On dit souvent d’Ange que c’est une étoile. Parce qu’elle brille, parce qu’elle est là mais en même temps distante. Comme une beauté lointaine qu’on peut qu’admirer sans toucher. Mais tu sais, une étoile, ça brille, ça scintille, et puis un jour ça s’épuise et ça meurt. Ange aime bien définir et tracer sa vie comme une étoile. Une étoile bien régulière à cinq branches, avec pour chaque branche, un souvenir. Alors Ange raconte son histoire par cinq souvenirs.
T’es sûr que tu veux la lire ? Ici y a pas de « il était une fois ». Ange croit que son histoire le mérite pas. Elle croit que c’est une phrase réservée aux belles histoires qui finissent bien. L’histoire d’Ange elle est pas belle. Et elle finit pas bien. D’ailleurs, elle finit pas du tout. Même si des fois elle voudrait bien que ça finisse.
T’es vraiment sûr ?
Premier souvenir
Le premier souvenir, c’est le plus chaud.
Parce qu’y a maman et papa, parce qu’y a la grande maison au milieu de la ville d’Ecorcia, à Johto. La maison coquette qu’Ange trouvait immense quand elle était petite. Le jardin où plein de pokemon jouent ensemble. La maison entourée d’arbres gigantesques, des arbres qui montent jusqu’au ciel et qui peuvent toucher le soleil. Et puis, juste derrière la maison, la falaise ; et la mer à perte de vue. Et y a maman dans la cuisine qui prépare ses gâteaux préférés. Et y a papa, dans le salon, qui regarde la télé. Papa et maman rient ensemble. Ils forment une parfaite harmonie, quelque chose qu’on voit rarement de nos jours. Un couple dont la symbiose est parfaite, qui semble s’aimer comme au premier jour. Ange aimait papa, elle aimait maman, tous les deux plus que n’importe qui.
Ange se souvient qu’elle aimait aussi les gens d’Ecorcia. Chaque fois qu’elle traversait la ville pour aller aux commissions, tous les habitants la saluaient. Ange se souvient qu’à cette époque, elle n’avait peur de rien. Elle se souvient des longues promenades dans la forêt. Des pique-niques avec papa et maman. Des heures passées à jouer dans le jardin avec les pokemons. Des histoires que papa lui racontait, quand elle était au lit mais trop excitée pour dormir, et qu’elle écoutait avec des yeux plein de rêves papa lui raconter comment il était devenu un super topdresseur. Et il lui expliquait que la vraie force des pokemons résident dans la complicité et la confiance avec son dresseur. Ça, Ange ne l’oubliera jamais, parce que papa y accordait une telle importance qu’il le lui répétait sans cesse. Et papa avait toujours ce cahier, ce cahier où il écrivait tout ce qu’il avait fait, toutes ses aventures. Papa lui avait promis qu’un jour le cahier serait à elle.
Ange se rappelle de maman qui coiffait ses cheveux courts, lui mettait des petites barrettes et lui chuchotait à l’oreille qu’elle aimerait bien qu’ils soient plus longs. Qu’elle pourrait lui faire plein de joli coiffures comme ça. Et Ange promettait de laisser pousser ses cheveux.
Ange se souvient qu’elle s’asseyait sur les bancs de la ville pour nourrir les pokemons sauvages. Ange se souvient qu’elle aimait déjà la vie à cette époque, qu’elle y accordait déjà sans le savoir une grande importance.
Ange se souvient qu’elle aurait aimé que ces jours heureux durent pour toujours.
C’est le plus beau souvenir de l’étoile. Tu veux connaître la suite ?
Deuxième souvenir
Le deuxième souvenir, Ange pense que c’est le pire.
Ange se souvient que c’était il y a environ deux ans. C’est il y a deux ans que son temps s’est arrêté. Elle se souvient que son père avait fait ses bagages, qu’il avait embrassé maman, qu’il avait serré tendrement sa fille dans ses bras. Chaque fois que papa partait en voyage, c’était le même rituel. Il partait toujours à la même heure, le même jour de la semaine, après les pauses qu’il s’accordait du même nombre exact de semaines. Et quand l’heure était venue, il repartait pour exactement le même temps. Ange était habituée à ça, et elle n’était pas triste. Parce qu’elle savait toujours exactement quand papa rentrerait.
Maman non plus n’était jamais triste. Elle le regardait toujours avec fierté partir pour son aventure, accomplir le rêve qu’il avait eu le courage d’entreprendre. Maman aimait papa quand il était là comme quand il n’était pas là. Maman et Ange se tenaient toujours debout face à la porte de la maison, et remuaient les mains en rythme pour accompagner leurs « au revoir » souriants et impatients de le revoir.
Mais cette fois-là, Ange sentit que ce n’était pas comme d’habitude.
Pourtant c’était encore le même jour de la semaine. La même heure. Le même bagage. Le même baiser à maman. La même étreinte. Les mêmes au revoir. Mais Ange se sentit bizarre cette fois-là. Et elle était restée immobile à regarder son père passer la porte, avec la sensation au cœur qu’elle ne le reverrait plus jamais. Pourtant maman retournait à la cuisine, les pokemons que papa n’emmenait pas avec lui jouaient dans le jardin, les habitants d’Ecorcia que papa croisait sur la route le saluaient puis retournaient à leurs occupations. Ange se souvient très bien s’être dit que c’était son imagination, et avoir vaqué à ses activités.
Mais encore aujourd’hui Ange se souvient parfaitement de cette dernière fois où elle a vu papa.
Ange se souvient que son père était parti depuis huit jours. Elle se souvient être rentrée des commissions au coucher du soleil comme d’habitude – oh ça oui, cette petite routine, elle n’est pas prête de l’oublier. Elle n’est pas prête d’oublier non plus qu’elle n’a pas trouvé maman dans la cuisine comme d’habitude. Elle se souvient avoir déposé le sac de commissions sur la table. D’habitude, elle prenait le temps de tout ranger. Mais cette fois, elle s’inquiéta de ne pas voir maman. Alors elle sortit de la cuisine, et n’eut pas à aller bien loin.
Ange se souvient parfaitement de ce qu’elle a ressenti à ce moment.
Ce moment où elle a trouvé maman effondrée. A quatre pattes sur le beau tapis vert du salon. Le pokématos à côté d’elle, à portée de sa main, comme si elle l’avait laissé tomber. Ange s’était approché, agenouillée près d’elle et avait doucement posé sa main sur son dos.
- Maman… ?
Maman avait sursauté et relevé la tête. Ange n’oublierait jamais les yeux de maman baignés de larmes et le visage ravagé par le chagrin. Ange était dans l’incompréhension totale. Maman était restée immobile pendant de longs instants. La maison était plongée dans le silence et l’on n’entendait que le souffle saccadé des sanglots de maman. Puis finalement sa voix meurtrie brisa le silence.
- Ange…
Prononcer le prénom de sa fille dut déclencher quelque chose chez elle qu’Ange n’avait pas très bien compris, mais aussitôt après l’avoir soufflé, elle éclata en sanglot et se précipita dans les petits bras frêles de sa fille. Ange ne bougeait pas. Elle restait là, interdite, à entourer maman de ses bras pour la consoler d’un mal qui la rongeait et dont l’enfant ignorait tout. Ange se souvient avoir eu très envie de savoir ce qui se passait, mais avoir tout de suite regretté quand elle l’a finalement su.
- Papa ne reviendra plus jamais…
Ange ne se souvient pas exactement comment elle a réagi à cette phrase. Mais ce sont des mots qu’elle ne parvient pas, encore aujourd’hui, à extirper de sa pensée. Elle se souvient n’avoir pas dit un mot. Elle se souvient que ses yeux se sont écarquillés. Elle se souvient de cette atroce sensation, cette impression que son univers entier venait de s’écrouler. Comme ces moments tragiques où l’on passe d’un instant de bonheur au plus profond des désespoirs.
Ange se souvient ne pas avoir bougé pendant plusieurs heures, être restée là, à genoux sur le tapis, à scruter le mur de la maison. Comme si on avait arraché son âme à son corps. Puis, sans qu’elle ne se souvienne comment, elle s’était retrouvée au milieu d’Ecorcia. Elle avait sans doute du sortir sans s’en apercevoir. Elle se souvient qu’il faisait nuit noire quand elle est revenue à elle, et que tout à coup, la réalité l’avait frappé de plein fouet au visage.
Ange se souvient avoir éclaté en sanglots, être tombée à genoux, avoir hurlé de chagrin. Elle se souvient avoir pleuré toute la nuit.
C’est la branche de l’étoile qui lui fait le plus mal au cœur.
Tu lis toujours ?
Troisième souvenir
Le troisième souvenir, c’est le plus silencieux.
Ange se souvient que c’est le jour des funérailles de papa. Elle se souvient que tout Ecorcia était là, et même des gens qu’on avait jamais vu. Ange sait que papa connaissait beaucoup de monde et qu’il avait beaucoup voyagé. Elle se souvient avoir apporté avec elle le cahier de papa, tu te souviens, celui où il écrivait toutes ses aventures. Ange ne s’en est jamais séparé, même aujourd’hui elle l’a encore, même s’il est tout abîmé, tout froissé, tout gondolé, et que la moitié des écrits y sont effacés. Ange se souvient qu’elle a serré le cahier contre elle pendant toute la cérémonie.
Ange se souvient que la cérémonie lui a paru une éternité. Elle se souvient que les gens ont parlé des circonstances de la disparition de papa mais qu’elle n’a pas écouté. Qu’elle n’a jamais voulu savoir comment et pourquoi son papa lui a été arraché, si brutalement, si injustement. Elle se souvient n’avoir pas dit un mot, n’avoir pas versé une larme. Elle se souvient avoir été comme une coquille vide, le regard livide, les muscles mous, la respiration profonde. Comme si elle était en train de dormir. Ange se demande encore si elle n’avait pas sincèrement espéré être endormie à ce moment-là. Être dans un terrible cauchemar dont elle allait finir par se réveiller.
Ange se souvient être restée avec maman tout le long de la cérémonie. Elle croit que maman était aussi vide qu’elle. Ou alors peut-être que maman a pleuré, discrètement. Ange se souvient plus très bien. Elle se souvient par contre avoir accompagné maman jusqu’à la sortie. Elle se souvient qu’elles ne se sont pas dit un mot. Qu’elles étaient aussi brisées l’une que l’autre. Elle se souvient qu’elles ont marché le long d’une route et franchi un pont qui enjambait une petite rivière calme. Ange se souvient avoir observé chaque être vivant, chaque pokemon qui passait. Et elle se souvient avoir commencé à leur en vouloir à tous d’être en vie alors que papa n’était plus là.
Ange se souvient avoir marché derrière maman, qui progressait d’un pas lent et incertain sur le pont. Puis maman s’est retournée, lentement, et a regardé Ange. Ange se souvient de ce regard, d’avoir eu l’impression que l’âme de maman avait quitté son corps. Et elle se souvient que c’est à ce moment-là, précisément sur ce pont, qu’elle a commencé à avoir peur de maman. Mais Ange ne se doutait pas que plus tard, elle aurait encore bien plus peur de maman.
- Qu’est-ce que c’est que ça ?
Le regard de maman s’était porté sur le cahier de papa, qu’Ange serrait toujours dans ses bras comme si c’était son bien le plus précieux sur terre. Et elle se souvient n’avoir jamais vu une telle concentration de haine, d’amertume et de rancœur dans les yeux de maman.
- C’est à cause de ce cahier, tout ça ! De ce cahier et de tout ce qu’il contient ! Ton père a toujours voulu jouer à l’aventurier, et maintenant à cause de ça il est mort ! Il est mort, tu entends ?! Mort !
Ange se souvient avoir sursauté. Avoir fait quelque pas en arrière à chaque mot que maman prononçait, puis s’être immobilisée. Elle se souvient avoir longuement scruté le sol du pont, avoir longuement cherché quoi répondre sans rien trouver de pertinent. « Oui, je sais que papa est mort », Ange se souvient avoir voulu dire ça sans oser le faire.
Ange se souvient que maman s’est approchée d’elle si vite qu’elle ne l’a pas vu. Qu’elle lui a arraché le cahier des mains si fort qu’elle n’a pas pu la retenir. Et qu’elle a jeté le cahier à l’eau si loin qu’elle n’a pas pu le rattraper.
- Papa !
Ange ne se souvient pas de ce qui lui ai passé par la tête à cet instant. Elle se dit que peut-être a-t-elle simplement eu peur de perdre la dernière chose qui lui restait de papa. Elle se souvient avoir tendu le bras pour rattraper le cahier, mais face à l’échec de cette tentative, avoir purement et simplement sauté pour se jeter à l’eau retrouver le cahier. Le cahier de papa.
Ange se souvient avoir cherché longuement le cahier dans l’eau. Elle croit se souvenir que maman l’a plusieurs fois appelée pour qu’elle remonte, lui a hurlé des horreurs, mais Ange n’a pas écouté. Elle se souvient avoir plongé à ne nombreuses reprises, avoir refusé l’aide des pokemon d’eau qui venaient voir ce qui se passait. Elle ne se souvient pas combien de temps exactement elle a passé dans l’eau glacée pour retrouver son trésor enfoui.
Ange se souvient que quand elle a finalement réussi à se hisser sur la berge avec le cahier entre les mains, il faisait déjà presque nuit. Elle se souvient aussi que maman n’était plus là quand elle est remontée sur le pont. Et que maman n’était pas non plus dans les pièces à vivre quand elle est rentrée à la maison.
Ange se souvient avoir trouvé maman dans sa chambre, seule dans cet immense lit où elle n’avait jamais paru si petite, à côté de la place vide à côté d’elle. Ange se souvient avoir eu l’impression que maman se noyait dans ce lit.
Ange se souvient que maman n’est pas sorti de sa chambre pendant très longtemps après ça.
Toujours là ?
Quatrième souvenir
Le quatrième souvenir, c’est le plus noir.
Ange a arrêté de voir les couleurs du monde après ça. Ange a commencé à voir le monde en noir et blanc. Ange a commencé à ne plus rien ressentir. Ça faisait un moment que ça durait, tu sais. Ça faisait un moment que maman était sortie de sa chambre. Maman avait finalement accepté le départ de papa. Maman était sortie. Maman avait passé plusieurs jours à se rhabituer à mener une vie normale dans la maison. Ange elle, avait dû s’y faire depuis un moment. Alors Ange aidait maman, elle essayait autant que faire se peut d’être normale, de ce comporter comme si c’était un jour ordinaire comme avant, quand papa n’était pas là mais qu’on savait qu’il allait rentrer.
Et maman laissait Ange lui parler. Maman laissait Ange lui sourire. Maman laissant Ange s’occuper d’elle. Maman se laissait faire. Sans rien dire. Sans bouger. Sans sourire.
Et la première gifle partit.
Ange ne sait pas vraiment, aujourd’hui encore, ce qui a pris à maman ce jour-là. Peut-être qu’elle cherchait un moyen différent d’extérioriser son chagrin, de chasser sa haine et sa douleur. Peut-être qu’elle pensait qu’Ange ne souffrait pas assez. Peut-être que faire souffrir était son moyen à elle de ne plus souffrir.
Ange se souvient être restée abasourdie. Mais elle se souvient aussi ne pas avoir eu le temps d’encaisser le premier coup, que déjà le suivant était parti. Puis le troisième. Le quatrième. Et une plus de coups s’abattit sur son petit corps sans qu’elle n’ait rien vu venir, et avait fini par la clouer au sol. Ange criait, pleurait, supplier maman d’arrêter. Et les coups continuaient, encore et encore, comme un orage sans fin.
L’enfer d’Ange a commencé ce jour-là.
Maman était devenue méconnaissable. Maman frappait Ange sans cesse. Dès qu’elle avait un moment de peine, de colère, de frustration, elle allait dans la chambre de Ange, tirait ses cheveux longs qu’elle lui avait interdit de couper, et la frappait à bras raccourcis des heures durant.
C’est un souvenir court, celui-là, parce que Ange ne veut pas s’en rappeler. Ange sait juste que si maintenant elle a peur du moindre bruit, du moindre mouvement, c’est parce que tout ce qu’elle voit, sent ou entend, elle a peur que ce soit maman qui vienne près d’elle pour passer sa colère sur son petit corps. Ange sait aussi que si elle n’arrive plus à parler, c’est parce qu’elle a trop crié. Que si elle n’arrive plus à marcher, c’est parce que ses jambes ont encore la trace des coups que maman lui flanquait.
Tu comprends mieux, maintenant ? T’arrêtes de te moquer, alors ?
Dernier souvenir
Le dernier souvenir, il est pas long non plus.
Ange se souvient que c’était une nuit. Ange se souvient qu’elle avait mal partout. Mal aux jambes qu’elle avait entendues craquer sous les coups de maman. Mal aux bras qu’elle avait utilisé comme bouclier. Mal à la gorge d’avoir pleuré.
Ange se souvient qu’elle ne criait plus, qu’elle ne se débattait plus. Qu’elle avait fini par trouver ça normal. Par en faire sa nouvelle petite routine. Ange avait fini par se dire que c’était son devoir de faire en sorte que maman se soulage de son chagrin. Même si ça faisait déjà deux ans que papa n’était plus là. Et presque aussi longtemps qu’Ange croulait sous les coups, les insultes et les moqueries des autres parce qu’elle n’arrivait plus à marcher ou à parler. De toute façon, Ange ne sortait presque plus de la maison. Maman voulait toujours savoir où elle allait, ce qu’elle allait faire, quand elle allait rentrer. Et si elle n’était pas là à l’heure prévue, elle allait la chercher et la ramenait à la maison en la tirant par les cheveux.
Ange se souvient pas vraiment de ce qu’elle a pensé cette nuit-là, cette pensée qui allait à l’encontre de tout ce qu’elle se forçait à croire depuis tout ce temps. Car Ange pensa pour la première fois que ce que maman lui faisait, c’était mal. Ange se dit qu’elle allait finir par mourir sous les coups. Pendant un instant, Ange se souvient que cette idée lui a plu. Que si maman la tuait, elle pourrait aller rejoindre papa. Mais finalement elle eut peur de cette idée.
Ange a peur de mourir.
Alors Ange se souvient avoir attrapé un gilet, fourré quelques affaires dans un sac, et être sortie. Elle se souvient avoir marché jusqu’au bout de la rue, puis jusqu’au bout de la ville. Elle se souvient que ses pas ont accéléré, et que tout à coup elle s’est mise à courir.
Ange se souvient avoir couru toute la nuit, avoir traversé plusieurs villes, plusieurs routes, sans savoir où elle allait, sans savoir si elle allait rentrer à la maison avant que maman ne se réveille. Mais elle se souvient que plus elle y réfléchissait, et moins elle avait envie de rentrer. Et moins elle avait envie de rentrer, plus elle s’éloignait de la maison.
Ange se souvient que le jour pointait à peine quand elle a aperçu le port.
Ange ne se souvient pas si on lui a expliqué quelque chose, si on lui a parlé de l’île ou pas. Ange ne se rappelle pas avoir demandé quoi que ce soit, Ange ne sait plus comment elle s’est retrouvée du port à Lansat. Elle se souvient juste d’avoir pris un ferry.
Ange s’est promis de tout laisser derrière elle. Mais les souvenirs restent agrippés à elle, comme sa terreur et ses blessures.
Ca sert à rien, d’être une étoile.