Une soirée relativement calme était en perspective. Ou du moins, c'est ce qu'était en train d'imaginer Calliope quand elle remontait dans son dortoir après s'être régalée de la cuisine de Mama Odie. Le ventre bien plein, elle comptait digérer tranquillement et profiter d'une bonne partie de la nuit pour s'avancer dans son travail. Le temps était encore bien trop frais pour se permettre de vagabonder à l'extérieur. Et puis, en ce moment, elle n'en avait pas le courage bien qu'au fond d'elle l'envie régnait. Malheureusement, depuis son retour d'hôpital, Callie avait gagner en faiblesse et avait un peu plus de difficulté à supporter la fraicheur des nuits de printemps. La demoiselle avait donc plutôt peur d'attraper un mauvaise virus, la contraignant ainsi de revenir à Volucité. Et forcément, il en était hors de question. Voilà pourquoi il était bien plus sage de restée enfermée dans sa chambre.
La fenêtre encore légèrement ouverte, la rouquine s'empressait d'aller la fermer. La plupart de ses compagnons étaient présents et s'occupaient à leurs propres tâches. Seule Tarsal restait près de sa dresseuse, intriguée par ce sentiment qui émanait d'elle. Décidément, Calliope ne pouvait rien cacher à cette petite créature psychique. Ce simple regard avait suffit à la faire sourire d'un air triste, comme pour la rassurer. Ou plutôt, se rassurer. D'humeur mélancolique, la préfète préférait se pencher sur sa paperasse plutôt que de remuer de trop ses pensées. Il y avait quelques cours ici et là mais aussi ses propres recherches sur les progrès médicaux. Callie se tenait à jour à ce niveau là et était toujours à l'affut de prouesses incroyables. La médecine avait encore tellement de chose à dévoiler qu'elle tombait à chaque fois dans l'émerveillement lorsqu'elle découvrait quelque chose.
Le regard un peu perdu, elle tenait une à une les feuilles qu'elle lisait en diagonale afin de mieux les classer après des heures de travail. Une dizaine de minutes à peine avait suffit. Il faisait nuit noire. Et alors qu'elle pensait avoir enfin terminé, son iPok sonna. Un son particulier, dont elle n'avait pas l'habitude d'entendre comme l'habituel message ou la panne de batterie. Posé sur son bureau, il lui suffisait de jeter un petit coup d'oeil pour finalement arquer un sourcil. Callie constatait avec surprise qu'il s'agissait d'un appel d'une personne dont jamais elle n'aurait pensé en avoir : Heath Jones. Curieuse de savoir ce qu'il voulait lui demander, elle décrochait en s'imaginant tout un tas de chose.
_ Bons- ...
Pas le temps d'en placer une, le garçon la coupait dans son élan. La demoiselle avait un peu de mal à l'entendre et collait mieux l'appareil à son oreille; Il lui semblait entendre le vent. Mais ce qu'avait à lui dire le Noctali était bien plus intéressant. Heureusement que la rouquine avait la capacité d'enregistrer rapidement les informations sans se poser de question immédiate car sinon, le garçon aurait raccroché et elle n'aurait pas donné suite car elle aurait tout simplement oublié le lieu donné. Pas le temps non plus pour Callie de répliquer quelque chose car son interlocuteur lui avait raccroché au nez, laissant une jeune fille totalement perplexe sur ce qu'elle venait d'entendre. Une chose était sûre, Heath avait besoin d'aide. Et elle était toujours prête à la fournir si besoin, qu'importe le moment, le lieu, la personne ou même le temps.
Rapidement, Calliope faisait le point sur ce que le garçon lui avait dit. Le dortoir Noctali ? Et sur le toit en plus... Cela expliquait donc le vent. Il y avait eu aussi cette éternuement, assez significatif : Heath avait froid. D'où la demande de chocolat chaud. Sauf que ça ne suffirait pas pour réchauffer totalement quelqu'un. Une couverture était nécessaire. Et même s'il ne avait déjà une, la supplémentaire ne serait pas de trop. Sentant l'adrénaline monter, la demoiselle retrouvait un gain d'énergie incroyable. Avant de quitter sa chambre, elle filait dans son armoire pour attraper un plaid sous son bras et une drôle de boite . Mystik la suivait du mieux qu'elle pouvait mais ses petites pattes ne lui permettait pas de suivre la cadence. Elle allait donc s'accrocher à l'épaule de sa dresseuse qui n'y avait pas prêté attention encore...
Le dortoir des Noctali se situait au sud ouest de sa position. Mais avant, la rouquine faisait une halte dans les cuisines du réfectoire. Jetant un rapide coup d'oeil pour voir s'il n'y avait personne, elle s'engouffrait à travers la porte discrètement et allumait la lumière. Tout était correctement rangé, chaque ustensiles à sa place et les plaques en inox bien nettoyées. Calliope n'avait pas l'habitude du lieu, contrairement à la cuisine des serres. Fort heureusement, elle trouvait rapidement ce dont elle avait besoin pour le chocolat. Une casserole sur le feu, elle le faisait fondre. elle trouvait aussi un thermos où elle pouvait conserver le précieux liquide qu'elle préparait. Elle ne cherchait pas à faire quelque chose d'exceptionnelle, tout était rapide dans ses gestes. La rouquine avait l'habitude d'en faire et ajoutait les ingrédients sans se poser de question. La concentration la dominait jusqu'au bout et une fois terminé, elle se pressait de ranger les outils utilisés avec l'aide de Mystik et de ses pouvoirs.
Thermos posé sur les couvertures, Callie quittait la cuisine un peu essoufflée. Cependant, elle n'écoutait pas son corps et traversait le hall pour rejoindre le dortoir d'Heath. Poussant la porte du pied avec maladresse, elle faisait chuter le thermos. Un bruit sourd s'élevait dans la pièce et la demoiselle se crispait. Un regard à droite puis à gauche, personne. Tout le monde dormait à point fermé. Elle se dépêchait alors d'entrer avant que quelqu'un ne la découvre et fasse polémique : "
Une Givrali dans le dortoiiiir ! Et pas n'importe laquelle, c'est la préfète ! Mais qu'est-ce qu'elle vient fouiner ici celle-là ? Dehors, vil commère !" Bon, c'était peut-être un peu exagéré, mais voilà ce qu'elle avait à l'esprit la petite tête rousse. Devant elle, un escalier. Encore un effort supplémentaire. Respirant un bon coup, elle se donnait une dernière poussée de courage et commençait à gravir les marches. Machinalement, elle se mettait aussi à les compter.
Le rythme cardiaque augmentait et très vite, Calliope était essoufflée. Beaucoup plus que lorsqu'elle avait quitté la cuisine. Si bien que lorsqu'elle arrivait et qu'elle ouvrait la porte avec son dos, elle restait dans cette position, à l'appui et la tête relevée pour attraper un maximum d'oxygène. Elle s'était dépêchée, de peur de retrouver le garçon dans un sale état alors qu'il était simplement là, en train de ... De jouer ?! En effet. Ses yeux s'étaient abaissés et pendant qu'elle reprenait sa respiration, Callie avait observé cette masse sur la chaise longue en train de manipuler ce qui semblait être des rails. Bien évidement, la rouquine tiquait mais elle ne parvenait pas encore à s'exprimer. Soufflant de mécontentement, elle parvenait enfin à se décoller et à se rapprocher de l'adolescent qui ne semblait pas avoir fait attention encore. Parvenant à son épaule, la jeune fille attrapait le thermos d'une main et le glissait juste en dessous de son nez.
_ Monsieur Jones est servi.
Et lorsqu'il se retournait pour la regarder, elle souriait doucement. Bon, cela ne voulait pas dire qu'elle ne lui en voulait plus. Ca non ! Mais elle ne pouvait pas s'en empêcher car c'était dans sa nature. Et puis, elle appréciait Heath malgré les on-dit. Par contre, il faisait vraiment un froid de canard ici. Et à en voir l'état du visage du garçon, il était là depuis un moment.
_ Eh, mais tu as vu tes lèvres ?! Elles sont toutes bleues !! Mais quelle idée, franchement, bois vite ça !
Ni une ni deux, elle ouvrait le thermos, positionnait un gobelet juste en dessous et versait. Peut-être avec trop de précipitation car la maladresse de la rouquine frappait de nouveau et elle allait reverser un peu du contenu sur la cuisse de son interlocuteur. Ouch, ça devait bruler.
_ Aaah ! Désolée, désolée ! ne cessait-elle de répéter, la mine paniquée. Attends, je vais éponger ça.
Posant doucement le thermos , qu'elle venait tout juste de sceller, au sol, elle se dépêchait de sortir un mouchoir pour se mettre accroupi et commencer à essuyer.
_ Ça va ? Je ne t'ai pas trop brûlé j'espère... s'inquiétait-elle.