Ft. Salomé Cobal à l'élevage familial d'Évoli de Lansat le Vendredi 4 mai 2018 |
Mais qu'est-ce qu'elle faisait là ?
Aux prises avec une femelle Evoli déterminée à protéger ses petits sans permettre à Salomé d'approcher la main de l'un d'entre eux. Elle s'était montrée pleine d'assurance un peu plus tôt devant l'éleveur qui avait demandé les services d'un Médecin – et la voilà qui accourait sur ordre de l'Académie, nul doute qu'elle avait su faire bonne impression auprès de la directrice suite à sa précédente mission ou qu'Idalienor était absente, au choix – mais désarmée face à un Pokemon qu'elle connaissait à peine.
Son Picassaut sur l'épaule ne lui était pas d'un grand secours et la Germignon attendait que sa dresseuse fasse un minimum son travail en attrapant le nouveau-né mal en point mais c'était sans compter sur l'instinct maternel de l'Evoli femelle qui prenait le dessus, montrant les crocs et grognant à la première main un peu leste.
Lasse de se battre contre ce Pokemon, la rousse appela à l'aide son Farfuret et son Abo, tous deux s'échappant de leur pokéball respective en un filet rouge. Ankou glissa vers la cheville de la Givrali tandis que Faulkner battait des paupières, aveuglé par la lumière du soleil naissant mais son regard se pencha finalement sur les coquilles d’œufs brisés, il ne mit pas longtemps à comprendre ce qui se tramait ici.
— Filez-moi un coup de main, et sans toucher aux œufs de préférence, ils ne sont pas pour vous !
Le reptile s'enroula autour de la mère agaçante, laissant le champ libre à Salomé pour s'occuper finalement de l'Evoli. Elle l'ausculta, l'observa marcher ainsi que sous toutes les coutures. Peut-être était-il un peu plus petit que les autres de la portée mais c'était là son seul problème, rien de bien grave.
La demoiselle piocha dans sa trousse de soin pour en ressortir plusieurs herbes médicinales. Cela lui permettrait d'être en forme pleinement et de regagner du tonus. Elle en attrapa une qu'elle donna au petit qui la refusa d'abord. La Médecin leva les yeux au ciel devant ce caractère difficile et lui mit de force dans la gueule sans prévenir :
— C'est pour ton bien alors mange-la !
De la bave d'Evoli au bout des doigts mais l'herbe venait d'être avalée, c'était déjà ça. La demoiselle se laissa tomber au sol, rangeant ses affaires pour observer l'étui contenant les herbes médicinales. Il y avait un truc qui n'allait pas. Pas du tout.
Elle eut un regard pour le jeune Evoli, désormais immobile, les yeux observant avec passion quelque chose d'invisible devant sa truffe. Il paraissait presque mort à le voir ainsi et capable d'apercevoir tout ce que les autres ne pouvaient pas voir.
Alors elle se souvint qu'elle avait créé une herbe médicinale à partir des cultures de Carole, culture bien que médicinale, tout aussi hallucinogène. Elle comprenait mieux l'odeur forte qui se dégageait de la gueule de l'Evoli maintenant, celle-là même qui imprégnait ses doigts et paraissait déteindre sur les autres herbes.
— Reste pour le veiller, Chayana. Ce serait dommage qu'il nous lâche maintenant.
Le type Plante s'allongea face à l'Evoli défoncé qui se roulait désormais dans l'herbe mais avec une lenteur extrême qui la faisait soupirer. Elle se demandait bien ce que celui-ci voyait avec l'herbe spéciale ; il est vrai que Salomé n'avait pas encore testé l'un des échantillons qu'elle avait créé, ni sur elle, ni sur aucun d'entre eux. Voilà que le nouveau-né servait de cobaye à cause d'une corpulence plus faible que celle de ses frères et sœurs.
Le serpent rouge lâcha finalement le corps de la mère qui s'interposa entre son petit et l'humaine. Il faut croire qu'elle n'avait pas beaucoup apprécié l'étreinte un peu trop affective du chromatique rouge.
La demoiselle rangea le tout avec l'envie de partir le plus discrètement possible. Il suffisait de poser un regard sur l'Evoli pour comprendre que son cas avait empiré ou du moins qu'il n'était pas dans son état normal.
Algernon ne put s'empêcher d'aller coller sa frimousse contre le badge fraîchement acquis par la rousse ; lui se souciait peu du message « Pour la préservation de Lansat » mais avait définitivement craqué sur le Picassaut qui illustrait en fond le badge. Alors la demoiselle s'était laissée tenter, ne pouvant se mettre en travers de l'idylle de son starter avec un Picassaut sur pin's. Elle avait acheté cette camelote trois fois rien, de toute façon au vu du message, elle avait tout à gagner à rester bien vue par A2P, au moins jusqu'à ce que l'association ait fait le nécessaire pour rendre une visite de courtoisie à Logan.
Le jeune éleveur repéra Salomé alors qu'elle se faufilait à la recherche de son Farfuret qui lui avait faussé compagnie, tout comme le Abo qui n'avait pas perdu de temps sitôt sa tâche terminée. Et merde. La gitane préférait ne pas imaginer ce que ce duo de malheur pouvait causer comme dégâts au sein d'un tel élevage ; plus qu'à espérer qu'il n'y ait aucun œuf ou qu'ils aient tous éclos.
Et pourquoi Evan gueulait-il autant ? Elle n'était pas sourde. Deux jeunes femmes accompagnaient le blondinet, bien habillées dans des tenues exotiques et peu communes, la demoiselle s'approcha pour les saluer et répondre à Evan :
— Il va bien, trancha l'étudiante, il lui faut juste énormément de repos alors évitez d'aller le voir avant quelques heures, la main humaine n'est pas nécessaire pour le moment, et puis, j'ai laissé un de mes Pokemon veiller sur lui en attendant.
Il lui faudrait au moins ça le temps qu'il redescende.
Algernon, lui, ne perdit pas de temps et alla saluer les deux arrivantes en tournoyant au-dessus de leurs têtes, comme à son habitude avant de s'attarder un peu trop sur le pin's respectif de la blonde mais de l'ignorer en se rendant compte qu'il n'y avait aucun confrère imprimé dessus, juste un message qu'il ne comprenait pas, différent de celui de sa dresseuse à première vue.
Salomé tiqua face à l’appellation subite de docteur mais ne fit aucun commentaire ; enfin quelqu'un qui reconnaissait ses capacités dans le domaine ! Elle se tint davantage droite, croisant le regard de la blonde :
— Docteur Salomé Cobal, à votre service !
— Maintenant que vous avez fini, peut-être voudriez-vous visiter le reste de l'élevage en compagnie de ces deux charmantes personnes, Kaede, une geisha avec qui ma pension travaille depuis de nombreuses années et son apprentie, Erika.
— Enchantée !
Même s'il fallait avouer que la gitane n'était pas sûre de savoir ce qu'était une geisha ou d'en définir son rôle au sein de l'île, il fallait reconnaître que les deux femmes étaient bien habillées, des parures qui semblaient uniques et faites main tandis que la Médecin, elle, faisait tâche dans ce décor avec ses mains encore parsemées de gants en caoutchouc, son jean désormais maculé de terre suite à ses pérégrinations pour capturer l'Evoli malade, sa traditionnelle blouse blanche et ses cheveux relevés en une queue de cheval désespérément simple.
— Commençons par les nids et les couveuses, vous verrez, tout a été modernisé depuis votre dernière visite, Kaede !
Qui dit nid ou couveuse signifie œufs, n'est-ce pas ?
Et donc nourriture à profusion pour un Abo et un Farfuret un peu trop gourmands.
Plus qu'à espérer qu'Evan ne tenait pas tant que ça à ses œufs car son stock risquait d'être au moins divisé par trois avec deux amateurs de coquilles pleines en liberté.
Ft. Salomé Cobal à l'élevage familial d'Évoli de Lansat le Vendredi 4 mai 2018 |
La rousse observait les environs sans réellement prêter attention aux détails fournis par Evan. Non pas que son discours était ennuyeux mais elle n'oubliait pas que deux prédateurs étaient lâchés dans cette cour immense, sans aucun moyen de retrouver l'un ou l'autre avant qu'ils ne mettent la patte sur des œufs, chose qui devait être assez aisée au sein de cet élevage. Et elle se voyait mal hurler le nom de ses Pokemon alors que trois inconnus l'entouraient et se poseraient immanquablement des questions.
Entre ça et le Evoli complètement hagard, autant dire que le jeune homme avait touché le gros lot avec Salomé en Médecin.
La visite commençait avec toujours plus de réponses de la part du garçon tandis que la Givrali gardait un silence partagé avec la jeune blonde.
Et comme si cela ne suffisait pas, voilà que l'éleveur sollicitait son attention pour donner un avis quelconque sur l'ensemble de l'élevage. Mais qu'est-ce qu'elle en avait à faire, de son élevage ? Là elle essayait de retrouver ses Pokemon, pas besoin de s'extasier devant des parcs pour Evoli ou des couveuses modernes.
— C'est heu... très ergonomique tout ça, et ces installations sont pensées pour respecter au mieux les Pokemon donc c'est... parfait.
Tout le monde avait l'air content. Elle aurait presque pu lâcher deux-trois termes propres à son jargon que ça aurait été du pareil au même. Mais au moins maintenant elle pouvait se concentrer sur sa quête du Farfuret et de l'Abo. Quête qui paraissait prendre une nouvelle dimension avec l'annonce d'Evan et de leur arrivée aux couveuses.
Quelques regards à droite puis à gauche puis la rousse se sépara du trio, allant suivre son bout de chemin. Tant pis pour Evan et les geisha, aussi belles soient-elles, Salomé n'était pas venue ici pour du tourisme de base.
— Ankou ! Faulkner !
Mais il n'y avait que le bruit assourdissant des machines qui vrillait ses tympans en guise de réponse. La demoiselle soupira, faisant face à une porte grande ouverte pour finalement pénétrer à l'intérieur. Tout était sombre et la rousse regrettait d'avoir laissé son Feurisson en ville pour qu'il s'occupe d'une cause qui lui portait à cœur aujourd'hui. Algernon voleta, piaffa, et se cogna finalement contre quelque chose d'ovale et lisse. Du bout des mains, la rousse reconnut un œuf. Et il lui paraissait en discerner beaucoup d'autres qui s'alignaient. Cela semblait le garde-manger rêvé pour ses deux Pokemon prédateurs.
Elle parcourut le mur à la recherche d'-un interrupteur, qu'elle trouva finalement, ainsi que de la poussière au bout des doigts, et l'actionna pour enfin contempler sous la pleine lumière les coquilles pleines intactes. Peut-être était-il encore temps pour éviter tout désastre. La demoiselle s'avança sans savoir où chercher exactement, elle regrettait presque de ne pas avoir des éclats d’œufs à suivre pour retrouver ses Pokemon.
Quelques pas se firent entendre, accompagnés de la voix douce et aimable de l'éleveur. Et merde, il ne pouvait pas rester derrière, celui-là ?
— Oh je vois que vous nous avez devancés, Docteur ! Alors, votre avis sur ces merveilles ?
Oh non, pas encore !
Elle, elle souhaitait juste avoir le champ libre pour retrouver ses Pokemon. Et ce, par n'importe quel moyen. Alors la Médecin se pencha sur un œuf qu'elle prit soin d'examiner, puis sur un autre avant de finalement afficher une mine grave dirigée vers Evan :
— Hé bien... J'ai une très mauvaise nouvelle pour vous... Vos œufs sont tous porteurs de la terrible et ancestrale peste mouchetée.
Mais qu'est-ce qu'elle inventait là ? De l'impro, encore et toujours. Oh comme cela faisait longtemps. Mais son annonce eut l'effet escompté, le visage de l’éleveur s'était soudainement assombri tandis que sa main droite se dirigeait vers l'un des œufs contaminés pour en avoir le cœur net.
— NON ! Vous ne pouvez pas les toucher sans gants, c'est contagieux !
— Qu... Quoi ? Mais... J'ai manipulé ces œufs pas plus tard que ce matin pour...
— Alors il est peut-être déjà trop tard... Allez vite vous désinfecter les mains !
Evan hocha la tête pour finalement partir en direction du premier point d'eau. La demoiselle espérait ainsi gagner suffisamment de temps pour pouvoir chercher en solitaire ses deux Pokemon mais les deux Geisha étaient toujours là. Il allait falloir que tout cela soit bien plus dramatique pour les pousser elles-aussi à rebrousser chemin. Alors la Médecin sortit un masque de sa trousse de soin qu'elle positionna sur sa bouche, ainsi elle ressemblait à une vraie chirurgienne, heureusement il n'y avait rien à opérer dans le coin.
— Vous ne devriez pas rester ici, c'est dangereux. Toute la réserve doit être placée en quarantaine pour éviter toute contamination.
Un bruit attira son attention. Il y avait effectivement de la vie là-haut. Ankou ou Faulkner, elle n'aurait su le dire mais mis à part elles trois, il n'y avait rien de visible à proximité. La demoiselle baissa son regard pour constater des traces de griffes ici et là. Oui, elle reconnaissait la signature de son Farfuret.
La traque pouvait commencer.***
Donc pendant que tout le monde s'amusait dans un élevage, lui devait servir de Ponita improvisé pour traîner un sac de nourriture jusqu'aux Restau du Corayon. Comme si Salomé ne pouvait pas le faire elle-même. Mais non, sous prétexte qu'elle avait été dépêchée pour une mission d'urgence de soin, c'était à lui de faire le sale boulot.
Son museau se pencha vers l'intégralité du sac qu'il traînait ; un paquet de pâtes, un autre de riz, quelques compotes et une boîte de haricots verts. Pas franchement la grande richesse mais ce serait toujours mieux que rien. Et au moins c'était suffisamment léger pour qu'il puisse transporter le tout, même si un coup de main n'aurait pas été de trop.
Il n'avait pas beaucoup à marcher, la demoiselle avait eu la bonne idée de le laisser en ville avec le sac tout à l'heure tandis qu'elle avait continué son chemin. Il voyait cela un peu comme une punition, lui autrefois le favori était relégué à une tâche aussi basique et ennuyeuse pendant que tout le monde ou presque pouvait s'amuser parmi les Evoli. La Feuforêve avait eu la bonne idée de se joindre à lui, tirant la langue sans raison et faisant peur aux passants qu'ils croisaient avant de finalement arriver au local de l'association. De nombreux bénévoles étaient déjà là, s'affairant pour le repas du midi, le type Feu crut reconnaître une étudiante de Lansat croisée lors de la fameuse soirée raclette mais il ne chercha pas à s'interroger davantage, posant le sac aux pieds d'un homme qui se baissa, offrant une caresse sur la tête du type Feu avant de finalement ajouter :
— Oh merci pour ta contribution, l'ami ! Tu veux rester pour nous filer un coup de patte ? On est en galère pour les plaques chauffantes, y en a une qui nous a lâché aujourd'hui...
Django eut un soupir avant de finalement pénétrer dans le bâtiment. Après tout, Salomé utilisait déjà ses flammes lorsqu'elle préparait sa médecine douteuse et hasardeuse, au moins aujourd'hui, le résultat serait comestible.
Ft. Salomé Cobal à l'élevage familial d'Évoli de Lansat le Vendredi 4 mai 2018 |
Petit, petit, petit.
Mais Faulkner était sûrement perché dans un recoin dont lui seul avait le secret. Salomé observait les environs, ne sachant pas comment attirer son Pokemon, la nourriture aurait pu être une motivation suffisante mais le double type avait plus que de nécessaire pour se gaver jusqu'à s'en faire exploser le bide.
Et cela ne résolvait en rien le problème Abo.
Mais d'abord Faulkner, ensuite Ankou. Ce serait bien plus facile ainsi.
Une ombre frôla presque instantanément la Médecin. Cette dernière reconnut la forme du Farfuret qu'elle prit en chasse sans se soucier du retour des deux Geisha, il faut croire que sa ruse n'avait pas suffi à les éloigner suffisamment longtemps. La prochaine fois, elle potasserait davantage les maladies, les vraies, pour que son discours soit plus crédible encore.
Un œuf sous le bras, Faulkner s'en allait, poursuivi par une Salomé plus furieuse que jamais qui lui ordonnait de revenir, le tout brouillé par les interrogations d'Evan qui avait fait son entrée. Lui aussi avait fait vite pour revenir. Mais soit.
Les pieds de la rousse s'emmêlèrent, la faisant tomber au sol alors qu'elle frôlait les plumes servant d’ornement à la queue de son Farfuret. Visage contre terre, ses yeux étaient posés contre un flyer dont elle n'avait cure. La dépublicitarisation de Lansat ? Mais qu'est-ce que c'était encore que ça ? Sûrement le vent avait-il poussé ce papier jusqu'ici, la rousse se redressa et en piétina le flyer dans sa traque. Désolée petit papier mais il y avait plus urgent dans l'immédiat que de penser à l'avenir et au bien de tous sur cette île.
Un Prismillon surgit sur sa gauche, Prismillon suivi de près par Algernon visiblement un peu trop intéressé par la nouvelle venue. Le type Vol décrivait des cercles autour du papillon avant de voler sur son côté droit, l'accompagnant dans cette course aérienne, visiblement davantage intéressée par l'Insecte que par l'idée de fournir une véritable aide à sa dresseuse.
La Givrali sortit le pendentif qui ornait le collier qu'elle portait ; une Griffe Rasoir y pendait au bout, non loin un flacon rempli de sable plus foncé que d'ordinaire dans une minuscule bouteille et d'autres babioles aussi étranges composées ce collier peu banal. L'objet était désormais bien visible et si la demoiselle ne pouvait attirer son Pokemon par son estomac, elle espérait que cette ruse fonctionnerait tout aussi bien.
— Je te préviens Faulkner, au moindre œuf dévoré tu peux dire adieu à tout espoir d'évolution... C'est ça que tu veux ? Sans ça, n'espère même pas prendre ta revanche sur un certain Sablaireau...
Du chantage auprès de ses propres Pokemon, rien de plus étrange. La rousse se contentait de montrer la Griffe sous la lumière pour que où qu'il soit, le prédateur puisse la voir, ses mots résonnaient au loin, forts et puissants.
Elle n'eut que quelques secondes à attendre pour voir un œuf rouler jusqu'à elle, nul doute que c'était celui que son Pokemon avait en main un peu plus tôt mais elle n'oubliait pas que le Griffacéré était tout autant capable de ruser que sa dresseuse, et ce n'était pas les œufs qui manquaient dans cette réserve.
Un œuf de sauvé pour combien de sacrifiés ?
— Maintenant tu vas sortir gentiment de ta cachette en rentrant tes griffes, c'est compris ?
La Prisimillon s'agitait en hauteur sous les poutres apparentes. Il y avait fort à parier que l'Insecte avait repéré le prédateur. Ce dernier passa une tête sous la halo de lumière qui se dessinait, désormais visible de tous.
Il portait toujours un œuf, ses griffes dirigées contre la frêle et fine coquille protégeant la vie future à l'intérieur.
Voilà qu'il se la jouait terroriste avec un otage. N'importe quoi.
Salomé leva les yeux au ciel, ne sachant plus quel comportement adopter. Et Evan à ses côtés qui minaudait n'était pas là pour l'aider à se concentrer.
— Tu le lâches tout de suite !
Peut-être aurait-elle dû choisir ses mots avec davantage de soin.
Le Farfuret s'exécuta, lâchant l’œuf volé depuis son perchoir, le laissant faire une chute libre vraisemblablement mortelle.
Les omelettes, c'est bien aussi dans un élevage, non ?
La Médecin n'eut pas le temps de réagir que déjà le jeune homme s'était précipité pour amortir la chute du précieux, faisant un plongeon, bras tendus, pour réceptionner au mieux la coquille visiblement intacte entre ses mains. Ce n'était pas passé loin.
Bien évidemment, Faulkner avait profité de cette brève confusion pour changer de place. Mais traqué par une Prismillon, il serait bien plus facile à retrouver. À arrêter, cependant, cela restait à voir.
Ft. Salomé Cobal à l'élevage familial d'Évoli de Lansat le Vendredi 4 mai 2018 |
Le Farfuret ne quittait pas des yeux le Prismillon aux élégants motifs. Ses griffes fendaient l'air pour éloigner l'animal, davantage pour l'effrayer qu'avec une réelle volonté de le blesser ; Faulkner n'était pas une bête sauvage après tout, il avait épargné un Sabelette lors d'une partie de chasse improvisée par sa dresseuse, davantage car ce régime alimentaire ne lui convenait pas et parce que le type Sol avait eu la bonne idée d'évoluer, il est vrai, que par réelle bonté.
Le double type guettait le peuple d'en bas depuis son perchoir, sautant de poutre en poutre tout en laissant d'étranges marques à l'aide de ses griffes. Il allait finir par ruiner murs et plafond à force mais peu lui importait, cette poésie lui parlait, c'était une part de lui-même qu'il offrait en cadeau à l'Eleveur, cela n'avait pas de prix. Il s'arrêta finalement pour contempler une lucarne qui refusait de s'ouvrir et fit demi-tour sans s'attarder davantage, retrouvant le sol tout en se dissimulant derrière les ombres. Il espérait être suffisamment invisible pour échapper à l'Insecte au loin qui se rapprochait dangereusement et avec lui, une étrange poudre aussi belle que dangereuse. Hors de question de s'attarder davantage, il était curieux certes mais pas suffisamment pour vérifier l'effet de l'attaque lancée par le Pokemon volant. Alors il fit jouer ses griffes une nouvelle fois contre le sol cette fois-ci, comme au premier jour de sa naissance dans la chambre de la rousse et de sa colocataire, mais en moins anarchique et sur une plus grande distance. La Médecin avait eu la bonne idée de lui enseigner Tunnel sans raison valable mais lui y avait déjà trouvé une utilité parfaite, même si c'était pour fuir l'autorité qui se rapprochait dangereusement.***
Le masque sur sa bouche, Salomé continuait ses recherches tandis que le Prismillon dégageait le Para-Spore en rafale. C'était beau et hypnotique au point qu'elle en oubliait presque que tous étaient là pour traquer son Farfuret. Elle en oubliait presque aussi que son Abo était lui aussi lâché en liberté dans ce garde-manger rêvé. La gitane déglutit avec difficulté mais s'avança vers la droite, il avait semblé que quelque chose avait bougé non loin. Silencieuse et furtive, elle s'approcha, retenant sa respiration, se préparant à bondir pour finalement se jeter à corps perdu sur une masse qui se dirigeait en sa direction.
À plat ventre au sol, ses bras entouraient une feuille cuivrée qui s'agitait.
Salomé libéra son étreinte, découvrant sa Germignon aussi étonnée que paniquée, sautillant sur place, attrapant l'ourlet de son pantalon avec sa bouche pour la pousser à avancer. Etrangement, ça ne sentait pas bon du tout.
— Calme-toi Chayana, calme-toi ! Respire un grand coup et explique-moi ce qui se passe !
Mais cela ne servait à rien ; le type Plante continuait son monologue incompréhensible pour sa dresseuse qui n'était pas totalement attentive face à son assistante agitée mais une chose était sûre ; cela devait être grave pour que la femelle ait abandonné son poste.
— Ça concerne le bébé Evoli ?
— Quoi ?!? Il est arrivé quelque à l'Evoli que vous avez observé ?!? Mais... Mais... Vous m'aviez assuré qu'il était hors de danger !
Et merde. Elle avait encore perdu une occasion de se taire. Voilà qu'en plus de son Germignon, elle récoltait un Evan tout aussi inquiet et paniqué, faisant les cent pas, son regard allait du Pokemon émissaire à la doctoresse sans oublier la réserve prise d'assaut par un Farfuret affamé.
Et le hochement de tête de Chayana en guise de réponse n'aidait vraiment pas à apaiser la situation.
— Hé bien c'est ça, il était hors de danger, après j'y peux rien si votre Pokemon s'est décidé à retomber malade dans mon dos, ça se contrôle pas, ça !
Comme si elle était responsable de l'état de l'Evoli...
Et merde.
La demoiselle ne perdit pas de temps et retourna sur ses pas, suivie de près par le blondinet qui était plus pâle que jamais. Sérieusement, il allait frôler la crise cardiaque à chaque mauvaise nouvelle ? C'est qu'il allait mourir jeune à force, le pauvre chat.
Autant Chayana avait couru à ses côtés mais autant Algernon était resté en compagnie de la Prismillon. Comme si c'était le moment d'essayer de séduire une femelle, il faudrait que son starter revoit son sens des priorités. Voilà qu'elle se retrouvait à soigner une seconde fois un patient tandis que son Picassaut roucoulait devant sa belle. Enfin il était plus probable qu'il lui offre des cailloux ou qu'il se contente simplement de tournoyer autour d'elle plutôt que de véritablement la séduire. Mais fin des questions, l'Evoli était devant elle, visiblement mal en point. À première vue il paraissait apaisé, endormi, mais après quelques pas, la demoiselle constata que le petit avait les yeux grands ouverts tandis qu'il reposait sur le ventre, inerte.
— Mais qu'est-ce que vous lui avez fait ?!? Il ne bouge plus ! Il est...
— Vivant, le coupa la Médecin en prenant son pouls, c'est un costaud votre Evoli, je vous l'avais dit ! C'est juste qu'il a mal réagi à l'herbe que je lui ai donnée, ce sont des choses qui arrivent parfois, au moins maintenant vous saurez que les Herbes médicinales sont à proscrire dans ses soins, c'est bien aussi.
Du moins les herbes médicinales de Salomé. C'est qu'elle était louche celle qu'elle avait utilisée, il n'y avait qu'elle pour tester sur des Pokemon qu'elle devait soigner une herbe inconnue créée quelques semaines plus tôt. La rousse aurait bien aimé prendre quelques notes sur l'état de l'Evoli ou du moins savoir ce que le petit voyait car il avait l'air de bien s'amuser.
La prochaine fois ; tester sur un Pokemon Psy pour pouvoir espérer un compte-rendu en plein milieu du test grâce à la télépathie.
Même si les frères et sœurs du malade étaient cachés, la mère, elle, venait de faire son apparition. Et elle paraissait peu contente de retrouver la rousse qui l'avait entravée à l'aide d'un Abo. L'Evoli cracha en direction de la Médecin qui ne s'en offusqua pas mais gardait malgré tout ses distances.
Salomé se redressa et fit un pas pour se prendre le pied dans quelques chose qui traînait au sol. Ce dernier s'était ouvert par un trou béant, des mottes de terre traînaient non loin ainsi que des marques de griffures facilement reconnaissables.
Et merde.
Ft. Salomé Cobal à l'élevage familial d'Évoli de Lansat le Vendredi 4 mai 2018 |
Faulkner commençait à se montrer plus rusé que prévu. Mais quelle idée avait-elle eu de le laisser sortir ? Et dire qu'après le problème Farfuret, il leur resterait le souci Abo à régler mais ce dernier paraissait être plus tranquille, à moins que le serpent n'ait pris d'assaut une réserve d’œufs dans laquelle il s'était déjà assoupi suite à un repas gargantuesque ? La demoiselle eut un frisson malgré les températures printanières, mieux valait ne pas y songer.
La voix de Erika l'extirpa de ses pensées. La rousse n'avait jamais songé à traquer ses Pokemon, c'était à eux qu'elle apprenait à chasser et non pas l'inverse. Et le Griffacéré en était l'exemple le plus parlant, n'avait-elle pas organisé une session de chasse aux Sabelette rien que pour lui quelques mois plus tôt ? Le double-type avait su tirer profit de cette journée peu banale et sa dresseuse le payait aujourd'hui.
— Le seul qui pourrait m'aider, c'est mon Feurisson... Mais je l'ai envoyé aux Resto du Corayon à ma place vu que j'étais appelée ici...
C'était d'une tristesse.
Oh Ankou aurait aussi pu faire l'affaire, dommage que le type Poison soit quelque part lui aussi dans l'élevage, sans aucun moyen de le retrouver. Et ce n'était pas ces maudits Evoli qui allaient servir à quoi que ce soit, hormis pour grogner et feuler, c'était là tout ce qu'ils savaient faire. Ah et cracher aussi, Salomé en avait subi l'amère expérience un peu plus tôt.
Salomé eut un regard pour son Picassaut. L'idée qu'elle s'apprêtait à mettre en place la dégoûtait mais elle n'avait pas le choix, elle devait désormais placer sa confiance en son starter ainsi qu'espérer que les instincts sauvages de Faulkner s'étaient totalement éteints depuis sa naissance. Elle n'oubliait pas que le Griffacéré avait tenté de grignoter Algernon plus d'une fois – mais qui n'avait pas déjà essayé de blesser cet oiseau, vraiment ?
— Je vais avoir besoin de toi, Algernon, déclara-t-elle au Picassaut visiblement davantage intéressé par la Prismillon que par sa dresseuse, hé écoute-moi !
L'oiseau tourna sa tête adorable vers la rousse, lâchant enfin du regard le type Insecte. Elle ignorait encore si son starter s'imaginait vivre une idylle avec ce papillon mais il allait falloir y mettre un terme avant que quoi que ce soit n'ait le temps de germer dans sa cervelle, quitte à se montrer plus rude que d'ordinaire.
— Les filles comme elle ne s'intéressent pas aux garçons comme toi, Algernon. Vous appartenez pas aux mêmes mondes ! Sa dresseuse est une Geisha, tu imagines ce que ça veut dire ?
Non justement. Le type Vol n'imaginait rien du tout, il en était bien incapable. Il avait repéré une jolie femelle, c'était tout ce qui se passait dans son esprit, lui ne cherchait pas plus loin. Alors venir lui expliquer qu'une potentielle liaison avec la demoiselle était impossible, c'était hors de question.
La rousse eut un soupir en voyant que raisonner son starter était impossible et se contenta de détacher le collier auquel pendait la Griffe Rasoir et de l'attacher convenablement à la patte droite d'Algernon.
— Ça, ça le fera sortir. Retrouve-le et attire-le derrière la réserve. On vous y attendra pour l'attraper et clore définitivement cette histoire.
Salomé observa son Picassaut s'éloigner, la peur au ventre. Elle espérait que l'oiseau ne referait pas les mêmes erreurs que lors de cette maudite nuit où Logan lui avait mis la main dessus. Le pauvre était bien trop naïf et gentil au point de croire quiconque, alors elle n'avait plus qu'à placer toute sa confiance aveugle en Faulkner, en espérant que ce dernier ne serait pas prêt à tout pour détenir le fameux objet évolutif.
Après tout, Algernon et Faulkner étaient amis, non ?
Mais ce n'était pas l'heure de paniquer. La Médecin se retourna vers Kaede, si Erika ne possédait rien pour les aider, peut-être n'était-ce pas le cas de sa mentor. Sinon, ça servait à quoi, d’être une Geisha ?
— Je peux compter sur l'un de vos Pokemon pour immobiliser Faulkner ?
Après tout, le Prismillon pourrait éventuellement se rendre utile mais Salomé savait son Farfuret pour se faire avoir. Déjà que l'effet de surprise avait joué contre eux la première fois, le double-type verrait de loin le stratagème arriver avec du Para-spore.
Ft. Salomé Cobal à l'élevage familial d'Évoli de Lansat le Vendredi 4 mai 2018 |
Il faudrait que la rousse se note dans un coin de la tête d'apprendre Siffl'herbe à sa Germignon ; une attaque capable d'endormir ses ennemis pouvait toujours être utile, même si la rousse n'était pas bien familière de la démarche à suivre pour l'apprentissage d'une telle capacité à Chayana. Elle se contenta de laisser Kaede parler, se demandant bien quelle affinité la seconde Geisha pouvait entretenir avec le type Plante pour en posséder deux spécimens sur elle mais ne s'y attarda pas. Après tout, les Spé Type ne manquaient pas sur Lansat.
Et en matière d'attaques Glace, Faulkner se débrouillait suffisamment bien pour éviter que tout risque inutile ne soit pris de la part de Kaede. Il semblait à Salomé que son Pokemon maîtrisait toutes les attaques de ce type à sa portée... Peut-être y avait-il un peu de vrai dans ses pensées ? Merci toutes les CT et la générosité de Haru.
La rousse ne comprenait plus rien à ce dialogue de sourds. Des gardiens ? Spyro ? Et maintenant Fire et des Miaouss ? Ah non, la gitane mélangeait tout, sans faire le moindre effort de discernement, se contentant de guetter l'horizon à la recherche d'Algernon tandis que que la potentielle Spé Type mettait au point un plan avec des Pokemon qui lui étaient étrangers.
Mais plus pour longtemps. La Médecin vit un trio d'Eevolution faire son entrée, comme s'il s'agissait là d'un concours Pokemon. Elle retint un rire, se concentrant plutôt sur sa tâche première, tandis que le Pyroli paraissait encore plus vieux que ce qu'il montrait en apparence. C'était le trio entier qui sentait la naphtaline et les déambulateurs au vu de leurs pouvoirs régressant. Salomé leva les yeux au ciel tandis qu'Erika crut bon de s’interroger sur les liens unissant Algernon et Faulkner.
— Algernon est ami avec tout le monde.
Ce n'était pas forcément le cas du Farfuret mais la demoiselle ne s'étala pas davantage car déjà elle apercevait son starter qui revenait à tire d'ailes. Il était en entier, c'était déjà ça. Et le pendentif ornait toujours son cou de plumes, un autre bon point qui fit naître un sourire chez la gitane. Et, événement, non négligeable, le double-type était à ses trousses, usant de ses Laser Glace à tort et à travers pour figer à jamais le Picassaut dans un repos éternel. Non vraiment, Kaede avait eu du flair à ce niveau-là.
— Maintenant !
Maintenant quoi ? Les ordres auraient pu être précis, surtout pour le trio d'évolutions qui paraissait s'emmêler les pinceaux. Le Mentali tentait de faire léviter tant bien que mal un Farfuret bien trop lourd pour ses pouvoirs psychiques, le Nymphali était uniquement là pour rappeler la présence de Cael et le Pyroli crachait des boules de feu dans tous les sens sans jamais réussir à viser sa cible.
— C'est le Farfuret qu'il doit viser, pas mon Picassaut !
Cela sentait le roussi pour ce pauvre Algernon. Le volatile évitait tant bien que mal les sphères embrasées toujours plus nombreuses alors que le Farfuret était indifférent à ce brasier soudain. Fire parut prendre conscience de son erreur après une énième méprise de sa part mais trop tard. La boule avait embrasé d'un peu trop près le type Vol, faisant s'élever une douce fumée depuis sa queue enflammée. Salomé ne perdit pas plus de temps pour bondir sur le Pyroli déjà bien âgé, souhaitant le mettre hors d'état de nuire par ses propres moyens.
— Arrête !
Elle roula au sol avec Fire qui avait cessé de se débattre, se contentant de cracher des boules de poils dégueulasses. La demoiselle eut une moue horrifiée avant de se relever et de voir son Picassaut amorcer un atterrissage d'urgence vers le sol. Pendant ce temps-là, Faulkner, n'était plus qu'à cinq mètres à peine du misérable.
— Faîtes quelque chose !
Un cri qui s'adressait tant aux deux dernières évolutions qu'aux adultes présents.
Algernon et Faulkner amis, hein... ?
Une mélopée s'éleva alors. Dirigée vers Faulkner, elle paraissait le bercer et l'apaiser. C'était la première fois que Salomé assistait à une attaque Siffl'herbe et elle regretta que Chayana ne soit pas là pour constater la mélodie qui se dégageait de cette capacité. Sûr que cela lui aurait plu, elle si calme et si douce, ce serait parfait pour elle. Mais nul besoin de songer à la Germignon toujours occupée avec le bébé Evoli dans l'immédiat, Salomé vit le Griffacéré s'immobiliser pour finalement tanguer avant de finalement chuter au sol, endormi tel un bébé, comme si rien de tout cela n'avait eu lieu auparavant. Ne restait plus que les touffes d'herbes gelées comme seuls souvenirs de son passage dans le jardin.
La gitane se précipita vers un Algernon encore tremblant et qui sentait le roussi. Littéralement. Son regard de braise fusilla tour à tour le Pyroli proche de la retraite et son dresseur, tout aussi incompétent.
— Non mais vous êtes malades ?!? Algernon a failli y passer ! À quel moment ça vous a semblé une bonne idée d'envoyer des Pokemon incontinents faire le sale boulot ?!?
Incontinents... Cela restait encore à prouver.
Même si Salomé ne devait pas être loin de la vérité.
Elle s'approcha ensuite de son Farfuret qui, lui, allait aussi bien qu'au début de son périple. Elle sortit sa Pokéball et appuya dessus pour qu'il se retrouve happé par la sphère miniature. Fin de la partie.
C'était bien joli de gueuler mais seulement un problème sur deux venait d'être réglé.
La demoiselle inspira, comprenant qu'il était plus que temps de révéler toute la vérité. Elle allait passer un sale quart d'heure, c'était sûr, et ne remettrait plus de sitôt les pieds dans cet élevage. Au pire, elle s'en foutait, ce n'était pas là son but premier.
— Vous allez rire mais... Il n'y a pas que mon Farfuret qui m'a échappé... Il y a aussi... Mon Abo.
Elle ne crut pas bon de préciser la passion de ces reptiles pour les œufs. Evan l'avait compris de lui-même au vu de son évanouissement soudain face à cette annonce. Non vraiment, il allait falloir qu'il se soigne, cette manie commençait à être agaçante.
Ft. Salomé Cobal à l'élevage familial d'Évoli de Lansat le Vendredi 4 mai 2018 |
Etait-ce le moment de préciser que son Abo l'avait aidée pour canaliser la furie vengeresse qu'était l'Evoli femelle un peu plus tôt ? Non, eux n'y verraient que des méthodes sales et douteuses mais Salomé, en tant que jeune Médecin, tentait tant bien que mal de trouver des solutions pour pallier le manque de matériel qui lui faisait défaut, comme aujourd'hui. Elle laissa Erika cracher tout son venin, avant de finir par la reprendre sur un point erroné :
— C'est mal connaître Ankou, il n'est pas aussi goinfre que mon Fafuret. Avec la chaleur, c'est pas impossible qu'il se soit assoupi dans un coin...
Un œuf lui suffirait amplement, faillit-elle ajouter mais ce n'était pas le moment d'en rajouter. Elle connaissait le mode de vie de son Pokemon mieux que personne et ce dernier aimait s'adonner à une sieste bien méritée sitôt son repas avalé, ce qui expliquerait pourquoi ils ne l'avaient toujours pas croisé. De quand remontait son dernier repas, déjà ? La veille sûrement. Nul doute que l'animal allait avoir faim et peut-être s'était-il déjà servi.
Heureusement que le reptile connaissait bien moins de Capsules Techniques que le double-type, cela leur faciliterait la tâche. Après réflexion, il lui semblait d'ailleurs que l'Abo en était dépourvu, c'était le Farfuret qui avait hérité de l'ensemble des techniques que possédait Salomé. Et rien pour Ankou. Il faudrait qu'elle songe à rétablir cette injustice prochainement mais au vu du caractère sanguin et vif du serpent, il n'avait guère besoin d'artifices supplémentaires. Ce serait un bien plus grand danger qu'actuellement. Elle ne pouvait pas laisser les Geisha préparer ce plan bancal sans les prévenir.
— Il est bien moins puissant que mon Farfuret mais en terme de contrôle, Faulkner était un agneau à côté de mon Abo... Lui n'hésitera pas à mordre et empoisonner pour se défendre, humains comme Pokemon, donc si vous avez confiance en ce Nymphalli, allez-y mais sinon ça sera pire après.
Heureusement que le Cotovol portait bien son nom et se déplaçait par voies aériennes, ce serait déjà plus facile pour lui d'esquiver les tentatives d'attaques de l'Abo. Mais tout ce beau plan ne servait à rien sans localiser au préalable l'animal. Mais l'élevage était grand et le retrouver s'il s'était endormi serait alors impossible. Il allait falloir le pousser à sortir de sa cachette.
Elle vit alors sa Germignon revenir et la description de l'Ipok à ce propos lui revint en mémoire. Chayana allait pouvoir se montrer utile, encore plus que d'ordinaire, cela allait sans dire.
— Si tu es là je suppose que tout va mieux pour l'Evoli ? Parfait. Quand tu verras Ankou, reste près du Nymphlli et calme-le en agitant ta feuille, d'accord ?
Elle avait davantage confiance en Chayana qu'en Fantasy. Il suffisait de voir ce que cela avait donné avec les deux autres pour comprendre que ses craintes étaient justifiées. Elle avait presque envie de préciser à Kaede et Erika que la présence du type Fée ne serait pas nécessaire au vu des caractéristiques de son Germignon mais s'en abstint. Ce n'était pas le moment de faire des vagues.
Chayana approuva d'un hochement de tête, remuant sa feuille par la même occasion. C'était à se demander pourquoi la rousse n'avait pas mis en application cette technique plus tôt sur Lansat.
La Germignon s'approcha des quelques arbustes qui traînaient ici et là, tuant le temps comme elle pouvant en attendant que le plan finisse de se mettre en place. Elle la vit utiliser Coupe sur l'un d'eux, sûrement avait-elle repéré des baies et son instinct de soigneuse prenait le pas sur la propriété privée d'Evan qui n'était pas en mesure d'émettre la moindre objection au vu de ses yeux clos et de son corps au sol.
— Vu qu'on ignore tout de son emplacement, je te conseille de bombarder de Doux Parfum les environ, fit la rousse à l'intention du Cotovol, ça finira bien par le faire sortir... Sauf s'il dort. Mais dans ce cas-là, il ne représente plus un danger pour les œufs.
Non car le danger aura déjà eu lieu au préalable, bien avant la sieste. Mais ça aussi, la Givrali se garda bien de le préciser, ne voulant pas alarmer tout ce monde plus que nécessaire.
Elle vit le type Plante s'élever dans les airs, son attaque se répandait tout autour du petit groupe. Maintenant, il n'y avait plus qu'à attendre.HRP :Utilisation de la CS Coupe.
Ft. Salomé Cobal à l'élevage familial d'Évoli de Lansat le Vendredi 4 mai 2018 |
Salomé eut un regard pour le jeune homme réveillé et plus encore pour l'empreinte de a main désormais imprimée sur sa joue. La force fonctionnait toujours quand il s'agissait d'éveiller quelqu'un dans la précipitation.
Ankou était en vue, et avec lui une nouvelle remarque de la part de la blonde. Remarque que la rousse ne se gêna pas pour la chasser et rétorquer du tac au tac :
— Je ne pense pas qu'il y ait plusieurs Abo dans cet élevage... Ou alors il est plus que condamné.
C'était vrai.
Mais la demoiselle n'insista pas, ravalant sa répartie pour se concentrer sur leur plan improvisé il y a peu. Tous s’accordaient en rythme, chacun à sa place, chacun dans son rôle. Ankou fonçait de manière hasardeuse, sûrement perdu lui-aussi en cet instant. Pauvre Pokemon loin de ses repères, il n'y avait vraiment que sa dresseuse pour le comprendre.
Elle jeta un coup d’œil à la feuille de Chayana qui s'agitait et ignora la remarque d'Erika la poussant à rentrer le Pokemon dans sa pokéball. Même si cela avait été nécessaire pour Faulkner, il n'y aurait rien de ça pour Ankou. La rousse s'approcha du reptile, tendant le bras qu'il appréciait tant pour s'enrouler et passer pour un simple bijou. Bijou épais et vivant il est vrai mais l'Abo ne se fit pas prier, siffla une première fois, se dressant de tout son corps face à sa dresseuse qui ne cilla pas et attendait qu'il daigne la rejoindre. Ou la mordre, il y avait bien un début à tout.
Mais rien de tout cela. Il se contenta de ramper et de remonter le long de la jambe de la gitane pour s'entortiller autour de sa taille et arriver finalement le long du bras habituel. Sa tête sifflait et crachait tout autour de lui, ne le rendant que plus menaçant, et la Givrali retourna vers le petit groupe d'adultes ?
— Voilà. Même pas besoin de pokéballs pour lui. On n'est pas obligés de les utiliser en permanence, vous savez.
Salomé ne les utilisait que très peu et avait pu jusqu'à présent s'en passer, choisissant les Pokemon qui l'accompagnaient au fil des jours, Algernon en permanence ou presque à ses côtés peu importait ses déplacements. Ce dernier revint près de sa dresseuse, se posant sur une des épaules non sans avoir salué au préalable le chromatique rouge à sa manière, en lui tournant autour comme à son habitude. L'Abo paraissait plus qu'agacé par cette manie mais il savait mieux que quiconque ce qu'il lui en coûterait s'il venait à approcher d'un peu trop près le protégé de la rousse.
— Oh. Parfait. Vous avez bien ramassé tous vos Pokemon ? J'ai eu assez de surprises et d'émotions fortes pour aujourd'hui alors s'il en manque, autant nous le dire maintenant !
Mais tous étaient bel et bien là, du moins concernant ceux que la rousse avait emmené avec elle. Seuls trois manquaient à l'appel, occupés qu'ils étaient ailleurs et loin de cet élevage. Salomé se contenta de rassurer Evan qui paraissait à deux doigts de craquer, encore une fois, les nefs à bout. Le pauvre avait vu la vie de son élevage défiler devant ses yeux avec cette mauvaise journée, il allait se souvenir encore longtemps de la jeune Médecin venue de base pour ausculter un bébé Evoli.
— Alors je ne vous retiens pas plus longtemps, des affaires m'attendent, fit-il en glissant un regard vers les Geishas avec qui il s'apprêtait sûrement à négocier de futurs Evoli et évoquer commerces et autres choses ennuyeuses pour Salomé, et si un jour vous avez à nouveau à œuvrer dans un élevage, le mien ou celui d'un confrère, peu importe, évitez d'amener avec vous ces deux dévoreurs d’œufs !
Son doigt pointait tour à tour l'Abo qui rétorqua en mordant le vide, à quelques centimètres à peine de la chair de l'éleveur, ainsi que la pokéball qui renfermait désormais le Farfuret fauteur de troubles.
Salomé ne put que réfléchir face à cette remarque ; si seulement Evan savait qu'Ankou lui avait été d'une aide précieuse pour s'occuper au mieux de l'Evoli, sûrement aurait-il revisité son jugement. Ou cela n'aurait fait que l'empirer, car ligoter une femelle à l'aide d'un Pokemon pour pouvoir traiter au mieux son petit et en toute tranquillité n'était certainement pas la manière de faire la mieux vue du domaine médical.
— Je n'y manquerai pas. Encore désolée pour tous ces... désagréments. Ça ne se reproduira pas la prochaine fois.
Comme s'il pouvait y avoir une prochaine fois, du moins certainement pas dans l'élevage d'Evan qui risquait de se plaindre à l'académie de son comportement plus qu'autre chose. Mais autant tenter de faire bonne figure, au moins sur la fin, même si la Médecin se doutait que tout était joué et que c'était bien inutile désormais.
Elle fut raccompagnée par le trio, ses Pokemon à sa suite. Elle avait hâte de partir d'ici ; soigner des élevages, très peu pour elle, c'était à se demander comment Cloé avait pu emprunter cette voie.
— Au revoir et à bientôt peut-être.
Oui peut-être.
Cela faisait toute la différence.
Elle se contenta de saluer sobrement les Geisha et Evan avant de s'éloigner définitivement, pas fâchée de reprendre son train de vie habituel loin des œufs et surtout loin de la pression que les autres lui avaient imposé pour conclure cette chasse aux Pokemon.HRP :Fin du rp pour Salomé. Merci !
Ft. Salomé Cobal à l'élevage familial d'Évoli de Lansat le Vendredi 4 mai 2018 |
|
|