Il y eut un bruit.
Léger, presque imperceptible mais suffisamment pour faire tendre l'oreille à la rousse. Ankou s'en était déjà allé voir, lorgnant l’œuf à la coquille fracturée. Ce même œuf quelque peu délaissé par la demoiselle contrairement à ceux qui avaient vu naître Django et Chayana. La demoiselle s'accroupit, ignorant tout du Pokemon qui allait lui faire face. Son cadeau de Noël allait finalement lui être révélé. Les éclats tombaient, brisés et tranchés, avant que deux griffes longues et aiguisées ne viennent finalement la saluer, suivies de près par une plume rouge. Il avait tout d'un indien. Son regard hébété allait du reptile à la gitane, se demandant presque ce qu'il faisait là. La demoiselle sortit son iPok pour apprendre davantage sur ce Pokemon inconnu.
À peine ce geste effectué que déjà le double-type avait bondi près des mur, ses griffes rayant le papier peint avant d'y tracer des lettres puis des mots, puis une phrase. Le tout ne voulait rien dire du tout. Et il ruinait un peu plus l'architecture de la chambre.
— Va écrire sur du papier plutôt que sur les murs, le poète !
Oh elle ne pensait pas si bien dire.
Le lyrisme embarqué avec lui, le Farfuret fit un trou minime à travers la porte, laissant un peu de lui et son empreinte sur cette chambre qu'il apprivoisait. Le Abo sifflait à ses côtés. Si lui avait mangé l’œuf le premier jour de son arrivée, le chaos ne se serait pas invité par ici. Heureusement qu'Erika était absente mais cela n'arrangeait en rien les affaires de Salomé.
Le farfadet bondit, se saisissant d'un livre abandonné qu'il lança au plafond avant de le laisser s'empaler le long de ses griffes jumelles. Il riait à sa manière, du papier désarçonné et déséquilibré, les feuilles s'envolaient en confettis pour charrier la mine confuse de la rousse. Adieu le livre emprunté à la bibliothèque. La couverture tomba, dévoilant le titre d'Absalon, Absalon! en lettres manuscrites.
— Moi non plus je pige rien à cet auteur mais c'est pas une raison pour bousiller une de ses œuvres...
L'enragé ne l'écoutait pas. Le roman délaissé, il avait faussé compagnie aux bras tendus de la Givrali qui tentait tant bien que mal de l'attraper. Sa nouvelle cible : le lit de la Spé Type. Des draps en passant par la couette et les taies d'oreillers, toute la literie venait de passer sous les griffes du Farfuret. Le serpent chromatique siffla un peu plus. Lui aurait pu éviter un tel massacre. Maintenant, c'était trop tard. Algernon slalomait entre les poussières blanches. Il neigeait en intérieur grâce à l'indien fou. Il ne s'en lassait pas mais la rousse l'attrapa, craignant une réaction trop vive de la part du Grifacérée. Au moins faisait-il honneur à sa famille.
Un autre bruit maintenant.
Le sauvageon fut le premier à réagir, portant un nouveau coup à la porte, la trouant encore, perforant le bois sans se soucier de la vie qui se trouvait derrière. La rousse bondit pour arrêter le Pokemon fou mais ne put que constater l'ampleur des dégâts. Un trou béant gisait le long des rainures, dévoilant le Caninos au garde à vous au sol. La Médecin avait presque oublié son rendez-vous du jour avec la naissance du Pokemon démoniaque. Plutôt que d'ouvrir la porte, la demoiselle s'approcha du trou, le nouveau-né entre ses bras pour le contenir malgré tout :
— Salut Yuna, juste deux minutes et je viens t'ouvrir !
Le Minidraco ne perdit pas de temps, filant à la première écoute du nom de la bleue. Lui venait de se faufiler par le trou fraîchement créé. Le Farfuret échappa finalement à sa dresseuse, repartant saccager davantage sa chambre. Au moins avait-elle une vue sur le couloir désormais. Merveilleux cadeau.
La rousse se redressa pour ouvrir de manière convenable la porte, découvrant le serpentin bleu enroulé autour de la jambe de la Givrali. Le Picassaut n'avait pas perdu le temps et avait suivi le mouvement à son tour. Peut-être y avait-il moyen de faire passer le Farfuret pour le Minidraco aux yeux de l'oiseau ? Non il était retardé mental, certainement pas stupide.
— Dovah est à toi, sa pokéball est sur mon bureau. Fais pas gaffe au bazar, juste un œuf qui a éclos y a pas longtemps, je crois que j'ai touché le gros lot, encore une fois.
Un Pokemon destructeur. Voilà ce que lui évoquait ce Farfuret. Peut-être avait-il juste besoin d’être canalisé. Pour le moment, il continuait de graver runes et lettres étranges contre les murs, comme si la pièce entière était une feuille vierge sur laquelle écrire son histoire.
— J'ai parlé à Erika, tu sais, la Spécialiste du type Fée, elle devrait arriver d'un moment à l'autre.
La rousse n'avait pas hâte. Sa colocataire allait vite se rendre compte que la pièce à vivre avait servi de défouloir. Qu'est-ce qu'elle allait bien pouvoir lui raconter ? La vérité ? Oh non, trop surfait.HRP :Eclosion de l'oeuf de Farfuret (merci Ilea) !
Don de Minidraco Caché à Yuna Akabara
Les pattes liées, le Farfuret s'agitait pour tenter d'échapper à ses chaînes. Les Pokemon de la rousse observaient avec curiosité ce nouveau venu, à l'exception du Picassaut qui continuait de porter un intérêt trop grand pour le Minidraco. La rousse se laissa tomber au sol, fatiguée qu'elle était d'avoir livré bataillé avec cet énergumène démoniaque. Les débris de coquille traînaient encore sur le bureau comme seul souvenir de la naissance du double-type. Elle s'était attendue à tout sauf à cela. Elle en viendrait presque à songer que la personne qui lui avait offert un tel cadeau lui voulait du mal alors qu'elle lui était inconnue au premier abord.
Comme si le cauchemar ne suffisait pas, le nouveau-né réussit à se détacher de ses liens à force d'acharnement et de persévérance. La liberté au bout des griffes alors qu'Erika avait choisi ce moment pour faire son entrée, non sans hurler face au chaos environnant. Encore une personne à qui elle allait devoir tout expliquer.
— Cadeau de la part de mon Père Noël secret. Une certaine Ilea Alezar, si je me souviens bien. Je sais pas trop ce qui lui est passé par la tête quand elle a opté pour cet œuf. Peut-être qu'elle ignorait ce qu'il contenait ? Ou peut-être qu'elle m'en veut pour quelque chose que j'ignore ?
C'était pire encore.
Voilà que son nombre d'ennemis augmentait sans qu'elle ne comprenne pourquoi. Elle avait déjà suffisamment à faire avec ses rivaux connus et définis sans en plus en ajouter de nouveaux à la liste.
Elle aurait mieux fait de s'abstenir de participer à ce maudit jeu de Noël, au moins aurait-elle évité un Pokemon pareil.
Le Farfuret avait fini par leur fausser compagnie, pisté par la Rondoudou et la Korillon d'Erika. Salomé se doutait que ces deux-là ne parviendraient pas à l'arrêter ; gare aux coups de griffes perdus. Elle l'entendait gratter depuis l'armoire. Celle de sa colocataire, pour ajouter un peu d'horreur au scénario. Désolée d'avance pour les vêtements de la Topdresseur. La demoiselle mit un doigt devant sa bouche, intimant le silence aux deux autres tandis qu'elle se faufilait discrètement vers la penderie. La porte ouverte, elle ne vit qu'un trou à la place du sol. Cela continuait de gratter et de creuser plus profondément sous le plancher.
— Bon j'ai une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne, c'est que tes vêtements sont saufs, Erika. La mauvaise, c'est qu'il se trouve maintenant sous nos pieds.
À peine venait-elle de dire cela que l'équipe de choc chargé de ramener le Griffacérée venait de plonger à sa rencontre, par là même où il s'était enfui. Au moins étaient-elles obéissantes à leur dresseuse contrairement à la plupart des membres de l'équipe de Salomé.
— Je m'occuperai de tout nettoyer plus tard, d'accord Erika ?
D'accord ou non, cela revenait au même. Elle espérait juste que le fauteur de troubles ne trouverait pas de nouvelles bêtises à faire d'ici là. Loin de sa surveillance, livré à lui-même, une part d'elle espérait que les deux traqueurs parviendraient à lui mettre la patte dessus, le plus tôt serait le mieux.
La demoiselle s'assit sur son lit respectif, retrouvant le livre endommagé. Peut-être qu'avec un peu de scotch.. ? Beaucoup de scotch à en voir les pages volantes qui luttaient face à celles percées. Des petits trous ici, des petits trous par là. Elle se demandait bien comment elle allait réussir à ravoir ces marques de griffures sur les murs. Peut-être devraient-elles apprendre à vivre avec ?
— Yuna, future Spé type Feu et Erika, spécialiste du type Fée.
Là, les présentations correctes étaient faîtes. Il était toujours étrange de parler d'Erika en tant que spécialiste du type Fée au vu du peu de Pokemon de ce type qui parsemait son équipe. Au premier coup d’œil, c'était tout sauf évident, contrairement à celle de Yuna, bien que restreinte encore, laissait entrevoir une nette dominance de son type à venir.
Le chaos menait une dure loi dans la chambre. Assise, Salomé contemplait l'anarchie qui s'était invitée chez elle. L'anarchie répondait en la personne du Farfuret, toujours invisible sous leurs pieds, pourtant elle l'entendait gratter. Cela ne signifiait rien de bon.
Elle n'avait pas le courage de se lancer dans des explications concernant Ilea et le Secret Santa, au moins pourrait-elle toujours demander davantage de précisions à Erika quant à son père Noël secret et ce qu'elle savait d'elle. Car la Topdresseur paraissait la connaître véritablement, elle.
D'une oreille distraite, la Médecin écouta l'échange entre les deux Givrali. Là, elle était larguée. Complètement. Elle n'avait rien saisi au discours de sa colocataire qui lui paraissait encore plus obscur que la couleur de peau de son nouveau Pokemon. Elle eut un regard pour Yuna, scrutant son visage pour voir si ce charabia lui était familier. Mais la rousse tiqua face à la question de la spé Fée. Vrai que même si elle était adressée à la seconde Topdresseuse, rien n'empêchait de fournir une réponse, quoique partielle :
— Tu te souviens de mon Minidraco ? lui pointa Salomé du doigt, ben c'est lui qui l'a trouvée dans la salle commune. D'ailleurs, il n'est plus à moi désormais mais à Yuna.
Comme s'il avait été véritablement un jour à elle.
Algernon s'ébroua en entendant les paroles de sa dresseuse. Il n'avait toujours pas quitté la tête reptilienne de Dovah, perché qu'il était là-dessus comme un capitaine en son navire. Dire qu'elle donnait un Pokemon doux et attentionné pour se retrouver avec la naissance d'un Farfuret aussi démoniaque que destructeur. Elle y perdait complètement au change, cela ne risquait pas d'être Erika qui affirmerait le contraire. Le calme et la plénitude de leur chambre risquait d'être un lointain souvenir pendant au moins quelques jours.
Le double-type fit une entrée fracassante depuis le sol ; planches entre les griffes. Super. Maintenant la chambrée possédait un passage secret allant de l'armoire au centre de la pièce. Comme si c'était utile pour qui que ce soit. Le fauteur de troubles s'acharnait contre le bois encore coincé sur ses pattes antérieures tandis qu'une troupe de Pokemon lui tombèrent dessus. La cavalerie arrivait un poil trop tard.
— C'est bon, laissez-le.
Avec les griffes dans le bois pour le moment, il ne risquait pas de recommencer de sitôt. Elle attrapa le Farfuret et le posa sur son lit, telle une poupée de chiffon. C'est qu'il faisait son poids, le bougre ! Et pour plus de délicatesse, la Médecin balança le bouquin désormais hors d'usage pour que le nouveau-né soit libre d'en faire ce que bon lui semblait comme le lire ou... le lire, au vu de son incapacité à détruire dans l'immédiat.
La Pokéathlète balança ses jambes hors du lit pour reprendre pied avec le sol. Elle savait lorsqu'il était temps de tirer sa révérence ; c'était un de ces instants qui se concrétisait. Elle passa devant son starter qui n'avait pas bougé d'une plume, indifférent au départ de sa dresseuse. La demoiselle s'accroupit pour avoir l'oiseau en face des yeux et être au plus proche du Minidraco. Elle ne pouvait pas laisser la Givrali rentrer ce soir avec le type Vol, en plus du Dragon. Deux Pokemon pour le prix d'un, hors de question. Et puis, il s'agissait d'Algernon. On ne donne pas Algernon.
— Il va falloir que tu dises au revoir à Dovah, lui confia-t-elle sans savoir si le retardé mental la comprenait véritablement, il ne sera jamais très loin, juste à quelques chambres d'ici...
Elle ne savait même pas où se trouver la chambre de Yuna. Peut-être était-elle en train de mentir à son starter quant à la localisation exacte du Minidraco.
— Puis tu peux toujours te percher sur la tête d'Ankou si ça t'amuse, lui-aussi ressemble à Dovah, mais en plus rouge et en plus... serpentin.
Trop bonne idée de le précipiter vers les crochets de l'Abo. Salomé Cobal, best dresseuse ever.
Pourquoi ne pas parler aussi du Farfuret ? Dovah part, le double-type arrive... L'ordre des choses est rétabli. Ou presque.
Elle eut un regard implorant vers Yuna. Le Picassaut n'avait toujours pas bougé de la tête du dragon bleu. Au contraire, il paraissait plus déterminé que jamais à ne jamais lâcher le Pokemon terrestre. Un coup de main ?
Regard noir en direction de Erika.
Une attaque Damoclès et puis quoi encore ? Les Topdresseurs étaient-ils incapable de penser autrement que par la force ? La rousse leva les yeux au ciel, préférant ignorer cette remarque futile. Heureusement que Yuna avait pris les choses en main, tentant de parler avec Algernon comme si de rien n'était. L'oisillon tourna sa tête vers elle, l'écoutant sans qu'aucune des jeunes filles ne sache ce qui se jouait dans son esprit retardé. Il enfonça davantage ses serres dans le crâne du Minidraco ; il allait finir par lui faire mal à force.
Salomé hocha la tête face à l'idée de sa colocataire. Un truc qui lui plaisait, hein ? Elle ignorait si ce serait suffisant au vu de la situation mais la demoiselle se tourna vers la collection de pierres du type Vol désormais recouverte d'une fine couche de poussière. La gitane souffla dessus et attrapa un caillou simple pour le montrer à Algernon. Son starter parut intéressé d'abord avant de finalement tourner la tête face à cette offrande trop commune. Salomé reposa la pierre sur l'étagère et remarqua du coin de l’œil le collier à la pierre bleutée qui trônait autour du cou de la Spé Fée. Ça, ça ferait l'affaire. Elle s'approcha de la nuque de son amie pour finalement détacher le pendentif et le tendre à Algernon.
— C'est pour la bonne cause, Erika !
La rousse agita le bijou sous les yeux de l'oiseau qui paraissait comme hypnotisé par l'éclat bleuté de la pierre. Un saphir, peut-être ? Sûrement un objet de valeur, comme la plupart des affaires de la demoiselle. Mais au diable l'argent dans l'immédiat, Salomé lui en offrirait un nouveau s'il n'y avait que cela pour la satisfaire !
Algernon prit son envol, attrapant depuis son bec la pierre d'azur tandis que la rousse tenait l’extrémité de la chaîne. Elle avait ferré un Picassaut.
— Je te le rendrai plus tard... S'il ne l'a pas mangé d'ici là. De toute façon des comme ça, t'en as sûrement une dizaine, non ? Ça devrait pas être trop facile de le remplacer.
Le Picassaut continuait de s’accrocher fermement à la pierre précieuse. Elle avait désormais disparu dans son bec, seule la chaîne d'argent tenue par Salomé était encore visible. Il se débattit, tirant sur la chaîne pour en détacher le caillou mais ne rencontrait qu'une résistance accrue.
— Je vous laisse entre vous... Et je vous laisse aussi mon Farfuret ; il devrait pas être trop difficile à gérer pour vous deux, surtout avec une future Spé Feu dans le lot, hein ?
Elle les abandonna là, ainsi que le nouveau-né aux pattes toujours emprisonnées par le bois. Mais plus pour longtemps au vu de sa fougue et sa hargne à se débarrasser de ces menottes improvisées. La Givrali préférait ne pas être dans les parages lorsque cela arriverait. Alors elle ferma la porte, se décidant à s'éloigner quelques temps pour permettre aux deux filles d'échanger sur leur parcours commun ; cette conversation ne la regardait pas.
Elle entendit un bref craquement et observa la chaîne désormais entre ses mains, sans pierre en guise d'ornement en son centre. Il y en avait un qui était heureux.
— Alors ça a quel goût un saphir d'Erika ?
Sûrement un goût unique car l'oisillon n'en laissa pas un morceau.HRP :Fin du rp pour Salomé ; vous êtes libre de le continuer entre vous si vous le souhaitez!
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