La brume s'esquivait au loin, chassé par le soleil qui saluait les nuages de par ses rayons de miel. La chaleur se faisait ressentir en ce début d'après-midi qui promettait d'être aussi ensoleillé que les jours précédents. Salomé observait la lisière du jardin d'Ula-Ula sans avoir encore osé y mettre les pieds. Un bref coup d’œil às on iPok lui annonça qu'elle avait était tout à fait dans les temps, contrairement à sa première et précédente rencontre avec Idalienor. Au moins la médecin n'aurait-elle pas à patienter aujourd'hui. Le point de rendez-vous avait été donnée il y a déjà quelques jours, par le biais d'échanges de messages d'iPok, même si Salomé n'était pas une grande utilisatrice de cet appareil, il fallait bien reconnaître que c'était là l'idéal pour entretenir des conversations avec des personnes éloignées ! Pour l'heure, son répertoire n'était pas bien rempli mais peu importait.
La demoiselle se pencha pour déchiffrer les différentes indications du panneau d'orientation. Même si leur but premier était le jardin et qu'il lui aurait suffi de continuer tout droit pour le franchir, ce n'était pas là leur point de rendez-vous. Elle préférait autant que possible éviter de se perdre en ce lieu inconnu. Alors elle contourna quelque peu le jardin qui s'étendait à perte de vue pour se diriger vers l'entrée de l'est pendant qu'elle partait depuis celle du Nord ; celle de l'Est débouchait sur un lac magnifique, c'était là leur point de repère pour éviter d'user à outrance de l'Ipok au sein du jardin. La demoiselle se mit en marche jusqu'à la fameuse entrée, Picassaut sur son épaule et Plumeline à ses côtés. Rien n'avait changé depuis la dernière fois avec son starter, lui était toujours retardé mental, tandis que le Plumeline hérité de Mélie se noyait un peu plus dans sa dépression prononcée. Peut-être Idalienor pourrait-elle lui donner un conseil ou deux pour aider au mieux ce Pokemon que la rousse ne connaissait que peu ? La docteur allait finir par se spécialiser dans les maladies mentales si la Givrali continuait de lui amener différents patients, tous aux cas plus précis les uns que les autres !
Le soleil se reflétait sur l'eau pure et calme du lac. La demoiselle n'eut pas à chercher longtemps du regard la brune qui arrivait à son tour, par un autre chemin sûrement. Au moins étaient-elles parfaitement synchronisées pour leur journée à Ula-Ula ! La dresseuse alla vers la Pyroli pour la saluer, un sourire au bord des lèvres :
— Coucou Ida, je suis contente de te revoir ! clama-t-elle en guise d'introduction, merci à toi d'avoir bien voulu m'accompagner aujourd'hui, c'est que je ne suis pas une experte des baies comme toi, toute seule j'aurais eu un peu peur d'en cueillir des toxiques... C'est pas ça qui aurait arrangé l'état de mon Picassaut !
L'oiseau piaffa en entendant le nom de son espèce. Oui, le starter faisait des progrès mais il serait plus que temps de lui trouver un nom final plutôt que de le nommer à tort et à travers comme ses pairs sauvages.
Même si les baies restaient leur objectif premier, les deux jeunes femmes n'avaient pas quitté Akala pour Ula-Ula pour ce simple but. Les buissons fournies pullulaient autant sur leur île respective que sur celle-ci, les paysages du jardin et l'exotisme n'étaient pas une raison suffisante mais la simple tentation du nectar typique de ce jardin avait poussé le duo à se lever plus tôt que d'accoutumé. Ça et le fait que Salomé continuait de marcher sur les traces de sa mère, la recherchant à l'aide du peu d'indices qu'elle possédait, c'était là la raison première de sa venue ici. Pourtant, la demoiselle connaissait les réticences de la Pyroli pour l'occulte et le mystique et c'était là le domaine premier de la personne qu'elle souhaitait rencontrer. Smir. Un bien étrange nom pour un être tout aussi mystérieux. De lui, elle ne savait que peu de choses et elle se doutait que nombreuses ne seraient que de simples rumeurs.
— J'ai un truc à faire avant par contre et je pense que ça ne te plaira pas beaucoup, lui dit-elle en ayant encore en tête la réaction de la médecin quant à la voyance, j'ai quelqu'un à rencontrer dans ce jardin, je ne le connais pas et il ne me connaît pas, je sais juste qu'il s'appelle Smir et qu'il passe son temps à rire... C'est d'ailleurs tout ce que je sais pour le reconnaître. Et ce qui ne va pas te plaire, c'est que ce garçon rit pour éloigner les esprits mauvais des Pokemon... Et puis, les gens d'ici l'appellent le démon alors je suppose que ce n'est pas qu'à cause de son rire...
Cela faisait beaucoup de suppositions. Le verdict serait dans peu de temps. Plus qu'à espérer que Smir serait bel et bien présent comme le lui avait affirmé Lou sans quoi la demoiselle aurait effectué ce voyage depuis Akala pour rien. Mieux valait ne pas penser à un éventuel échec.
Une bourrasque se leva malgré le temps clair du jour. Quelques frissons parcoururent l'échine de la rouquine et elle crut discerner au loin quelques fragments de rire déportés par le vent soudain. Elle ne pouvait avoir inventé ce son. Tel un écho, les rires se propagèrent doucement d'abord avant de se fendre et de s'éteindre finalement. C'était une drôle sensation que d'entendre Smir rire. Démon ou fou, elle le saurait bien assez tôt.
— Je crois bien que c'est lui... Tu peux m'accompagner lui parler ou commencer la cueillette de ton côté, c'est comme tu préfères... Mais qui sait, peut-être qu'il saura te faire changer d'avis sur tout ce qui touche à l'occulte ?
Salomé l'espérait sincèrement. Tout le monde n'avait pas la chance d'avoir grandi avec une arrière-grand-mère qui s'était proclamée voyante dès son plus jeune âge. Le don n'était pas à prendre à la légère et au milieu d'une mer de charlatans, certains véritables pratiquants se distinguaient. C'était le cas de son aïeule qui se faisait appeler Babushka. Peut-être serait-ce le cas de Smir ?
La demoiselle ignorait pourquoi Idalienor lui parlait de vœux à exaucer. Elle ne se rappelait pas que quelqu'un ait un jour comparé Smir à un banal génie ou à un disciple de Jirachi... Sûrement l'explication était-elle propre à la brune, aussi la rousse n'insista-t-elle pas. Après tout, tout le monde savait que les vœux ne pouvaient pas se réaliser par le commun des mortels, son arrière-grand-mère elle-même trempée dans le mystique et l'occulte et le lui avait toujours affirmé. Mais tout le monde ne pouvait pas avoir eu une enfance bordée par Granny et ses contes mystérieux capables de filer frissons et chair de poule même en plein été.
Les deux filles se mirent en route. L'éclat de rire s'était tu aussi subitement qu'il était apparu mais Salomé n'oubliait pas ce son strident qu'elle avait entendu. Peut-être la demoiselle ne croyait-elle pas à ces histoires mais la gitane, si. Elle avait grandi et été conditionnée pour croire à tout cela. Renier la part de vérité dans ce qu'on lui affirmait, ce serait comme renier Granny, une offense profonde à sa famille et à leurs valeurs héréditaires.
Entre la végétation dense, elles avançaient. Des fleurs aux arômes subtils venaient chatouiller leurs narines tandis que leurs yeux se régalaient des pétales et corolles élégants des végétaux. Mais elles n'étaient pas venues ici pour admirer le paysage, même s'il est vrai que la beauté du site était à couper le souffler. C'était la seconde fois que la rousse quittait Akala pour Ula-Ula, c'était là la seule île qu'elle avait pu voir pendant son séjour.
— Tu es déjà venue ici ? Moi jamais dans ce jardin, même si je connais quelqu'un à Kokohio, c'est elle-même qui m'a parlé de Smir et m'a dit que je pouvais le trouver ici... J'ai pas beaucoup visité les îles, on peut même pas dire que j'ai vraiment visité Ula-Ula non plus...
En somme, il n'y avait qu'Akala qui lui était familière. Elle ne l'avait pas explorée de fond en comble mais sa nature et ses villes avaient su satisfaire Salomé. Elle n'avait pas trouvé le temps de s'ennuyer à Ho'ohale en compagnie de ses colocataires, même s'il est vrai que la demoiselle avait opté pour la solitude la plupart du temps plutôt que pour la compagnie de Aelita et Hope. Ces dernières lui paraissaient trop différentes d'elle-même pour qu'elle puisse se satisfaire de leur compagnie, au contraire d'Idalienor dont la présence la rassurait. Même si elle se doutait qu'elle ne craignait rien dans ce jardin. Au pire, une attaque de baies sauvages ? N'importe quoi.
Un nouveau rire surgit soudainement. Aussi sonore que le premier. Peut-être plus encore. Cette sensation s'expliquait aussi car elles se rapprochaient de la source des éclats. Bientôt, elles pourraient apercevoir Smir. Pour l'heure, elles l'entendaient seulement.
Son Picassaut se figea quelque peu, sursautant à sa manière grâce à un nouveau spasme à l'écoute du bruit soudain. Les doigts de la demoiselle se perdirent dans ce plumage de blanc et de noir pour le rassurer du mieux qu'elle pouvait. Elle baissa alors les yeux vers sa Plumeline. Elle s'était attendue à rencontrer le même vide et néant dans les tréfonds de ses prunelles mais force était de constater que son comportement avait changé. Plus alerte, les sens en éveils, elle paraissait enfin regagner un soupçon de vie. La faute à Smir et son rire ? Elle n'oubliait pas que son Pokemon avait sûrement dû connaître et rencontrer le garçon du temps où elle appartenait à sa génitrice. C'était une drôle de sensation que de marcher sur ses pas pour aller à sa rencontre à l'aide de ce jeu de pistes.
Au nouveau rire, la Plumeline s'emballa, battant de ses ailes pour prendre son envol et suivre la direction de l'éclat. C'était la première fois que sa dresseuse la voyait voler, jusqu'à ce jour, elle s'était toujours contentée de rester au sol, traînant ses ailes qui paraissaient trop lourdes pour elle le long du sol. La rousse s'élança à sa poursuite pour tenter de la rattraper sans vérifier si la Médecin suivait son élan. Après tout, elle était Pokéathlète alors elle pourrait la rattraper sans mal.
Cette course eut pour effet de leur faire effectuer le chemin restant jusqu'au fameux Smir. Ou du moins à celui qui se tenait face à elles, quel qu'en soit son nom. Essoufflée, la demoiselle se redressa, la main droite sur un point de côté qui menaçait de la faire imploser. Malgré sa respiration saccadée, elle redressa les yeux. Sa Plumeline était devant elle, aux côtés d'un individu à la peau hâlée qui avait tout l'air d'être un natif d'Alola. Elle le détailla du regard et ne put s'empêcher de contenir une grimace face au visage du garçon. Sa peau sombre ne dissimulait pas des marques similaires à celles d'Idalienor et de son bras meurtri. À la différence que les cicatrices et rougeurs recouvraient la moitié de son faciès. La demoiselle avait conscience d'être malpolie avec le regard dégoûté qu'elle posait sur le jeune homme mais elle ne s'était pas attendue à cela. Et le garçon paraissait être du même âge que la Pyroli alors que d'après ses calculs, pour avoir connu Mélie pendant son enfance, il devrait s'approcher de la trentaine. Mais aucune marque du temps passé sur son visage, si ce n'est ces cicatrices et rougeurs qui l'effrayaient un peu plus.
— Mélie ?
Ah non, pas encore !
La demoiselle fit non de la tête. Elle savait la ressemblance frappante entre elle et sa mère aux dires de ceux qui l'avaient connue. Maintenant qu'elle possédait sa Plumeline, les apparences n'étaient que plus trompeuses. Elle avait l'impression de revivre cette même scène que lors de la capture de la Plumeline. Seul l'interlocuteur différait mais les enjeux restaient la même. Retrouver la trace de Mélie, sa mère.
— Non mais c'est pour elle que je suis là. Pour la retrouver. On m'a dit que tu pourrais peut-être m'aider alors je suis venue, dit-elle sans quitter des yeux les tâches et cicatrices du côté gauche du garçon, tu sais où elle est ?
— Je pourrai rire pour toi, fille de Mélie. Je ne l'ai jamais fait pour elle car elle était powindah... Tout comme la fille près de toi ! grogna-t-il à l'intention d'Idalienor, tu n'aurais pas dû l'amener avec toi, je ne rirai pas pour elle.
Salomé porta un regard songeur vers la Pyroli. Elle ignorait tout de la signification secrète de ce mot, powindah, mais elle se doutait que cela ne pouvait qu'être péjoratif au vu des paroles de Smir. La demoiselle ne s'interrogea pas davantage sur la manière dont le jeune homme connaissait sa parenté avec Mélie ; après tout, son lien avec elle se lisait d'un simple coup d’œil vers elle.
— Je comprends pas trop ce que tu essayes de me dire... Mais je sais que je n'ai pas besoin que tu... ris pour moi. C'est Mélie que je veux, rien d'autre. Tu peux faire ça pour moi, dis ?
Un sac était posé aux pieds du garçon. Il plongea ses iris de nuit vers ce dernier, perdu dans ses pensées. Sûr que ça n'allait pas être lui qui allait changer la vision de la Médecin sur l'occulte.
— Je ne fais pas des miracles, je me contente d'éloigner les esprits des récoltes et parfois, pour les gens comme toi, je peux faire venir un Pokemon sauvage.
Chouette mais ça ne l'avançait pas.
De nouveaux rires secouèrent la terre. Celui-ci n'était pas de Smir, c'était un fait, ses lèvres ne s'étaient pas déserrées. Le ciel se voyait peu à peu obscurcir par une nuée de Pijako qui secouait le sol avec leurs imitations de Smir. C'en était infernal et strident. Il y avait là une armée entière de Pijako, riant ensemble, à l'unisson.
— Je crois qu'on aurait mieux fait de s'occuper d'abord des baies, soupira Salomé face aux Pijako qui obscurcissaient tout leur champ de vision.
Trop tard pour changer d'avis.
Idalienor libéra un somptueux Nirondelle qui s'envola à la croisée des Pijako. Elle paraissait bien frêle face à cette armée de type Vol. Mais les Pokemon sauvages n'avaient pas l'air farouche. Ils se contentaient de rire pour donner plus de superbe à Smir. La demoiselle comprenait un peu mieux pourquoi lui et son arrière-grand-mère ne s'appréciaient pas, il n'était pas dans la nature de Granny d'apprécier ce type de personnage qu'elle avait en horreur. La brune lui souffla quelques mots avant de définitivement s'éloigner. Désormais, elle se retrouvait seule face à celui que tous surnommaient démon. Elle ignorait si c'était là une bonne chose ou non.
— Je sais que tu as passé ton enfance avec elle, on me l'a dit, commença-t-elle sans juger nécessaire de dévoiler l'identité derrière ce pronom impersonnel, maintenant soit tu m'aides, soit je me débrouille sans toi mais sans toi, ça risque d'être beaucoup beaucoup plus long et incertain !
Smir lui faisait penser à un épouvantail. Il restait là, immobile, sans rien dire ni bouger le moindre cil. Il paraissait figé hors du temps. Le ciel avait retrouvé ses volutes bleutées, libéré de la nuée de Pijako qui ne faisait que l'obscurcir. Il paraissait bien moins effrayant sans cette tribu de Pokemon sauvages pour l'épauler.
Il paraissait humain.
Elle ignorait si ce surnom de démon était réellement justifié en dehors de son visage qui avait de quoi effrayer des enfants, Salomé la première.
La Plumeline avait fini de danser autour de Smir. Elle aussi voyait en lui un moyen de retrouver Mélie. Elles étaient deux à chercher la guitariste qui passait son temps à abandonner ses proches désormais. C'était dans sa nature.
Elle attendit mais rien ne vint. Peut-être avait-elle placé trop d'espoir en Smir. Peut-être était-il seulement fou et rien d'autre. C'était ce qu'elle commençait à croire, ce silence lui donnait mal au crâne, à croire qu'elle préférait encore lorsque les rires secouaient les feuillages du jardin.
— En fait, c'est pour ça qu'on t'appelle le démon. Parce que tu sais des choses mais que tu préfères les taire. Parce que tu te délectes de la souffrance des gens. C'est pas de démon qu'ils auraient dû te qualifier mais de diable et compte pas sur moi pour faire un pacte avec toi !
Elle cracha au sol sur la fin tandis que ses cris avaient fait fuir des type Vol qui ne tentaient que de se reposer à l'abri des frondaisons. Difficile de trouver le calme avec une Salomé Cobal dans les parages. Sûrement Idalienor avait-elle dû l'entendre, où qu'elle soit dans le jardin.
— Je sais que je ne sais rien à ce sujet, finit par articuler Smir, la dernière fois que j'ai vue Mélie, c'était sûrement le même jour que le on qui t'a dit de venir me voir. Je ne corresponds pas avec elle par Hoothoot si c'est ce que tu veux savoir et c'est tant mieux.
Il y avait une indifférence totale dans les yeux du garçon lorsqu'il évoquait la génitrice de Salomé. Il disait la vérité. Et c'était ça qui lui faisait le plus mal. Ce jeune homme paraissait incapable de mentir. Il avait ses rituels, son langage et ses symboliques mais tout ce qui sortait de sa bouche n'était que la plus pure vérité, sans aucune trace de mensonge. Le starter de la demoiselle vint se poser sur son épaule, frottant son visage d'emplumé contre celui de sa dresseuse. Même un retardé mental paraissait comprendre que la Givrali avait besoin de réconfort en cet instant.
— Ne fais pas les mêmes erreurs que Mélie, ce n'est pas parce que certaines traditions se perpétuent dans ta famille que tu dois absolument les suivre, constata-t-il en posant un regard lourd de reproches sur les Pokemon de la demoiselle, mais ça, tu l'as déjà très bien compris toute seule, sinon tu aurais été powindah toi-aussi. Comme l'autre qui était là. Et comme Mélie.
Salomé n'était pas sûre de saisir le sens de ces paroles. Elle n'était plus sûre de rien désormais. Elle s'était attendue à des réponses, à un nouvel indice à suivre pour ce jeu de pistes qui avait commencé à Alola mais Smir ne lui offrait que des mots. Ce n'était là d'aucune utilité. Ils lui échappaient déjà.
Les questions lui manquaient. Tout comme le temps. Smir ne paraissait pas pressé de s'en aller, au contraire de Salomé qui souhaitait juste retrouver la présence d'Idalienor. Elle avait placé tant d'espoirs en cette rencontre. Mais c'était sans compter sur le caractère énigmatique du garçon. Outre le fait qu'il lui semblait falloir un dictionnaire pour comprendre les mots sibyllins du jeune homme, lui ne paraissait pas destiné à lui dire quoi que ce soit de plus. Parce qu'il ne savait rien.
La Givrali fendit les fleurs le long du ponton de bois, tournant le dos à Smir. Elle n'avait rien de plus à lui dire et il lui semblait que c'était de même de son côté. Elle repéra les Pokemon de la Pyroli avant de la voir et la retrouva, le nez entre deux buissons, sûrement occupée à chercher des baies. La cueillette avait déjà commencé de son côté.
— Je crois que je ne suis pas plus avancée que tout à l'heure, murmura-t-elle, avec ou sans toi, il ne m'a rien dit qui puisse m'aider à mettre la main sur ma mère...
Parce que maintenant elle savait, elle l'avait entendue tout à l'heure lorsqu'elle était face à Smir après tout. Cela n'avait plus rien d'un secret. Mélie devait être la seule gitane à ne pas se comporter comme tel ; abandonnant ses enfants plutôt que de les élever. Si les traditions étaient faites pour être brisées, Mélie, la première, l'avait très bien compris.
Assise le long des planches du pontons, la tête entre ses bras, la demoiselle redressa son cou pour observer Idalienor et ses efforts quant à la cueillette.
— Tu as pu trouver des baies spécifiques du jardin, au moins ?
Qu'au moins l'une des deux ne soit pas venue pour rien.
À cet instant, Salomé ne pensait plus rien. Son esprit était vide. Elle tentait tant bien que mal de se concentrer sur la cueillette mais Idalienor ne paraissait pas de cet avis, préférant la questionner à propos de sa mère. Après tout, cela ne tenait pas de l'ordre du secret. Elle pouvait bien lui en parler un peu, à voir ce qu'elle révélerait ou non. Il est vrai que la Médecin ne savait rien de ses origines gitanes. Là encore, la rousse tirait une certaine fierté de cette communauté des gens du voyage qui était la sienne, elle savait que certains les dénigraient mais la petite ne prêtait pas attention aux commentaires mauvais visant à les détruire. Des racontars et rien d'autre.
— Oui... D'accord, déclara la Givrali, je sais pas grand chose sur elle, seulement ce qu'on a bien voulu me dire mais ce qui est sûr, c'est qu'elle m'a abandonnée quand j'étais petite, je n'ai absolument aucun souvenir d'elle, seulement les souvenirs des autres que je cherche... C'est pour ça que je voulais voir Smir, parce que lui l'a connue enfant et adolescente, peu de temps avant qu'elle tombe enceinte de moi et je crois que c'est vers son passé que je dois fouiller pour la retrouver...
La demoiselle jouait avec ses mains, les tortillant et les croisant dans tous les sens. Elle n'était pas si à l'aise que ça avec sa propre histoire. Après tout, c'était la première fois qu'elle se confiait à quelqu'un qui ne la connaissait pas ou qui n'avait aucun lien avec Mélie. C'était délicat et compliqué que de faire confiance à autrui. Une leçon de plus qu'il lui faudrait assimiler si elle souhaitait sûrement s'épanouir à la Pokemon Community.
Elle eut un regard vers le ciel voilé de quelques nuages mais dont les rayons du soleil étaient facilement discernables malgré tout. Elle cherchait ses mots, quoi dire et quoi ne pas dire. Il lui fallait garder son jardin secret.
— Elle est comme ça, Mélie, elle abandonne les gens qui tiennent à elle parce qu'elle ne sait pas faire autrement... Ma Plumeline que tu vois là, elle était à elle avant, et puis elle est partie et a choisi de l'abandonner. Elle est partie sur les routes, de son côté, sa guitare sur le dos pour tenter de vivre de sa musique... Je suis sûre qu'elle a réussi, ça ne m'étonnerait pas qu'elle ait un nom de scène ou je ne sais quoi pour éviter que sa famille puisse lui mettre la main dessus...
Elle avait déjà réfléchi à cette idée. Elle n'imaginait pas sa mère avoir échoué dans cet objectif qui lui paraissait si cher à son cœur. Elle s'était juste débarrassée de tous les obstacles qui auraient pu la ralentir et la freiner dans sa quête de l'artistique, à savoir son propre Pokemon ainsi que sa propre fille peu de temps après.
— Je crois que c'est tout ce qu'il y a à savoir sur elle et sur ma relation avec elle, complètement inexistante... Et tu sais, je prends mes racines du côté du peuple gitan et pour nous, c'est très important la famille et ces choses-là... Les enfants sont adorés chez nous, je dois sûrement être la seule à être fille unique et à ne pas avoir connu ma mère !
Salomé était loin du cliché des familles gitanes de par son histoire. Et cela l'attristait. Elle-aussi aurait aimé être un cliché ambulant. Elle-aussi aurait aimé connaître les joies des familles nombreuses et des roulottes bondées. Sûrement était-ce pour cela qu'elle s'était facilement liée d'affection avec Artyom et ses deux soeurs. À leurs côtés, elle avait le sentiment de faire partie d'un tout. Mais c'était fini désormais. Il n'y avait plus de caravane dans laquelle dormir mais un toit sur la tête à l'académie, du moins c'était-là ce qu'elle s'imaginait. La fin aussi des voyages et des régions à visiter au jour le jour, ce serait une vie différente que celle à la Pokemon Community.
Elle baissa sa tête, arrêtant de contempler ce ciel qui n'était pas là son interlocuteur principal. Idalienor avait voulu que Salomé parle. Alors elle avait parlé. Se sentait-elle différente maintenant qu'elle avait mis un mot sur sa situation ? Pas vraiment. Pour elle, rien n'avait changé.
Mais quelque chose attira son attention vers le lointain. Elle tourna la tête, constatant par ailleurs que les rires s'étaient arrêtés. Smir était-il parti ? Cela l'étonnait. Mais elle n'avait guère envie de retourner jeter un coup d’œil par là-bas. Le garçon lui avait dit ce qu'il souhaitait, cela s'arrêtait là. De toute façon, l'étudiante n'avait jamais été très douées pour les énigmes.
Ses yeux tombèrent vers le sol. Le long du ponton, quelque chose roulait. Dégringolait pour être exact. Avant de finir sa chute à ses pieds. Intact.
Un œuf à la coquille irisée se tenait là, entre les brins d'herbe. Elle se baissa et s'en saisit. C'était la première fois qu'elle posait les yeux sur un œuf Pokemon. Elle ignorait tout du petit être qui se dissimulait à l'intérieur. Elle ignorait tout du véritable propriétaire de cet œuf mais un mot était accroché dessus, menaçant de s'envoler sous le vent naissant. L'écriture fine et petite lui sauta aux prunelles, des lettres droites et un tracé confiant.« Parce que tu n'es pas Mélie. »
Il n'y avait que Smir pour lui avoir adressé ce mot. Il n'y avait que lui pour lui faire don de cette nouvelle vie encore en croissance. La coquille était douce au toucher tout en étant un régal pour les iris. Elle porta un regard interrogateur vers Idalienor.
— C'est un cadeau de Smir, je crois... Tu t'y connais en œufs, toi ? C'est que j'ai peur de l'abîmer ou de le casser ou pire, de faire n'importe quoi avec... Il suffit que je le garde avec moi et un beau jour, il éclora ?
Une parfaite néophyte dans ce monde-ci.
Et pendant ce temps, les baies continuaient de se faire désirer.HRP :Obtention d'un œuf de Héricendre chromatique.
Idalienor pouvait se permettre de parler de Mélie sans la connaître. Salomé le faisait bien, elle. Quelle différence cela faisait-il ? De fille, elle n'en avait que l'appellation.
Elle laissa là ces pensées pour se concentrer sur les paroles d'Idalienor. Il est vrai qu'il était difficile de se sentir seule au sein d'une communauté gitane, tous y allaient de son grain de sel à apporter pour pimenter un peu plus la vie. C'était beau à voir. L'absence de Mélie ne lui avait jamais réellement posé sur le cœur mais vint un moment où l'on est en droit d'exiger des réponses. Salomé avait atteint ce stade de non retour et elle savait qu'elle n'arrêterait de remuer les régions du monde que lorsqu'elle serait rassasiée par les réponses. Et quand elle aurait enfin pu rencontrer sa génitrice.
La demoiselle installa confortablement l’œuf dans son sac, conformément aux paroles de la Médecin. Peut-être allait-il même éclore pendant cette cueillette et révéler le Pokemon qui se dissimulait à l'intérieur ? Elle espérait un peu trop, il lui faudrait sûrement s'armer de patience avant de découvrir la vie qui grandissait sous cette coquille rigide. Elle se redressa à son tour, prête à marcher sur les pas de la Pyroli et de s'en remettre à son expérience de chasseuse de baies pour obtenir de bons résultats.
Des buissons se présentaient à elles, aussi fouillèrent-elles à travers, tandis que l'étudiante la questionnait sur sa vie gitane, lui expliquant ses motivations dans le futur. Salomé eut un sourire, elle ignorait que certains avaient de l'admiration pour leur mode de vie. Il faut croire qu'il y avait de tout dans ce monde et qu'Idalienor était décidément pleine de surprises.
— Alors, je vais surtout t'expliquer deux trois p'tites choses sur nos voyages mais sache déjà que le mystique fait partie intégrante de nos vies, je sais bien que tu n'y crois pas, mais c'est comme ça, débuta-t-elle sans s'étendre toutefois davantage sur le sujet, faut pas croire qu'on est toujours en mouvement, nous aussi, on se pose quelque part, très souvent même. En fait, on sait quand on arrive mais jamais quand on va repartir... Ça peut-être une semaine, un mois comme un an ou plus... Ma mère est venue sur Alola vers la fin de son enfance et y est restée jusqu'à la fin de son adolescence, mais là, ça reste dans l'ordre de l'exceptionnel, j'ai jamais connu d'arrêt aussi long, moi.
Encore un secret de plus. Nul doute qu'il y avait une explication rationnelle derrière ce temps d'arrêt si long et si peu habituel pour une troupe gitane. Elle n'avait pas songé à demander à celle qui lui avait priée de s'occuper de la Plumeline, peut-être aurait-elle dû, peut-être n'était-il pas trop tard pour retourner la voir à l'occasion ?
De son côté, son starter fouinait à sa manière, voletant à travers les buissons, manquant d'en arracher les branches. Éclaireur à sa manière, il revenait à chaque fois avec des morceaux de branchages et des feuilles coincées entre son plumage que la rousse se devait de lui enlever pour qu'il retrouve une allure un tant soit peu présentable. Allure qu'il saccageait de nouveau dans la foulée. Au moins la Plumeline était-elle plus calme, restant en retrait, conformément à ses habitudes, broyant du noir dans son coin.
— Notre rapport aux Pokemon aussi est différent de vous autres, continua-t-elle, chez nous, ça ne se fait pas de leur donner un nom car on considère que leur nom véritable est celui qu'ils ont déjà... C'est pour ça que les miens n'ont pas de noms, j'essaye de rester fidèle aux valeurs familiales mais c'est compliqué parfois...
Elle-aussi était tentée de faire comme tout le monde, comme Idalienor et tous les autres étudiants de Lansat et de s'adonner aux joies des surnoms. Cela la gagnait peu à peu, l'idée faisait du chemin dans sa tête. Etait-ce ce qu'avait tenté d'insinuer Smir en affirmant que peu lui importait les traditions car elle se mettait peu à peu à les bafouer ? Elle ne le saurait sans doute jamais.
— Mais c'est aussi parce qu'on ne les capture pas, qu'on s'interdit de les nommer. On préfère les laisser à l'état sauvage car on considère que c'est égoïste de vouloir enfermer une vie et de s'en clamer comme étant son propriétaire ensuite.
Oui ce qu'elle racontait là pouvait être mal pris par la brune. Mais après tout, en suivant le raisonnement de la rousse, elle aussi appartenait au clan des égoïstes désormais, elle aussi appelait ses Pokemon rien qu'en appuyant sur un bouton, chose impossible autrefois.
Elle réfléchit encore un peu quant à ce qu'elle devait dire ou non à la Pyroli, du moins ce qui pourrait l'intéresser quant à sa vocation future.
— Mais pour notre médecine, sache que ça passe toujours par une personne du clan qui a un don avec l'occulte. Mon arrière-grand-mère sait lire l'avenir, ma grand-mère savait communiquer avec les esprits... C'est un truc de chez nous, le soin est toujours entre les mains de celle qui a un don.
Et la médecine était réservée aux femmes. La femme avait une grande importance dans la hiérarchie gitane, elle était mère et donneuse de vie, guérisseuse parfois. Oui, Salomé était fière d'être née sous ce sexe plutôt que du sexe masculin.
— D'autres questions ?
Si Idalienor venait à lui poser des interrogations plus précises, peut-être serait-elle en mesure de lui fournir les réponses appropriées. Pour l'heure, ses mains continuaient de remuer les buissons, les épiant et les traquant à la recherche de la moindre baie. Elle ne savait pas encore ce qu'elle ferait de tous ces fruits mais elle finirait bien par leur trouver une utilité.
Il y avait des informations qui méritaient de tendre l'oreille.
Elles étaient là, disséminées parmi un flot d'inutilité et pourtant, il fallait savoir écouter pour les percevoir sitôt celles-ci glissées dans la conversation. Et ce fut l'une d'elles qui retint l'attention de la rousse. Plus que de connaître le nombre de Pokemon de la mère d'Idalienor, plus que le destin de ces derniers, c'était sur sa mère elle-même que se cachait l'information véritable.
— Je suis désolée pour ta mère.
Et Salomé qui s'était plainte quelques instants auparavant de ne pas avoir connu celle-ci. Au moins avait-elle un soupçon de chance dans son malheur, cette dernière n'était pas morte – du moins pas à sa connaissance – alors l'espoir était toujours permis. La Médecin, elle, ne pouvait plus espérer quoi que ce soit, plus de miracle ni rien, juste la force des choses qui avait roulé sur son corps d'adolescente. Nul doute que cela avait dû faire mal.
Il y avait cette habitude de l'absence en Salomé. Mélie et son inexistence lui étaient familières, Mélie et sa mort, deux parfaites inconnues. Et c'était avec cette même inconnue, la mort, qu'Idalienor avait dû se construire à un moment donné. Oh elles n'étaient pas suffisamment proches pour que la petite se risque à lui demander des précisions supplémentaires. Cela marchait dans un sens mais pas dans l'autre, et c'était bien malheureux. Car si elle avait osé... Qui sait ?
La Givrali eut un regard pour son starter. Celui-ci paraissait plus calme, il était vrai, son corps était moins secoué par ces horribles spasmes qui défiaient le cœur de sa dresseuse à chacune de ses crises. Maintenant, elle s'était habituée à voir son corps parcouru de hoquets, Idalienor avait su la rassurer à ce sujet, aussi eut-elle un sourire pour cette dernière.
— Oui, ça s'est un peu calmé... C'est pas encore réduit à zéro, ça arrivera peut-être jamais mais c'est pas bien grave, tant qu'il n'a pas mal et que ça ne le gêne pas, c'est tout ce qui compte... Dans la nature, je dis pas, ça aurait fait de lui une proie facile mais avec moi, ça devrait aller, je repousserais moi-même les prédateurs.
Et c'était terriblement juste.
Ne voyez-vous pas des griffes à la place des ongles et des crocs pour seule dentition ? C'est bien normal à vrai dire car moi non plus. Mais il était indéniable que Salomé saurait vaincre tous les nuisibles qui tenteraient de porter la main sur elle-même ou sur son Pokemon handicapé. Il n'y a que de la pitié pour ces gens-là et encore, la pitié est trop belle pour eux.
Les mains de la demoiselle s'activaient à la recherche de la moindre baie. Elle n'avait pas songé que la cueillette serait si compliquée. Un buisson et des baies, cela paraissait une addition simple et évidente. Et pourtant, entre le Posipi de la Pyroli qui avait manqué un attentat à la baie et son type Vol qui détruisait à sa manière les buissons tout en se salissant un peu plus, c'était une fine équipe qu'ils avaient là. Et dans son sac, le poids de l’œuf qui se faisait un peu plus sentir, comme un rappel de ce début de journée et de sa drôle de rencontre avec Smir.
— Tu serais d'accord pour t'occuper un peu de mon œuf ? demanda-t-elle sans transition, c'est que j'ai encore peur de faire n'importe quoi avec et puis un accident est si vite arrivé... Quand je vois ce que tu as fait pour mon starter, je me dis qu'un œuf recevant tes soins ne pourra que naître en bonne santé...
Parce qu'elle ne voulait pas revivre un scénario identique à celui de son Picassaut. Cette fois-ci, elle souhaitait avoir le choix, elle voulait mettre toutes les chances de son côté pour que ce Pokemon naisse dans la moindre maladie, qu'elle soit physique ou mentale. Elle se sentait incapable d'assumer un second Pokemon dans un état similaire à celui du type Vol. Plus jamais ça.
Elle sortit l’œuf du sac, redécouvrant ses couleurs douces et chatoyantes. Il paraissait chaud au toucher mais peut-être n'était-ce que son imagination ? Peut-être n'était-ce que le soleil et ses rayons de miel qui venaient tiédir la coquille ?
L'oiseau était reparti entre les buissons, n'ayant pas perdu de vue leur objectif premier : les fameuses baies qui se faisaient tant désirer. Il en fallait peu pour qu'il se mette en traque d'un fruit ou deux, espérant avoir plus de chances que le Pokemon d'Idalienor et sa face cramoisie par le jus.HRP :Prêt de l’œuf à Ida pour le temps des soins
Cueillette : Picassaut (2 en Recherche) & Plumeline (0 en Recherche)Gentil dé, merci de m'éviter l'échec critique, s'il te plaît !
Appréciation Une cueillette dans laquelle Salomé cherche les traces de sa mère disparue. On lui souhaite bien du courage! Ce n'est pas avec un PNJ comme Smir qu'elle risque de la retrouver, c'est certain. Le personnage est sympathique, à la fois mystérieux et drôle, j'espère pouvoir à nouveau entendre parler de lui un jour, ne serait-ce que pour en apprendre plus à son sujet. En ce qui concerne la cueillette en elle-même, elle commence vraiment très très tard! Et encore, elle est très peu abordée. Heureusement que c'est au profit de la relation entre Idalienor et Salomé, cela dit. Une bonne partie est également consacrée aux Pokémon de Salomé; l'idéal à l'avenir serait de parvenir à ne pas totalement éclipser la cueillette! Gain une Baie Ceriz et deux Baies Marron ! | ![]() |
Appréciation Idalienor laisse beaucoup de place à Salomé dans ce rp, mais cela ne l'empêche pas de s'impliquer dans les affaires de cette dernière. C'est bien, elle n'est pas mise de côté! La discussion qui suit la rencontre avec Smir y est pour beaucoup. Les deux étudiantes apprennent quelques bribes de la vie de l'autre, et je suis très curieux de voir vos posts de conclusion juste pour les dernières réactions de vos personnages. Mais pour la cueillette, je fais exactement le même constat de Salomé: presque totalement éclipsée du rp, et peu décrite. Essayez d'y consacrer un peu plus de temps à l'avenir, mais pas que: une description un peu plus approfondie des lieux, des découvertes que vous y faîtes, trouver une façon méthodique de procéder... Les occasions ne manquent pas! Gain une Baie Marron, deux Baies Fraive, deux Baies Oran, deux Baies Repoi, deux Baies Grena et 10 jetons. | ![]() |
Un signe d'affection et de tendresse traversa le bras d'Idalienor. Une main posée sur le crâne de Salomé, sans rien dire, au détour de la conversation. La rousse garda le silence, tout comme la Médecin gênée par ce quelque chose qui n'était pas prévu. Mais il n'y a pas lieu d'être intimidé pour un geste si humain.
Au lieu de cela, la petite hocha la tête pour approuver la Pyroli. Après tout, si la Givrali le lui cédait, c'était pour qu'elle fasse ce qu'il fallait, peu importait le temps que ça prendrait. Elle, elle souhaitait juste être là pour la naissance mais au vu de ses connaissances en œufs, deux semaines, c'était trop peu pour manquer un événement aussi important. Elle lui confia son protégé, chagrinée de devoir s'en séparer à peine obtenu. Elle aurait aimé pouvoir le côtoyer encore un peu, l'observer de longues nuits et le veiller dans l'attente du moment fatidique. Mais ce serait pour plus tard. Elle se doutait que l’œuf mystère était entre de bonnes mains, elle ne se serait pas permise de l'abandonner à n'importe qui.
Elle reporta son attention sur la cueillette. Quelques baies venaient de décorer ses paumes. Non pas pleines de jus ou abîmées, des baies en bon état, comme elle espérait en trouver depuis le début de sa cueillette. Elle arracha ses mains des buissons, observant deux baies identiques entre ses doigts. Celles-ci lui étaient familières. Un sourire se dessina sur les lèvres de la gitane ; enfin leurs efforts payaient !
— Regarde ce que j'ai trouvé !
Deux baies Marron pour commencer. Mais son butin était bien maigre comparé à celui d'Idalienor. La demoiselle n'avait pu s'empêcher de jeter un œil à la récolte de la brune, bien plus importante et variée que la sienne. La rousse fouilla à nouveau les buissons, en extirpant une nouvelle baie, toute aussi commune celle-ci mais différente des deux autres. La baie Ceriz s'allongeait entre ses doigts, du bout de la tige, avant que la petite ne la fourre dans son panier obstinément vide face à celui de son aînée.
— Je crois que j'ai encore des progrès à faire dans la cueillette...
C'était indéniable.
Son Picassaut vint se poser près d'elle, tentant de fourrer son bec entre les baies avant d'être furtivement chassé par une Salomé harassée. Elle avait suffisamment souffert pour trouver ce maigre magot, hors de question que son starter les confonde avec des cailloux ! La rousse se laissa tomber au sol, le dos contre un buisson, épuisée qu'elle était par cette journée. Elle avait le sentiment d'être passée par toutes les émotions possibles, une palette de nuances s'ouvrait à elle. Et il lui fallait encore rentrer jusqu'à Akala, tout un périple. Cela la fatiguait rien que d'y songer. Mais elle tentait de garder une contenance devant Idalienor.
— En tout cas, je suis heureuse d'avoir pu partager ça avec toi, Idalienor.
Faisait-elle allusion à cette simple cueillette, à sa rencontre avec Smir ou ses confidences concernant son passé ? Elle-même n'en savait peut-être rien en cet instant.
Son index replaça une mèche égarée avant que ses jambes ne la portent à nouveau. Son panier paraissait vide et léger, tout le contraire de celui de la Médecin. Avec l'âge, peut-être se perfectionnerait-elle en cueillette. Il fallait une première fois à tout et il est vrai que dans ce domaine, la brune avait bien plus d'expérience que la rousse. Cette dernière étouffa un bâillement, épuisée qu'elle était par ce trop plein de vécu en une journée.
— Encore merci pour tout...
Elle lâcha son panier respectif pour se perdre en une étreinte auprès d'Idalienor. À sa manière, elle lui rendait son geste d'affection de tantôt. Elle l'enlaça le temps de quelques secondes, rien d'excessif que ce soit dans un extrême comme un autre. Elle ne souhaitait pas créer de malaise et ne pensait pas à mal en cet instant.
Si malaise il devait y avoir, il aurait déjà eu lieu.
Ses bras s’arrachèrent à ceux de la demoiselle. Tout cela paraissait irréel, comme si cet instant de partage n'avait été que rêvé. Pourtant il restait là, le long de sa peau, et dans son esprit. Il en était sûrement de même du côté de la Pyroli.
— Je crois qu'il est temps de dire au revoir à Ula-Ula.
Au revoir ou adieux, libre à chacun de l'interpréter comme bon lui semblait. Salomé n'en savait encore rien, elle n'oubliait pas que Smir vivait ici, tout comme celle qui lui avait permis de le trouver. Il n'était pas encore trop tard pour revenir.
En solitaire cette fois-ci.
![]() | Eclats de baie entre les rires |
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