
| Alola Baywatch Alban Abernaty & Aaron S. Mightley
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Ce type ne lui plaisait absolument pas. Que ce soit dans son physique, son attitude, sa façon de parler en roucoulant presque… non, clairement non. Sa tête ne lui revenait juste pas. Et, rien qu’avec le contenu de son discours, le châtain su qu’ils ne pourraient jamais s’entendre. Pour qui est-ce qu’il se prenait ? Il avait l’air de croire que la plage lui appartenait, et qu’il pouvait y faire ce qu’il voulait, quand il le souhaitait. C’était d’ailleurs sûrement pour ça qu’il était actuellement en train de prendre un bain de minuit, et qu’il envisageait de souiller un peu plus les draps de leur vieille bicoque en compagnie d’Aaron, non ? Ah ça, Alban ne les laisserait pas faire. D’une, Aaron et lui étaient en pleine Mission. Et de deux : diantre, il y dormait dans ce lit-là. Il n’avait pas envie d’avoir des images gênantes de son meilleur ami en train de batifoler avec ce blond peroxydé qui avait l’air d’en avoir autant dans le crâne qu’Ether. Merci pour lui.
Cependant, le dénommé Robin ne semblait pas se préoccuper plus que ça de son avis. D’un papillon parfaitement exécuté, il sortit de l’eau, prenant des poses si clichées qu’Alban cru qu’il allait vomir. La lune qui se reflétait sur le fessier du surfeur les faisait d’ailleurs briller d’une aura étrange, et le châtain pria pour qu’il ne se retourne pas. Ah ben merde, si, il venait de se retourner. Pour le narguer d’un sourire. Que. Quoi ? Attendez. De là où il était, il n’entendait plus grand-chose des paroles que s’échangeaient Aaron et Robin. Cependant, il pouvait très clairement voir que son meilleur ami était complètement rouge. Et complètement subjugué par le blond. Mauvais ça, très mauvais.
- Aar- commença-t-il, avant de s’interrompre lorsque la fille qui lui avait jeté la robe sur la tête s’approcha de lui.
- Eeeeeh en fait t’es plutôt mignon, toi. Dommage que tu tires autant la tête, tu pourrais être beaucoup mieux.Il fit un bond en arrière. Ou une brassée en arrière, il ne savait pas trop le terme qu’il devait employer alors qu’il était dans l’eau jusqu’au torse. La jeune fille - qui était aussi nue que tous ses autres amis, rappelons-le -, pencha la tête sur le côté avec une moue interrogative. Heureusement qu’elle n’était pas bien grande, sinon Alban aurait eu vue directe sur des choses qu’il ne souhaitait pas voir. Enfin si, il n’était évidemment pas insensible au charme féminin - malgré tout, Alban restait un garçon, hein -. Mais il se sentait totalement paniqué et totalement en train de faire des infidélités à la fille dont il était amoureux. Si Maxine l’apprenait, elle lui arracherait probablement la tête. Ou le traiterait de pervers et s’enfuirait en pleurant silencieusement, ce qui était sûrement pire. Et puis bon, s’il devait voir une poitrine en vrai un jour, il espérait que ce serait celle d’une certaine Givrali. Et pas celle d’une fille complètement bourrée qui se baignait nue dans la mer.
La demoiselle semblait cependant curieuse de cette étrange réaction de sa part. Elle s’approcha encore d’Alban, et ce dernier recula encore.
- Ben quoi ? Il y a un Froussardine qui te tourne autour ?Il ne savait pas trop ce que ça voulait dire - peut-être une expression typique d’Alola -, mais en tout cas, il pouvait lui affirmer qu’elle était loin de ressembler à un Froussardine. M’enfin. Il hocha la tête sans savoir quoi répondre, et essaya de la contourner pour rejoindre Aaron.
- Excuse-moi…- Ruth.- Excuse-moi, Ruth, mais je dois rejoindre mon ami et-…Elle lui attrapa le poignet fermement et l’obligea à arrêter de gigoter. Alban se figea, de peur qu’une quelconque partie de son corps se retrouve en contact avec celui de la jeune fille.
- Oooh, allons, laisse-les. Ils ont envie de s’amuser un peu…- On est en job d’été.- Et alors, ça arrive tout le temps ! Tu crois que les deux autres garde-plages ne font que bosser ? Ils sont la moitié du temps en train de se rouler des patins derrière les buissons, là-bas.- Merci pour l’image.- De rien. Enfin, toujours est-il qu’il faut que tu te décoinces un peu ! Allez, laisse-les et viens t’amuser avec nous !Elle fit signe à ses autres amis, et trois garçons et deux filles s’approchèrent d’eux.
- Non vraiment, il faut que j’y aille et…- Hey salut ! Comment tu t’appelles ? le coupa un garçon à la peau bronzée et aux cheveux bruns.
- Alban. Mais là n’est pas la question, il faut que je-- Tu veux jouer à un truc avec nous ? Genre du beach volley, ou autre ?Alban dû faire appel à tout son self control pour ne pas les noyer les uns après les autres. Ils n’arrêtaient pas de piailler autour de lui, de lui poser des questions sur son âge, de l'endroit où est-ce qu’il venait, ce qu’il faisait dans la vie. Le châtain répondait par monosyllabes à chaque fois, essayant ensuite de leur expliquer qu’il était en train de TRAVAILLER, mais rien à y faire. On ne le laissait pas placer plus de trois mots d’affilée. Et, avec tout ça, Aaron avait complètement disparu de son champ de vision. Bon sang de bonsoir. Où était parti ce bouffon ? Alors c’était comme ça, hein ? Alban se faisait encercler par une horde de jeunes agressifs, et son meilleur pote l’abandonnait pour aller faire des mamours derrière des buissons ? Bon OK, il exagérait clairement et il était vrai que les potes de Robin avaient l’air plutôt sympa. Mais encore une fois, il n’était pas là pour s’amuser.
- Stop stop stop ! Ça suffit les questions ! Je suis désolé mais je suis en plein travail. Il faut absolument que je retrouve mon coéquipier et que vous sortiez tous de l’eau. Les baignades le soir sont interdites et si ma patronne me voit, elle risque de me castrer alors S’IL-VOUS-PLAÎT, un peu de compassion ?!Comme si le ciel avait entendu son appel, les jeunes s’arrêtèrent de rire, puis se mirent à hurler en sortant précipitamment de l’eau. Alban, qui se demandait comment il avait réussi ce miracle, sentit bientôt quelque chose de mou et bizarre venir lui frotter la jambe. Il n’attendit pas plus longtemps pour savoir de quoi il s’agissait. Retenant un cri qui n’aurait rien eu de viril, il courut en nageant à moitié pour sortir de l’eau avec les autres.
Il tomba sur le sable, paniqué par ce qui avait bien pu le toucher. Puis, comme si une colonie entière venait de débarquer sur Alola, des dizaines et des dizaines de Concombaffe sortirent de l’eau. Eeeet merde. Voilà qui allait lui donner du travail supplémentaire, le lendemain.
Les petits Pokémon, beaucoup plus lents hors de l’eau puisque le courant ne les aidait plus à se déplacer, avancèrent doucement vers le sable chaud. Leurs petits corps noirs munis de pics roses se mouvaient maladroitement mais sûrement. Le groupe de Robin râla.
- C’est chiant, on va plus pouvoir se baigner s’ils sont là.- Qu’est-ce qu’on va faire, alors ?- Eh, ce ne serait pas Robin et ton pote, là-bas ?Le garçon bronzé lui donna un coup de coude, et Alban vit deux silhouettes étroitement serrées l’une contre l’autre, à plusieurs mètres de là. Ils étaient à moitié immergés dans l’eau et même s’ils ne pouvaient pas voir les détails, d’ici, le Voltali était à peu près certains qu’ils ne faisaient pas des mathématiques. Il amorça un mouvement mais Ruth le rattrapa par la taille. Par chance, elle avait enfilé rapidement sa robe, et était à présent bien moins dénudée que plus tôt.
- Laisse-les tranquille, tu ne vas pas les déranger, non ?! Et puis franchement, tu pourrais voir des choses que tu n’as pas envie de voir…Elle marquait un point, effectivement. Mais comment faire pour faire comprendre à Aaron que c’était mal de le lâcher, à une telle distance ? Alban laissa son regard balayer le sable, et eut subitement une idée bien sournoise. Comment se venger ET attirer l’attention du Phyllali ? Le génie du mal était de retour.
- Ok, tu as raison. On ne s’approche pas et on reste ici. Par contre, je crois avoir trouvé un jeu qu’on pourrait faire tous ensemble. Et en plus, vous m’aideriez avec mon boulot de garde-plages.Ruth sentait venir le plan foireux et elle fit la moue, mais les autres se regroupèrent autour d’Alban, intéressés.
- Vous avez déjà entendu parler du lancer de Concombaffe ?***
C’était méchant. C’était vil. C’était gamin. Mais c’était quand même fichtrement jouissif !
Alban et sa nouvelle bande venait de trouver un jeu totalement innovant. Vous connaissiez le tir de Concombaffe ? Ok. Mais aviez-vous déjà essayé de viser avec ces projectiles, un couple de potes en plein ébat dans l’eau ? Nouvelle perspective, nouvelle conception du fun.
Avec de grands éclats de rire, les adolescents se saisissaient des Concombaffe en faisant bien attention à ne pas toucher leurs pics. Puis, les soulevant au-dessus de leur tête, ils essayaient de les lancer le plus près possible des deux silhouettes qui continuaient leur petite affaire. Ils étaient évidemment trop loin pour les toucher ; et les deux garçons ne semblaient pas du tout capter qu’ils étaient attaqués, trop occupés qu’ils étaient à se focaliser l’un sur l’autre. Pour autant, ils ne cessaient de se complimenter dès que l’un d’entre eux parvenait à lancer un Concombaffe dans ce qu’ils avaient nommé la « zone rouge », à savoir, un cercle d’à peu près cinq mètres de diamètre autour des cibles. Auster, qui était le seul Pokémon d’Alban à l’avoir suivi, utilisait son attaque Psyko pour catapulter les Concombaffe le plus loin possible. C’était celui qui parvenait à entrer dans la « zone rouge » le plus souvent, et les autres avaient commencé à le surnommer catapultor.
Alban les encourageait à grands cris, sautillant parfois sur place, se jouant Coach sportif d’un soir. Finalement, Ruth s’était laissé prendre au jeu. Elle ne cessait de gesticuler dès qu’elle arrivait à frôler la « zone rouge » - pas souvent -, et sautait dans les bras des uns et des autres. Il y eut un léger moment embarrassant, lorsqu’elle se jeta dans les bras du Voltali et que ce dernier la dégagea par réflexe d’auto-défense, mais en dehors, la soirée était plus qu’agréable. L’alcool aidait certainement les jeunes à être aussi enthousiastes. Et du côté d’Alban, c’était clairement la douce perspective de se venger d’Aaron et de rabattre le caquet de Robin qui le motivait autant.
Pour ne rien gâcher, le nombre de Concombaffe diminuait drastiquement. Avec cinq paires de mains en plus, le PokéAthlète allait évidemment beaucoup plus vite. D’autant plus que certaines de ses nouvelles connaissances étaient bien plus musclées et grandes que lui. Au bout de ce qui semblait être une bonne grosse demi-heure, le couple se détacha enfin pour se tourner vers eux. A ce moment, le groupe mené par Alban se mit à leur faire de grands signes, tout en leur criant des trucs sans aucune logique.
Aaron et Robin revenaient enfin vers eux. Alban, bras dessus bras dessous avec ses amis d’une soirée, riait à gorge déployée des blagues pas forcément finaudes des garçons. Il était encore en train de s’essuyer les larmes à cause d’une histoire drôle sur un Wailord, un Skitty et un Concombaffe, lorsqu’Auster lui tapota sur le pied. Le Noctali dû réitérer le geste plusieurs fois pour que son dresseur arrête de s’esclaffer comme une baleine. Ce dernier leva alors les yeux vers le couple qui venait de s’approcher d’eux, et manqua de s’étrangler en constatant qu’il ne s’agissait aucunement d’Aaron et de Robin, mais de…
- Alors, on s’amuse bien mon petit ?… Guilda.
Brusquement, tout le monde cessa de rire et se mit à regarder successivement Alban et son employeuse. Cette dernière, le sourire d’une personne qui venait visiblement de passer un bon moment aux lèvres, tritura un paréo qu’elle avait passé autour de son corps en sortant de l’eau.
A cause de la faible luminosité, ils s’étaient totalement loupés sur l’identification du couple. Alban sentit que son visage pâlissait à vue d’œil. Ses nouveaux amis, solidaires, n’osèrent même pas esquisser un sourire.
- J’ai cru vous voir nous lancer des Concombaffe dessus…- Je… heu… Il fallait débarrasser la plage pour qu’elle soit propre pour les touristes, demain…- … et j’ai l’impression que vous sentez l’alcool.- … si cela peut vous rassurer, je n’ai personnellement rien consommé. J’ai juste croisé ces personnes sur le point de se baigner, je leur ai fait comprendre que l’accès à l’eau était interdit, et ils ont décidé de m’aider avec les Concombaffe pour se faire pardonner.Les autres hochèrent tous la tête de concert, pour confirmer la version d’Alban.
- On ne recommencera pas, m’dame.- On ne savait pas qu’on n’avait pas le droit, et on a voulu se racheter en aidant Alban.- C’est un chic type.- Il lance bien les Concombaffe.- Il est très sérieux dans son travail.Guilda agita les doigts devant eux pour les faire taire.
- Bon, ça va, ça va. Pour cette fois, je vais laisser passer. Vous, dégagez immédiatement de ma plage, zou. Et toi, le garde-plages, retourne dans la tour de guet et va te reposer. La journée va être rude, demain. Et évidemment, hm. Ne parlez de Boris et moi à personne, cela va de soi. Elle les fusilla tous du regard, et les adolescents acquiescèrent docilement. Puis, attrapant le bras de « Boris », Guilda se dirigea vers son grand hôtel, laissant derrière elle, la trace de ses pas taille 43.
Ruth et les autres regardèrent Alban et éclatèrent de rire. Ce dernier, beaucoup moins stressé, se joignit à eux.
- Merci les gars, bien rattrapé…- Pas de quoi. C’était drôle, ce soir. C’est toi aussi le garde-plages pour demain soir ?- Non, je termine ma Mission demain en fin d’après-midi.- Oooh, dommage. Enfin bon, on va filer. La vieille serait capable de nous pister avec ses jumelles, du haut de son immeuble. Robin et ton pote rouquin doivent être bien cachés, donc ils ne risquent rien. On ne va pas te causer plus d’ennuis que ça. Tu restes sur Alola jusqu’à la fin du mois, c’est ça ? File-nous ton numéro. On ira boire un verre ou se faire une sortie, ou un truc du genre !Alban donna son numéro au garçon bronzé, puis salua finalement tout ce beau monde. Il s’assura que tous aient quitté les lieux, avant de se diriger vers la tour de guet, Auster sur les talons. Il ne savait absolument pas où Aaron se trouvait, et il n’avait honnêtement pas le courage de partir à sa recherche. Son Noctali aurait évidemment pu le trouver, mais bon… qu’aurait-il fait, finalement ? S'être fait pincer par Guilda lui donnait un peu l’impression d’un retour du karma. Il s’était un peu emporté et n’avait pas forcément été le pote le plus sympa, en voulant se venger. Après tout, Aaron était probablement assez grand pour savoir ce qui était bien pour lui ou pas. Puis, après tout ce qu’il avait vécu au cours de ces six derniers mois, ce n’était pas plus mal qu’il vive une amourette d’été, comme la plupart des jeunes de leur âge.
Le châtain soupira. Encore une fois, il constatait qu’il n’était pas forcément un super ami. Ce soir, il avait agi comme un véritable gamin. Alors, tandis qu’il poussait la porte de son petit cabanon, il se dirigea immédiatement vers son lit dans l’espoir d’y faire un petit somme.
Un aboiement d’Auster le figea cependant sur place.
- Mon grand ?Il se dirigea vers son Noctali, qui semblait assez fébrile. Le ciel était doucement en train de se colorer d’orange. Le soleil allait probablement bientôt se lever. Pourtant, alors que la plage était encore déserte, un mouvement au loin était clairement visible.
Alban attrapa ses jumelles et essaya de zoomer sur la zone qui lui paraissait étrange. On aurait dit que le sable bougeait… Des Bacabouh ? Le châtain sentit son cœur faire un bond lorsqu’il vit une silhouette sortir de la grotte réputée pour être le lieu des tests de courage. C’était trop grand pour que ce soit un gamin. Même à cette distance, Alban voyait le point minuscule agiter des bras et lancer des trucs en l’air, comme pour attirer son attention. Auster grogna.
Le Noctali devait forcément avoir flairé quelque chose qui ne lui plaisait pas.
Incapable de savoir ce qu’il se passait, Alban se précipita à l’intérieur de la tour pour récupérer son sac à Pokéballs. Il n’avait aucune idée de ce qui se tramait, mais il avait un très mauvais pressentiment. Il siffla et Zéphyr et Mistral - ainsi qu’Ether sur son dos - se réveillèrent pour l’accompagner. Levanter, qui était à proximité en train de surveiller la tranchée, voleta également jusqu’au groupe.
Alban n’eut cependant même pas le temps de dire quoi que ce soit. Une masse jaune se téléporta sur son dos, le déséquilibrant légèrement.
- … Invy ? demanda-t-il, serrant toujours son sac de Pokéballs dans sa main.
L’Abra d’Aaron se téléporta de nouveau, et Alban le regarda disparaître et réapparaître, allant de Frey à Phy. Puis, accompagné des deux Pokémon, il revint sur le dos d’Alban et ce dernier comprit que ça allait être à son tour. Tendant la main, il n'eut que le temps de toucher du bout des doigts Levanter - le plus proche de lui -, avant de sentir que son corps entier disparaissait.
***
Il se matérialisa de nouveau juste devant la grotte de bord de mer. Regardant autour de lui, il constata qu’Auster, Mistral, Ether et Zéphyr avaient disparu. Il était uniquement en compagnie de Levanter, d’Invy, de Phy et de Frey. Sans trop comprendre, il se tourna vers l’Abra d’Aaron. Il n'eut cependant le temps de poser aucune question. Une masse déboula vers lui en le renversant à moitié. Il leva le bras, prêt à décocher une droite à son agresseur, mais s'arrêta lorsqu’il reconnut une touffe de cheveux blonds.
- R… Robin ?!Le surfeur avait totalement perdu de son assurance de plus tôt. Son visage était totalement déformé par la peur. A ses pieds, des Bacabouh semblaient l’entraîner vers le cœur de la grotte. Alban donna quelques coups dans le sable pour essayer de les éloigner.
- Ils… normalement ils ne sont pas… je… je ne comprends pas…- Où est Aaron ?!Son ton s’était fait menaçant. Il n’en avait absolument rien à faire de l’état actuel de Robin. Tout ce qui l’intéressait, c’était de savoir où était Aaron. Il imaginait le pire. Il ne savait pas ce qui avait pu se passer, mais voir Robin ici, seul, paniqué et sans son meilleur ami, ne le rassurait absolument pas.
- Je… le test… il…- Où. est. mon. meilleur. ami. Robin.Il détacha chaque syllabe et s’avança vers l’Alolien. Il n’avait plus du tout envie de rire. Ni de faire des blagues. Il n’avait plus aucune patience. Son cœur tambourinait dans sa poitrine.
L’alerte d’Auster. Les mouvements de sable étranges qu’il avait vus avec ses jumelles. La grotte du test de courage. L’absence d’Aaron. Le Téléport d’Invy. Mis bouts à bouts, les éléments s’assemblaient doucement dans son esprit. Ils n’étaient pas encore assez cohérents, mais une chose était sûre : ça puait clairement.
Robin ne semblait cependant pas en état de lui dire quoi que ce soit. Enervé, Alban le repoussa et le laissa là. Il pénétra ensuite en courant dans la grotte, regrettant la présence d’Auster, de Zéphyr et de Mistral à ses côtés. D’ordinaire, il comptait toujours sur eux pour se sortir des situations les plus difficiles. A présent, il était seulement accompagné des Pokémon d’Aaron, et des membres de son équipe les moins portés sur le combat.
Comment allait-il s’en sortir ?
Tremblant, il sortit les seules Pokéballs qu’il avait dans son sac. Dans un rayon de lumière, Hélios et Aura se matérialisèrent. Avec Levanter, il avait donc trois Pokémon à lui. C’était léger. Trop léger.
Son équipe sembla néanmoins déceler son trouble, puisque ses membres parurent beaucoup plus sérieux que d’habitude. Sans Auster, Alban allait devoir se débrouiller pour s’éclairer autrement. Ce qui tombait bien, puisqu’il avait Hélios et que ce dernier portait très bien son nom…
- Hélios. Utilise Flash, s’il-te-plaît.Le Larveyette rangea son bonnet de nuit et, sentant que c’était le soir où il allait enfin briller dans tous les sens du terme, déclencha son attaque. Comme si la lumière s’était brusquement allumée autour d’eux, les lieux se mirent à scintiller. Des petites lueurs comme des lucioles sortirent du corps de l’insecte et vinrent se déposer sur les parois glissantes. Alban fit bien attention aux endroits où il mettait les pieds. Se remettant ensuite à courir, Hélios, Aura, Levanter et les Pokémon d’Aaron sur les talons, il tenta de trouver son chemin dans cette grotte.
- Aura, Eclate Roc !La petite Togépi se mit en conformation boule de bowling et lui créa un passage à travers les rochers. Ils continuèrent ainsi leur route pendant quelques minutes, avant que Levanter ne lâche un cri pour les alerter. Aussitôt, l’attaque Abri d’Hélios se déclencha et vint les englober dans une sphère protectrice légèrement opaque. Le sable devant eux se déforma et vint frapper leur barrière avec violence, les projetant en arrière. Hélios tint bon, mais son attaque s’évapora progressivement. Il se mit alors en position de combat, prêt à riposter. Alban essaya de voir qui venait de les attaquer, et son cœur rata un battement lorsqu’il vit un énorme château de sable devant eux.
Et, à l’intérieur de ce château de sable, une main qu’il ne connaissait que trop bien dépassait, à peine visible entre les grains.
- Aa… Aaron… ?Une Ball’Ombre spectrale sortit du Trépassable et fut projetée vers lui. Levanter déclencha Feuillage pour créer un réseau épais végétal devant eux, mais ce dernier fut déchiqueté. Alban se prit la boule d’énergie en plein dans le ventre et recula de plusieurs mètres. L’attaque, grandement absorbée par la défense de son Brindibou, faisait tout de même de gros dégâts à l’arrivée. Il grimaça, sentant une vive douleur commencer à lui brûler la peau. Incapables de savoir quoi faire d’autre sans directives, ses Pokémon se tournèrent vers lui.
Bordel. Un Trépassable ? Alban pensait qu’il n’y avait que des Bacabouh, et que cette grotte abritant ce stupide test de courage n’était qu’un lieu censé effrayer les gosses. Comment était-il censé faire, sans ses Pokémon les plus offensifs ? Il se mit à paniquer. Le temps qu’Auster, Mistral, Zéphyr et Ether comprennent qu’ils avaient été téléportés ici… Il devait y avoir son odeur partout sur cette plage. Même avec le super flair d’Auster, ils risquaient de ne pas arriver de sitôt. Et pas la peine de compter sur Robin pour être d’une quelconque utilité. Raaah. S’il pouvait avoir un Pokémon Eau sous la main !
Attendez…
Il se tourna vers Frey, le Moustillon d’Aaron.
- Frey ! Tu aurais une bonne grosse attaque Eau ? Si oui… GO !Pitié. Pourvu que le Moustillon lui obéisse avant que le Trépassable ne se décide à lancer une nouvelle attaque…