
Motivées par l’urgence de la situation, les deux filles se séparèrent bien vite, pour partir chacune de leur côté à la recherche aux Joliflor. Il était impossible que ces dernières aient disparu comme ça, en un claquement de doigt, après tout ! Tandis qu’Obéline partait d’un côté de la cascade, Eryn obliqua vers l’autre, pour fouiller les lieux avec ses deux petites souris, qui illuminaient la voie plus facilement qu’une lampe torche. Elle n’aurait jamais cru que ses deux petits Pokémon étaient capables de créer une lumière aussi intense… N’ayant pas de source de lumière, elle était forcée de rester à proximité de ses petites souris, qui passaient d’un coin à un autre au gré des demandes de leur dresseuse, pour éclairer le périmètre et en couvrir le plus possible pour retrouver les Joliflor. Cependant, Pabu et Juji s’arrêtèrent d’eux-mêmes, l’un pointant du doigt la cascade, l’autre la forêt à proximité. Peut-être qu’ils étaient partis par là ? Eryn se saisit de trois Poké Ball, laissant sortir Pampero et Deku, respectivement Pitrouille et Brocélôme, puis Sansa, son Otaria, dans le point d’eau.
« Vous deux, essayez de fouiller la forêt pour retrouver les Joliflor. Sansa, tu vas avec Pabu regarder ce qu’il y a en haut de la cascade. Juji, tu restes avec moi, on va continuer à chercher ici. »Les Pokémon opinèrent du chef. Les deux Spectre filèrent dans la forêt, coupant les branches pour se frayer un chemin, tandis que Pabu sautait sur le dos de Sansa qui remonta la cascade pour aller voir en haut. Eryn, curieuse, regarda faire son Otaria, qui semblait remonter la chute d’eau sur le ventre sans la moindre difficulté, le Posipi s’accrochant à la corne sur sa tête pour ne pas tomber. Restée seule avec le Negapi, Eryn reprit sa route, quelque peu limitée maintenant qu’elle n’avait plus qu’une seule source de lumière. Elle n’osait, de plus, pas vraiment s’éloigner de la cascade, de peur de rater le retour de sa petite Otaria. Cependant, quand cette dernière redescendit, illuminée par le Flash du Posipi, Eryn comprit qu’elle n’avait rien trouvé, pas plus que ses deux Spectre qui revenaient les mains vides, mâchonnant quelques baies trouvées au sol. La mort dans l’âme, la Mentali revint vers le point de rendez-vous où Obéline l’attendait, illuminée par une attaque Feu de sa Goupix. Elle avait l’air totalement effrayante… Cependant, elle la rassura en riant, lui expliquant qu’il ne s’agissait que d’une inoffensive attaque Feu Follet, qui lui avait permis de fouiller les alentours avec un peu de lumière, aussi peu rassurante soit-elle.
« Non, je n’ai rien trouvé… J’ai même envoyé mes Pokémon vérifier dans la forêt et au sommet de la cascade, pour vérifier qu’elles n’étaient pas cachées là-haut, mais apparemment pas. »Les deux Mentali s’assirent, quelque peu contrariées. En frissonnant, Eryn referma ses bras autour de son corps pour essayer de se réchauffer un peu, tandis qu’Obéline, la tête levée, observait la lune avec curiosité. Et d’un coup, elle se redressa en haussant le ton, surexcitée, faisant sursauter la petite scientifique. Comment ça, quelle heure il était ? Normalement, pas loin de cinq heures de l’après-midi, si on prenait en compte leur longue marche, leur pause, et leur recherche frénétique des Joliflor autour de la cascade. Mais Obéline, qui venait de regarder sa montre, avait une réponse toute différente. Deux heures dix du matin. Mais… C’était impossible ! Comment pouvait-il être aussi tard ? Cependant, même si elle se sentit très stupide d’avoir paniqué, et pensé qu’elles ne reverraient jamais le soleil, la Mentali était également très soulagée de comprendre qu’elle s’était trompée. Il faisait juste nuit. Bon sang, mais comment avait-elle pu croire que le soleil ne se lèverait plus jamais ? Son rire se mêla à celui d’Obéline, et s’arrêta quand elle reprit la parole pour lui demander si elles avaient fait un bond dans le temps.
« A mon avis, elles ont paniqué et nous ont attaqué pour se défendre… » Dégainant son iPok, elle regarda la page de Joliflor, puis celle d’Ortide.
« Ah, voilà, Ortide apprend Poudre Dodo, donc Joliflor connaît cette attaque. On a dû leur faire peur, donc elles s’y sont mises à plusieurs pour nous lancer Poudre Dodo, nous assommant pendant un très long moment. »A la fin de sa tirade, Obéline reprit la parole, semblant rassurée par cette explication des plus rationnelles. Il ne leur restait plus qu’à lever le camp. Suivant sa camarade, Eryn ramassa quelques morceaux de bois, avant de suivre l’autre Mentali jusqu’à l’endroit où elles avaient posé leurs sacs quelques minutes (ou plutôt quelques heures) plus tôt, posant le bois de telle manière à ce qu’elles puissent faire un feu convenable. Pixi se chargea du reste, l’allumant d’une Flammèche, et la chaleur revint de suite s’imposer comme maîtresse des lieux, à la grande joie des deux frileuses. Déployant le camp, Eryn posa son sac de couchage non loin du feu et entreprit de sortir de quoi manger. Maintenant qu’elle ne paniquait plus, ces presque dix heures sans manger ni boire se rappelaient désagréablement à elle, par des tiraillements dans son estomac et un assèchement de sa gorge. Une fois la nourriture consommée, les deux filles se glissèrent dans leurs sacs de couchage, continuant à papoter à propos des Joliflor. Selon Obéline, elles risquaient de ne pas être très contentes de constater leurs présences le lendemain matin. Ce n’était pas faux. Il fallait donc trouver quelque chose pour qu’elles se fassent pardonner. Sortant de son sac de couchage, Eryn fouilla son sac pour en sortir quelques Poké Ball.
« J’ai peut-être une idée. On pourrait leur offrir des baies, en guise de bonne foi ? Je sais qu’il y en a tout autour de nous, mais elles seront peut-être contentes de voir des petits tas de baies rien que pour elles en arrivant demain matin. Je te laisse te charger des petits bols ? Tu n’auras qu’à utiliser des feuilles, il y en a partout au sol. Avec un peu de soie, ce sera facile de les faire tenir entre eux sans les rendre trop collants. Tiens, je te laisse Achille, mon Charmillon, et Maka, ma Chrysacier, pendant que je vais chercher les baies. »La Mentali déposa les deux Poké Ball devant sa camarade, avant d’emporter les autres avec elle pour se planter devant la forêt. Non, il n’y avait que peu de chances qu’elle trouve son bonheur là. Alors, s’enfonçant bravement dans la forêt avec son équipe, elle marcha quelques minutes, jusqu’à ce que ses deux Spectre décident de la guider à un arbre recouvert de baies, où ils s’étaient goinfrés avec les baies les plus basses, rendant la cueillette plus difficile pour la Mentali. Ne se décourageant pas, elle fit sortir tous les Pokémon de son équipe pouvant apprendre Coupe, et ces derniers se rassemblèrent autour de l’arbre, qui volant, qui lévitant, et quand l’ordre de leur dresseuse sonna, tous les Pokémon se jetèrent sur l’arbre, faisant pleuvoir au sol une pluie de baies. Zhu Li, le Métamorph, qui avait pris l’apparence d’Achille, les rattrapa toutes pour les enrouler dans une Sécrétion, qu’Ozymandias, le Chapignon, ramassa sans le moindre effort. Les bras chargés, Eryn revint donc vers le camp, fière de la performance de ses Pokémon. Le Chapignon laissa tomber le sac près d’Obéline, à distance prudente du feu pour ne pas cramer ce dernier, et la Mentali s’assit à côté de sa camarade.
« Voilà ! Je propose qu’on empile les baies dans les bols de feuilles et qu’on les disperse un peu partout, aux coins stratégiques. Ca devrait suffire à les calmer. »Enfin, elle l’espérait… Durant les heures qui suivirent, Eryn et Obéline empilèrent des baies dans les bols, avant de se lever pour aller les déposer en bas, près de la cascade, pour que les Joliflor les trouvent en venant. Cette activité les occupa un long moment, durant lequel elles parlèrent, avant de se taire, vaincues par la fatigue. Quand, enfin, leur tâche fut enfin terminée, il ne devait pas être loin de quatre heures du matin, et fatiguées, les deux filles se couchèrent après un « bonne nuit » ressemblant plus à un grommellement qu’autre chose. La Mentali ne se rappela même pas s’être endormie. Peut-être était-elle tellement fatiguée que le sommeil l’avait saisie avant même que sa tête ne touche l’oreiller de son sac de couchage. Le réveil, cependant, fut beaucoup plus doux pour elle.
Une petite patte s’était posée sur son épaule, la secouant en douceur pour la réveiller. Eryn ouvrit les yeux avec difficulté, et se figea en voyant une Joliflor, toute sourire, qui lui faisait face. Obéline, à côté, avait droit au même traitement. Eryn se redressa prudemment, pour ne pas effrayer la petite fleur, et jeta un coup d’œil dans la clairière. Autour d’elles, les Joliflor mangeaient, contentes de ce petit repas qu’elles découvraient en arrivant, et si deux Joliflor avaient décidé de les réveiller, c’était pour leur tendre deux bols intacts, encore remplis de baies, pour partager avec elles. Timidement, la Mentali se saisit de son propre bol feuillu, et se leva en voyant les mouvements de pattes de la Joliflor qui lui demandait de s’éloigner un peu. Suivant Obéline, elle alla s’asseoir sur un rocher, regardant, un peu comateuse, les petites fleurs s’agiter, aidées par les Pokémon Plante de la scientifique. Le feu fut enlevé, les sacs de couchage repliés, les sacs posés près des deux humaines. Eryn, qui mâchonnait ses baies sans comprendre, finit par avoir un éclair de génie.
« Obéline… Je crois qu’elles préparent la place pour leur danse du soleil… »Elle avait vu juste. Au bout de quelques minutes de gesticulations, la place était nette, et les Joliflor, qui venaient de terminer leur repas, se rassemblèrent, semblant suivre un schéma très précis. Pourquoi ne dansaient-elles pas ? La réponse à la question vint d’elle-même. Évidemment ! La danse du soleil ! Il était parfaitement normal qu’elles fassent ça au moment où le soleil se levait, et non pas quand il était à son zénith, comme hier ! Suivant une chorégraphie bien précise et connue d’elles seules, les Joliflor se mirent alors à danser, quelques secondes avant que les rayons du soleil ne percent à travers les arbres. Émerveillée, Eryn regarda la danse sans rien dire, admirant la beauté et la grâce des Joliflor, qui dansaient en rythme avec le soleil, donnant vraiment l’impression que c’était grâce à elle que ce dernier se levait doucement par-delà les arbres.
C’était sans aucun doute le plus beau spectacle qu’il lui ait été donné de voir.
HRP : Utilisation des CS Coupe, Plongée et Cascade. Merci ! ♥