Δ DES JUMEAUX VRAIS NE SONT QU'UN SEUL ÊTRE DONT LA MONSTRUOSITÉ EST D'OCCUPER DEUX PLACES DANS L'ESPACE. 19 DÉCEMBRE 2016. |
« Dégages. Mais dégages vraiment. » Tu es à deux doigts de te craquer une cigarette ou de te servir un verre d'alcool, ou deux, pour te détendre. Cette sale bête ne se contente pas seulement de refuser de rentrer dans sa pokéball ; elle ne parvient en outre pas à cesser de te suivre. Elle est derrière toi à longueur de temps, te pourchassant comme ton ombre – et quelle ombre ! Une silhouette dégoûtante, que ni le soleil ni la pluie ne parviennent à éloigner de ton champ de vision. Elle ne pue pas, c'est une certitude ; mais malgré tout, ses couleurs capables de flanque une crise épileptique à toute personne la croisant, y compris les daltoniens, son corps flasque et dégoulinant, ses yeux vides d'émotions et d'intelligence, tout ça ne permet pas de l'apprécier à sa juste valeur – juste valeur qui doit d'ailleurs posséder une valeur amplement négative car qui, au sein de l'académie, pourrait parvenir à s'attacher ne serait-ce que par pitié et par condescendance, à une telle immondice ? Traînant les pieds, tu craches un long filet de salive propulsé par l'écœurement d'entre tes lèvres et tu poursuis ton chemin sans la moindre bribe d'enthousiasme. Puisque la sortie capture ayant eu lieu en Décembre s'est avérée être un échec lamentable, tu as décidé de tenter ta chance. Tu es un joueur, Rubis, tu ne peux pas le nier ; tu ne sais pas de qui tu tiens ce trait de caractère pour autant, n'ayant jamais été suffisamment lié avec ton géniteur pour lui poser des questions sur ces hobbys et ses passions en général. Aimait-il les casinos, cet homme ? Se passionnait-il tout comme toi pour les jeux de hasards, vers l'un d'entre lesquels tu te diriges actuellement ? Tu as entendu dire, au détour d'une conversation épiée au cœur d'un des corridors du dortoir Voltali, que le collectionneur faisait parfois payer pour des pokémons, chromatiques ou non, tirés au hasard. Ne pas connaître son compagnon avant qu'il ne soit sorti de l'œuf… Ce n'est pas une partie de poker, ni une table de jeux pour la roulette, mais il faut s'amuser avec les choses à portée pour passer le temps. Tu récupères ton œuf auprès du vendeur concerné et, ayant lâché les mille deux cent cinquante jetons nécessaires à l'achat sous forme de pièces et de billets, tu reprends le chemin du dortoir que l'on t'a attribué en serrant la coquille protectrice d'un embryon. SpaceStar et l'immonde erreur de la nature qu'est-ce Tadmorv d'Alola sur tes talons, tu ne tardes pas à retrouver ta chambre et à t'allonger sur ton lit, nerveux, épuisé. Ne pas savoir ce que tu dois faire de cette horreur de pokémon que tu traînes à tes côtés depuis très exactement un mois et dix jours te perturbe au plus au point. Tu te penches au bord du lit avant de cracher brusquement sur le sol, sans te soucier de ce que pourraient prononcer tes deux colocataires de cette forme de mépris – il ne sont de toute façon pas présents dans la pièce en ce moment et ta marque salivaire aura disparu depuis longtemps lorsqu'ils y reviendront – et tu te recouches en soupirant sur le lit. Tu siffles ton Farfuret pour qu'il vienne se poser à tes côtés et tu ordonnes à Tadmorv de ne pas s'approcher le moins du monde de ton couchage pour éviter qu'il ne te contamine, mais tu constates malgré tout que ta pause est de courte durée. Quelqu'un frappe à la porte. Tu fais la sourde oreille, te retournant sur le ventre pour enfoncer ta tête dans un des deux oreillers de ton lit double, mais la personne insiste. Une seconde fois puis, lorsque tu refuses encore de donner une réponse, une troisième. Tu bondis rageusement de ton lit et, tout en hurlant suffisamment fort pour que le harceleur de l'autre côté parvienne à t'entendre, tu te précipites vers la porte. « Putain mais tu vas arrêter de frapper et de me faire chier tout de suite parce que je te jure que je vais te défoncer la g… » Tu tires brutalement la poignée, les yeux révulsés et une expression passablement agacée, pour ne pas dire enragée, figée sur ton visage pale. Puis ton expression change et, si elle ne s'adoucit pas pour autant, elle se teinte de largement moins de fureur et de mépris. Le bras que tu avais rejeté par dessus ton épaule droite, le point fermé, retombe lentement le long de ton corps tandis que tes doigts se desserre. Tu ne peux pas frapper une fille. Encore moins quand cette fille se trouve être ta propre sœur. « Oh. Salut 'Rika. Comment vas-tu ? » Tu te décales sans plus attendre de l'encadrement de la porte pour l'inviter à entrer, quoique tu n'y tiennes pas tant que ça compte tenu de la présence dérangeante du Tadmorv d'Alola au sein de la chambrée. > MODÉRATION : Achat d'un œuf aléatoire chromatique. |
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