Elle se sent de plus en plus proche de Ranya.
Physiquement mais pas seulement.
Elle sent son corps qu'elle enlace, ses bras qu'elle effleure et son visage à deux centimètres à peine du sien. Elle ferme la bouche, pressentant que son haleine est tout sauf un atout en cet instant. Mais Ranya s'en fiche. Ranya danse et c'est tout. Et elle est si belle à regarder, à contempler, à lorgner. Son regard se perd sur chaque parcelle de sa peau, s'y attarde, et paraît la traverser. Puis Salomé lui sourit en retour, l'apaisant et continuant de danser au rythme de la musique. Ses gestes sont lourds et maladroits mais cela lui semble parfait au vu des circonstances.
Et Ranya dans tout ça ?
Ranya ou celle qui a simplement rigolé face à la révélation de Salomé concernant Logan. Ranya, toujours Ranya, pleine de doutes et désespérément belle ainsi. La rousse ne répond rien, il n'y a plus que le silence entre elles et la musique qui bat le rythme. Le monde n'existe plus et seule leur danse improvisée importe.
Son front touche le sien. Elle sent son cœur s'emballer, le palpitant manque de lui sortir de la poitrine en s'y arrachant à grandes enjambées. Elle a envie de le contenir mais impossible et ne peut que se résigner à s'accorder face à ce nouveau rythme qu'elle est seule à entendre et qui hurle à travers son corps tout entier. L'alcool aussi lui hurle de s'agiter et surtout, d'agir, là maintenant. Parce que ce serait peut-être la seule occasion. Parce que le réveil serait douloureux ensuite. Parce que les souvenirs seraient vaporeux enfin. Et sa raison a failli, lâchement tué à grands coups de pintes en rafale, et gît dans une flaque de bière ambrée aromatisée de baies Pêcha.
Elles avaient trinqué.
À leur réussite.
À ce soir.
À elles.
Et à ce qui allait se dérouler.
La suite est facile à deviner.
L'alcool a fait son travail et les lèvres de Salomé glissent près de celles de Ranya. Comme un horizon nouveau qu'elle découvre en une fraction de seconde, comme un oubli langoureux dans lequel elle se couche. Et sa bouche embrasse pendant que sa main se perd dans la chevelure blonde de Ranya. Elle n'a pas conscience de la frontière qu'elle vient de franchir, insensible face aux piaillements d'Algernon qui paraît lui hurler de s'arrêter, là, maintenant, et de ne plus rien faire, plus rien dire, juste baisser les yeux face à ce spectacle horrifiant.
Mais Salomé n'entend rien si ce n'est son corps enlacé face à celui de Ranya. Et son cœur embrassé qui tressaille au moindre mouvement de la danseuse. C'est une nouvelle danse qui s'écrit, un chant doux qui s'élève et qu'elles sont seules à entendre.
Et l'alcool continue de pulser dans ses veines et de décider de chacun de ses gestes. La brume est toujours plus épaisse, vaporeuse, et ses gestes plus difficiles à effectuer. Mais elle se sent bien en cet instant et la musique du bar est relégué à l'arrière-plan tandis que ses lèvres se perdent sur celles de Ranya.
Demain sera un autre jour.
Et avec lui l'oubli de cet instant magique et unique.
Qui sera dupliqué en toute lucidité mais pour une autre.
Elle s'arrête et prend conscience de son geste.
Ses lèvres reculent et refluent face à celles de Ranya, douces au possible et délicates. Elle s'arrête et se mord la gencive, de toutes ses forces, jusqu'à ce que la douleur la ramène à la réalité. Mais le mal est fait.
— Je... Je suis désolée.
Elle ne voulait pas.
Mais c'était faux.
Elle regrettait.
Mais c'était faux.
La faute à l'alcool, toujours.
Mais c'était faux.
Et mille excuses qu'elle s'inventait pour se donnait bonne conscience mais aucune suffisamment forte et crédible pour franchir le seuil de sa bouche.
Ranya est sa princesse d'un soir.
Mais déjà elle lui échappe.
Chacune dans la brume et Salomé qui pense à elle pendant que sa main glisse le long de son corps. Impuissante face à ce qui s'est joué, et plus encore face à la réaction de la blonde. S'en souviendra-t-elle, une fois le voile d'alcool levé ?
— J'ai merdé, hein ? Mais moi j'ai bien aimé, merder comme ça.
La musique se fait plus forte. Illusion ou simple prise de conscience du monde qui l'entoure, peu importe. Ranya est à la fois présente et inaccessible. Il ne sert plus à rien de rester sur la piste. Il ne sert plus à rien d'attendre un geste tendre de sa part. Salomé s'éloigne de la danseuse, la laissant seule au centre pour retrouver la tablée où rien n'a changé, pas même son verre obstinément vide. Algernon se pose sur son épaule, piaillant plus que jamais à l'oreille de sa dresseuse qui lui intime le silence alors que son crâne hurle après tout cet alcool avalé.
Le réveil serait plus que compliqué demain matin.
Mais elle était prête à recommencer n'importe quand avec Ranya.
![]() | L'âme de la rue |
Salomé quitte les lèvres douces à contre-coeur. Elle tente de penser à autre chose mais son cœur est trop plein de Ranya. Elle tente de fermer les yeux mais seule l'image de Ranya s'impose à elle. Elle tente de hurler mais seul le silence la saisit et l'emporte avec ses crocs loin de cette blonde qui l’hypnotise. Elle abandonne toute résistance et se confronte à sa chope vide, la seule dont elle peut soutenir le regard, mais c'est sans compter sur le retour de Ranya qui la cloue sur place d'une phrase et une seule.
Elle ne peut s'empêcher de rire face à ce déguisement à peine déguisé. Il est vrai que la blonde est la première qu'elle embrasse de son plein gré, même s'il est vrai que l'alcool s'en est mêlé.
Et sans, cela donnerait quoi ?
— J'y:manquerai pas... Mais un autre soir.
Sans toute cette foule pour les épier. Sans tout cet alcool qui l’imbibait. Sans Clopin Clopant pour clore le débat et proposer une nouvelle journée parmi sa troupe. Mais Salomé a déjà abandonné, incapable de discerner ce qui se dissimule derrière ses mots, se contentant de hocher platement et bêtement de la tête et surtout rêvant à une nouvelle rencontre avec les lèvres de Ranya. Ou plus peut-être, si le destin décide de s'en mêler.
Elle entend Ranya parler d'un œuf. Elle ne comprend pas et s'interroge mais reste les yeux rivés sur sa pinte désormais vide, sans comprendre ce que la blonde articule auprès du barman mais fraîchement décidé à prendre ce fameux œuf sous son aile.
Elle ne sent pas la troupe la pousser vers la sortie et la guider vers cette caravane familière depuis quelques jours. Elle ne sent plus rien si ce n'est le goût de Ranya qui lui reste en bouche, mêlé à celui de la bière qui l'écoeurererait presque. Mais elle tient debout et continue d'avancer, un pas devant l'autre, ne voulant pas reconnaître cette faiblesse passagère. Il y a des obstacles qu'elle ne voit pas et qu'elle se mange de plein fouet, un véritable parcours du combattant pour regagner sa caravane tant désirée. Et une fois dedans, elle s'écroule et s'endort sans se poser plus de questions, la blonde à deux mètres à peine d'elle.
Dommage mais pas pour ce soir.***
Le mal de crâne la saisit et l'immobilise. Salomé ouvre un œil et observe Ranya encore paisiblement endormie tandis que ses souvenirs de la veille sont flous et instables. Elle se rappelle le spectacle applaudi par les passants, elle se souvient de la tournée offerte par Clopin Clopant mais impossible de se souvenir du reste. Elle ferme les yeux mais le monde tangue un peu plus à ses côtés, et la gerbe la surprend finalement. Elle ne peut que se ruer vers la sortie pour dire adieu aux litres de bières enfilées. Elle se sent mal et c’est la première fois qu'elle se retrouve dans un état semblable, elle a envie de se tenir le crâne et le ventre au vu de son état mais regagne piteusement son lit de fortune face à une Ranya toujours endormie et absente pour lui tenir les cheveux tandis qu'elle venait de vomir une soirée entière.
Elle tente de retrouver le sommeil qui la fuit sans réussir à se souvenir. Algernon est à ses côtés et paraît lui aussi en piteux état ; avait-il à son tour abusé de la boisson ? Elle n'en sait rien mais l'absence la gagne déjà. Aujourd'hui sera un autre jour et elle espère secrètement que Ranya se réveillera dans un état moins pire que le sien, au moins pour lui offrir un résumé des événements de la veille.
Mais cela devait ne pas être si pire, si ?
Appréciation commune Le démarrage part sur des chapeaux de roues, mais même si la justification de la présence de Ranya dans les rues me convient, l’attitude un peu trop brutale d’Andreas me dérange un chouia. Même s’il est un peu...excentrique, il n’est pas aussi cassant que ça, quand même (Laissons ça à Karl Flagerfell !, pitié !). Il aurait plutôt tendance à ne pas se rendre compte de la gêne de ses élèves et à se pâmer de honte en la découvrant, plutôt qu’à leur imposer quelque chose par l’intimidation. Et voilà Salomé embarquée dans une histoire de danse de rue par sa camarade, on dit merci qui ? Pour le coup, on sent bien le fait qu’elle découvre un monde qui lui est inconnu et on a hâte de voir la forme que cela prendra...Ok, je retire ce que j’ai dit, Salomé en lanceuse de couteaux, c’est probablement l’idée la plus dangereuse (surtout pour un certain Voltali) que j’ai entendu depuis des années. Et ça ne tarde pas à se confirmer, d’ailleurs. Salomé Knife se contentera de la danse et c’est très bien comme ça (Cracheuse de feu ? Pas fou, non ?). Petit passage émotion concernant sa mère après le passage meurtrier, on va dire que l’ironie de la situation se pose là. La petite troupe avec leurs noms qui me rappelle étrangement mes cours de maths à l’air bien délurée, il suffit de voir leur baptême par la lame pour nos deux pauvres élèves. Ranya tient bien son rôle de ‘’chef’’ du duo, puisque la majorité des propositions et des conseils viennent de la Givrali, qui tente d’aider un peu sa camarade On enchaine du coup sur des tests dans différentes disciplines, la mission se muant en une compétition d’apprentissage entre nos deux participantes. Chaque artiste leur présente sa discipline et les laisse expérimenter. En vérité, le petit élément qui m’a fait tilter tout du long, c’est ça, au final : dans certains cas, niveau sécurité, on est à la limite du suicide (considérant qu’elles restent des débutantes). Le fait qu’ils progressent par étapes pour leur enseigner les techniques les plus dangereuses est un bon point mais pour vous donner une idée, il faut environ 3 mois de pratique avec des bâtons de feu, avant de seulement les allumer pour faire des figures avec. La démonstration finale est un peu rapide mais au moins, on a droit à du rab avec notre duo complètement soûl pour finir en beauté. Niveau texte, les formes alternent pas mal pour que ça ne fassent pas une simple succession de paragraphes et les fautes sont relativement absentes. N.B: Le Sirius est donc une unité de mesure officielle, maintenant ? N.B 2 : Bêta semble être un brave gars, avec un mépris totale pour sa propre vie, l’artiste parfait, quoi. ■■■■□ - Quatre étoiles, c'est génial ! Vous vous êtes vraiment appliqués et montrés originaux dans l'écriture et dans le déroulement ! Deux semaines de retard donc ¼ des gains : 40 jetons et 10 expériences supplémentaires. | ![]() |
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