En ce doux vendredi matin, Jackie avait exempté ses protégées du Dortoir des Pyrolis d’entraînement matinal. Et pour cause ? Le premier cours d’option pour les Pokéathlète allait commencer le jour-même, et l’enseignante ne voulait absolument pas que ses élèves arrivent toutes épuisées et fassent honte à sa personne. Enfin. Si elle n’avait écouté que ses propres convictions, elle les aurait menacées avec son fusil à pompe et obligées à vomir leurs tripes pour tenir la cadence. Mais apparemment, saint Rivardi pensait que ce n’était pas vraiment une bonne méthode. Qu’il aille se faire reteindre sa perruque, celui-là ! Il ne pouvait pas se mêler de ses fichues affaires ? Grognement.
Vêtue d’une veste militaire et d’un gilet pare-balles –on était jamais trop à l’abri des folies d’une bande de gamins en pleine crise hormonale-, le Général Jackie attendait que ses recrues se montrent à 8h tapantes. Ils n’avaient pas intérêt à être en retard, ces espèces de mollassons ! Ou sinon, elle en connaissait qui allaient tâter de la crosse. Bien que ce cours soit en réalité une option réservée aux Pokéathlètes, il était de coutume à l’académie de le laisser ouvert également aux autres spécialités, ou aux élèves qui n’avaient tout simplement pas encore choisi la leurs. Tout ça dans le but évidemment de leur laisser voir à quoi ressemblait l’option, et leur donner le choix de s’y inscrire ou d’y bifurquer. Ils n’étaient pas obligés de s’y pointer, mais Jackie avait bien insisté sur le fait que TOUTES ses Pyrolis devaient être présentes –afin de compenser l’entraînement matinal annulé-.
La séance devait se dérouler dans le grand terrain vague qui était proche du Dortoir des Pyrolis -encore une raison supplémentaire que Jackie pourrait avancer lors de son procès, lorsqu'elle aura étranglé les retardataires-, et les conditions météorologiques n'étaient pas mauvaises. Certes, il faisait un peu froid, mais il n'y avait aucun risque de gel ou de pluies annoncés. Et puis un tel temps pourrait permettre aux mioches de ne pas trop crever de chauds, dès la première série de pompes passée. Et dire qu'elle-même ne suait même plus une seule goutte après des exercices si basiques !
Lorsque les aiguilles de sa montre indiquèrent 8h00 piles, Jackie releva la tête vers la masse d’étudiants qui étaient venus assister à son option. Comme prévu, ses Pyrolis étaient toutes aux premiers rangs, plantées droites comme des piquets dans une position de garde-à-vous impeccable. Un léger sourire en coin satisfait se dessina sur les lèvres de l’enseignante. Voilà qu’après des mois d’entraînement intensif, elle arrivait enfin à inculquer quelque chose à ces têtes creuses ! Pour suivre l’exemple probablement, les autres s’étaient également positionnés comme les jeunes filles du dortoir du feu, même si leurs maintiens étaient moins irréprochables. Une fois que tous furent installés, le Général passa entre les rangs pour rectifier les postures et commenter les élèves, en les désignant toujours par leurs « matricules ».
« Matricule 62 ! Tête droite ! Matricule 53 ! Ce n’est pas comme ça qu’on se tient en garde-à-vous ! » aboya-t-elle à l’adresse des pauvres étudiants.
Une fois que tout le monde fut passé au crible fin, elle revint à sa position de départ et croisa les bras.
« Bien. Comme vous le savez, je suis Jackie. Je suis en charge de cette option de Pokéathlètes, et tiens à vous signaler que les entraînements seront de plus en plus durs au fil du temps. Si cependant vous avez les tripes de continuer et de les passer avec succès, votre notoriété dans le monde des Pokéathlètes sera garantie. En attendant, je ne vois qu'une bande de chiffes molles qui subissent avec un contre-coup affligeant, les conséquences de leur sédentarité. Mon rôle est cependant de transformer tout ce gras en muscle, et pour cela, je serai intransigeante.
Aujourd’hui, pour vous mettre en condition, nous allons commencer léger. Je veux que tout le monde fasse une série de 50 pompes, et passe à travers cet enchaînement d'obstacles. Échauffez vous bien avant de vous lancer. Je ne veux pas que l’un de vous clamse dès les trente premières secondes. C’est clair ? DISPERSION ! »
Les pauvres qui n'étaient pas habitués aux méthodes de Jackie parurent déboussolés, mais déjà les Pyrolis se mettaient à terre pour effectuer leurs pompes. S'ensuivit alors ensuite un joyeux bordel, où les uns essayaient de dire aux autres d'aller se mettre ailleurs, et où les autres répliquaient en brandissant les poings. Le regard glacial et meurtrier que leur jeta Jackie les dissuada cependant de continuer leurs chamailleries. L'entraînement allait-il enfin pouvoir commencer ?
Au début de ce qui allait bientôt devenir un véritable enfer pour les humains sédentaires, il ne considérait pas trop cette militaire avec sérieux. Après tout, les adolescents sur ce campus se sont inscrits dans une école, une académie prestigieuse qui offre à coup sûr à ses élèves une éducation de la plus haute importance, non dans un camp militaire dont l’unique but est de faire régurgiter la nourriture dans l’estomac du petit matin. Le garçon doté de pouvoirs psychiques avait de la difficulté à croire aux rumeurs. Certes, il savait très bien quel genre de martyr subissent les Pyroli, mais ne croyait pas au côté sadique et stricte de la spartiate. Néanmoins, cette opinion changea radicalement lorsqu’il vu la femme vêtu d’un uniforme militaire ainsi qu’un gilet barre-balle beugler à la figure de beaucoup. En ce doux et frisquet vendredi matinal, la scène qui s’offrait à notre héros réussi à lui faire décrocher un sourire. Non seulement, il arriva en retard au cours, sa discrète entrée en scène loupée par la référente de la chambrée des flammes, mais il resta sans crainte dans une position nonchalante, caché par quelques individus au garde-à-vous qui lui lancèrent des regards interrogateurs et inquiets. Courageux ou bien aliéné, cela reste à débattre.
L’institutrice se présenta tout en insultant son public. Main sur sa hanche droite, Eevee confortablement positionnée dans la capuche du pull de son maître, Kira passa une main dans sa crinière brune. Quel amour, se dit-il. Après son représentant, le tristement célèbre Ace, il faisait maintenant la connaissance de Jackie. Est-ce que tous les référents sont ainsi ? Il peinait à imaginer un spécimen du genre à la tête du dortoir des bisounours, alias les Mentali. La Générale donna ses consignes, ce qui fit marrer notre protagoniste. Commencer léger avec cinquante pompes ? Déjà, pour une certaine partie de la population ici présente, cela signifiait la fin. Pour enfoncer un peu plus le couteau dans la plaie, pour échauffer nos muscles, les élèves doivent passer au travers d’une course à obstacle. Un nouveau rictus en coin se dessina sur les lèvres du télépathe. Pour un adepte du sport et des arts martiaux tel que lui, cette épreuve n’est qu’un échauffement avant de passer au plat principal. Pour d’autre, nous pouvons déjà les oublier pour la suite du cours.
Dès le signal de départ donné, Kira se laissa tomber au sol, sur la paume de ses mains, et débuta ses flexions à une vitesse assez élevée. Cela lui importait guère de finir premier ou dernier, mais il voulait bien achever ce parcours le plus vite possible pour son propre accomplissement personnel. Alors que certains débutèrent l’exercice, certains observèrent le jeunot du camp des ténèbres faire les pompes avec aisance. On y lisait une certaine admiration, et c’est pour cela que l’Aisaka acheva ses deux dernières flexions sur une main, histoire de démontrer sa supériorité physique. Ses muscles échauffés et un peu endoloris, il se releva et fusa en direction de la course à obstacle alors que la grande majorité, si ce n’est pas la totalité, tente de finir le premier exercice. Dans sa lancée, il perçut en retard le premier malheur qui l’attendait dans ce mini-marathon : un filet tendu proche du sol, obligeant les passants à ramper sur le sol terreux et poussiéreux – à moins de le contourner ou bien de marcher sur le filet même, mais là n’est pas le but de l’exercice. Trop tard pour faire demi-tour, le Noctali devait se résoudre à tâcher de boue et de poussière ses vêtements de sports.
Après un moment à ramper sur le sol, Kira termina le premier obstacle et s’attarda sur la structure de bois à escalader qu’il grimpa en quelques bonds. Stoppant un instant, son regard d’émeraude inspecta le prochain obstacle : un nouveau filet, sauf que cette fois-ci, il devait le traverser à l’aide de ses mains, pour souiller de ses souliers une nouvelle structure. Un peu comme un singe, au final. C’est quoi ça, un module de jeu pour les enfants, s’interrogea-t-il avant de prendre son élan, sauter et s’agripper après les cordes. Grâce à son agilité, il franchi le seuil de la prochaine étape en très peu de temps. La halte suivante consistait simplement de descendre la structure à l’aide d’une corde. Vous croyez sérieusement qu’il va l’utiliser, cette corde ? Fuck that shit ! Pauvre Évoli qui relaxait dans la capuche de son dresseur, elle se vit brutalement kidnappée de son terrier pour retrouver refuge dans les bras de son maître, alors que ce dernier bondit du haut de la structure tout en faisant un salto vers l’avant, atterrissant au sol en faisant un roulé-boulé pour éviter d’endommager ses mollets.
- Hell yeah ~ !
Si beaucoup prennent ce cours au sérieux, Kira réussit à s’amuser tout en effectuant un très bon score. Avec le Pokémon Évolution, il traversa le dernier parcours en sautant par-dessus des haies, avant de franchir la ligne d’arrivée. De la petite sueur perlait de son front, ses vêtements étaient tout bonnement tâchés. Cependant, du coup, cela n’a pas été pour rien. Pour les autres, comme cette jeune fille rousse succédant à un autre élève après lui qui tomba dès la ligne d’arrivée franchie, l’expérience n’a certainement été guère présente.
Adèle était droite comme un piquet, son regard d’habitude fuyant et glissant était devenu solide et déterminé. Elle était au centre d’une multitude de gamins de son âge, dans le lot des athlètes, des lavettes et deux ou trois fayots que le souci de bien faire avait égaré dans ce qui s’annonçait comme leur pire cauchemar. C’était un cours. Un cours différent des autres, il était très important de le souligner aux yeux de la brunette. Ici, c’était Jackie qui faisait régner l’ordre et pas de doute qu’avec cette blonde aux yeux en forme de mitraillettes qui dégageait une aura de danger cinq mètres autour d’elle née dans cette optique. La cadette Faust n’avait pas connu de femme de cette ampleur dans son enfance de bourgeoise. La plus sportive de la famille s’appelait Georgia, elle faisait du golf. C’est donc tout naturellement que la Givrali guettait avec fascination les entraînements matinaux du dortoir des Feu. Elle les enviait, soupirant d’ingratitude en entendant ses camarades dont les commérages lui bourdonnaient aux oreilles. Adèle se foutait comme de son premier Poffin des histoires de cul de l’académie… Enfin si l’on écartait celles de Kira.
En tant que sœur auto-proclamée, la demoiselle se réservait le droit de pourrir la vie des petites dévergondées qui passeraient le pas avec l’incompris Aisaka. La preuve que c’était un mec bien d’ailleurs, il était là. Personne ne l’y obligeait, tout le monde savait qu’il voulait faire stratège, pourtant, il venait quand même assister au laïus de la rigoureuse Jackie. La Faust aurait volontiers emprunté sa crosse à l’instit et ses mains fourmillaient d’être retenues injustement. Sans pouvoir se l’expliquer, cette voix autoritaire lui plaisait, ce féminisme faisait écho à un engagement dont elle n’avait pas totalement conscience. La brune observait admirativement, cette femme dont chaque mot sonnait comme une menace de mort. Ses yeux sarcelles brillaient d’une idolâtrie que les autres n’auraient pas comprise. Elle était là, soldate jusqu’au bout, imperturbable face aux rugissements de fauve de la générale et à l’odeur de peur entre les rangs. La professeure s’expliquait en termes incisifs et parlant. Il semblait lui tenir à cœur de rabaisser chaque élève un peu moins raide que les autres. Elle s’attachait à ne pas oublier un détail, c’était sans doute la perfection qu’elle visait. Adèle écoutait les consignes, attentive et réceptive, prête à agir comme ces gros Malosses de garde qu’un mot peut déchaîner.
Jackie ne fit pas dans la demi-mesure, on annonçait cinquante pompes que déjà le faciès dépités de la majeure partie des Pyroli atteignait son paroxysme. Elles n’étaient pas toutes enjouées d’être ici, la bouche de la Givrali eut un rictus narquois, tant mieux pour elle, sa victoire ne serait que plus écrasante avec un concurrence aussi piètre. Elle aimait bien cette idée de course contre le temps, de parcours. Une succession d’obstacles l’attendait un peu plus loin, la brune ne doutait pas de les surmonter. Ses habitudes de vilaines filles l’avaient rendue aussi agile et vive que les reptiles, elle n’avait pas son pareil pour passer dans les fentes ridicules et escalader les cachettes hors d’atteinte. Endurante, l’héritière Faust était le genre de personne qui se servait de l’épuisement de son adversaire pour frapper au bon moment. Bon, ici pas question de tabasser qui que ce soit. Pour l’instant. Néanmoins la demoiselle comptait bien se servir de ses capacités pour arriver en un temps record à la ligne d’arrivée. En fait, elle était tellement gonflée d’assurance et de confiance qu’elle aurait bien pu mettre à exécution son dessein. L’ennui était un rongeur tricolore qui ne répondait pas à son nom - pourtant charmant - : Zola. Il était perché sur l’épaule de sa dresseuse, provocateur, s’inspirant du calme de sa dresseuse pour faire front à l’ouragan blond qui réveillait chez lui comme un vieil instinct de survie ancré depuis des générations.
Le départ fut donné. Le corps brindille de la brune répondit immédiatement, au sol elle exécutait les pompes avec une ferveur qui la surprenait elle-même. La friponne sentait l’eau gouttait sur ses tempes, elle avait oublié de compter en fait. Ses muscles se récriaient devant cet exercice d’un genre nouveau auxquels on ne les avait pas du tout habitués. Adèle souffrait, une douleur saine où se mêlaient l’élancement de bras et les cailloux sous ses paumes. Elle s’accrochait à sa volonté d’atteindre la ligne d’arrivée. On ne pouvait pas l’arrêter si tôt tout de même ! La jeune fille ne baisserait pas les bras, point. Il lui sembla qu’elle avait atteint les alentours de cinquante alors elle se releva très vite. Les pompes, terminées. Il fallait désormais s’attaque au parcours. Adèle fonça, l’Emolga toujours solidement accroché sur son épaule. Quel compagnon alourdissant ! Et dire qu’elle aurait pu être première si seulement il ne rendait pas chacun de ses pas plus difficiles. L’écureuil était terrifié parce qui se passait, son ego surdimensionné l’empêchait de l’admettre mais joues frémissantes d’électricité en disaient longs sur son état. La Faust vit le filet de corde tendu au ras du sol et n’hésita pas une seconde, elle se jeta par terre s’attirant littéralement les foudres de Zola. Le courant était faible mais la brune faillit ne pas s’en relever. Elle déglutit la tête à moitié enterrée dans la terre mais ne s’arrêta pas. Sa rage de vaincre était plus forte, peut-être aussi celle d’infliger la correction de sa vie à Zola une fois l’épisode terminé. Des mouvements amples avec ses coudes repliés lui permettaient de progresser vite. La dresseuse traîna ainsi son corps sur plusieurs mètres, cela lui rappela le cauchemar de la bouche d’aération où réduite à des conditions semblables elle avait dû suivre Zola sans assurance qu’ils étaient sur la bonne voie. C’est avec soulagement qu’elle s’extirpa des dessous du filet tout de même. Elle doubla une Pyroli, lui offrant la vision de sa langue pendue avec défiance avant de bondir sur les mailles de la prochaine épreuve. Ce genre de détente auquel elle avait progressivement habitué son corps ne lui posa pas de problème. La demoiselle attrapa les mailles épaisses avec succès, son cœur s’allégea. Quand elle faisait ce genre de saut, un chute pouvait la priver de ces deux genoux jusqu’au lendemain.
La cadette accrocha ses pieds aux cordages et commença à traverser tête renversée l’obstacle. Cette position, en plus d’être plus confortable, lui donnait la possibilité d’écraser les pauvres mimines des autres élèves. Ce dont la gamine abusa un peu. Sortie de ce second challenge, elle se lança sur une pente d’escalade. Les prises ne venaient pas d’elle-même et l’adolescente perdit de précieuse seconde à trouver son équilibre avant de s’élever un peu plus. Au sommet, une longue corde l’attendait. Elle s’y pendit regrettant aussi son choix car la ficelle lui saigna les paumes. Un grognement irrité sorti de sa gorge mais elle reprit tout de même sa course, les poings serrés. Une série de petites haies se dressaient entre elle et la fin. Elle les sauta, un à un, s’escrimant contre la douleur qui brûlait au creux de ses dextres. Foutu matériel ! Elle aurait dû utiliser Zola comme parachute. Adèle passa le dernier barrage feuillu, exténuée mais fière. Le torse bombé malgré ses cheveux qui sentait encore le roussi à cause de son électrisation et la terre partout sur ses beaux habits de sport. Son regard tomba directement sur Jackie, la Givrali se tint droite et retint son souffle. Cette histoire de score l’intriguait, elle voulait savoir son temps pour mieux le pulvériser.
Assise en tailleur sur son lit simple aux couleurs chatoyantes, la jeune fille lisait une dernière épopée pour se donner du courage face à la matinée qui l'attendait. Refermant son livre avec précaution, elle le posa sur sa table de nuit avant de s'étaler le corps en étoile sur la couette, le regard en l'air, pétillant de rêves et d'ambitions. Elle lâcha ensuite une longue expiration comme l'expression de son retour à la réalité et se redressa. Elle était réveillée depuis quelque temps déjà, habituée aux horaires matinales de Jackie, mais ce matin là, pas d'entraînement puisqu'il y avait le cours. Un cours qu'elle attendait depuis longtemps. Jusqu'à présent elle ne s'était pas vraiment faite remarquer en classe, c'était l'occasion de briller par son talent cette fois-ci. Oui, car si elle se permet de telles expressions, c'est parce qu'elle était la grande gagnante de la première compétition sportive de l'école.
Réveillant Phèdre et Scapin à coups de coussins, Belle cherchait la motivation pour cette nouvelle matinée. Elle avait besoin surtout de confiance en elle, si elle se ridiculisait pendant le cours elle perdrait toute crédibilité. Scapin lâcha un long bâillement plaintif à peine audible et sa première réaction fut de se jeter sur son petit déjeuner installé à côté des miettes de celui de Belle. Phèdre, qui depuis qu'elle avait reçu ce surnom tentait tant bien que mal de se donner une prestance et une allure royale, se redressa sans broncher même si ses yeux scintillants trahissaient son désir de vengeance. Elle se fit son petit déjeuner toute seule à savoir, remplir la bouilloire d'eau, la brancher à Scapin, se faire un petit thé pour finalement le glacer. Visiblement, elle était de bonne humeur ce jour-ci puisqu'elle en fit suffisamment pour les trois compagnons.
Belle accepta son thé glacé avec plaisir tout en remerciant la petite lutine, puis enfin elle se changea pour enfiler une tenue ample et sportive. Elle attacha ses cheveux qui ne s'arrêtaient plus de pousser et qui atteignaient des records de longueurs. Elle quitta le dortoir en trottinant pour aller se mettre au premier rang de là où les élèves étaient attendus. Phèdre tenait avec elle une serviette et une bouteille d'eau alors que Scapin tirait derrière lui une poche de petits biscuits sucrés. La journée pouvait commencer.
Le menton levé, les yeux fixant l'horizon, les bras le long du corps, la jeune fille était prête à recevoir les consignes de Jackie qu'elle acquiescerait à chaque fois d'un léger hochement de tête. « Nous mettre en condition » Oui ! « 50 pompes » oui ! « Série d'obstacles » oui ! Belle était plus que prête pour se plier aux exigences de l'enseignante. Sans perdre de temps elle s'agenouillait et débuta finalement sa série de pompes après une longue inspiration. Arrivée à la vingtième, les gouttes de sueurs commençaient à couler, à la trentième ses membres tremblaient, à la trente-huitième elle s'écroula. Phèdre s'empressa d'éponger son front, de lui faire boire de l'eau, Scapin lui refila un petit bonbon énergétique et une petite décharge électrique histoire de la relancer. Au bout de quelques temps, elle réussit sa série et se redressa prête à attaquer le parcours.
La première épreuve consistait à ramper sous un filet ; okay, elle avait l'habitude. Elle se mit à terre, fut suivie par Scapin tandis que Phèdre contourna cette épreuve à contrecœur, sa morphologie ne lui permettant pas de la réussir. La fine équipe s'en sortit avec quelques égratignures, beaucoup de saletés mais un moral reboosté. La Pyroli ne pouvait s'empêcher de lâcher des petits « Aller! » ou encore « Go go go ! » pour s'encourager. Elle dut ensuite grimper une sorte de mur d'escalade, ce coup-ci, Phèdre était au rendez-vous malgré une légère difficulté à s'agripper aux prises. Scapin eut, encore une fois, sur cette épreuve beaucoup d'avance et attendait les deux filles au sommet.
Une fois les trois camarades assis tout en haut, ils s’élancèrent sans attendre dans la prochaine épreuve. Scapin se contenta de courir sur le fil avec équilibre, Belle s'y suspendit à l'envers et avança ainsi tout le long, Phèdre allait à petite allure en faisant l'équilibriste. Les deux premiers, une fois arrivés, encouragèrent la dernière en hurlant de toutes leurs forces. Ils se laissèrent ensuite tous glisser pour descendre.
Il ne restait plus que l'épreuve des haies, Scapin ne pouvant pas les sauter, se plaça sur l'épaule de Belle et Phèdre fit de son mieux, toute pataude qu'elle était dans ce physique si peu avantageux. Malgré deux/trois chutes, l'équipe s'en sortit et arriva au complet au bout de l'exercice !
Les mains posées sur les genoux, le dos courbé et la respiration haletante, Belle faisait de son mieux pour reprendre son souffle et détendre un peu ses muscles. Mais c'était sans compter sur les beuglements incessant du général qui ne laissait aucun répit à ses élèves. Comme la jeune Pyroli était douée elle avait terminé avant beaucoup d'élèves ce qui lui laissait un peu de temps avant d'attaquer la prochaine épreuve que Jackie n'avait pas encore expliqué. Elle regarda sa fine équipe ; une Phèdre complètement exténuée qui ne cessait de sautiller sur place pour ne rien perdre de son énergie et un Scapin qui avait particulièrement apprécié de faire la dernière épreuve sur l'épaule de sa dresseuse qui commençait à entrevoir l'idée de finir le cours de la sorte.
▬ Allez les sportifs, on ne lâche rien !
Cependant, allez savoir ce que leur réservait l'impitoyable général au regard sadique et au cri qui résonnait sûrement dans tout l'établissement. Finalement, la dernière consigne fut dévoilée, leur chère et tendre professeure pointa du doigt un mur très haut aux multiples pièges que Belle découvrirait sûrement au fur et à mesure de l'épreuve. Face au regard découragé de la petite lutine, elle l'invita à attendre en bas que Scapin et elle aient franchi le mur.
Le démarrage était correct, même si la jeune fille sentait déjà les muscles de ses bras fins faiblir. Le petit hamster restait attentif à tout ce qui pouvait bien se produire, il avait déjà repérer la présence de Pokémon perturbateurs, des sortes de lézards qu'il identifiait difficilement au loin. Le premier coup dur fut lorsque Belle lâcha prise après qu'un des points de support pivota lorsqu'elle l'empoigna. Heureusement, il lui restait trois appuis, elle montait prudemment en faisant attention à justement toujours garder au moins trois appuis, la chute lui semblait particulièrement difficile vue la hauteur qu'elle prenait. Après cet incident, elle prit une grande inspiration pour repartir de plus belle. Elle ne put éviter la coulée de boue qui l'handicapa autant que son petit Dedenne qui secouait sa tête rapidement pour faire nettoyer ses petites moustaches.
L'ascension continuait et la première attaque des Galvaran, maintenant identifiés, se fit sentir. Malgré les parabocharges de Scapin pour contrer les attaques électriques, Belle reçut plusieurs décharges qui faillir bien la faire tomber, mais ses mains restaient agrippées comme si elle s'accrochait au fil de sa vie... métaphore qui semblait devenir réalité vue la violence de cette épreuve, cette maudite professeure avait-elle seulement le droit de les maltraiter ainsi ?
▬ Allez Scapin, nous y sommes presque ! … AAAAAARGH !
Elle venait de poser sa main sur une prise brûlante. La paume était rouge écarlate et il lui semblait difficile de continuer. Il aurait fallu que Phèdre les accompagne pour que quelques glaçons viennent apaiser la douleur. Heureusement donc que le moral d'acier et l'entêtement de la Stalgamin l'avait poussés à grimper à son tour un peu après le départ de ses camarades. C'est Scapin qui la remarqua et les deux attendirent sagement l'arrivée de leur alliée pour reprendre la montée. La poudreuse soulagea énormément la main endolorie de la dresseuse et elle reprit la route. Une dernière coulée de boue et l'équipe arriva victorieuse en haut du mur d'escalade, elle jeta un coup d’œil en bas pour voir les autres dresseurs se faire électrocuter par les Galvarans sadiques puis descendit le mur à l'aide du corde, une fois le sol atteint, les trois compagnons s'étalèrent sur le sol comme si l'herbe encore mouillée de la matinée était le nec plus ultra du confort.
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