Il était bizarre ce conte de fée. Il ne ressemblait à rien de ce que Max avait lut. Jamais la princesse ne se rebellait. Jamais la princesse n’était amoureuse du dragon qui la gardait enfermée. Jamais la princesse n’était confrontée à ce terrible dilemme. Jamais la princesse ne se retrouvait prisonnière entre son cœur et sa raison. Parce que Xerneas savait à quel point elle avait envie de s’aplatir pour lui, à quel point elle voulait lui plaire et tout ce qu’elle pensait faire pour y arriver, mais en même temps, Max ne voulait juste pas devenir une petite chose fragile pour les beaux yeux d’un garçon. C’était hors de question. Et les mots qu’elle prononça la blessèrent autant qu’ils blessèrent Alban.
Tu vas trop loin Max. Tu en as conscience.
Joli duo d’imbéciles. Elle l’aime mais elle ne dit rien. Elle l’aime et elle joue. Stupide Max. Elle s’étonnait de le voir s’enflammer alors que c’était ce qu’elle cherchait à faire. Elle s’étonnait de le voir s’énerver alors qu’elle n’attendait que ça. Elle avait voulu le voir jaloux, elle était servie. Cette situation horrible dans laquelle elle était, avait été formée par elle. C’était sa faute. C’était sa faute si ses yeux la glaçaient, c’était sa faute si elle lisait cette fureur noire dans les prunelles d’Alban. Elle avait réveillé le monstre de jalousie qui sommeillait dans le garçon qu’elle aimait et elle était morte de peur.
Elle était sotte. Elle jouait. Elle perdait. Elle payait.
C’était logique, c’était normal. Elle aurait dû s’y attendre. Elle déglutit légèrement après sa légère perte de contrôle. Elle était peut-être stupide mais il lui restait un minimum d’instinct de survie. Elle savait pertinemment qu’elle était allée trop loin. Elle s’en voulait et en même temps, elle ne s’en voulait pas. C’était compliqué. C’était oui et non. Je t’aime, je te déteste. Elle voulait déclencher un déclic. Qu’il l’embrasse. Qu’il lui dise qu’il ne voyait qu’elle. Qu’enfin, ce jeu cesse. C’était stupide, elle aurait dû prendre son courage à deux mains et faire le premier pas. Mais elle avait l’impression d’être tellement transparente et elle avait tellement peur.
Tellement peur qu’il ne l’aime pas autant qu’elle. Tellement peur qu’il la rejette.
Elle avait mal. Mal à son poignet qu’il serrait si fort. Mal à son cœur alors qu’ils s’éloignaient à nouveau. Ils s’étaient frôlés et ils se séparaient, sans jamais oser s’effleurer. Toujours, toujours séparés par ce centimètre. Toujours et incapables de franchir la limite. Les doutes et les peurs. Les incompréhensions et les quiproquo. Depuis le début, ça avait toujours été ça entre eux.
Mais juste. Je t’aime. Je t’aime tellement fort Alban. Pourquoi ne le vois-tu pas ? Pourquoi tu ne comprends pas que je t’aime et que je ne vois que toi et que je ne pense qu’à toi. Aime moi. Embrasse moi. Enlace moi. Et les mots qui claquent encore, et son regard qui fuit. Et elle savait. Xerneas qu’elle savait. Elle savait qu’elle poussait un peu trop. Elle était allée trop loin. Elle savait qu’elle méritait les mots durs d’Alban. Elle savait qu’elles étaient les intentions d’Andersen. Elle jouait avec ça. Elle jouait avec ça depuis le début parce qu’elle voulait être sans cesse dans l’esprit d’Alban. Elle était stupide. Et même Alban le savait. Elle gâchait tout.
Elle avait peur. Peur que ce soit le grand final. Le grand final qu’elle redoutait. Le moment où Alban réaliserait à quel point elle ne le méritait pas. Les mots d’Alban la terrorisaient. Elle était bien loin la Max qui voulait se rebeller. La pression sur son poignet, l’acide de ses paroles, elle avait peur. Elle avait envie de hurler et elle se taisait. Elle subissait incapable de riposter. Elle avait toujours été lâche et c’était probablement mieux quand on voyait où la menait ses rares excès de colère. S’il savait, si elle osait. Elle voulait lui dire tant de choses et elle se taisait. Petite chose effrayée. Bien sur que oui elle savait. Bien sur que oui elle savait que c’était pas si innocent. Mais elle voulait juste qu’il …
Son poignet se retrouva libre et pendant un instant, elle pensa que c’était finit. Qu’il avait finit avec elle, qu’il allait l’abandonner comme on abandonne un chiot qui a trop grandit. Mais c’était trop simple, la colère qui avait prit Alban n’était pas prête de se taire et si son poignet était à nouveau libre, c’était tout son corps qui se retrouvait enfermé. Derrière, le mur, devant, Alban et sur les cotés ses bras. Elle était prise au piège. Cage aux barreaux d’or. Cage qu’elle n’était plus si sûre de vouloir quitter. Elle l’aimait tellement fort. Ses bras ne devaient pas être aussi éloignés d’elle. Ses bras devaient se poser sur ses hanches. Ses yeux devaient être chaleureux et réconfortants. Ses mots tendres et doux. Ses lèvres sur les siennes.
Elle avait envie de lui crier dessus. Elle voulait juste, égoïstement, qu’il ne pense qu’à elle, qu’il ne regarde qu’elle. Elle le voulait. Tout entier. Tout à elle. Rien qu’à elle. Elle avait envie de hurler. Qu’est ce que ça impliquait ? Elle pensait avoir été assez claire, elle voulait juste qu’il lui hurle qu’il l’aime. Elle pensait lui avoir suffisamment montré à quel point elle l’aimait. Mais il n’agissait pas alors elle avait été plus loin. Toujours plus loin, jusqu’à ce qu’il agisse. Elle ne voulait pas de toute cette situation, elle cherchait juste à le faire réagir, le faire réagir suffisamment pour qu’enfin, les sous-entendus cessent et que tout devienne réel. Qu’au lieu de sa joue, Alban embrasse ses lèvres. Elle voulait tellement fort. Ça lui faisait tellement peur.
« De toute façon, j’en ai plus rien à faire de toi. » Un hoquet surprit s’échappa. C’était comme ça alors ? Une crise de jalousie et tout était finit ? Elle avait envie de le frapper. Elle ne voyait pas comment le blesser autant que ce qu’il la blessait. Pourquoi l’aimait-elle ? Pourquoi s’accrochait-elle alors qu’elle avait de plus en plus mal ? Elle espérait et il brisait ses espoirs. Encore une fois. Combien de fois encore lui faudrait-il avait qu’elle ne comprenne ? Elle n’était qu’une imbécile.
Elle n’essaya même pas de le retenir. Elle se sentait tellement stupide avec ses cheveux bien coiffés et ses lèvres rosées. Elle se sentait stupide. Tous ses efforts n’avaient servis à rien. Elle s’y était mal prise, elle n’était qu’une sotte gamine qui croyait être plus forte que l’amour. Elle avait voulut jouer, et maintenant, le dos appuyé contre le mur, les joues couvertes de larmes, elle payait le prix de la défaite.
Elle avait mal. C’était finit. Max avait été trop loin. Elle le savait. Elle l’avait sut à l’instant où les mots avaient franchis la barrière de ses lèvres. Elle était stupide. C’était sa faute, sa faute.
Elle leva les yeux vers Apa qui venait de la rejoindre. Elle était incapable de dire quoi que ce soit, effondrée sur le sol, les yeux pleins de larmes.
C’était juste finit. Over. Le rideau se ferme.
Le conte finit mal. La princesse a trahit le dragon. Le dragon la laisse dans sa tour d’or, à la merci de n’importe quel chevalier. Et pourtant la princesse ne veut qu’une seule chose, le baiser du dragon, l’amour du dragon. Et la princesse est bien stupide, parce que la princesse est novice en amour, la princesse fait des erreurs impardonnables, la princesse va trop loin et son bien-aimé dragon s’enflamme et la libère de la pire des façons.
Alors tu es là Max, masse de pleurs et de larmes. Alors tu es là et tu ne peux rien faire d’autre que pleurer et regretter. C’est en faisant qu’on apprend, c’est ce qu’on dit souvent, mais là tu te dis que quand même, on aurait put te prévenir que l’amour ça faisait aussi mal.
Elle voulait juste l'oublier.