| Halloween. Période où les monstres, les déguisements flippants et les histoires d’horreurs sont à l’honneur. Période où l’on vient vous quémander des bonbons en vous menaçant de vous jeter un mauvais sort en cas de refus d’obtempération. Lauren sortait peu à peu du monde des songes. Son bras droit était engourdi. Une masse imposante avait dormi dessus. C’était elle. Elle le savait. Depuis qu’elle était arrivée à la Pokemon Académie, elle dormait à ses côtés. Dans ses bras. Elle savait qu’en ouvrant les yeux elle la verrait. Qu’elle la sentirait. Elle était là. Comme avant. Avec elle. En ouvrant les yeux, elle ne fut pas surprise de la découvrir, dos à elle, étendue dans ses bras endoloris par le poids de son corps appuyé bien trop longtemps sur elle, coupant sa circulation sanguine. Ses cheveux rouges la chatouillaient, mais peu lui importait. Elle était là, avec elle. Yuna venait de sortir de la salle de bain et la saluait en passant devant elle pour rejoindre son lit. Lauren savait que la salle de bain était désormais libre, qu’elle pouvait y aller pour pouvoir se préparer. Mais elle n’en avait pas envie. Elle savait qu’à partir du moment où elle irait prendre sa douche et qu’elle refermerait la porte de la salle d’eau, alors elle disparaitrait. C’était ce qu’il se passait tous les matins depuis un mois. Et chaque jour, elle espérait que cela serait différent. Elle conversait beaucoup avec elle, lui racontant tout un tas de choses aussi banales que futiles. Beth écoutait. Sans parler. Mais elle écoutait. C’était le principal. Ca la rassurait. Elle se sentait moins seule. Elle n’avait pas besoin de faire son deuil, puisqu’elle était là, avec elle. Lauren n’avait pas envie de comprendre le fin de mot de l’histoire. Elle ne savait pas si elle était en train de devenir folle parce qu’elle n’avait pas l’impression que Yuna pouvait remarquer la présence de Beth, mais elle s’en fichait royalement. Que sa colocataire puisse la voir parler seule tous les matins à un fantôme ne lui faisait ni chaud ni froid. Elle n’était pas là pour se faire des amis, mais parce que le service d’aide à l’enfance l’avait placé là suite à la mort de tous les membres de sa famille dans un incendie qu’elle avait elle-même allumé. Alors, en rechignant, elle devait malgré tout aller se préparer. Même si l’idée de passer sa journée d’Halloween en pyjama, dans son lit, en compagnie de sa sœur jumelle la tentait énormément, elle devait bien se résoudre à se lever. Elle avait promis à sa Zorua qu’elles iraient à la fête qui était organisée au centre-ville. Et, elle avait envie de trouver un déguisement pour elle et son pokemon, histoire de ne pas trop détonner dans le paysage costumé. Lauren savait que beaucoup d’élèves avaient tendances à oublier des affaires dans les salles de classe, dans les couloirs ou même dans les salles communes du dortoir des Givrali. De vraies mines d’or ! Elle pouvait toujours essayer de voir ce qu’elle pouvait bien trouver, les emprunter le temps d’une soirée, puis les déposer dans la boîte des objets trouvés le lendemain ! Après tout, qui pourrait le remarquer ? Personne, sans doute. Alors, elle était allée se doucher et s’habiller. Elle avait opté pour un jean noir, une ceinture noire aux anneaux troués, un débardeur noir, et un collier ras de coup en bandeau noir. Son maquillage était léger, juste histoire de noircir quelque peu ses yeux. Quand elle fut fin prête, elle ouvrait la porte de la salle de bain. Beth n’était plus là. En revanche, sa Zorua l’attendait, assise au bout de son lit, du côté des pieds, pas du coussin. ▬ Zooo, Zo Zooo Zo ! ▬ Je suis prête ! On y va ? ▬ Zo ! Le feu vert de sa Zorua était proclamé. Lauren attrapait sa veste en cuir noir, la mettait sur son dos, puis quittait la chambre en faisant un signe de la main à sa colocataire. ▬ A plus tard. Elle n’ajoutait rien de plus, rien de moins. Ce n’était pas qu’elle n’aimait pas cette fille, mais elle voulait la préserver. Elle ne savait pas quand est-ce que la Chose pouvait revenir. Alors valait mieux être prudente et éloigner les gens un maximum. Lauren n’avait pas à aller bien loin. Elle comptait se rendre dans un premier temps dans la salle commune de son dortoir. Ah, ce que les filles pouvaient bien trimballer des fois ! Et, une affaire est si vite égarée ou bien oubliée quand on a tout un tas de trucs inutiles dans son sac à main ! Alors qu’elle poussait les portes de la salle commune de son propre dortoir pour y découvrir un endroit complètement désert, elle soupirait de soulagement. D’une part, elle n’aurait pas à faire la cosette avec qui que ce soit, bien qu’elle ne le faisait jamais de toute manière. D’autre part, cela lui laisserait le champ libre pour bien fouiller l’endroit et prendre ce dont elle avait besoin sans avoir à rendre de compte à qui que ce soit ou bien sans qu’on ne le sache tout simplement ! Pratique non ? Ni vu, ni connu ! Comme on disait si bien. ▬ Tu m’aides à fouiller la pièce ma belle ? ▬ Zoooo ! ▬ Alors, au travail ! N’hésite pas à me montrer tout ce qui te plaira ! ▬ Zo Zoo. Alors les deux comparses se mettaient au travail. Ce n’était pas vraiment une activité des plus légales, mais Lauren avait appris avec le temps que sa Zorua aimait bien manipuler son petit monde à sa guise dans le seul but d’obtenir ce qu’elle voulait. Elle aimait apprendre à la connaître. Pour elle, s’était plus qu’un simple pokemon qu’elle pouvait utiliser à sa guise. Non. Pour elle, sa Zorua était un être vivant à part entière. Doté d’émotions, de sentiments, d’envies, et bien d’autres choses encore. Lauren voyait vraiment un égal en face d’elle. Cependant, elle ne parvenait toujours pas à l’appeler par le nom auquel elle avait songé le premier jour où elle l’avait eu. C’était comme un blocage intérieur. Elle pensait que lui donner ce nom, c’était s’attacher à elle. Pourtant, ne l’était-elle déjà pas ? Tout ceci était bien trop confus dans son esprit… ▬ Zooooo ! ▬ Qu’est-ce qu’il y a ? T’as trouvé quelque chose ? ▬ Zo ! ▬ Montre-moi ça pour voir ? Oh, mais c’est magnifique ! Je ne suis pas sûre que ça fasse vraiment beaucoup Halloween, mais si tu y tiens, je peux te le mettre ! ▬ Zo Zo Zoo ! ▬ Ahah d’accord, aller, approche pour que je te le fixe… Voilà… Tu es toute belle comme ça maintenant ! ▬ Zooo Zoo, Zo, Zooooo ! ▬ Ahah t’es contente hein ? Bon, et si on me trouvait un petit truc, à moi aussi ? ▬ Zoo ! ▬ Aller, c’est reparti ! La Zorua avait trouvé une petite pince surmontée d’un magnifique flot noir. Sa dresseuse le lui avait alors attaché sur le sommet de sa tête, proche de son oreille droite. Elle était splendide ainsi ! Lauren se remettait à farfouiller à droite, à gauche. Elle soulevait les coussins, déplaçaient les fauteuils, écartaient les bouquins des bibliothèques… Alors qu’elle avançait le long des étagères en bois remplis de livres, son pied percuta quelque chose de petit mais lourd. Il s’agissait d’un ouvrage à première vue. Sa curiosité piquée au vif, elle s’en saisissait. Une petite rectification s’imposait : c’était en réalité une sorte de carnet. Un peu comme son propre journal intime. Elle se mettait alors à le feuilleter. Ses pages la déconcertaient quelque peu. Le propriétaire de ce carnet à dessins devait avoir de l’imagination à revendre ! En effet, des sortes d’hybrides, mi- bêtes mi-homme, parcouraient les pages. Le premier avait une sorte de tête d’Absol mais en plus allongée. Avec une mâchoire bien plus semblable à celle d’un Grahyena. Son corps était tout à fait humain, mis à part l’un de ses bras qui ressemblait à la moitié d’un Millobelus. Lauren devait bien se l’avouer, les dessins, bien que pas très bien faits, donnaient froid dans le dos ! Un bruit devant elle attirait alors son attention. Elle faisait face à ce monstre cauchemardesque. Rêvait-elle une fois de plus ? Elle devait vraiment avoir une imagination débordante pour aller jusqu’à se représenter ces monstres d’enfants dans la vie réelle. Ou peut-être qu’elle devenait vraiment folle. D’abord Beth, qui était morte mais que Lauren voyait tous les matins. Qu’elle pouvait toucher et sentir sa chaleur corporelle. Et, surtout, que Yuna ne semblait pas voir. Et maintenant, cet hybride naît de l’esprit d’un enfant. Devait-elle aller voir un psychologue ? Peut-être que c’était juste un traumatisme émotionnel suite au décès de sa jumelle ? Mais comment en être sûre ? Pouvait-elle le toucher, lui aussi ? Son apprance n’était pas des plus accueillantes. Elle invitait même carrément de prendre ses jambes à son cou sans demander son reste ! Aurait-elle le courage de vérifier son intuition ? Mais… Si elle pouvait toucher Beth... Cela signifiait qu’elle pouvait probablement faire de même avec lui… Et donc… Il pouvait aussi la mordre, avec ses immondes dents ? Ok. La fuite se trouvait être une meilleure option… Mais… C’était déjà trop tard. La créature fondait sur elle. Sur elle ? Non, pas exactement. En fait, la créature regardait bien plus loin qu’elle. Derrière. Lauren se retournait avant que la bête ne la dépasse. Elle ne semblait pas avoir vu la jeune dresseuse, en revanche, la jeune fille devant la porte d’entrée de la salle commune semblait être repérée. Lauren allait lui crier de s’enfuir, de partir le plus loin d’ici possible avant que le monstre ne puisse l’atteindre, mais ses paroles ne s’accordaient pas avec la situation. Elle semblait bien trop calme pour quelqu’un qui faisait face à cette créature venue des bas-fonds. ▬ Bonjour. Excusez-moi de vous déranger mademoiselle, mais je crois que vous tenez le carnet que mon petit frère m’a offert. Je pourrais le récupérer s’il vous plaît ? Dans un premier temps, Lauren n’y comprit rien. Mais, bien rapidement, elle retrouvait ses esprits et observait le carnet qu’elle tenait entre ses doigts. Elle le refermait et le lui tendait. ▬ Bien sûr. Désolée. Je l’ai trouvé par terre. La jeune fille s’était alors approchée, d’un pas hésitant, avant de se saisir rapidement du cahier et de repartir en courant tout en murmurant un léger merci, resté en suspens. Alors comme ça, Lauren faisait peur aux autres ? Elle devenait folle, et flippante donc. Soit. Au moins, les gens ne voudront pas s’approcher d’elle. C’était un mal pour un bien en fin de compte… |
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