Bonjour ! Je suis Cierge, le petit Funécire. Oh, oui, vous devez vous demander pourquoi c’est moi qui vous parle aujourd’hui. Ne vous en faites pas, vous n’êtes pas encore devenu assez fou pour croire qu’un Pokémon vous parle ! Non, non. Aujourd’hui, je suis là pour vous raconter une histoire. Une très jolie histoire, d’ailleurs. Tout a commencé ce jour-là, je ne sais pas vraiment lequel, mais c’était un jour normal. Comme tous les jours, je me réveillais cinq minutes avant mon dresseur, le gentil Alyx. Il a toujours été du genre rapide pour se préparer le matin, alors depuis que je suis là, à dormir tout blotti contre son oreiller avec ma propre petite couverture, je me suis habitué à être prêt avant lui, histoire qu’il ne traîne pas et qu’il ne soit pas de mauvaise humeur. Je le voyais donc s’éveiller, prendre le temps de m’embrasser pour me dire bonjour, puis se lever et entamer sa routine matinale que je me plaisais à redécouvrir chaque jour. Je ne prêtais pas vraiment attention à ses compagnons de chambrée. Il y avait Sirius, avec qui Alyx parle beaucoup et qui lui fait de jolis vêtements. Orion, qu’Alyx aime bien parce qu’il est « obéissant ». Et Paul, mais Alyx ne lui parle pas vraiment. Bref, je ne sais pas trop ce qu’ils ont fait ce jour-là, mais toujours est-il qu’Alyx m’a saisi dans ses mains, tout doucement, et m’a porté comme à son habitude dans les couloirs. Les entraînements et les cours se sont succédé. Ce sont des moments que j’aime beaucoup. Je vois d’autres Pokémons, de gentils dresseurs et de gentilles dresseuses. Je peux jouer avec eux. La plupart du temps, ils me trouvent mignon. Alyx sait que je suis mignon, alors il l’utilise un peu pour amadouer les autres personnes. Mais ça ne me dérange pas. Au contraire, je trouve ça marrant ! La journée a passé, comme toutes les autres, mais cette fois, quelque chose a changé dans l’ordre naturel et normal des choses. J’ai vu le regard de mon dresseur se poser sur plusieurs élèves plus âgés, sur de grandes équipes de Pokémons à l’air puissant, sur les projets scientifiques qui avançaient bien. J’ai vu ce que je n’aime pas voir chez lui. J’ai vu derrière son air renfrogné de princesse capricieuse. J’ai vu qu’il était triste. Je ne sais pas pourquoi, mais mon dresseur a un problème. Parfois, il remarque des choses, et ça le rend triste d’un seul coup. Alors j’essaie de lui remonter le moral, mais ça ne marche pas vraiment, même à grands renforts de câlins. Il a donc décidé, un peu tardivement, de se promener au bord de la plage. Il y avait un petit vent frais qui me faisait frissonner, même alors que je venais me réfugier dans l’écharpe d’Alyx. Ce n’est pas agréable d’avoir la chair de cire. Enfin, les humains ne disent pas comme ça, mais bon. Les vagues s’échouaient sur le sable dans un bruit doux, créant une sorte de mélodie. C’était apaisant, et je voyais enfin mon dresseur se détendre, bien qu’il ait encore l’air pensif. Nous avons marché cinq bonnes minutes, nous laissant porter par une discussion installée par Alyx. Nous avons parlé de tout et de rien, de certains élèves, de l’école, de sa région natale, Kalos. J’essaie de lui répondre, et je pense qu’il me comprend bien. Puis nous avons pris le chemin du retour, mais quelque chose avait changé, et je n’étais pas le seul à l’avoir vu. Il y avait un rocher. Un drôle de rocher, d’une couleur que je n’avais encore jamais vue et qui me perturbait un peu. Il était différent des autres rochers. Déjà, il semblait beaucoup plus lisse et plus petit. Il était aussi plus rond, ou plutôt ovale. Nous nous sommes approchés avec beaucoup de précautions, et j’ai pu entendre Alyx émettre un son surpris. Il disait que c’était « un œuf ». Je n’étais pas sûr de comprendre ce qu’était « un œuf » pour l’instant, mais en le détaillant un peu plus, je voyais finalement de quoi il s’agissait. Quel parent avait pu abandonner son futur petit ici ? Si j’en ai un, un jour – peut-être que ça arrivera ! –, je ne le laisserais jamais dans un endroit comme celui-là, seul et abandonné. Mon dresseur a commencé à imaginer plusieurs hypothèses. « Peut-être que les parents sont morts ? », « Peut-être que le courant a été trop fort et l’a emporté ? », « Peut-être qu’un autre dresseur l’a emmené ici en espérant qu’on vienne le chercher ? ». Alyx aime beaucoup savoir des choses. Du coup, il finit vite par se faire des idées lui-même, et là, il était en plein dedans. Je le laissais faire, répondant par mes petits bruits caractéristiques, lui faisant comprendre si j’étais d’accord ou pas. « - Je vais le prendre. » a-t-il finalement dit. Je l’ai vu me caler correctement sur son épaule, puis prendre l’œuf dans ses bras, comme j’avais vu certains parents humains porter leurs enfants. Il a aussi commencé à le caresser gentiment. Je sais qu’Alyx est sensible, mais il ne le montrera jamais à personne. Ou alors, à celui qu’il appelle « son prince charmant », et qui n’existe pas encore, ou en tout cas, qui n’est pas encore entré dans sa vie. Lentement, nous sommes revenus jusqu’au dortoir des Noctali – pourquoi « Noctali » ? Pourquoi pas le dortoir Funécire ? C’est sombre, aussi ! –, et dans la chambre encore vide. Les trois autres colocataires devaient être ailleurs. Alyx a pris un oreiller et l’a posé au sol, puis a mis l’œuf dessus, avec une petite couverture. J’ai bon espoir que le futur petit qui naîtra de cet œuf sera bien protégé et aimé par mon dresseur chéri. Il est du genre à aimer jouer les mamans. Parfois, il s’énerve et se demande s’il ne devrait pas tout abandonner. Il a peu confiance en lui, même si on dirait le contraire. Mais lorsqu’il doit faire, non, qu’il veut faire quelque chose, il le fait toujours, et toujours bien. Voilà, c’était mon histoire du jour ! Elle était originale, non ? Qui aurait cru qu’on aurait pu trouver un œuf comme ça ? Moi, je ne pensais pas. Mais c’est une bonne expérience, et je sens qu’elle va nous en apprendre beaucoup. Sur moi, sur les autres, et sur Alyx… ! |
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