare pour moi qui avait plutôt tendance à garder un contrôle sur tout. J'étais clairement en difficulté et Meian pouvait le ressentir. Lui savais ce qu'il voulait : que je reste ici. Et c'est en voyant cette réaction que je me rendais compte à quel point je pouvais me montrer cruelle avec le garçon. Parce que mon comportement était hypocrite. S'il faillait qu'entre nous, cela s'arrange, nous devions fournir des efforts mais des deux côtés. Je tâchais donc de me relever et de me regarder dans le miroir. J'étais déjà prête depuis bien longtemps. J'attendais patiemment le moment fatidique. Et c'était l'heure, justement. Je jetais un dernier regard à Meian qui boudait dans son coin et quittait le chalet seulement en compagnie de Seishin qui avait décrété vouloir me suivre uniquement pour profiter de l'extérieur mais aussi pour échapper à sa mère. Je la laissais donc s'installer dans ma veste, sa tête dépassant juste en dessous de mon menton, me permettant de temps en temps de plonger mon nez dans son pelage pour respirer son odeur.
« Pas de bêtise, c'est tout ce que je te demande. Je n'ai pas envie de te courir après... » l'avertissais-je en soufflant dans ses oreilles.
Il y avait beaucoup d'adolescents dehors. Certains s'attardaient aux stands, d'autres regardaient avec envie le carrousel. J'avançais lentement, les mains dans les poches avants de mon manteaux. Très vite, au loin, je reconnaissais la silhouette de Noctis qui me faisait dos. Je m'approchais alors de lui sans vraiment signaler ma présence. De toute façon, c'était le Pokemon du garçon qui se chargeait de l'avertir, me laissant observer de face le brun. Il n'avait pas changé. Du moins, pas plus qu'il y a quelques semaines. Par contre, je constatais encore qu'il m'avait dépassé. Cela me faisait tout drôle. Mon coeur ralentissait puis s'accélérait d'un coup, comme s'il manquait certains battements. Dans ma poitrine, c'était comme un feu d'artifice. Heureusement, Noctis me sauvait de ma situation de mal être en prenant la parole en premier. Diable, que m'arrivait-il ? On pourrait croire à une jeune adolescente dans ses premiers temps d'amour. Oui, je le savais... Le brun était beau. Et juste le revoir confirmait ma pensée première, celle que je l'aimais encore. Il me proposait son programme du jour. J'apprenais donc qu'il comptait me faire faire pas mal de choses. Le tour de traineaux, c'était une bonne idée. Enfin, je le pensais. Mais je m'imaginais ensuite dedans avec et le malaise que ça pouvait instaurer. Trop tard, j'avais déjà hoché positivement la tête.
« Ca me va ! » me contentais-je de répondre, peut-être un peu trop précipitamment.
Tandis que l'on se dirigeait vers les écuries aux côtés de Noctis, je ne cessais de jeter des coup d'oeil à son Negapi. Du moins, c'était sur Seishin qui n'arrêtait pas de gesticuler dans ma veste car elle avait vraiment envie de jouer avec ce nouveau copain. Elle savait néanmoins les consignes que je lui avais dit tout à l'heure et les respectait pour le moment. Finalement, je déviais mon regard et osais poser mes yeux sur ceux du garçon. Ainsi, je pouvais l'observer de profil et craquer littéralement. Je me reprenais finalement rapidement en me redressant vivement pour regarder devant moi. Alors ... ? Quel était ce comportement au juste ? Depuis quand je n'arrivais pas à laisser mes prunelles vagabonder sur les traits du visage du brun ? Il faillait que je trouve quelque chose pour me tirer de cette situation, n'importe quoi.
« Tu es mignon. » lâchais-je d'un coup. « Euh, je veux dire... Negapi ! C'est lui est mignon, Negapi. » me rattrapais-je presque aussitôt. Tient donc ? C'est quoi cette chaleur qui monte ? Oh, non ! Ne me dite pas que je suis en train de rougir...
Je me sentais désarmée. Totalement... Moi qui était apte à faire face à mes sentiments, à les contrôler à la perfection pour paraître la plus stoïque dans n'importe quelle situation. Cette rougeur traduisait ouvertement ma gène et je m'en voulais terriblement de rien ne pouvoir faire à part me détourner de mon interlocuteur pour regarder droit devant moi. Cette sensation m'envahissait et la chaleur était bientôt presque insurmontable malgré le froid de l'extérieur. Je tâchais donc de m'apaiser en respirant le plus calmement possible mais aussi le plus discrètement, enfuyant mon nez dans le pelage de ma petite Evoli. Fort heureusement, Noctis n'en profitait pas pour me déstabiliser davantage. A vrai dire, il valait mieux pour lui que ce soit ainsi s'il désirait que cette journée se déroule correctement avec moi à mes côtés. Alors, pour couper court à tout cela, il prenait les devant en me présentant cette petite frimousse répondant au nom de Flocon. J'abordais finalement un sourire en coin, approchant doucement ma main pour en fin de compte la retirer brusquement après l'avertissement du brun : autant éviter une décharge électrique. Et enfin, ce sont le derniers propos qui me marquaient. Non pas le fait qu'il complimentait Seishin. Mais moi par la même occasion. C'était subtile de sa part. Heureusement, je pouvais me permettre de l'ignorer en me concentrant uniquement sur mon Evoli.
« Il s'agit de la fille de Meian et de Shiva. Elle s'appelle Seishin. »
Et oui Noctis... Tu y crois ? Il faut dire qu'il s'est passé pas mal de choses durant son absence, notamment la venue au monde de ce petit être. D'ailleurs, cette peste était bien tentée d'aller rejoindre cet éventuel compagnon de jeu qui n'était autre que Negapi, couinant doucement pour me le faire remarquer. Je me penchais légèrement en avant et lui expliquais que cela serait possible dans peu de temps. Encore un peu de patience... Pour l'instant, je ne voulais pas perturber mes retrouvailles avec le garçon. On arrivait alors face à une clôture où des enfants s'amusaient à déposer des stickers. Suite à la remarque de mon interlocuteur, je ne pouvais que hausser légèrement les épaules pour signifier que je n'avais pas la réponse. Et ce dernier geste laissait le silence s'installer entre nous.
A l'arrêt, je regardais autour de moi afin de m'occuper l'esprit jusqu'à ce que Noctis commence à s'intéresser à la neige. Il était très vite attaqué par les bambins, me faisant sursauter au passage. Reculant d'un pas, je regardais d'un oeil amusé l'enfant Noctis désireux de se venger. Mais il était bien vite coupé avec l'intervention étrange d'une gamine. Et elle ouvrait trop la bouche celle-là Le regard un peu dur, je me retenais de me jeter sur elle pour fourrer sa tête dans la neige. Elle était en train de toute gâcher ! Et ce n'était pas tout car même si Noctis l'avait fait taire, ce sont ses camarades qui venaient à la charge. Jugeant la fuite plus approprié, le brun m'entrainait plus loin en ayant au préalable attrapé la main. Adieu les mômes ! Je leur adressais quand même un petit signe en arrière, histoire de leur faire croire qu'ils avaient raison et donc, qu'il était inutile de nous suivre. Cette petite course me brûlait rapidement la poitrine. Je n'avais plus tellement l'habitude de fournir un tel effort mais je ne me sentais pas pour autant essoufflée. Presque arrivés, Noctis me quittait pour trouver l'homme qui gérait les traineaux. Et il m'abandonne comme ça en plus... Pestant doucement pour moi-même, je le rejoignais sans un mot au moment où l'homme lui expliquait qu'il faillait un peu patienter.
« Espérons qu'ils ne nous entrainent pas dans une folle vitesse, comme certains. » laissais-je échapper, regardant au coin de l'oeil le brun avec un sourire malicieux aux lèvres.
Ah... Voilà que je me sentais bien plus décontractée ! Je retrouvais mon comportement naturel au fur et à mesure du temps. Finalement, ce qui me surprenait, c'était que ça me soulageait. Cela ne servait à rien de rester bloquée sur des principes. Il faillait que je sois prête à accorder son pardon pour vivre dans de meilleures conditions. Après tout, je l'aimais encore... Je laissais alors échapper un petit soupire sans vraiment m'en rendre compte et je laissais ma main s'apposer sur le crâne du Cerfrousse qui s'était approché. Seishin sortait dans sa petite cachette et allait coller son museau sur l'autre créature afin de la renifler. Mais dès que celui-ci se mouvait, elle allait se planquer. Trouillarde va.
Plus vite que prévu, on venait les chercher pour leur dire que tout était près. J'emboitais le bas de Noctis et gagnais la première le traineau. Je faisais très attention en montant, craignant de glisser. Une fois installée, j'attendais que mon partenaire fasse de même pour que je puisse disposer cette grosse couverture sur nos genoux. Grâce à cette dernière, le froid ne nous atteindrait pas. Je remerciais les hommes qui avaient prit les dispositions nécessaires pour que cette ballade soit possible. Et quand je pensais que l'un deux prendrait place pour diriger ce traineau, je me trompais totalement. On nous confiait carrément les rênes ... Euh... ?! Et "YA!", c'était partie. Ils n nous avaient même pas laissé le temps de nous manifester, ils avaient donné une claque à l'arrière train d'un des Cerfrousse et on était parti. C'était comme s'ils avaient fait exprès pour que l'on se retrouve que tous les deux. Grbl. Je me tournais vers le brun, inquiète, mais celui-ci semblait bien à l'aise. Avait-il planifier cela sans me le dire... ? Je commençais de plus en plus à le croire.
« Pardon » déclarais-je après de longues minutes de silence. Or, était ce simplement compréhensible ? Savait-il pourquoi je le disais ? Peut-être pas. Mais c'était dur de continuer, de l'expliquer. Car j'avais comme cette fierté, celle de ne pouvoir jamais me rendre compte de mes erreurs et de demander aux autres de me les excuser. Cependant, c'était différent avec Noctis. Je me tournais donc vers la gauche afin de le regarder correctement et de stopper ma contemplation du paysage. « Pardon pour m'être comportée de cette façon avec toi. »
C'était dur de demander pardon, je n'avais pas l'habitude de le faire. Mais plus j'avançais dans les raisons de cet acte, plus je sentais un poids en moi s'envoler. Je me sentais beaucoup mieux que la minute d'avant, libérée d'un sentiment de culpabilisation. Je tenais réellement à Noctis et continuer à bouder dans un coin n'allait pas résoudre le problème. S'il faisait un pas en avant, je devais en faire de même et pas me contenter d'accepter ses invitations. Visage meurtri encore par les évènements, je peinais de cacher ma tristesse. J'avais été seule bien longtemps et j'avais, me semble t-il, tirer un trait sur tout cela. Or, ce trait, je désirais à présent l'effacer. Je m'en voulais maintenant de l'avoir tracer trop rapidement...
La réaction du brun paraissait presque déroutante, comme s'il s'était attendu à ce moment. Il répondait directement après m'avoir observer un instant. Ses mots sortaient naturellement de sa bouche, faisant par de son propre ressenti vis à vis de cette situation, évoquant même une amie commune : Chiho. C'est vrai... Il l'avait soutenu dans un moment difficile. A tel point que je m'étais imaginée des choses terribles. Encore une erreur que je regrettais amèrement. Lorsqu'il me souriait, enfin, je détournais le regard, déstabilisée. Moi qui d'habitude arrivait à garder un contrôle parfait de mes émotions, c'était tout autre chose avec Noctis. Son désir à lui était de me revoir sourire... J'aurais pu le faire, en me forçant. Cependant, cela ne pouvait compter réellement. Je redressais ensuite la tête pour l'observer de nouveau, intriguée de connaitre la suite car il s'était arrêté.
Si je m'étais attendue à cela ? Absolument pas. Je me sentais même idiote de recevoir un présent. Mes gestes s'étaient fait naturellement, sans que je puisse réellement les commander. Les mains jointes, j'avais récupéré cette boite en écrin bleu. t là, je sentais mon coeur palpiter fortement dans ma poitrine. Je m'emballais... Je me laissais submerger par un sentiment que je pensais avoir terré au fond de mon être. L'amour. Il était toujours présent en réalité. Noctis était resté un garçon attentionné à mon égard. Je baissais finalement les yeux sur la petit boite fermée à l'aide d'un ruban blanc, me rappelant étrangement une période. La white Day et sa fameuse tradition. Je dénouais le nœud en repensant à cette journée particulière. Là où n'avions pu maitre de nos émotions. Là où je m'étais rendue compte d'une chose. Je respirais une fois, puis deux. Lentement. Ses paroles se répercutaient dans mon esprit à présent brouillé. Et étrangement, je ressentais une nouvelle émotion qui me picotait les yeux. Les larmes montaient alors que je découvrais le collier. Je bouillonnais, combattant cette faiblesse alors que cela s'avérait être des larmes de joies. Je n'avais pas l'habitude, tout simplement...
« Merci... » Arrivais-je à articuler.
L'art et la manière de se sentir encore plus mal à l'aise : je n'avais rien en retour. Je fixais l'objet dans ma main. Une Pokeball refermant une pierre caractéristique. Un choix judicieux de la part du garçon, qui me touchait énormément. Il avait toujours fait preuve de précision. Une fois la contemplation faite, je relevais mes yeux, lui tendait le présent et me tournait légèrement en déplaçant mes cheveux sur le côté. Je ne portais rien autour du cou, pas même le collier que Lyph m'avait déjà offert. En effet, pour mieux tourner la page, j'avais décidé de le terrer au fond d'un tiroir dans l'optique de ne pas le revoir mais surtout, de savoir déjà où il était au cas où je ressente la nécessiter de le reprendre.
Et puis, il n'y avait rien d'autre. Le silence retombait. Je me sentais incapable de prononcer un mot, de laisser mes sentiments s'exprimer par la parole. Gorge nouée, je me sentais un peu idiote. Je devais pourtant faire un effort. Sauf que je n'y parvenais pas. La fierté, très certainement. Une qualité, comme un défaut. Alors, je prenais une grande inspiration, ouvrais la bouche et... rien. Je déviais le regard une fraction de seconde puis je recommençais, après humidifier mes lèvres.
« Tu m'as manqué; Noctis. Énormément. »
C'était sincère. Ma main allait retrouver la sienne pour appuyer mes propos et je lui souriais enfin. Tout semblait redevenir comme avant. Cependant, effacer cette période douloureuse serait bien difficile car elle était bien ancrée en moi. Elle avait laissé une marque bien trop importante. Je baissais la tête doucement. Et puis, comme pour me sortir de cette impasse embarrassante, je parlais de la première chose qui me venait à l'esprit. Je m'intéressais aux ambitions de mon interlocuteur. Comptait-il toujours suivre la même voie au sein de l'académie ?
« De nouveaux projets depuis ton retour ? »
Faire le point sur ses sentiments, ce n'était pas une tâche évidente. Encore moins lorsque la dite personne se trouvait juste en face de soi. Et pourtant, j'avais enfin réussi à partager mon ressenti, à l'exprimer sans crainte. Je me sentais soulagée, comme si un poids en moins venait tout juste de s'envoler. C'était si simple, de discuter, de mettre des mots à ses émotions... Je me sentais beaucoup bien qu'une autre sensation me rattrapait : le mal être. Peu méconnue et si désagréable. Je tâchais donc de l'effacer rapidement en me concentrant sur tout autre chose, soit les projets de Noctis. Peut-être qu'avec le temps, ils avaient évolué, si ce n'est pas totalement changé. Il me faisait donc part de ses difficultés quant à reprendre un rythme normal mais qu'il comptait toujours étudier les Pokemon. Cette optique me faisait doucement sourire car j'imaginais mal le garçon dans un autre domaine.
Le retour de la question me revenait ensuite, frappant étrangement mon esprit. Cela me faisait drôle de l'entendre dire par l'intermédiaire de quelqu'un d'autre, surtout face à une figure si importante. Noctis avait marqué une emprunte dans mon coeur assez grande pour que je le prenne en considération dans mes choix futurs. Je me rappelais alors de cette opportunité que la laboratoire de Lansat m'avait soufflé, cette envie soudaine de quitter l'académie et de voler enfin de ses propres ailes. De vivre la vie professionnelle dont je rêvais. Mais tout changeait. Et pas uniquement parce qu'il était revenu ici. J'hésitais encore, tout simplement... La proposition était bien évidemment intéressante mais je n'étais pas certaine que cela me convenait totalement.
« Pour tout te dire, je pensais faire ma dernière année au sein de l'académie. On m'a proposé un poste sur Lansat. Sauf que depuis quelques temps, je doute. Pas en mes capacités mais plutôt aux caractéristiques de ce travail. Dans tous les cas, je sais très bien que je rêve de faire de nombreuses expéditions. Je me vois pas restée enfermé dans un bureau, être statique... Donc je ne sais pas où j'irais planter ma petite base haha. Bref... Je risque d'être souvent en mouvement. »
Cette réalité me faisait frissonner. J'avais parlé à cœur ouvert et je me rendais compte que pour notre couple, l'avenir que je m'imaginais ne convenait. Du moins, pas totalement. Est-ce qu'il serait prêt à la suivre là où elle irait ? A voir. Après tout, ce n'était que des projets, des rêves intouchables lui paraissant pourtant si proche. L'avenir était effrayant, dans le fond.
Le traineau ralentissait, signe qu'on approchait de l'arrivée. Je redressais la tête doucement, un peu déçue de constater que ça avait été trop rapide -ou plutôt que je n'avais pas vu le temps passer. Noctis m'aidait à sortir et une vague de fraicheur m'envahissait. Aaah, j'étais bien callée moi dans ce traineau, bien au chaud sous la petite couverture. Tandis qu'on s'éloignait, le jeune homme me demandait si je désirais une chose en particulier. Je fouillais alors dans mes souvenirs afin de me rappeler ce que ce village de Noël proposait. Comme activité, il restait encore la patinoire ou la piste de ski. Je raillais finalement de ma liste la seconde option, me disant que moi et les ski, ça ne devait pas faire bon ménage. Il y avait aussi les petits stands sympathiques, comme ceux proposant nourritures et boissons chaudes ainsi que ceux qui proposaient des babioles. Y faire un tour m'enchantait mais le garçon me trainait dans la direction opposée. Et lorsque je me retournais pour savoir pourquoi, je comprenais bien vite que c'était à cause de ces bambins. Je souriais doucement, d'un air taquin.
« Mister Flavelle, zéro. Les enfants, deux. Je ne savais pas que tu avais peur de ce qu'ils pouvaient faire. »
Le regard amusé, je le suivais sans brocher. Et d'une manière comme une autre, on arrivait au centre des festivités. Mais avant que l'on regagne la rue principale, je me stoppais et tirait doucement sur la main de mon partenaire que je n'avais pas lâché depuis qu'il s'en était saisie. Curieux, il se retournait comme prévu pour chercher dans mes yeux la raison pour laquelle je m'étais arrêtée. Et je m'approchais de lui sans prévenir, l'enlaçant dans mes bras tout en allant chercher ses lèvres. Allez savoir pourquoi, c'était simplement une pulsion que je me devais de satisfaire. L'envie de retrouver cette sensation qui elle aussi m'avait terriblement manquer. Main dans sa nuque, mes doigts glissaient dans ses cheveux et je me collais à lui. Voici un baiser fort passionné.
« Personne ici pour se permettre tout jugement, même pas des chérubins. » me permettais-je de dire en conclusion, nez contre nez.
Un dernier baiser au coin de ses lèvres et je me détachais de lui. En plus de produire un certain désir, cela m'avait réchauffé. Espérons que le jeune homme ne m'en veuille pas de trop d'avoir pris une soudaine initiative.
Lorsque l'on reprenait la route, je sentais ces délicates odeurs venant faire crier famine mon pauvre estomac. La gourmandise frappait et je conviais Noctis à faire la queue avec moi pour commander quelques choses. Durant l'attente, on se mettait même d'accord pour prendre le temps de se poser un peu à table. L'un en face de l'autre cette fois-ci, j'avais tout le loisir de l'observer, un stupide sourire niché sur mon visage. Oui, j'étais aux anges depuis que je l'avais embrassé. Idiot, n'est-ce pas ? Nos commandes arrivaient et mes mains allaient encercler cette tasse de chocolat chaude, me permettant de reprendre la discussion là où elle s'était arrêtée.
« Si je comprends bien, tu laisses de côté l'espionnage ? »
Non, Noctis ne semblait pas déçu de mon initiative, loin de là. Il m'avait rappelé contre lui pour assouvir ses propres désirs, venant embrasser cette zone sensible qu'il ne semblait pas avoir oublié. C'est à cet instant, que l'on se retrouvait pour de bon, que l'on redevenait ces deux adolescents épris l'un pour l'autre. Le cours de l'histoire avait repris, comme s'il ne s'était jamais arrêté, gommant progressivement cette séparation qui m'avait fait tant souffrir. Je lui pardonnais, presque totalement, conservant au plus profond de mon être cette sensation désagréable qui, un jour peut-être, ressurgirait. Pour le moment, je ne voulais que la faire taire. Une page s'était tournée.
Chocolat chaud dans les mains, je laissais la chaleur parcourir mon corps. Et bien que le silence s'était confortablement installé, je prenais la parole d'un sujet qui me trottait à l'esprit depuis un bon moment déjà. Qu'en était-il de son autre spécialité ? Celle qui cachait aux autres, celle que j'avais découverte il y a des mois. Il ne l'avait pas évoqué tout à l'heure, il était donc possible qu'il ait abandonné l'idée. Mais sa façon de se rapprocher et de vérifier s'il n'y avait pas d'oreilles attentives me laissait penser le contraire. Je m'en voulais de ne pas y avoir fait plus attention, d'en parler avec davantage de discrétion. Heureusement, toutes les personnes autour de nous semblaient bien occupées.
Je me laissais transporter par ses propos, mes yeux rivés sur ses lèvres qui bougeaient. Je l'entendais à peine, suffisamment pour comprendre qu'il n'allait pas abandonner. Qu'il aimait cela même, employant un terme particulier. Le ton diminuait de plus en plus, ce qui me forçait à me rapprocher de lui. Il en faisait de même, suffisamment pour me glisser un drôle de message. Qu'entendait-il par "on" ? J'arquais un sourcil et me reposais au fond du fauteuil. Je m'imaginais un instant espionne et riais intérieurement. Je ne m'en voyais pas la capacité. Loin de là. Il faillait être agile, avoir de la dextérité... Être forte aussi. Pas que je ne l'étais pas. Juste pas suffisamment. Je n'avais pas la carrure de mes compères Pyroli qui se levaient chaque matin pour s'entrainer.
« Parce que tu veux m'embarquer là dedans ? Haha, franchement, tu m'as vu ? Je risque de faire tout échouer plutôt qu'autre chose. »
On se regardait d'un air complice et on se souriait. Décision faite, la commande partait en cuisine et on se retrouvait de nouveau seuls. Je sirotais mon chocolat, lançant quelques œillades au garçon. Lui comme moi n'avons rien à dire pour le moment. Ou plutôt, j'éprouvais des difficultés pour engager la conversation. Pourtant, tout semblait naturel, être comme avant. Etais-je encore perturbée à ce point ? A croire que oui... Pauvre adolescente que je suis, incapable de faire le tri dans ces sentiments. Ca ne me ressemblait pas du tout et me mettait en difficulté. Alors, je soupirais un bon coup. Non pas parce que j'étais blasée mais plutôt pour extirper de moi ce trop plein d'émotion. A cet instant précis, le serveur posait nos commandes sur la table et je pouvais me délecter de cette crêpe à la confiture, allant même en couper un bout pour faire gouter le brun. Des gestes typiques qui revenaient progressivement. L'amour flottait dans l'air.
« Puisque tu aimes les sensations, je te propose de faire un tour de patinoire pour la suite. Sauf si tu avais quelques chose de prévu pour m'épater. Après tout, n'étais tu pas à la reconquête de miss Lawford ? »
Je me redressais convenablement, le regardait et lui souriait d'un air malicieux. Alors, que me réserves-tu cher Noctis ?
Le défi de la patinoire était accepté. A nos risques et périls, nous allions affronter ce sol glissant... Cette couche de glace ne m'impressionnait guère, plutôt confiante. J'étais agile et mon expérience devrait suffire, du moins, le peu que j'en avais. Cependant, c'est sur un mot en particulier provenant de Noctis que je tiquais. De quel projet pouvait-il donc bien parler ? Je le fixais droit dans les yeux, tentant de deviner à travers son regard ce qu'il était en train de préparer. Il gardait le secret précieusement et ne dégageait même pas un seul indice. Du coup, je me sentais un peu perturbée. Ou plutôt gênée, de voir qu'une si grande attention m'était portée. J'appréciais les surprises, mais j'essayais toujours de les deviner. Pourquoi ? Même moi, j'étais incapable de me l'expliquer. Mon esprit me poussait à le faire, à chercher de quoi il était question. J'avais d'ailleurs commencé, le cerveau fumant de plusieurs hypothèses réfléchies. Sauf que la réalité revenait rapidement et que je n'avais pas le choix que de me concentrer sur autre chose : tenir sur des patins.
La patinoire se tenait sous mes yeux. Il y avait un peu de monde, mais je jugeais l'espace suffisant pour que nous puissions à notre tour faire notre entrée sur scène. Je me tournais doucement vers Noctis, afin de déceler une quelconque réaction de sa part. Poursuivrait-il le défi ? Je me mordais la lèvre inférieure. Peut-être qu'il était doué, après tout. Et que je m'étais trop reposée sur des capacités que je n'étais même pas sûre d'avoir. Je ne me félicitais pas. Et je ne pouvais faire marche arrière, car ce serait avouer sa défaite. Places payées, on allait chercher nos patins pendant que le garçon me posait la question fatidique. Je souriais légèrement, sans le regarder. Je faisais mine de me sentir totalement à l'aise, bien que le doute s'emparait de moi au moment même où il avait demandé. Je tâchais de faire bonne figure, comme j'avais pour habitude de le faire.
« Peut-être bien. »
Ni une affirmation, ni une négation. Assez pour laisser le doute planer dans les pensées de mon si cher interlocuteur. Je trouvais par la suite la taille de patin me correspondant et m'installais sur un banc pour les nouer sérieusement sur ma cheville. L'heure du lancement avait sonné et Noctis était le premier à tester la glace. Je le suivais de très près et lui enjambais le pas dès qu'il m'invitait à le faire. Et forcément, j'allais à mon tour me saisir de la rambarde, ayant certainement mis un peu trop d'entrain. Je lançais un regard vers Noctis qui semblait plutôt amusé de me voir galérer.
« Ne rigole pas. T'es pas plus doué, je te signal ! »
Vexée ? Pas du tout. Je l'avais même dit en riant doucement, me moquant moi-même de cette situation. On se lançait par la suite, ne quittant pas le bord. Je donnais un coup, puis deux. Finalement, ce n'était pas si compliqué. Ce que je pensais jusqu'à ce que je me sente un peu trop à l'aise et que mon pied dérape. Cela était arrivé au moment même où je m'étais permise de doubler le garçon, me retrouvant alors devant lui. Mais qu'est-ce qui m'était passé par la tête ? Allez savoir ! Je tentais vainement de récupérer cet équilibre perdue, tournoyant un peu et... badaboum. Dans ma chute, j'emportais avec moi Noctis -oui, il faillait bien que je m'accroche quelque part. Je me retrouvais alors sur celui-ci, ce dernier ayant amorti ma chute (merci !) Nez contre nez, mes cheveux tombant en cascade et abritant nos visage, je lui souriais. Rien de casser, apparemment. Juste dans une position cocasse qui ne me perturbait pas. Etant encore proche du bord, on ne gênait personne alors je prenais l'initiative de ne pas me relever encore.
« Ex aequo. » murmurais-je, baisant d'une courte pression la commissure de ses lèvres. Devant ce verdict, il n'avait pas le choix, même si c'était clairement ma faute s'il se retrouvait là.
|
|