Cleve se faisait l’effet d’être un gnome de jardin. Recroquevillée dans son lit, les mains sur sa tête rousse et désespérément cachée sous son plaid, la jeune fille tentait vainement de se transformer en Octillery fermement ventousé à son matelas. Curly, son Psystigri, l’observait de ses grands yeux inexpressifs mais semblait être de la plus cuisante des inutilités dans cette épreuve.petit conPep’ était quant à lui occupé à jouer son rôle de maman-poule de Cleve, comme tous les matins, devant les soupirs sarcastiques des autres Givralis de sa chambrée.
« Laissemoitranquillelaissemoitranquillelaissemoitranquille » pleurnicha la petite mécanicienne à l’adresse de son immense Lokhlass qui tirait sur un pan de son pantalon de pyjama depuis que son réveil avait sonné. Exit son honneur, la rouquine préférait qu’on jacasse sur sa façon assez particulière de se réveiller, plutôt que de se lever simplement et d’aller affronter l’horreur qui l’attendait. Car messieurs dames, accrochez-vous bien à vos sièges, car je vous annonce fièrement qu’après un semestre et demi passé à la Pokémon Community, les Scientifiques étaient fins prêts à recevoir leur premier cours optionnel !Mazel Tov !« Pas trop tôt », aurait normalement dit la Carter, avant de partir sur de grands discours concernant l’académie, sa gestion plus qu’approximative des élèves, et ses programmes contestables. « Vraiment, je me demande qui s’occupe des cours, parce que franchement… » aurait-elle ajouté en se plaignant à ses parents par iPok, avant d’avancer subtilement qu’elle était peut-être mieux à Ecorcia, avec ses jeux-vidéos et surtout, surtout, pas de cours. Cependant, le fait d’apprendre que Roseverte assurerait le premier quart –à comprendre, le premier et dernier cours optionnel auquel elle assisterait, parce que ce psychopathe sans cœur l’aurait sans doute assez traumatisée pour qu’elle ne remette plus un pied en salle de classe- avait fait office de douche froideet tu ne crois pas si bien dire, chère Cleve, mais il faudrait avertir tes lecteurs d’une pancarte SPOILER.
Quoi qu’il en soit, Cleve ne souhaitait pas aller en cours, et passer la journée à larver dans son lit n’aurait pas été la plus mauvaise des options. Peppéroni ne l’entendait cependant pas de la même oreille –à supposer que ce truc ait des oreilles. Franchement, qui arrive à comprendre l’anatomie d’un Lokhlass ?- et continuait de s’acharner sur ce pauvre pyjama, qui ne ressemblait plus à grand-chose à présent. Dans un bruit de déchirure, le tissu se fendit en deux et Pep’ fut projeté en arrière, roulant comme une boule dans toute la chambre. Devant ce spectacle grotesque, Cleve ne put s’empêcher d’éclater de rire, avant de se prendre une violente attaque Pistolet à O en plein dans la tronche. Trempée des pieds à la tête, elle fusilla son Pokémon du regard, lequel le lui rendit au centuple. Une guerre silencieuse s’engagea entre les deux protagonistes, jusqu’à ce que la rousse sente ses yeux piquer et mette fin au jeu, se ruant vers la salle de bain en montrant son mécontentement. Dans sa glorieuse marche, la Scientifique se paya l’encadrement de la porte, mais malgré le ricanement de Pep’ et la douleur lancinante dans son nez, elle tenta de rester digne et alla s’habiller rapidement. Elle sortit ensuite de son dortoir sans prendre la peine d’attendre ses deux compagnons –Pep’ avait été infect, et Curl avait été… inutile comme toujours-, et se dirigea d’un pas machinal vers la salle du Professeur Roseverte.
Lorsqu’elle arriva, une bonne partie des élèves étaient déjà installés, et elle ne chercha même pas à reconnaître une tête connue. Comme d’ordinaire, la rouquine s’installa au fond de la classe, immédiatement suivie par son immense Lokhlass, à qui elle donna un coup de coude lorsqu’il tenta de remettre bien une mèche de ses longs cheveux roux. L’enseignant avait comme toujours un air de profond ennui peint sur le visage, et il attendit que le dernier élève soit assis pour commencer son cours. Comme Cleve s’en était doutée, Roserverte n’en avait que faire de la petite assemblée assise en face de lui, et il débitait ce qu’il devait dire comme s’il aurait préféré se retrouver à n’importe quel autre endroit plutôt qu’ici. Le cours était déjà ennuyeux, et la rousse joua machinalement avec son stylo en prenant des notes de temps à autres. Elle leva un petit œil à demi intéressé vers l’espèce de crotte fossilisée qui flottait dans un grand bocal et avait l’air d’être tout sauf vivant, puis évita le moindre contact oculaire avec l’enseignant lorsque celui-ci posa une question –une technique qui avait déjà fait ses preuves auparavant-. Devant l’absence de réaction de ses élèves, Roserverte déclara rapidement qu’il en avait marreBravo, vous aurez tenu 3 minutes, et leur demanda de le suivre jusqu’à l’Epave.
Sa curiosité légèrement piquée, la rouquine trotta derrière le vieux schnock, restant tout de même à distance respectable histoire de pouvoir se carapater si les choses se gâtaient. Des crétins s’étaient cependant placés derrière elle, et lorsqu’elle compris enfin de quoi il en retournait, elle était complètement bloquée et ne pouvait plus s’enfuir. Damn ! Roseverte donna rapidement ses instructions, avant de rappeler une énième fois que l’école n’avait pas le budget, puis de se vêtir d’une tenue de plongée flambant neuve. Révoltée, Cleve ouvrit la bouche pour dire quelque chose, mais se ravisa, préférant voir le vieux référent des Phyllalis habillé avec une bonne partie de leurs frais d’inscriptions, plutôt que de risquer le calbut. Elle tenait à préserver sa santé visuelle, merci pour elle.
Soupirant, elle se dirigea donc vers son partenaire de cours, et constata avec tristesse qu’il ne s’agissait ni d’Amaoka, ni de Rick. Elle lui adressa cependant un petit sourire discret, encouragée par Pep’ à dire quelque chose. Sa timidité était telle qu’elle ouvrit une fois la bouche sans rien dire, puis, déglutissant, parvint enfin à sortir un son.
« Heu salut. » lança-t-elle courageusement, alors que le blond semblait remarquer sa présence.
Un couinement de souris s’échappa de ses lèvres, et elle alla se cacher derrière Peppéroni, qui observa les nouveaux arrivants suspicieusement.
« J…j…je… j’ai un Marill et un Lokhlass qui peuvent plonger… » marmonna-t-elle à l’adresse de Leonidas, en le regardant craintivement de derrière le long cou de son Pokémon.
Elle réalisa ensuite qu’elle devrait se dessaper si elle voulait mettre un orteil dans l’eau, et la perspective ne l’enchanta guère. Dans tous les cas, elle n’était pas prête à le faire en premier, et attendit que son nouveau binôme se décide à dire quelque chose avant de faire quoi que ce soit. Le cours risquait d’être une rude épreuve.
Tout autour d’eux, les gens commençaient à faire preuve de moins en moins de pudeursignalez cette école aux hautes instances je vous prie, on tombe clairement dans la débauche !, et bientôt, la majorité des élèves présents s’étaient retrouvés en tenues plus ou moins saugrenues. Entre les filles qui portaient des sous-vêtements dépareillés, celles qui avaient sortie l’artillerie lourde –à comprendre, bas en dentelles etcaches-piqûres-de-moustiquesbrassières hors de prix- et celles qui jouaient dans le topless, il y avait de quoi ravir la gent masculine. Non mais sérieusement, n’aurait-il pas été plus simple de prévenir les élèves à l’avance en leur demandant d’apporter un maillot de bain ? Quoique, connaissant le vieux Roseverte, il n’avait certainement pas du tout prévu ce qu’il comptait faire comme cours, et avait avisé sur le moment en fonction de son humeur. Cleve pestait littéralement. Elle n’avait pas envie de se retrouver sans presque rien sur le dos. Il y avait des gens qui étaient encore pudiques, merci pour eux ! Cela ne semblait cependant pas gêner plus que de nécessité son binôme de TP, qui venait de se déshabiller rapidement, sous le regard dépréciateur de Peppéroni. L’immense Pokémon transporteur tenta d’ailleurs d’ignorer superbement la petite chose agaçante qui essayait de dire bonjour à son museau, en faisant mine de rester haut, fier et digne. Il souffla cependant de l’eau par les narines dans une tentative de faire fuir le sombrenard, mais n’eut pas son habituel ricanement. Après tout, il voulait montrer au nouveau mâle –à comprendre Leonidas-, qui était l’alpha. Et clairement, le rôle n’allait pas revenir au petit blanc bec rachitique aux cuisses dignes de celles d’un poulet –AOC, on lui doit bien ça-.
Le blond se présenta ensuite rapidement, et Cleve fut soulagée du fait qu’il ait l’air plutôt gentil. Pas vraiment effrayant comme certaines brutes épaisses qui trainaient dans le couloir, ni particulièrement peste comme les pintades de deuxième semestreoui je parle beaucoup de poulet, j’étais devant Top Chef. Mes excuses.Le fait qu’il soit uniquement en sous-vêtements la perturbait énormément, et elle détourna la tête pour éviter d’avoir à poser ses yeux sur un torse nu.
Elle sortit malgré tout timidement la tête de derrière le long cou de Peppéroni, et tenta un petit sourire gauche, en prenant bien soin de fixer ses yeux ambrés sur un point lointain à l’horizon.
« Cleve Carter. Et ça c’est Peppéroni, mon Lokhlass. » répondit-elle en essayant d’être la plus chaleureuse possible malgré son anxiété et la peur panique que cette rencontre lui inspirait« Oh mon dieu ! Pourquoi suis-je obligée de parler à des gens ?! Jeveuxpasjeveuxpasjeveuxpas ! »
Pep s’était redressé légèrement durant cette brève introduction de sa personne, affichant un sourire Acien –nouvel adjectif désignant un sourire auto-suffisant et charmeur à la façon d’Ace S. Creed. Vous pouvez vérifier, il est dans le dictionnaire personnel d’Andreas Heartnett-. Le petit Luné lui courait cependant sur le haricot, tentant de grimper sur sa carapace. Un léger coup sur le côté suffit cependant pour désarçonner le Zorua et l’envoyer rouler dans le sable. Cleve n’était malheureusement pas d’humeur à houspiller son Pokémon, étant dans une claire situation de crise. Il allait falloir qu’elle se déshabille, et en étant l’une des dernières ayant encore plus de 30cm² de tissu sur le dos, les choses commençaient à presser. Foutu pour foutu, la jeune rousse enleva ses vêtements et les déposa pliés sur le sable, avant de cacher sa tête dans ses mains, appliquant sa fameuse théorie de l’autruche selon laquelle si elle ne vous voyait pas, vous ne la voyiez pas.
« Je heu… par contre je ne sais pas du tout nager alors je ne sais pas comment on va s’y prendre. » enchaîna-t-elle à toute vitesse et sans transitionbien Cleve, rend la discussion toujours plus incompréhensible
Il y avait bien deux de ses Pokémon qui possédaient la capacité Plongée, mais à dire vrai, elle n’avait jamais tenté l’expérience, et mettre un orteil dans l’eau ne l’enchantait pas plus que ça. Après tout, quand on vient d’un patelin paumé en forêt où la seule eau disponible provient d’une flaque dans le Puits Ramolosse, on n’est pas vraiment habitué à toutes ces choses-là. Visiblement, et puisqu’elle n’avait jamais remarqué Leonidas avant, il devait probablement faire partie de la promotion fraîchement arrivée au second semestre. Il devait donc techniquement en savoir moins qu’elle, mais il ne fallait pas oublier qu’on parlait de Cleve Carter et de sa culture plus que médiocre des Pokémon. Ce fut donc la raison pour laquelle elle osa poser sa question.
« Deux de mes Pokémon connaissent apparemment Plongée, mais je n’ai aucune idée de la façon dont on s’en sers. J’ai pas vraiment envie qu’on se retrouve coincés dans les profondeurs sans pouvoir remonter, ou quoi que ce soit… » avoua-t-elle. « Donc si t’as des informations sur ça, je suis preneuse… »
Cleve n’avait pas vraiment remarqué le regard inquisiteur de Leonidas lorsqu’elle s’était déshabillée. A dire vrai, elle était bien plus occupée à éviter tout contact visuel avec ses autres camarades –ce qui aurait définitivement achevé de la faire défaillir, déjà qu’elle était à deux doigts d’être prise de nausées- qu’à se renseigner sur les potentiels vicelards de l’académie. Ses vêtements dans le sable chaud, sa ceinture de Pokémécanicienne posée sur le dessus, Cleve se sentait totalement nueoui, c’est le cas de le dire. Un frisson lui parcourut l’échine et elle frissonna un instant. Il ne faisait pas particulièrement chaud, et elle était dans une situation qui ne lui permettait pas vraiment d’être sereine. Elle aurait préféré être partout ailleurs qu’ici, mais il fallait dire qu’elle n’avait pas vraiment eu le choix. Cachée derrière Pep’, la rouquine essayait tant bien que mal de parler au Phyllali, mais les choses étaient plutôt difficiles. Ses yeux ambrés se posèrent par inadvertance sur le torse nu de son binôme, et elle détourna vivement la tête. Il ne fallait pas qu’elle regarde, ce n’était pas bien. D’autant plus que ça la gênait plus que ça ne l’intéressait. Pas que ça la dégoûtait, évidemment –pauvre Leonidas-. Mais bon voilà, quand on est une jeune fille aussi prude que Cleve, on avait du mal à regarder les autres dans le plus simple appareilet pourtant elle avait joué à Lara Croft. Mais bon, il fallait dire qu’elle avait fini par penser que les obus de son protagoniste étaient des prothèses-mammaires-gilet-pare-balles, alors ça la dérangeait moins.
Le blondinet ne semblait cependant pas plus gêné que ça pour autant, et le fait que Pep’ ait envoyé valdinguer son Zorua dans le sable ne l’avait pas vexé. Loin de se démonter pour autant, le petit renard au pelage obscur escalada une nouvelle fois la montagne de la carapace du Lokhlass, qui, après un soupir, n’eut pas le cœur à le désarçonner encore. La bestiole venait d’ailleurs de se rouler sur elle-même pour une sieste, et Pep’ était bien placé pour savoir qu’il était très impoli de déranger lors d’un roupillon. Les deux apprentis Scientifiques commençaient cependant à s’agiter, jugeant bon qu’il devenait urgent de commencer le travail. Cleve avait fait part de ses incapacités à Leonidas, mais ce dernier ne la gratifia pas d’une moue déçue et d’un facepalm monumental. Au lieu de quoi il commença à prendre un ton enjoué, lui attrapant le bras et l’entraînant dans l’eau.
La rousse n’avait été en contact qu’une seule fois avec l’eau autre que celle qui sortait de sa douche, et elle n’en gardait pas forcément un bon souvenir. Le vieux marin qui tenait la cabane pour louer des barques sur le Lac Corail l’y avait en effet précipitée, et elle se serait noyée si Pep’ ne l’avait pas secourue. Ce fut donc avec une immense appréhension que son orteil pénétra dans le liquide froid, jusqu’à ce que sa taille fût engloutie. L’eau était plutôt gelée, et pas vraiment agréable, mais le fait que le Phyllali la tienne par le bras la rassurait. Elle avait l’impression qu’il l’empêcherait de se noyer, et c’était déjà un point plutôt positif.
Elle inspira une fois, puis deux, et fit une tête totalement déconfite lorsqu’il l’éclaboussa. Elle hésita entre rire et prendre une mine outrée, mais la première option la gagna naturellement, et elle lui renvoya une gerbe d’eau dans la tronche. Avec un air qui incitait à la confiance, Leonidas lui tendit une main que Cleve saisit après une brève hésitation. Ce simple contact la rassura un peu plus, et elle pataugea jusqu’à son camarade pour qu’ils décident quoi faire. Apparemment, il était aussi paumé qu'elle, mais voulait rester positif afin de garder le moral des troupes au plus haut. Peppéroni avait rejoint le duo, le Zorua toujours sur la carapace, et agitait ses grands nageoires paisiblement. Décidemment, c’était totalement le genre d’environnements où il se sentait bien, et il cracha un jet d’eau vers Leonidas pour le taquinerou pour lui montrer qui est le maître, au choix.
Après un froncement de sourcil vers son starter, Cleve sortit une seconde Pokéball et libéra Biscuit de sa cage de métal. Le Marill se matérialisa dans un rayon rougeoyant, et tomba tête la première dans l’eau. Il ressurgit cependant après quelques secondes, remonté à la surface grâce à la boule de sa queue extensible remplie d’huile.
« Je pense qu’il suffit que je leur demande pour qu’ils nous guident en bas. Biske ne nagera pas très bien en profondeur, puisque le bout de sa queue remplie d’huile le remonte naturellement vers la surface, mais il pourra nous être utile d’en haut. Pep’ nous accompagnera, mais on risque d’avoir des difficultés à communiquer, alors il faudra pas qu’on s’éloigne trop… » exposa Cleve, de moins en moins intimidée par Leonidas.
Elle chuchota ensuite ses instructions à ses deux Pokémon, qui acquiescèrent et se mirent en position. Marill cracha une nuée de bulles d’eau permettant de retenir l’oxygène et de respirer temporairement sous l’eau, tandis que Pep’ utilisa sa capacité Plongée pour créer une énorme bulle autour de sa carapace. Cleve hésita, mais traversa tout de même la bulle de savon sans pour autant que celle-ci ne s’éclate, et pris place à la base du cou de Peppéroni, assise en Amazone sur sa carapace. Elle fit ensuite signe à Leonidas de la rejoindre, en se demandant si cette énorme bulle allait tenir longtemps sous l’eau. Après tout, elle n’avait pas l’air bien solide, mais le duo ne le saurait qu’une fois que Pep’ se serait enfoncé dans les profondeurs.
« Je devrais peut-être fabriquer un truc qui nous permettrait de respirer un peu sous l’eau, mais je risque de ne pas finir avant la fin du cours. Fichtre. S’il avait prévenu à l’avance, il n’y aurait pas eu autant de problème… » grommela Cleve, en croisant les bras.
Elle attendit ensuite que son camarade la rejoigne, pour entamer la descente.
Les craintes commençaient progressivement à se dissiper. Pour une raison ou une autre, Cleve commençait à faire confiance à Leonidas. Peut-être parce que sa bouille gentillette et un brin boudeuse par moments lui faisait penser à Rick Larson, et qu’elle accordait une totale amitié à son partenaire scientifique. Dans tous les cas, la rouquine prenait ses aises, et elle se surprit même à taquiner le Phyllali, avant de se reprendre en rougissant et de pester sur l’organisation plus que foireuse de cet exercice. Son esprit formaté par les jeux vidéo analysa directement le profil type du Blackhart. Le héros timide qui ne sait pas vraiment ce qu’il fout dans l’histoire, mais qui se retrouve par la force des choses affublé d’un pouvoir grandiose, qu’il se doit d’utiliser pour sauver l’humanité. Le grand cœur un peu froussard et maladroit, mais qui reste fidèle à ses amis malgré tout. La Pokémécanicienne esquissa un léger sourire. C’était le genre de personnages qu’elle aimait bien jouer, parce que leurs personnalités étaient plutôt compatibles. Après tout, Cleve aurait été plus proche de ce personnage-là, si elle avait fait partie d’un jeu vidéoà moins qu’il ne s’agisse de la grosse trouillarde qui se cache à chaque mission et qui se fait trainer comme un boulet par le reste de sa Guilde. Mais laissons de côté les jeux vidéo pour le moment.
Le véritable exercice allait enfin commencer. Au-delà de l’épreuve d’entrer dans l’eau jusqu’à la taille –qu’elle venait de passer avec brio grâce à Leonidas-, il fallait à présent que les deux Scientifiques piquent une tête dans la mer. Malgré la capacité Plongée de Peppéroni, Cleve n’était pas sereine avec cette fragile bulle d’eau autour d’eux. Elle ne faisait pas vraiment confiance, et pour avoir parfois fait des bulles de savon, elle savait que la durée de vie de ces machins était plutôt courte. Seule la présence de Biscuit autour la rassurait un petit peu, même si elle doutait de l’efficacité de l’aquasouris en cas de situation de crise. Pep’ était un peu plus fiable, mais le saligaud perdait clairement de sa mobilité avec deux bipèdes et un renardeau sur le dos. Leonidas venait d’ailleurs de s’installer derrière Cleve, non sans une légère réticence, et la jeune fille se demanda un instant si elle aurait dû le laisser piloter –après tout, elle n’était pas sûre d’être particulièrement bonne pour cavaler sur un Lokhlass, et elle s’en serait voulue de les faire foncer droit sur un rocher-. Il approuva cependant ses dires sur la sortie, et elle hocha la tête.
« Ça s’est un peu décidé à l’improviste, à mon avis. Il avait envie de piquer une tête alors il a trouvé ça comme excuse… Du Roserverte tout craché. » commenta Cleve avec une moue dépréciative.
Et comme si le vieux rabougri venait de les entendre –par Arceus, il s’agit d’une malédiction ou quoi ? Dire son nom plus de trois fois l’invoque ?-, une voix aboya 5 mètres plus loin aux retardataires de plonger. Cleve leva les yeux au ciel, avant de sentir Leonidas se rapprocher d’elle. Elle ne savait pas s’il allait être réellement stable s’il ne s’accrochait pas, mais à dire vrai, elle n’avait pas trop envie de lui proposer de s’accrocher à sa taille. Elle était encore trop prude et gênée pour ça. S’accrochant tout de même au long cou de Pep’, Cleve répondit à son binôme, en essayant de masquer la peur dans sa voix.
« Prête. »
Elle tapota ensuite sur la tête de Pep’, qui amorça doucement sa descente dans les profondeurs. L’eau tout d’abord au niveau de leurs genoux commença progressivement à monter au fur et à mesure que Pep’ agitait ses nageoires, et bientôt, ils furent tous deux immergés. La rousse ferma les yeux lorsque sa tête s’enfonça dans l’eau, et elle retint sa respiration le plus longtemps possible, avant de finir par prendre une grande inspiration. Elle fut plutôt émerveillée de constater qu’elle ne se noyait pas et qu’elle arrivait parfaitement à avoir assez d’oxygène. Elle respira comme si elle venait d’apprendre à le faire, et ouvrit les yeux pour observer le monde tout autour d’elle. Doucement, elle sortit Cherryl de sa Pokéball et lui intima d’utiliser sa capacité Flash. Une lumière vive se dégagea du Mélofée rose, et soudainement, les formes se firent plus distinctes. La vieille épave engloutie était droit devant eux, immense et complètement rongée par le temps et son séjour plus que prolongé dans l’eau. Des touffes d’algues poussaient çà et là, et des bancs de Pokémon eau sauvages se pavanaient fièrement et sans faire attention à eux. Les yeux ambrés de la Givrali furent subjugués par ce monde silencieux. Elle voulut tendre le doigt pour toucher l’eau mais se rétracta, de peur de faire éclater la bulle.
« Par où est-ce qu’on va ? » demanda-t-elle à Leonidas.
Sans attendre, Pep’ plongea de plus belle et se dirigea vers l’entrée de l’épave.
« Hm, je pense qu’on peut prendre ça pour une réponse… »
Après toi Leonidas ?
Après une courte pause, Peppéroni continua de fendre l’onde. Doucement, il traversa l’ouverture béante permettant d’accéder à l’épave, laissant le temps à Cleve et à Leonidas d’observer tout ce qu’il y avait autour d’eux. Cherryl, installé sur les genoux de la Givrali, continuait d’éclairer le lieu avec son attaque Flash mais gigotait tellement que le faisceau parcourait les parois du vieux bateau, recréant une scène digne des films d’horreur. Heureusement que le Phyllali avait sorti une lampe torche –où l’avait-il cachée, Cleve se le demandait-, rattrapant pour le coup le côté peu docile de l’équipe de la Pokémécanicienne. La rouquine soupira. Il n’y en avait pas un pour rattraper l’autre, vraiment. Entre Pep’ qui crachait de l’eau à la figure de Leo pour montrer qui était le mâââle alpha, Biscuit qui nageait comme un dément en se cognant contre tous les rochers possibles et imaginables, et Cherryl qui commençait à arracher des cheveux au Phyllali pour bricoler une poupée vaudou à son effigie, il y avait de quoi avoir honte. D’une pichenette, Cleve intima à son Mélofée de rester concentré, et elle put enfin prêter un peu plus d’attention à ce qui l’entourait.
L’épave était plus grosse que dans ses pensées. Vieux paquebot ou navire de marchandise, Cleve n’en savait rien. Elle n’avait vu des embarcations marines que depuis qu’elle avait quitté son petit Ecorcia pour venir à l’académie, et n’aurait donc pas pu établir une analyse complète de ce qu’elle voyait. Elle pouvait cependant être sûre du fait que l’engin avait eu une belle vie avant de venir sombrer et s’éteindre dans ces bas-fonds. De vieux meubles complètement décomposés étaient échoués çà et là, et des objets brillaient comme des pierres précieuses en dessous des décombres. Ses yeux ambrés étaient attirés par le moindre scintillement, tels une pie voleuse. Tout était intéressant pour Cleve. Elle avait envie d’explorer chaque recoin pour trouver de quoi bricoler, et ses doigts la démangeaient, comme s’ils étaient animés de la volonté propre de construire. Elle regretta d’avoir délaissé sa ceinture de bricolage sur la plage, et elle n’avait même pas sur elle la Pokéball qu’elle était habituée à monter et à démonter machinalement. Elle mordilla sa lèvre pour se refreiner, et se contenta de se nourrir de tout ce qu’elle pouvait voir. Le monde sous-marin était silencieux et fascinant. Elle avait l’impression d’être dans une dimension parallèle, tant tout lui semblait magnifique et trouble à la fois. S’il n’y avait pas eu la crainte de mourir noyée ou écrasée par la pression à chaque seconde, elle aurait pu dire sans sourciller qu’elle vivait le plus beau moment de sa vie. Il fallait qu’elle revienne un jour avec une combinaison de plongeur complète. Car même si son Lokhlass lui permettait de ne pas dépérir immédiatement grâce à sa capacité Plongée, la rouquine ne pouvait pas être sûre d’y parvenir éternellement.
Toujours aussi émue de voir quelque chose d’aussi impressionant, Cleve se cogna contre la tête de Pep’ lorsque celui-ci s’arrêta brusquement. Elle voulut le houspiller mais elle remarqua bien vite que son acolyte ne pourrait pas explorer plus loinla faute à son gros cul, un peu. Leonidas semblait également avoir compris de quoi il en retournait, et il émit indirectement l’idée de continuer sans leur monture. La jeune fille se tourna vers lui, un air de panique sur le visage. Elle n’en avait aucune idée. Elle ne savait pas si les bulles produites par son Lokhlass ou son Marill seraient assez robustes pour leur permettre de nager hors de la grosse enveloppe dans laquelle ils étaient, mais elle n’avait pas vraiment envie d’essayer. Et puis bon, elle ne savait pas nager, et l’idée de se retrouver à elle-ne-savait-combien de mètres de profondeur ne l’enchantait guère.
« Je ne sais pas trop, je suppose que oui… » murmura-t-elle en s’accrochant un peu plus à Pep’.
Le Lokhlass devait sentir que sa dresseuse avait peur, car il tourna une tête rassurante vers elle et ouvrit la gueule pour en cracher deux anneaux de bulles. Cleve avait des craintes légitimes. Et pourtant, Leonidas parvenait à la mettre –un peu- en confiance en lui tendant une nouvelle fois la main. La rousse regarda autour d’elle. Certains élèves étaient en train de nager tranquillement, et d’autres arrivaient même à se faire traîner par leurs Pokémon. Comme pour lui dire de faire la même chose, Biscuit traversa la bulle et se positionna à côté de Cleve en agitant sa queue extensible pour lui intimer de s’y accrocher. Il cracha ensuite deux énormes bulles sur les têtes des deux apprentis Scientifiques pour leur permettre de respirer sous l’eau sans l’aide de Pep’.
« Je suppose que je peux bien essayer… » soupira Cleve en donnant une main au blond, et en s’accrochant avec l’autre à la boule de son Marill. « Si on veut communiquer, on va devoir s’y prendre en langage des signes. Au pire il y a tellement de sable sur le fond qu’on pourra y tracer des phrases si jamais on n’arrive pas à se comprendre, on fait comme ça ? »
Elle attendit ensuite l’accord de Leonidas, et tout deux finirent par quitter la carapace rassurante de Pep’ pour entrer totalement dans l’eau. Comme lors de leur première plongée, Cleve ne ressentit pas vraiment de différence au niveau de l’air disponible, et elle se rendit compte avec délices qu’elle n’avait aucun mal à respirer. La bulle tremblotait légèrement autour de sa tête à mesure qu’elle se faisait entraîner par Biske et Leonidas, mais elle n’avait pas l’air d’être prête à éclater, ce qui la rassurait. Elle se sentait maladroite dans l’eau. Ses jambes s’agitaient de façon désordonnée, mais après avoir observé quelques secondes son binôme, elle parvenait à ressembler un peu moins à un Ecremeuh qui se noie. Doucement, ils s’engouffrèrent dans l’ouverture qui n’était pas assez grande pour laisser passer Pep’, et ce dernier lui adressa un clin d’œil pour l’encourager à aller plus loin. Il continuait cependant de les surveiller au cas où ils viendraient à se faire enquiquiner par des Pokémon sauvages, ce qui n’était pas vraiment incohérent quand on voyait tous les Magicarpes qui évoluaient dans l’épave. Sans avoir besoin de dire quoi que ce soit, Cleve et Leonidas prenaient la direction qui était choisie par l’aquasouris bleue. Il semblait savoir où il souhaitait aller, et ne leur donnait pas vraiment le choix. Au bout d’un moment, il plongea vers le fond recouvert de sable, et de sa petite patte, indiqua un objet brillant pratiquement enfoui complètement.
Cleve jeta un coup d’œil à Leonidas pour savoir ce qu’il convenait de faire. Si l’un d’entre eux devait se baisser pour fouiller, elle préférait que ce ne soit pas elle, à dire vrai. Elle n’avait aucune envie de lâcher la prise qu’elle avait sur son Marill. Après tout, que se passerait-il si elle quittait son point d’ancrage ?
Cleve regardait toujours Leonidas en essayant de lui faire silencieusement comprendre qu’il pouvait ramasser l’objet enfoui, lorsqu’un craquement sinistre mais inaudible sous l’eau fit disparaître la pièce brillante dans les abysses. Avec une moue dépréciative, la rouquine suivit de ses yeux mordorés la course de leur trouvaille jusqu’à ce que le scintillement ne soit plus qu’une lointaine poussière. Biske regarda les deux dresseurs avec une mine qui se voulait outrée, mais hyperactif comme il l’était, il ne tarda pas à focaliser son attention sur autre chose. D’un coup de pattes, il se propulsa vers l’avant en se mouvant comme un étrange ballon bleuté à travers les couloirs sinueux de l’épave, entrainant à sa suite les deux étudiants. Toujours dépendante de son guide, Cleve agita les pieds pour suivre son Pokémon, déçue mais pas découragée pour autant. Après tout, ils avaient encore du temps pour faire des recherches supplémentaires. Roseverte avait beau beugler dans sa combinaison flambant neuve, il n’empêche que le créneau dédié à son cours était loin d’être achevé. Nageant aux côtés de Leonidas, Cleve commençait à apprécier le fait de se mouvoir comme un Pokémon eau dans une vieille épave délavée. Ce n’était pas si difficile que ça, quand on tenait la main de deux excellents nageurs et qu’on avait une bulle d’air autour de la tête. La Givrali n’avait pas peur de se noyer, et c’était précisément ce qui l’avait empêchée de nager la première fois qu’elle avait essayé.
Perdue dans ses pensées, Cleve ne sentit même pas que son binôme venait de lâcher sa main pour examiner les murs du vieux bateau. Elle était elle-même fascinée par tout ce qui l’entourait, et son assurance grandissante lui avait fait oublier la main du blond. Au bout de quelques minutes de nage, Biscuit l’emmena dans une petite chambre qui comportait le cadran d’un lit une place, un vieux bureau rongé par l’eau, et un miroir brisé qui déforma son visage lorsqu’elle passa devant. La lampe de Leonidas n’éclairait plus rien, mais la jeune Pokémécanicienne ne fut même pas gênée par la pénombre grâce aux Pokémon eau luminescents qui flottait çà et là. Un Lanturn glissa près d’elle et lui frôla la jambe, fantôme brillant d’une aura douçâtre. La rousse l’observa un moment, avant de repérer un morceau d’une Pierre évolutive sur le sol. L’objet n’était pas totalement complet, mais en frottant un peu, Cleve était certaine qu’elle parviendrait à voir le symbole qui était emprisonné à l’intérieur. Elle glissa sa trouvaille dans un petit sac en toile qu’elle avait suspendu autour de sa taille, et continua d’explorer la chambre. Ses yeux se posèrent alors sur un vieux coffre style coffre à trésor qu’on peut voir dans les films. Prudente mais excitée, la rousse nagea jusqu’à son but et s’accroupit à son chevet. Après un petit regard vers Biske, elle souleva le loquet rouillé et ouvrit la boîte. Un nuage de poussière se répandit dans la pièce, et Cleve ferma les yeux avant de se souvenir que sa bulle d’air la protégeait d’à peu près tout ce qui l’entourait. De sa main valide, elle retira quelques documents que l’eau avait presque effacés, mais elle parvint à reconnaître les schémas de ce qui semblait être la structure d’un objet mécanique qu’elle ne connaissait pas. Une sorte de télescope assez complexe qui permettait peut-être de voir sous l’eau. Intriguée, elle glissa les feuilles dans son sac pour les étudier plus tard, lorsqu’une ombre passa devant la porte.
Se retournant, Cleve constata enfin que Leonidas n’était plus là. Légèrement paniquée, elle sortit et jeta un coup d’œil dans le couloir. Aucune trace de son camarade derrière les algues et les anémones. Regardant dans tous les sens, la rousse sentit la peur la gagner. Elle avait laissé Leonidas alors qu’il était sans Pokémon, et la bulle qui lui permettait de respirer sous l’eau pouvait éclater à tout moment. Elle ne savait même pas si cette dernière pouvait tenir loin du Pokémon qui avait utilisé sa capacité Plongée. Peut-être le Phyllali était déjà inconscient quelque part. D’un coup de pied, elle se propulsa vers un couloir annexe, tandis que son Marill agitait ses grandes oreilles pour essayer d’entendre un bruit caractéristique qui aurait pu lui permettre de déterminer la position du blond. Revenir sur ses pas était peut-être la meilleure solution dans ce cas-là, et la rousse tenta de se calmer pour ne pas consommer son oxygène plus rapidement que de nécessité. Méthodiquement, elle repassa par toutes les salles qu’elle avait visitées, et déboucha vers un grand couloir bordé d’algues. Aucune trace de Leonidas par ici, mais Biske semblait être sur une piste et il la fit se mouvoir parmi les végétaux marins. Avec une pointe d’inquiétude, Cleve constata que l’obscurité était de plus en plus pesante, et qu’elle parvenait de moins en moins à voir devant elle. Un craquement la fit sursauter, et une ombre déboula vers elle en nageant à toute vitesse.
Lâchant un petit cri, Cleve fut projetée vers le bois de l’épave, et elle leva ses mains devant elle pour se protéger instinctivement. Biske se retourna d’un coup vers sa dresseuse et se plaça immédiatement entre la jeune fille et son agresseur pour la protéger. Il encaissa une attaque charge du Pokémon sauvage mais lança une attaque Boul’Armure qui lui permis de ne subir que peu de dégâts sur le second assaut. L’Amphinobi qui venait de les attaquer les toisa un moment, avant de s’enfuir vers le couloir d’algues. Soulagée, Cleve nagea jusqu’à son Marill et passa sa main sur sa peau bleutée pour voir s’il allait bien. Avec une grimace, l’aquasouris laissa sa dresseuse l’examiner, mais apparemment, rien de bien grave n’était survenu.
*Eloignons nous d’ici…* murmura Cleve en espérant que Biske arriverait à lire sur ses lèvres.
A ce moment-là, la lumière d’une lampe torche éclaira le couloir et s’éteignit. L’opération se répéta plusieurs fois, comme un signal. Cleve se figea et devina qu’il s’agissait de Leonidas. Précisément dans la direction où était parti l’agressif Amphinobi. Il ne fallait pas être stupide pour savoir que le blond n’arriverait pas à se défendre sans l’aide d’un Pokémon s’il se faisait attaquer. Prenant son courage à deux mains, Cleve parti donc à sa recherche en compagnie de Biske. Ils nagèrent rapidement à travers les rideaux d’algues, essayant de suivre la piste de la lumière. Rapidement, le Marill agita ses oreilles et parvint à détecter les sons produits par les mouvements de Leonidas. Il fit passer la Scientifique par un raccourci, et parvint à retrouver le blond. Avec un soupir soulagé, Cleve nagea vers Leonidas et lui attrapa la main.
Avec des gestes, elle lui fit comprendre qu’il valait mieux qu’ils s’en aillent maintenant, lorsque l’Amphinobi détruisit un nouveau mur de l’épave pour les attaquer. Biske s’interposa une seconde fois pour parer l’attaque Pistolet à O, et fit changer le jet de trajectoire grâce à un Anneau Hydro. Dans un nuage de bulles et d’écumes, les deux attaques s’annulèrent, laissant le temps à Cleve de se ressaisir et d’entraîner Leo avec elle. Agitant ses jambes de toutes ses forces, elle emprunta le chemin qui lui permettrait de retourner jusqu’à Pep’. Ils n’étaient pas loin, mais ils avaient encore de la route à faire. Derrière eux, la bataille faisait rage entre les deux Pokémon Eau. Dans un concert de bruits et d’attaques, Biske fut projeté vers eux et s’écrasa contre Leonidas. Les deux Scientifiques furent projetés vers l’avant, et Cleve s’écrasa une nouvelle fois contre un mur en grognant. Sa bulle d’air éclata à cause du choc, et elle avala une grande gorgée d’eau par les narines. Suffoquant, crachant, des bulles sortirent de sa bouche et elle porta les mains à sa gorge. Elle était en train de se noyer, et elle ne voyait même plus ce qui se passait autour d’elle. Si Leonidas essayait de lui venir en aide, elle ne le remarqua même pas. Elle recula et se sentit dériver, essayant de bloquer sa respiration sans grand succès.
Biske jeta un coup d’œil vers sa dresseuse, mais il était impuissant face à l’Amphinobi qui lui lâcha une nouvelle bourrasque d’attaques. Blessé mais pas découragé pour autant, le Marill concentra toute sa force dans son front, et se mit à briller. Il agita ensuite ses pattes pour charger et envoya valdinguer le Pokémon adverse grâce à un Damoclès bien placé. L’Amphinobi grimaça mais il se releva et revint à l’assaut. La panique les gagna tous, lorsque le couloir explosa dans une pluie d’éclats de bois. Pep’ surgit à travers le couloir d’algues, un air féroce sur le visage. Il retint Cleve par le bout de son museau et lâcha une bulle d’air pour l’envelopper toute entière. La rousse était inconsciente, ses longs cheveux roux flottant autour d’elle. Remonté, le Lokhlass balança une nuée d’Eclats Glace sur l’Amphinobi. Les pics gelés atteignirent la grenouille de plein fouet, mais Peppéroni était loin d’en avoir fini. Plantant ses nageoires sur le plancher de bois, il se concentra et prépara une attaque Surf. L’eau trembla autour d’eux, et une déferlante de la puissance d’un Tsunami sous-marin s’écrasa sur le batracien. Emporté par la vague, le Pokémon sauvage alla se perdre derrière les algues.
Les choses étaient terminées, mais il fallait encore ramener Cleve et Leonidas sur la plage. Pep’ laissa Leo grimper sur sa carapace, sur laquelle Luné était encore, puis il l’aida à y déposer sa petite humaine. Ils remontèrent ensuite tous à la surface, sans aucune autre péripétie. Ils émergèrent de l’eau froide dans un bruit d’éclaboussure, et Pep’ déposa sa dresseuse sur le sable. Avec l’aide de Leonidas, Cleve reprenait progressivement ses esprits, crachant des trombes d’eau sur son corps humide. Avec un soupir de soulagement, Pep’ frotta son museau contre le visage de la Givrali, qui eut un petit rire nerveux mélangé à un hoquet rauque.
« ça… ça va… » murmura-t-elle en caressant le cou de son Lokhlass.
Elle se tourna ensuite faiblement vers Leonidas en lui adressant un sourire de remerciement. Elle n’avait pas encore assez la force pour parler ou bouger, mais elle tendit d’une main tremblante son sac de toile vers lui, lui faisant comprendre qu’elle avait là toutes ses trouvailles pour le cours. Tout était fini. Ils s’en étaient sorti. Amochés, certes, mais tout allait bien à présent.
« Merci Biske… » prononça Cleve à mi-voix vers son Marill.
Elle devait le remercier. Après tout, c’était lui qui avait tenu l’Amphinobi en retrait jusqu’à l’arrivée de Pep’, alors qu’il était bien plus petit et bien moins puissant. Elle voulut ajouter qu’elle le laisserait jouer avec sa trousse à outil pour le récompenser, lorsque l’aquasouris bleue se mit à luire d’une puissante lumière. Derrière le halo, l’ombre du Marill grandit. Ses oreilles s’allongèrent, et sa stature prit un volume plus conséquent. Après quelques secondes d’attente, ce n’était plus le même Biske qu’avant. Il avait évolué.
C’était la première fois que Cleve voyait un de ses Pokémon évoluer, et elle resta bouche bée un bon moment avant que Roseverte ne vienne beugler qu’il était temps pour eux de plier bagage. Avec un sourire satisfait, Cleve s’allongea sur le sable. Elle n’avait pas envie de se lever pour le moment. Elle laisserait à Leonidas le soin de rendre leur travail à l’enseignant. Tout ce qui lui importait à présent, c’était de faire une bonne sieste. Elle aurait tout le temps qu’il lui faudrait pour revenir sur les événements du jour. Elle retournerait parler à Leonidas. Mais pas aujourd’hui. Aujourd’hui, elle était juste trop crevée.
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