
| Tout savoir pour mieux comprendre Alban Abernaty & Idalienor Edelwen
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Il y avait dans les airs comme une légère odeur boisée, subtilement rehaussée par des embruns marins en provenance de Poivressel. Dans ce ciel qui revêtait doucement son manteau d’orange et de rose, on pouvait parfois voir éclore des notes de vert et de marron. Alban, juché sur le dos de Mistral, ferma un instant les yeux pour s’imprégner de ces odeurs nouvelles. Après l’air lourd de cendre d’Autequia, et celui beaucoup plus forestier de Cimetronelle, le châtain pouvait aisément dire que retrouver quelques fragrances similaires à celles de Lansat ne lui faisait pas de mal. Cela lui rappelait un peu l’académie, ses amis… et Maxine, surtout.
Un sourire niais s’étala malgré lui sur ses lèvres. Dans à peine quelques poignées de jour, Alban irait la chercher sur le lieu de son Alternance, pour l’amener sur Touga. Là, il lui avait prévu deux journées magiques, où il comptait bien la traiter comme une petite princesse avant de lui avouer tout ce qu’il avait sur le cœur. Il ne savait pas s’il oserait tenter quoi que ce soit, comme une approche un peu plus téméraire que les simples baisers déposés sur sa joue. Qui sait ? Il préférait ne pas trop planifier ce genre de choses, de peur de perdre en spontanéité. D’autant plus qu’il était inutile de prévoir quoi que ce soit à ce sujet-là. Bizarrement, dès qu’il se répétait un scénario dans sa tête, le reste de son être faisait tout son possible pour le foutre en l’air le plus possible. Non… Clairement, il ne valait mieux pas imaginer quoi que ce soit.
Ses paupières se rouvrirent sur des yeux verts d’émeraude. Rapidement, Alban consulta sa boussole, fixée derrière la nuque de Mistral. Bon. Pendant ce bref instant d’inattention, il n’avait pas perdu le cap de Lavandia. Heureusement… Il était déjà assez tard comme ça. La ville de Voltaire avait beau n’être qu’à deux heures à vol d’oiseau de Cimetronelle, Alban préférait ne pas trop traîner en chemin. Idalienor devait probablement l’attendre dans la maison qu’ils allaient partager durant la durée de leur Alternance. A moins qu’elle soit encore à l’hôpital avec sa tutrice ? Le châtain n’en savait rien. Il n’était pas au courant des horaires de la Pyroli, et il devait avouer qu’il n’avait pas pris énormément de ses nouvelles cette semaine. Les derniers jours passés en famille avaient été très chargés, et à part quelques SMS échangés pour s’organiser sur son arrivée, Alban et Idalienor n’avaient pas vraiment parlé « personnel ». Il espérait en tout cas que la jeune fille - qu'il ne savait pas s’il devait considérer comme une camarade, une amie, ou peut-être plus - aurait des choses à lui raconter. Malgré sa fatigue, il était impatient d’en apprendre plus sur ce qu’elle avait pu faire depuis son arrivée à Lavandia.
Il fallait dire que les Alternances, ça le fascinait énormément. C’était une toute nouvelle opportunité que l’école leur offrait pour parfaire leur apprentissage, et Alban était ravi d’avoir été accepté à la Pension entre Vergazon et Lavandia. Il allait enfin pouvoir expérimenter un peu plus la partie Elevage, tout en conservant l’essence même de son Parcours initial. Il avait honnêtement hâte de commencer. Mais hâte de finir également, vu que cela signifiait qu’il allait pouvoir retrouver Maxine.
Les couleurs de Lavandia étaient à présent visibles devant lui. De là où il était, on pouvait aisément distinguer les toits des maisons, et l’arène jaune de Voltaire, le champion Electrique. Avec un geste expert, Alban tira très légèrement les brides attachées autour du bec de Mistral. L’Altaria chromatique amorça alors sa descente en douceur, ses ailes de coton frôlant agréablement les jambes de son dresseur.
En quelques battements d’ailes, Mistral fut devant la maison qu’Alban et Idalienor allaient partager. Il fit un atterrissage sans secousses, et laissa descendre son cavalier. Le Voltali sauta souplement du dos de l’Altaria, non sans lui avoir donné une baie pour son bon travail.
- Tu peux te reposer, à présent… murmura-t-il.
Il enleva l’équipement qu’il avait installé sur le dos de son Pokémon, et laissa ce dernier s’envoler pour aller se trouver un coin paisible où faire une sieste. A cette heure de la soirée, il faisait encore assez doux et clair pour que le type Vol puisse profiter d’un roupillon dans un arbre. Zéphyr était le seul autre Pokémon qui l’accompagnait. Posé sur son épaule comme d’ordinaire, il était en train de sommeiller. De légers bruits de ronflements sortaient par intermittence de son bec.
Alban hésita. Ses autres Pokémon étaient confortablement installés dans leurs Pokéballs. Devait-il les sortir maintenant, ou devait-il attendre d’avoir d’abord salué Ida ? Il préféra s’orienter vers la deuxième solution. Sortant donc la petite clé que Mademoiselle Hortense lui avait remise avant le début des vacances, le Voltali l’inséra et abaissa la poignée.
A l’intérieur, une agréable odeur fraîche de baie flottait dans l’air. Avec un sourire, Alban entra et son regard capta plusieurs détails. Le premier : la pièce qui semblait être le salon et la salle à manger, de taille relativement spacieuse et au mobilier aux couleurs apaisantes. Puis le second : la jeune Médecin qui s’approchait de lui tout sourire, un verre de jus de baie dans la main.
- Bonsoir Ida. Je vais très bien, et toi ? Le voyage a été agréable, même si je ne suis pas mécontent d’être arrivé. Il s’approcha de la brune, une expression ravie sur le visage.
- Quel bel accueil en tout cas, il ne fallait pa-Il s’interrompit lorsqu’Idalienor laissa échapper le verre. Ce dernier s’explosa en mille morceaux sur le sol, répandant son contenu un peu partout. Il se mordit la lèvre inférieure, se précipitant vers les bouts de verres pour sécuriser la zone. Sans qu’il n’ait eu le temps de faire quoi que ce soit, la Pyroli alla chercher une éponge et revint vers lui, le bras tremblant. Il y avait clairement quelque chose qui n’allait pas.
- Ida, laisse, je vais le faire, lui dit-il à voix douce.
Mais sa colocataire ne tremblait pas parce qu’elle venait de faire une « bêtise ». Non. Un peu plus attentif, Alban remarqua qu’elle semblait avoir du mal à bouger son bras… et que ce dernier était mutilé.
Que lui était-il arrivé ? Il décida de ne pas poser de questions pour le moment, et se précipita plutôt vers elle.
- Ida ?Elle ne l’écoutait pas et fuyait son regard. Malgré les mèches de ses cheveux qui lui couvraient le visage, Alban était bien placé pour reconnaître l’expression qu’elle avait. Il s’accroupit à sa hauteur et posa doucement ses mains sur les bras de la jeune fille. La main qui était contre le bras blessé était plus proche de l’épaule, pour ne pas lui faire mal.
- Hey hey hey, calme-toi, tu veux bien ? Ce n’est pas grave. Je vais m’en occuper… Doucement, il arrêta son bras droit qui était en train de nettoyer le sol, puis attrapa l’éponge. Il s’inquiétait évidemment pour Idalienor. Leur soirée retrouvaille venait visiblement de prendre un drôle de tournant…
- Ecoute… Je sais que tu n’as peut-être pas envie de m’en parler, vu qu’on n’est pas forcément les amis les plus proches, mais… tu sais des choses sur moi, et j’en sais sur toi. On est un peu liés, depuis la dernière fois, dans l’école hantée. Tu sais que tu peux tout me dire et que je ne te jugerai pas, loin de là. Alors arrête de vouloir être la fille parfaite et redresse la tête. Tu n’as rien fait de mal, ou rien fait dont tu devrais avoir honte… Il replaça une mèche de ses cheveux derrière son oreille, dans un geste qui se voulait réconfortant. Il n’avait jamais su trop quoi dire dans ce genre de situations… A défaut, il allait faire ce qu’il aurait aimé qu’on fasse pour lui, lorsqu’il s’était retrouvé dans son cas.
- Assied-toi sur le canapé et je vais t’apporter un truc à boire. Ensuite, on pourra papoter autant que tu veux, d’accord ?