En silence, la petite chienne blanche se plaça devant la glace, appréciant à sa juste valeur la magnifique coupe Kabuki qu’elle arborait depuis le milieu des vacances. Ca avait coûté cher à sa dresseuse, qui avait fait ça au Fringant Pokémon, un salon de coiffure exclusivement réservé aux Couafarel qui tenait boutique sur la très fréquentée avenue Floréal, une des quatre allées d’Illumis, capitale du style à Kalos et ailleurs. Au moins avait-elle pu obtenir, avec cette coupe, qu’Olympe se comporte bien et cesse ses caprices incessants pour ci ou pour ça. Et il fallait avouer qu’elle était bien plus belle ainsi qu’avec sa fourrure blanche toute désordonnée qui, malgré les heures de peignage qu’Aileen passait dessus, restait toujours aussi emmêlée, gênant la Couafarel dans ses mouvements et sa vision. Olympe était une pure race, et elle le savait. Son père, Elfiane, surnommé Fifi par sa dresseuse, était le Couafarel de concours de la mère d’Aileen, Leiko Sôma. Sa mère, Couffy, était la Couafarel chromatique de compagnie de Lady Gragra, femme que sa dresseuse avait déjà rencontrée une fois, ce qui ne lui laissait pas de bons souvenirs. De par ses deux parents, Olympe avait un sacré pedigree que bien des Couafarel lui envieraient. Elle était tout de même la fille de la Couafarel d’une chanteuse célèbre et d’un Couafarel ayant gagné assez de rubans pour couvrir tout un mur sans laisser de trou ! L’avantage, c’est que maintenant, Olympe ne râlait plus. Elle avait eu ce qu’elle voulait, et elle se tenait tranquille.
Assis sur le lit, Frône, le petit Evoli, la regardait se mirer avec curiosité. Il venait de se réveiller d’un long sommeil réparateur, et depuis quelques minutes, il observait le manège de sa camarade à quatre pattes qui tournait devant le miroir pour s’observer sous tous les angles. Finalement lassé de rester couché, l’Evoli se redressa pour étirer ses petites pattes couleur crème. Depuis son éclosion difficile, Frône s’était quelque peu endurci. Il restait incapable de courir à la même vitesse que Feänor quand cette dernière était une Evoli, dormait plus qu’elle, et se fatiguait plus vite. De même, il n’était pas intéressé par le sport, préférant de loin la nature et la verdure à la sueur et l’effort constant. Frône, cependant, restait faiblard, et il faudrait du temps avant qu’il ne puisse envisager d’évoluer. Après s’être bien étiré, le petit Evoli décida de rejoindre sa camarade devant le miroir, pour jouer avec elle au lieu de rester tout seul. Mais alors qu’il allait bondir au sol, ses maladroites petites pattes s’emmêlèrent dans le lit, et il chuta tête en avant sur le tapis sans faire le moindre bruit. Frône ne faisait jamais de bruit, rendant difficile, pour sa dresseuse, de savoir s’il avait faim, froid, soif, sommeil, ou un quelconque autre problème. Mais heureusement pour Frône et Aileen, il y avait les autres Pokémon, qui, eux, communiquaient. En le voyant chuter, Sphax et Hilda s’étaient précipités, pas assez rapides pour lui empêcher le choc brutal contre le tapis. Olympe, elle, se tourna vers Aileen et aboya avec force, faisant sursauter l’espionne qui traça un grand trait malencontreux sur sa copie, avant de se retourner vers sa Couafarel, les sourcils froncés. Mais en voyant que cette dernière passait son regard d’elle au lit avec agitation, la Pyroli se tourna, et lâcha immédiatement son stylo qui se répandit en taches d’encre sur sa feuille de cours.
« Frône ! Qu’est-ce qu’il y a ?! Tu t’es fait mal ?! »La brune bondit de sa chaise pour s’accroupir devant son Pokémon, qui se relevait tout doucement. Il tenta de tenir sur ses pattes, avant de retomber lourdement dans les bras tendus de sa dresseuse. En douceur, elle l’aida à se relever avant de le lâcher pour voir s’il retrouvait son équilibre. Frône fit deux pas… Et retomba, à nouveau, dans les bras d’Aileen, qui les avait tendus pour qu’il ne tombe pas par terre.
« Très bien, on va à l’infirmerie. Qui vient ? »Sans grande surprise, tous les Pokémon réintégrèrent leurs Poké Ball pour signifier qu’ils venaient avec elle. Ce fut donc suivie de Sphax, Hilda et Olympe que la Pyroli quitta la chambre en serrant Frône dans ses bras, l’enveloppant dans son gilet pour qu’il ne prenne pas froid dehors. Elle traversa tout le campus jusqu’à atteindre le bâtiment principal, et obliqua directement vers l’infirmerie une fois entrée dans ce dernier. Chose étrange, l’infirmerie était vide. Du moins, elle fut vide quelques secondes, jusqu’à ce que Mine, le Noacier de l’infirmière, sorte de sous un lit, la fixe quelques instants, avant d’aller chercher sa dresseuse dans la réserve pharmaceutique. Cette dernière en sortit quelques secondes plus tard et se dirigea d’un bon pas vers Aileen, son habituel sourire adorable mais incroyablement dangereux plaqué sur ses lèvres fines.
« Oui ? Je peux faire quelque chose pour vous ? »« Mon Evoli est tombé du lit et s’est cogné la tête au sol. Il a essayé de se remettre debout deux fois et il est retombé. Depuis sa sortie de l’œuf, il est assez fragile, alors je m’inquiète beaucoup pour lui… »Ouvrant doucement la veste, l’infirmière récupéra l’Evoli, et elle le posa par terre, s’accroupissant devant lui. Bravement, l’Evoli fit un pas sur ses pattes tremblantes avant de chuter vers l’infirmière, qui le rattrapa dans ses mains tendues, avant de se relever, la mine sérieuse.
« Je pense que le choc a juste légèrement perturbé son équilibre. Je vais aller lui chercher un traitement, attendez-moi ici. »Needle lui remit son Evoli avant de repartir vers la réserve, sans doute pour la fouiller et lui trouver un traitement adapté. En l’attendant, la brune alla s’asseoir sur un siège, posant précautionneusement son Evoli sur ses genoux, faisant barrage de ses bras pour qu’il ne tombe pas. Quelques minutes plus tard, la porte de la réserve s’ouvrit à nouveau. Aileen s’attendait à voir sortir Needle avec son traitement, mais ce fut Josh qui en sortit. Surprise, la préfète en chef cilla, avant de se rappeler pourquoi il était ici. Collé, à cause de sa Lame de Roc du début des vacances qui avait failli blesser beaucoup de monde.
« Salut Josh. »C’était précis et concis. Elle ne le connaissait pas plus que ça, après tout, et vu que c’était elle qui avait fait remonter son geste à la directrice, il devait lui en vouloir un petit peu. Mais il devait bien admettre qu’il l’avait mérité, après tout. Il devait également lui en vouloir de ce qu’elle avait dit ce jour-là, aussi. Mais bon, on en dit, des choses, sous le coup de la colère…
« Ton œuf de Nosferapti a éclos ? Seyn est impatient de rencontrer son rejeton. »