Ariel, doux nom qui ne cesse de déstabiliser ces êtres qui t'entourent, toi, petit homme aux airs androgynes. Toi au regard écarlate et aux traits aussi fin que seul un être divin aurait pu les dessiner. Tu es cette personne qui est tant difficile à oublier de par tes particularités physiques autant que par ta morphologie et ton physique. Alors que la plupart des hommes se démarque d'une taille assez haute et une musculature sportive, tu n'es rien de tout cela. Légèrement petit, ton corps est tout ce qu'il y a de plus gracieux et tes mouvements sont tout aussi délicats. Est-ce pour cela qu'on se demande quelques fois si tu es une demoiselle? Ou peut-être est-ce ta chevelure sombre attachée d'un ruban et ton regard souligné de longs cils?
Alors que certains hommes n'aiment guère se préoccuper de leur physique, tu en prenais extrêmement soin, tout comme une femme. Tu aimais prendre de ton libre afin de t'occuper de tes ongles, les nettoyant, les limant et rajouter un magnifique vernis rouge sur le dessus. Même ton doux visage méritait toute ton intention. Toujours bien coiffé, le mascara bien mis, des boucles d'oreilles d'or, tu attisais tout les regards sur toi et ignorais ces insultes racistes qu'on te jetait à la figure.
On pouvait même voir à quel point tu te préoccupais de ton physique dans des vêtements que tu portais. Souvent vêtu de noir, tu prenais beaucoup de temps pour choisir le tissu et son confort mais surtout, c'était toi-même qui dessinais tes habits, trouvant une certaine satisfaction à chaque fois que tu portais une tenue faite de tes propres mains. Et autour de ton cou, une longue écharpe rouge qui, pourtant, n'a jamais vu le jour sous tes doigts.
Et malgré tout cela, tu ne t'es jamais montré narcissique. Tu aimais tout simplement la beauté qui t'entourait et voulais, de tes doigts, pouvoir la modeler afin de la montrer aux autres. Il y avait ce plaisir inlassable d'aider tes camarades à s'occuper de leur physique et d'offrir une finesse à ceux qui souhaitaient la voir. L'esthétique était pour toi quelque chose d'indispensable à ta vie et tu ne pouvais t'empêcher de tout remettre dans l'ordre, quoique c'était. Il n'était pas rare de te voir couper et coiffer les cheveux de tes compagnons. Tu étais toujours inspiré et il n'était pas difficile de voir à quel point l'art était ta passion.
Tu as toujours été quelqu'un de très sociable, toujours souriant, une main tendue à ton prochain. Même si la personne a toujours été méchante auprès de toi, tu fermes les yeux, le coeur ouvert. Tu as beaucoup de compassion et te montre à l'écoute de n'importe quel souci. Malgré tout, tu fais attention à certaines activités qui pourraient te blesser où gâcher ton physique de mannequin.
Tu te retournes, un peu fatigué et lasse d’attendre. Le bruit incessant de l’horloge t’empêche de trouver le sommeil dans ton lit. Et pourtant, il fait jour, un léger rayon filtrant derrière les rideaux de ta chambre. Tu n’en peux plus de ces longues heures qui semblent être bloquées dans le temps. Tu finis par te lever, déposant avec délicatesse un pied sur le sol froid de la pièce. Ton corps tremble légèrement alors que ta tête se tourne vers une photo posée sur ta table de chevet. Inconsciemment, ta main se porte vers le cadre et le prend doucement vers toi. La photographie représentait une jeune femme et toi très jeune. Tu avais sûrement cinq ou six ans et tu te retrouvais dans les bras de cette personne qui était ta mère. Vous étiez très proche l’un de l’autre. Elle était directrice d’une maison de haute couture située à Romant sous-bois. Malheureusement, ces derniers temps, celle-ci était tombée gravement malade et avait été hospitalisé. Tu étais donc gardé par ton grand-frère, de dix ans de différence. Tu ne l’avais pratiquement jamais vu car en réalité, il était le fils de ton père et non de ta mère, ce qui en faisait un demi-frère. Mais il était très intentionné et s’adonner à la photographie. Alors que cette personne qui t’avait engendré, tu ne le connaissais que par des paroles ; un coureur de jupons. Un père dont tu n’avais aucun intérêt.
Tu reposes avec douceur la photo sur ta table et finis par descendre des escaliers afin de rejoindre ton aîné. C’était une grande maison que tu avais là. Après tout, tu étais l’héritier de ta mère et la richesse ne faisait que de te tomber entre les mains. Mais tu ne te préoccupais guère de cet argent, tu étais trop concentré sur ta pauvre mère que tu te tombais peu à peu malade à ton tour.
Arrivé dans le salon, tu remarques que ton grand-frère était occupé à travailler avec deux des pokémons ses pokémons et ceux de ta mère. Tu ne veux pas les déranger et préféras chercher quelque chose à manger dans la cuisine. Il t’avait laissé un mot « J’ai préparé le repas, dans le frigo. Suffit de réchauffer, bonne app’ petit frère » sur la porte du réfrigérateur. Tu ouvres et remarques que ton frère t’a laissé de quoi te nourrir dans une assiette que tu mets aussitôt dans le micro-onde. Alors que tu attendais patiemment que le plat se chauffe, celui-ci finit par t’appeler.
« Abel ? Tu es enfin descendu ? »
Tu hoches doucement la tête sans te retourner. Puis le petit bruit de la machine annonce ton assiette. Tu finis par regarder ton grand-frère, il avait des cernes aux yeux lui aussi. Mais il ne semblait pas s’inquiéter pour ta mère.
« Écoute, tu te fais du mal pour rien en travaillant à la place de ta mère et tu ne dors quasiment plus. Du coup j’ai pris l’initiative de chercher une école qui pourra te changer les idées. C’est sur l'île Lansat. Et pendant ce temps, quelqu’un d’autre s’occupera de ton entreprise. »
Tu penches la tête de côté, pas totalement convaincu de quitter Romant sous-bois pour une destination inconnue. Et tu avais beaucoup trop de travail suite à l’hospitalisation de ta mère. Etant un jeune garçon responsable, tu t’étais chargé de dessiner tous les nouveaux modèles pour le prochain défilé. Tu te refusais donc à aller dans cette école.
Soudain, tu fus pris de vertige et tomba au sol. Ton frère accourut ainsi qu’un des pokémons de ta mère. Le souffle de la créature passe dans ton cou et finit par reculer puis fixer ton ainé. Alors tu compris que tu te mettais trop de pression. Que tu devais pour ton bien et ceux de ta famille rejoindre cet endroit. Tu te replis sur toi alors que tes longs cheveux dégringolent sur tes bras.
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« Tu es prêt, petit frère ? »
Un énorme sac à la main, tu regardes la longue file d’attente pour l’avion se dirigeant sur l’île où se trouvait ta future école. Tu ne te sentais pas de partir loin de chez toi, loin de ta mère et ton frère qui avait tant pris soin de toi ces derniers temps. Après quelques jours, ton frère t’avait finalement inscrit à l’école et avait parler avec ta mère sur ton départ. Tout était désormais en ordre et tu avais fait la veille ta valise.
« Tu me promets de veiller sur Mère ? »
« Promis Ariel. On t’enverra des lettres postales. »
Tu souris avant de te retourner vers l’avion, versant une larme. Tu ne voulais pas qu’il voit à quel point tu allais mal. Puis tu te mis à courir pour rejoindre la file, espérant qu’il ne t’arrête pas pour te consoler. Tu ne savais pas comment tu allais t’en sortir là-bas, toi qui a vécu dans un petit endroit douillet et de toute beauté.
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Le vol s’était très bien passé malgré tes larmes. Tu es encore jeune après tout et c’était normal de se sentir mal en quittant tout ce que tu connaissais. Il t’a fallut un petit moment afin que tu te remettes de ton état et avais rendez-vous avec le collectionneur. Assis face à lui, répondant aux questions, tu attendais patiemment de finir tous les papiers. Tes mains tremblent légèrement, montrant une certaine nervosité jusqu’à ce qu’il sorte une pokéball et la mette devant toi.
« Voici ton nouveau compagnon. Tu peux choisir son nom toutefois, la tâche avec lui ne sera pas facile. Il appartenait à un ancien dresseur et a été gravement blessé… Il ne fait confiance en personne »
Tu relèves la tête, un peu surpris par la proposition du collectionneur. Pourquoi donner un pokémon si associable ? Mais tu baisses le regard en signe de remerciement et te lève, la sphère entre les mains. À peine le contact avec la pokéball que tu ressentis la peur qu’avait la créature enfermée à l’intérieur mais tu te disais que c’était le destin qui en voulait ainsi. Tu la portas à ton cœur, fermant les yeux. Peut-être en s’occupant de ce pokémon, tu guériras ta mère de ton énergie ?