Ma mission et celle de Lyra était simple : retrouver les colliers qu’Aaron avait caché autour de l’oasis. Il était bien question d’un genre de jeu de piste, mais notre première information était vraiment vague. L’oasis n’était pas immense et les cachettes n’y courraient pas le sable. Pourtant, je nous voyais mal retourner chaque grain de sable à la recherche de ces colliers sans un indice supplémentaire. Sinon, nous risquions de finir mort de déshydratation bien avant la fin de cette énigme et le teint pâle de l’autre dresseuse ne me permettait pas de croire qu’elle tiendrait longtemps face au Soleil ardent de l’été. Mais s’il fallait vraiment se jeter corps-et-âme dans cette fouille pour obtenir la Wattouat que je convoitais pour mon équipe, alors je n’hésiterais pas à retirer mon perfecto et à me jeter dans le sable à la recherche d’un des colliers. L’aide de Crocrodil ne serait d’ailleurs pas de trop à ce moment-là, ni même celle de mes autres Pokémons. En espérant que le croco soit toujours en forme d’ici-là. Il s’était déjà lancé dans la fouille, sans attendre de directive plus précise et sans que je n’ai mot à dire. Je crois que ce jeu lui plaisait et débordant d’énergie comme il l’était, cela ne lui ferait que du bien d’en dépenser un brin au Soleil. Quant à moi, j’allais plutôt voir Aaron, en quête de plus amples informations sur ce jeu de piste comme il l’avait nommé.
Assis au pied de l’unique palmier de l’oasis, mais déjà bien large, il attendait tranquillement en regardant comment se déroulait son jeu. Me voyant arriver, il se leva poliment pour me répondre. Il n’était pas obligé, mais je trouvais que c’était une bonne attitude et je lui posais donc ma question, ajoutant une petite blague sur mes camarades déjà en cours de fouille intensive. Son visage resta muet un instant sur le fil de sa pensée, avant qu’un large sourire ne vienne balayer cet air songeur et qu’il se mette à m’expliquer la supercherie. Il nous avait bien eus et je riais en comprenant que je m’étais fait avoir comme les autres. C’était vrai qu’il avait précisé « autour de l’oasis », mais pas qu’il ne pouvait pas les cacher sur lui. J’imaginais qu’il ne nous aurait pas non plus laissé chercher trop longtemps et qu’il serait venu nous dire tout ça après s’être délecté de sa blague, si je n’étais pas venu. En tout cas, c’était bien trouvé et je souriais encore en le voyant sortir les deux colliers. Ces mêmes colliers qu’il jetait à l’eau ensuite, sans que je ne comprenne trop pourquoi… C’est alors que les autres nous rejoignent et que Crocrodil prend place à mes côtés, tandis qu’Aaron fait prendre l’air à Inlay, mais surtout… Joy ! Je rencontre enfin cette Wattouat qui m’a beaucoup plu dans son annonce.
-Ravi de faire ta connaissance, Wattouat. Je m’appelle Paul et j’espère que tu te plairas avec…
Je m’approchais dans l’optique de lui faire une caresse sur son pelage que j’imaginais aussi doux qu’un nuage, mais à peine posais-je la main sur son dos, que je recevais une décharge électrique en toute prestance. Un coup de jus pour ainsi dire qui me fit voir quelques étoiles le temps de revenir sur Terre. Mes yeux roulèrent un peu et j’entendis un petit rire hautain de satisfaction de la part de la lady. Eh bien… Ça commençait bien cette histoire ! Je n’étais pas abattu, j’adorais les challenges et gagner la confiance de Joy serait un défi que j’acceptais avec plaisir ! En parallèle, Aaron lançait les pokéballs des deux Pokémons dans l’eau, avant de se jeter à son tour dedans. M’allégeant de quelques couches de vêtements, je souriais à la Wattouat.
-Je compte bien te prouver que tu peux me faire confiance. Tu vas voir de quoi je suis capable ! Viens Crocrodil !
Armé de mon unique habit et je vous laisse deviner lequel (non, ce n’est pas une chaussette !), je fonçais vers l’eau avant d’effectuer un plongeon dont j’avais bien l’habitude, accompagné par Crocrodil et un saut périlleux rocambolesque de son invention. Nous pénétrâmes dans l’eau dans une explosion de bulles et je clignais plusieurs fois des yeux avant de voir correctement l’environnement. Crocrodil réalisait déjà plusieurs brasses à grande vitesse comme le lui avait appris Apa. Cela faisait longtemps d’ailleurs que les deux types Eau n’étaient pas allés nager ensemble. Je notais cette remarque dans un coin de mon esprit, puis m’enfonçait un peu plus profondément sous l’eau. Il n’y avait que deux ou trois mètres de profondeur par endroit. Rien d’inquiétant, ni de gênant. Mes yeux se mirent en mode Miradar avec pour cible les pokéballs. Ce fut Crocrodil qui vit celle de Joy en premier. Je supposais qu’il me restait juste assez de souffle pour aller la chercher et je lui emboîtais le pas. Il me désigna alors l’objet, qui brillait sous les rayons du Soleil. Je la prenais dans ma main, vérifiant que c’était bien la bonne et me propulsais vers la surface. L’oxygène venait à manquer et je serrais les fesses encore une seconde.
-Aaaaaaaaaaah ! J’inspirais profondément une grande bouffée d’air avant de présenter fièrement la pokéball dans mon poing levé. Je l’ai !
-Crocrodil !
-Je vais la déposer avec mes affaires et je reviens.
Sortant de l’eau, je la mettais bien à l’abri à ma ceinture avec toutes mes autres pokéballs. Mais au moment de retourner à l’eau, j’adressais un regard à Joy, qui était restée sur le côté à l’ombre du palmier.
-Tu es sûre de ne pas vouloir venir avec nous ? On s’amuse bien, tu sais.
-Wattou ! Dit-elle en levant le menton fièrement, le visage de trois-quarts.
-Mademoiselle ne se mélange pas aux inconnus ? Très bien. En tout cas, si tu changes d’avis tu es la bienvenue !
Je restais une seconde de plus à la regarder. Elle ne voulait pas trahir sa position de supériorité et elle ne bougea pas tant que j’étais là. Déçu que le premier contact ne soit pas aussi bon que je l’espérais, je retournais me jeter à l’eau. Après tout, elle avait peut-être besoin de temps pour s’habituer à ce changement. Elle avait un cœur aussi et quitter son ancien dresseur pour un inconnu ne devait pas être facile pour elle. J’aurais préféré qu’elle vienne s’amuser avec nous, mais si elle pensait avoir besoin d’un peu de solitude avant, je comprenais parfaitement et je saurais me montrer patient.