Elle sourit. Par politesse. La lueur des bougies se reflètent sur chaque mur de la pièce, les ombres dansent, se courbent indécemment. Progressivement, ses pupilles se réchauffent, sans cesser de le fixer, ce point, face à elle, qui s’éloigne, toujours un peu plus. Point sombre, opaque, inexistant, mais présent. Point mort. Les ombres dansent, se courbent indécemment. Leurs pas vifs les guident, parcourent les quatre coins de la pièce, chaque parcelle de ces murs. De ces quatre murs. Et parfois, lorsqu’ils se lassent, ils se jettent dans l’inconnu, l’obscurité. Le point absorbe, s’engraisse. Et bientôt, l’obscurité reprend ses droits, tord la rigidité qui régit cette pièce. Elle ne fait plus qu’un.
Mais elle refuse. Elle voudrait briser cette fatalité. Elle veut se sentir vivante. Qu’une once de vie persiste dans ces tréfonds. Sourd. Elle s’essouffle.
Elle panique.
Ses yeux s’ouvrent subitement. L’obscurité totale. Il ne lui fallut que quelques secondes pour réagir, se redressant avec précipitation avant de secouer doucement la tête pour libérer sa vision. La créature se déloge d’autour de sa tête, flottant lentement pour se refugier dans un coin de la pièce.
Et enfin, elle aperçoit la lueur de la lune éclairer sa pièce désordonnée. Des vêtements et ses affaires de cours traînent ci et là. Sa chambre telle qu’elle la connaît. Elle baisse le regard, fixe ses mains, crispées, accrochées à son drap. Fébrilement, elle en porte une à sa joue. Sèche. Elle ne peut empêcher un soupir de soulagement.
Ses pieds se posent sur le parquet frais, une après l’autre. Puis après un instant, se soulèvent pour se poser un peu plus loin, continuellement, toujours à tour de rôle. Elle attrape quelques fringues qu’elle enfile presque aussitôt, puis son regard sévère se pose sur la créature qui l’observe, tapie dans l’ombre.
Ses lèvres s’entrouvrent, aucun son ne sort. Elle les referme. Comment pourrait-elle lui en vouloir ? Lui en vouloir pour quelque chose dont elle-même n’avait pas contrôle dessus. Alors elle soupire.
« Viens. »
La créature la fixe, d’abord incertaine, puis voyant l’humaine franchir la porte, se décide à la suivre.
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Il faisait frisquet. La température n’avait cessé de se réchauffer depuis plusieurs semaines, mais on était encore loin des météos estivales. Une légère brise soufflait, entraînant avec elle le froissement des feuilles. Un rideau étoilé recouvrait le ciel.
Dissimulée dans son training qui, après avoir traversé les âges, correspondait à sa taille, elle entama quelques étirements pour se préparer avant de se lancer dans des exercices plus intensifs. Tant qu’à perdre une nuit de sommeil, autant que cela soit rentable. De toute manière, jamais elle ne réussira à se lever à l’heure même si elle retournait se coucher maintenant. Le sommeil l’avait quitté. Cela faisait quelques jours que ses nuits s’étaient considérablement raccourcies