Alternance Eleveur #1 (2)
|
feat Idalienor Edelwen L’Alternance d’Alban se passait à merveille. Après une courte période où il avait plus traîné dans les pattes de Tomas qu’autre chose, l’apprenti Coach-Eleveur volait enfin de ses propres ailes. Tous les matins, il se présentait à la Pension, revêtait son uniforme réglementaire, puis faisait un tour dans le grand jardin du domaine. Il nourrissait alors les Pokémon dont il avait la charge, avec des repas adaptés préparés avec amour la veille, puis exécutait une série de tâches qu’Isaac lui attribuait. Au départ, sa lenteur et son inexpérience ne lui avaient pas permis de se libérer du temps en plus ; à la fin de la journée, il avait en effet généralement à peine fini son planning de la journée. Au fil des jours néanmoins, il avait appris à faire son travail presque mécaniquement, et avait donc eu plus de temps pour se consacrer au cœur de son Alternance. Son sujet d’étude avançait plutôt de façon satisfaisante. Tous les après-midi, il s’occupait du groupe des bébés Pokémon, et testait de nouvelles choses pour les éveiller au sport. Il rentrait ensuite chez lui après de longues heures passées à faire marcher son cerveau, et retrouvait Idalienor qui revenait de l’hôpital de Lavandia.
La cohabitation de passait plutôt bien. Après le fiasco de la première soirée, les deux jeunes étudiants avaient appris à vivre ensemble. Ils faisaient les courses ensemble, la cuisine ensemble, et mangeaient en se racontant la journée comme un vieux couple marié. Ils regardaient ensuite un film ou allaient s’isoler pour vaquer à leurs occupations respectives, et sortaient de temps à autres se balader entre Lavandia et Vergazon. Le premier samedi passés ensemble, ils avaient même poussé jusqu’à Poivressel pour y faire le marché, et profiter d’un peu d’air marin.
Idalienor était une personne intéressante, quoiqu’un peu fragile sur le plan psychologique. Elle avait cependant le cœur sur la main, et c’était une qualité qu’Alban appréciait, chez elle. Il ne savait réellement pas si elle allait un jour appliquer ses conseils - après tout, on ne changeait pas aussi simplement -, mais il s’était trop attaché à elle pour laisser simplement tomber l’affaire. Il s’était promis, une fois de retour à l’académie, d’essayer de la surveiller un peu. En outre, il savait qu’elle était une bonne amie de Maxine, et tout cela ne faisait que renforcer la bonne impression générale qu’il avait d’elle.
De ce qu’il avait compris, l’Alternance de sa camarade se passait bien également. Ils n’avaient pas particulièrement le droit de partager trop d’informations puisqu’ils étaient soumis aux clauses de confidentialités de leurs employeurs respectifs, mais Alban avait réussi à glaner quelques bribes qu’elle lui lâchait quelques fois. De son côté, il lui parlait également de ce qu’il faisait, du moment que cela ne présentait pas un risque particulier pour la Pension.
Les deux étudiants allaient cependant avoir l’occasion d’en apprendre un peu plus sur l’activité de l’un et de l’autre. Au cours du début de la seconde semaine, Isaac était en effet venu voir Alban pour lui annoncer qu’il allait passer l’après-midi à l’hôpital de Lavandia, en compagnie d’Idalienor, pour travailler sur l’utilisation de bébés Pokémon dans la rémission des malades. Si la nouvelle n’avait rien eu de surprenant, les deux colocataires étant déjà au courant, elle avait cependant été très bien accueillie par le Voltali. Même si cela le détournerait de son étude principale, Alban était impatient de voir comment se passait la vie en hôpital. Ayant passé les quelques semaines après son accident en rééducation, il savait bien que l’ambiance n’était pas forcément toujours très joyeuse. Pourtant, il était assez enthousiaste à l’idée d’apporter un peu de gaité aux patients, grâce à ses petits protégés.
Il avait donc préparé ses affaires et avait sélectionné soigneusement les bébés qui l’accompagneraient. Pour l’exercice, il s’était entouré de six bébés qui étaient sortis de l’œuf il y avait à peine une semaine. Carnet en main, le jeune Coach fit l’inventaire de ses effectifs. Les premiers membres de son équipe spéciale opération hôpital étaient trois Pokémon typiques de la région. Lazuli et Lapis étaient en effet deux jumeaux Azurill, étonnamment sages et dociles pour leur espèce. Ils se déplaçaient en sautillant sur leur petite queue comme s’il s’agissait d’un ballon de yoga et adoraient écouter des histoires en se balançant d’avant en arrière. Okédakor, quant à lui, était un bébé Okéoké qui avait toujours l’air joyeux. Les yeux toujours fermés, il ne cessait de se cogner contre des obstacles, ce qui le rendait particulièrement drôle. Il y avait également d’autres Pokémon moins locaux. Pechka, par exemple, était une petite Mélo de la région de Kanto. Elle était née à la Pension, mais les dresseurs de ses parents n’avaient pas décidé de la garder. Timide et craintive, elle ne se séparait jamais de son Teddiursa en peluche. Elle fredonnait cependant de douces comptines lorsqu’elle ne se rendait pas compte de la présence des autres. Le cinquième membre de l’équipe était quant à lui un Rozbouton nommé Flora. Alban l’avait surtout choisi parce qu’il diffusait constamment un parfum particulièrement apaisant. En dehors, il se laissait cajoler sans trop de protestations. Et enfin, le dernier était Prunille, un Togépi plutôt adorable qui se dodelinait sur sa coquille. Malgré son jeune âge, il représentait parfaitement bien son espèce. C’était une véritable éponge à émotions positives qui vous donnait l’impression de ne plus avoir de soucis.
Bien. L’équipe avait l’air plutôt performante, et ces bébés-là savaient déjà se tenir. Il les fit donc grimper dans un grand panier, et siffla ses propres Pokémon pour se mettre en route. Il devait avoir l’air drôle, avec ce panier rempli de bébés Pokémon qui regardaient curieusement autour d’eux. Certains habitants de Lavandia l’observèrent longuement en se demandant ce qu’il faisait avec cet étrange chargement. D’autres, le reconnaissant de la Pension, lui adressèrent un petit coucou de la main. Alban leur fit des sourires en retour, puis, au bout de quelques minutes de marche, arriva enfin devant l’hôpital. Il prit une grande inspiration et pénétra dans l’imposant bâtiment.
Habitué, il déambula dans l’allée puis alla se présenter au guichet. Il s’annonça, puis demanda à ce qu’on appelle Idalienor. La standardiste haussa un sourcil mais ne fit pas de commentaires quant à l’étrange panier qu’il transportait. Elle décrocha le combiné, composa un numéro, puis lui demanda de patienter.
Un peu nerveux, il s’assit sur un des sièges et ignora les magazines qui n’attendaient qu’à ce qu’on les feuillète. Maintenant qu’il était là, il se demandait si sa petite équipe se débrouillerait bien. Il n’y avait pas de raison… Malgré leur jeune âge, ces Pokémon-là étaient parfaitement capables de se tenir en société. En tout cas l’espérait-il… En réalité, les bébés Pokémon de la Pension ne voyaient pas énormément de gens, en dehors des Eleveurs. Peut-être auraient-ils un peu de mal à aller vers les malades ? Il se mordit la lèvre. Voilà qu’à force de trop penser, il se mettait à stresser…
Il n’eut cependant pas le temps d’y songer plus, car une ombre vint se planter devant lui. Levant les yeux, il reconnut le visage bien familier de sa colocataire. Il soupira de soulagement et lui adressa un sourire.
- Salut. Ça faisait longtemps qu’on ne s’était pas vus, hein ? plaisanta-t-il.
Je ne vais pas te faire l’affront de te demander comment tu vas, vu qu’on s’est quittés il y a 5 heures à peine… Quoique, il s’en passe des choses, en une matinée. Il se leva, panier entre les mains, et jeta un coup d’œil à ses protégés. La plupart des bébés s’étaient recroquevillés sur eux-mêmes en voyant un visage inconnu d’aussi près. D’autres, levaient une mine poliment intriguée vers la nouvelle arrivante. Bon. Bilan mitigé, mais ce n’était pas non plus catastrophique, hein.
- Ils sont un peu intimidés, pardonne-leur. C’est la première fois qu’ils voient d’aussi près d’autres gens que les Eleveurs de la Pension. Il leur faut un petit temps d’adaptation. Enfin bon... mignons, hein ? Qu’en penses-tu ?