"Euh beh bah... je vais voir ce que je peux faire, mais je commence à peine mes études. Par contre va falloir m'expliquer un peu parce que je comprends pas tout."La femme sourit à nouveau face à l'incompréhension du garçon.
"Ne t'en fais pas, je vais t'expliquer depuis le début, même si ça va prendre un petit moment. Tu sais que cette île a été délaissée il y a de cela des années ? Au fait, je suis le docteur Serpophène, et tu connais déjà Delphes."La Xatu abaissa légèrement la tête, par politesse.
"Dakoy Ra. Et ouais, notre directeur nous a fait un topo à notre arrivée."Il se retint d'ajouter "avant que votre Xatu ne me kidnappe" même si cela aurait sûrement fait rire son interlocutrice. Celle-ci reprit son histoire.
"Je faisais partie d'une équipe de recherche qui travaillait dans ses serres. C'était le début de ma carrière, je m'étais fait beaucoup d'illusions sur l'importance que cela avait pour moi. Alors je suis restée malgré l'exode. Après quelques temps, j'étais la dernière humaine de l'équipe restante."Ils avaient avancé jusqu'à un bâtiment simple, sur un étage, et qui paraissait en effet bien plus adapté à la recherche qu'à de simples cultures. La pièce dans laquelle ils pénétrèrent devait occuper la moitié local. Un bureau-laboratoire, dignes de salles de travaux pratiques : quelques tables et chaises, ainsi que des paillasses avec des ordinateurs et et du matériel de chimie et de botanique. Au fond se trouvait une porte dont le contour avait soigneusement été recouvert de mousse, comme pour isoler les deux pièces l'une de l'autre. Juste à côté, sans raison logique, un panier accueillant un Matoufeu avec quatre petits Flamiaou blottis contre sa fourrure. Et encore à côté, des bouteilles de gaz reliées au mur par un tuyau installé de manière assez précaire.
La scientifique invita Dakoy à s'asseoir. Maut s'allongea calmement à ses pieds.
"Je ne voulais pas abandonner ce projet, je voulais au moins savoir si on pouvait en tirer quelque chose. L'idée, c'était d'altérer le talent Chlorophylle d'un Bouldeneu pour transporter de l'énergie. Leurs bras repoussent sans que ça leur fasse mal, donc on aurait pu produire des sortes de câbles d'alimentation, créer des réseaux énergétiques. Enfin c'était ce qu'on prévoyait, en réalité on ne sait pas précisément quelles applications on aurait pu en faire tant qu'on avait pas de résultats concrets. La science !" ajouta Serpophène en haussant les épaules, avant de reprendre avec sérieux. Toujours est-il que je me suis retrouvé seule, avec une pauvre piste sur les bras. Mais je tenais à voir où ça menait."Elle tiqua. Son sourire avait disparu, laissant place aux marques que devaient lui avoir laissée les dernières années passées sur cette île. Dakoy remarqua qu'elle évitait à tout prix de croiser le regard de Delphes.
"Et j'ai fini par avoir un résultat, mais assez éloigné de celui escompté. Plutôt que d'affecter l'efficacité de la chlorophylle, j'ai touché la réaction de photosynthèse elle-même sans le vouloir. Là où un organisme végétal est censé se contenter de produire de l'énergie pour son développement et de l'oxygène à partir d'eau et de dioxyde de carbone (elle écrivait la réaction sur un ardoise en même temps pour illustrer et pas trop larguer le pauvre Dakoy), j'ai permis à ce Bouldeneu d'utiliser l'énergie produite par cette même réaction pour modifier la structure des molécules environnantes et les convertir en réactifs de la réaction, et ainsi produire plus d'énergie et de dioxygène.- Euh... Je suis pas sûr de tout comprendre, mais admettons.- Je sais, ça paraît assez bullshit dit comme ça, mais si je me lance dans les détails ce sera pire. Bref, très rapidement, il a saturé son environnement du dioxygène. On a pas eu d'autres choix avec Delphes que de le contenir dans la pièce à côté. On a évité notre propre hyperoxie de peu, mais on a galéré pour le mettre sous assistance respiratoire. Entre le dioxygène qui a eu le temps d'affecter son cerveau et la forte production d'énergie, il est tombé dans le coma depuis ce moment."Dakoy se retint fortement de faire la vanne du "il est dans un état... végétatif !" Il comprenait à présent un peu mieux la raison de sa présence. Mais cela n'expliquait pas comment elle avait pu prévoir son arrivée.
"Du coup, on laisse la lumière entrer dans la pièce pour le maintenir en vie, mais son état en s'améliore pas, pour ne pas dire qu'il empire. Peu après l'incident, Delphes a essayé de trouver une solution pour régler le problème."Serpophène avait les mains resserrées et le visage tombant. Elle avait honte.
"Elle a passé des mois à sonder son esprit, essayer de le réveiller, inhiber le processus de réaction... elle a tout tenté, au point de briser son propre esprit. Résultat, ils souffrent tous les deux de mon incompétence, murmura la docteur en plantant ses ongles dans la paume de ses mains. La seule chose qui nous a fait garder espoir, c'est le don de prémonition des Xatu. Malgré son affaiblissement, Delphes a prévu ton arrivée. Les Xatus peuvent voir l'avenir, au cas où tu l'ignorais.- Pourquoi vous n'êtes pas allés chercher de l'aide avant ? Vous êtes toujours en contact avec le monde extérieur, pas vrai ?- J'y ai pensé, mais j'avais trop peur que ça s'ébruite et que certains cherchent à en profiter, le sujet est trop sensible. Et... je me sentais responsable, j'avais la sensation que c'était à moi de régler ce problème. Même quitter cette île pour aller chercher de l'aide, c'était au-dessus de mes forces." Elle marqua une pause pendant laquelle Delphes s'approcha, pour soutenir sa dresseuse. Serpophène lui sourit tristement.
"Je pense qu'au fond je savais déjà que je n'y arriverai pas par mes propres moyens."Dakoy déglutit comme pour assimiler tout qu'il venait d'entendre. Il ne s'attendait clairement pas en participant à cette sortie capture à se retrouver mêlé à de tels problèmes. Qu'est-ce qu'il était censé dire ? Censé faire ? Une fois de plus il sentait que la situation le dépasser. Mais cela ne lui fit pas perdre le nord. Il devait donner le meilleur de lui-même pour ne rien regretter par la suite. Il se releva, tentant de faire le vide dans son esprit pour se préparer à ce qui l'attendait.
"Mme Serpophène, vous avez déjà fait beaucoup en maintenant ce Bouldeneu en vie, et en restant à ses côtés. Je pense que la plupart des gens aurait fui le problème depuis bien longtemps à votre place.- Merci.- Qui plus est je vais probablement avoir besoin de votre aide pour le soigner. Et de celle de Delphes aussi. On ne peut vraiment pas s'approcher du patient ?"Le terme de "patient" lui était venu presque instinctivement, aussi fut-il quelque peu fier de lui en le réalisant. Sa question restait néanmoins capitale. Soigner quelqu'un d'inconscient sans pouvoir s'en approcher, c'est impossible pour un être humain. Heureusement il pouvait compter sur bien plus que de simples humains.
"Non désolé, la saturation en dioxygène est vraiment trop élevée. Mais on peut l'observer depuis l'extérieur, suivez-moi."La blonde se releva et rouvrit la porte par laquelle ils étaient rentrés quelques minutes plus tôt. Dakoy suivit, jetant avant de sortir un dernier regard à la porte condamnée, puis au panier de Pokémons Feu à son pied. Il ne put s'empêcher d'interroger la maîtresse des lieux.
"Excusez-moi. Ils sont à vous, les Flamiaou et le Matoufeu à l'intérieur ?"La mine consternée de la scientifique laissa place à un certaine surprise qui fit la part belle à son léger sourire, le même que celui qu'elle avait lorsqu'elle s'était présenté à Dakoy. Elle avait vraiment un charme quand elle n'avait pas besoin de s'inquiéter de choses importantes, il fallait l'admettre.
"Si on veut. La Matoufeu était effectivement à moi lorsque je suis arrivé, mais elle n'était pas faite pour être apprivoisée, alors je l'ai laissé faire sa vie ici. Lorsqu'elle a eu sa portée, ses petits passaient leur temps à s'amuser avec les lianes du Bouldeneu. Ils n'ont connu que ça, alors ils restent. Je leur ai juste trouvé un panier pour qu'ils y soient mieux. Là, regarde. Il est contre le mur."La scientifique placé d'un côté de la fenêtre, et pointait une direction à travers le carreau. Le garçon se plaça à côté d'elle. En effet, même s'il ne faisait pas très clair, il était difficile de ne pas remarquer l'immense masse de lianes adossé non loin de la porte. En fait il se situait précisément entre la porte et le tuyau qui reliait ce qui devait être sa bouche (Dakoy ne pouvait pas la distinguer) au mur, passant par un trou qui débouchait sur l'autre pièce, jusqu'au bouteilles de gaz qu'il avait vu auparavant. C'était donc leur utilité. Elles lui fournissaient de l'air "normal", pour éviter qu'il ne respire que du dioxygène. C'était logique en fait, il n'aurait jamais survécu sinon.
C'est là qu'un détail frappa Dakoy. Hasard ou non, le Bouldeneu reposait précisément contre la portion de mur derrière laquelle était le panier et donc les Flamiaou. La gorge du médecin se serra.
"Sans vouloir t'offenser... T'as une idée de comment t'y prendre ?- Exactement comme vous.- C'est-à-dire ?...- A l'aide de pouvoirs psychiques" répondit-il d'un ton plus déterminé qu'il ne l'aurait voulu.
Il n'avait aucune garantie que ce qu'il tenterait allait résoudre le problème, mais c'était la première chose qui lui venait à l'esprit. Et même si ça ne donnait rien, il espérait en apprendre plus pour trouver une autre piste. Il se saisit de la pokéball de Yuddh, qui sortit en émettant un adorable petit cri.
"OK petit, j'ai besoin de ton aide pour quelque chose de très important, mais je sais pas si c'est possible. Tu vois le Bouldeneu là-bas, demanda Dakoy en prenant le Tarsal pour le poser sur son épaule, à hauteur de la fenêtre. J'aimerai que tu sondes son esprit. Delphes, tu pourrais le guider ? Il a très peu d'expérience dans le domaine, et tu connais sûrement l'esprit du patient mieux que personne."La Xatu acquiesça. S'il suffisait d'assister un autre type psy, elle devrait en être capable malgré sa condition.
"Je te remercies. Là où ça va se corser, c'est qu'une fois que vous êtes sur quelque chose d'intéressant, il faudrait que toi, Yuddh, tu me retransmettes ce que tu vois... ou ressent... ou peu importe quel sens est concerné, même si c'est un sixième, septième, un sens interdit... Tu me le communiques, compris. A partir de là je pourrai réfléchir."Le duo psy hocha la tête comme un seul pokémon. Serpophène passa un bras dans le dos de son pokémon.
"Te surmènes pas, OK ? Prends ton temps, ça va bien se passer."La dernière partie était probablement autant destinée à elle-même qu'à Delphes. Celle-ci frotta sa tête contre la salopette de sa dresseuse pour la remercier avant d'étendre les ailes et fermer les yeux. Il fallait l'admettre, elle en imposait comme ça. Elle dégageait vraiment quelque chose. Yuddh se concentra également.
Il n'eut évidemment aucun mal à distinguer l'esprit du Bouldeneu. Il pénétra dans sa "toile spirituelle", c'est comme ça qu'il percevait les consciences. Il le sentait affaibli, presque éteint. Son réseau neuronal était perturbé par son état inactif et fonctionnait de manière chaotique. Yuddh n'arrivait même pas spontanément à identifier s'il avançait ou reculait. Mais au milieu de cette cacophonie psychique un chemin semblait se dessiner. Un fil plus tendu, sur lequel le Tarsal avait un meilleur équilibre. Delphes lui montrait la voie. Cet esprit tourmenté, elle y avait vagabondé durant ce qui lui avait paru être des années. Elle s'était accoutumée à son inconstance, son tumulte. Ça lui avait coûté cher, mais cela n'avait pas été insensé, et elle le prouvait en cet instant.
Au fur et à mesure qu'ils progressaient, Yuddh commençait à percevoir le problème. Il arrivait à discerner la conscience du Bouldeneu, la base de la toile, et une autre entité, celle qui perturbait l'esprit inerte et l'agitait comme un marionnettiste qui manipule son pantin. Plus le Tarsal suivait son guide, plus il sentait son influence. Après ce qui semblait être une éternité, le pokémon Sentiment sentait qu'ils avaient atteint leur "destination". Ils étaient précisément au point du subconscient du Bouldeneu qui gérait son mécanisme de photosynthèse. Yuddh se concentra pour capter l'esprit de Dakoy sans pour autant rebrousser involontairement chemin. La perception se transmit jusqu'au dresseur.
Qui ne s'y attendait pas du tout, puisque Yuddh avait oublié de le prévenir. Le garçon se retint de ne pas vomir, c'était encore plus déplaisant que la téléportation. Probablement parce qu'il ne s'était pas évanoui cette fois-ci. C'était normal que tout bouge ? Allez savoir. Il sentait que ce n'était pas vraiment lui qui percevait, qu'il n'était que spectateur car il parvenait à identifier même ce qu'il ne comprenait pas. Ouais, ça n'a aucun sens. Faut dire, c'est une sacrée expérience de se balader dans un esprit pas très sain au moyen d'un autre esprit.
Delphes, apparemment tu avais essayé de le soigner déjà. Tu t'y étais prise comment ?
-Si j'essaie de transcrire ça de la manière dont vous le vivez, je cherchais à trancher chaque fil de la toile qui reliait l'anomalie au reste de l'esprit. Mais malgré tous mes efforts, je n'ai jamais coupé le moindre lien.Il semblerait que grâce à Yuddh comme intermédiaire, la Xatu pouvait s'exprimer clairement. Sa voix était incroyablement douce.
C'est peut-être pas si mal...
-Comment ça ?
-L'anomalie n'a pas remplacé la portion de l'esprit qui gère la photosynthèse. Elle l'a recouverte. Je suis prêt à parier que si tu avais réussi, il aurait été dans l'incapacité de produire de l'énergie. Ça lui aurait sans doute été fatal.Dakoy perçut le mélange de surprise et de culpabilité en réaction à son raisonnement.
Et dans ce cas, comment fait-on ?
-On le détache.Allez savoir à quelle vitesse le temps passe lorsque l'on visite un esprit. Par conséquent le meilleur terme pour caractériser le temps que Yuddh a ensuite passé à tenter de séparer l'esprit originel de son parasite est "un certain moment". Mais malgré tous ses efforts, la liaison semblait invincible.
Alors, Yuddh ?
- Ça donne rien...Le garçon percevait qu'au delà de l'agacement, son partenaire était plongé dans une intense réflexion. Il y avait quelque chose de plus. Quelque chose qui ne voulait pas qu'il réussisse cette séparation...
OK j'ai trouvé.En fait, il ne savait pas vraiment comment il avait compris. Sûrement qu'en liant son esprit à Dakoy, il emmagasinait malgré lui des informations qu'avait son dresseur ?
Nos efforts ne servent pas à rien. Il sont simplement annulés.
- Euh... C'est-à-dire ?
- Lorsque je lutte contre la liaison, je sépare bel et bien les deux esprits. Simplement, une partie de l'énergie produite par la super-photosynthèse (on va appeler ça comme ça) est utilisée pour recréer quasi-instantanément une cohésion.
- Ouais, ça se tient... enfin autant que tout le reste dans cette histoire. Mais du coup, t'as un moyen de régler le problème ?
- Le moyen, il est tout trouvé : il suffit de tout détacher d'un coup. Et je peux pas savoir si j'en suis capable tant que j'ai pas essayé, donc pas de temps à perdre.A peine Yuddh finit-il sa phrase que Dakoy fut expulsé de l'esprit. Le Tarsal avait "raccroché" pour se concentrer au maximum sur sa tâche. Le médecin s'appuya contre la fenêtre pour reprendre son souffle sans tomber. L'expérience avait été au moins aussi éprouvante qu'il ne l'avait prédit. La tête appuyée contre le carreau pour se reposer, il remarqua que l'un des Flamiaou de la portée avait profité de son absence spirituelle pour s'étaler sur une de ses chaussures et jouer avec son lacet.
Mais retournons plutôt dans la tête de ce pauvre Bouldeneu, où Yuddh se craquait psychologiquement les doigts à l'idée soulever psychologiquement une montagne avec ses petits muscles psychiques.
Telle l'écho de son incertitude, la voix de Delphes s'infiltra en lui.
Tu penses vraiment en être capable ?
- J'en sais rien. J'ai jamais su de quoi j'étais capable. Mais tu sais quoi ? A chaque fois j'essayais, et franchement je réussissais bien plus souvent que prévu. Et je compte pas m'arrêter sur ma lancée.Le Tarsal redoubla sa concentration, s'efforçant d'oublier l'immensité du réseau dans lequel il était. Il ne devait percevoir plus que l'anomalie qu'il devait exclure. Il en caressa les contours, mémorisa sa forme. Chaque parcelle devait lui parvenir. Il l'assimila dans son intégralité. Et quand il sentit qu'il avait englobé toute la zone neuronale pilotant la photosynthèse, il attaqua.
C'était comme une explosion. Le parasite qui recouvrait son hôte avait comme gonflé un instant, mais avait tenu bon. En déployant une telle force, Yuddh avait brisé sa propre concentration et laissé d'infimes points d'attaches à son adversaire. Mais peu importe. Il n'avait qu'à réessayer.
La suite ressemblait à une tentative de réanimation, avec des coups de défibrillateurs qui se succèdent. A chaque fois, le corps étranger était sur le point de craquer, mais trouvait un échappatoire pour survivre. Le Tarsal sentait que ses assauts ne mènerait à rien. Visiblement, il n'était pas aussi doué qu'il le pensait. Si seulement cela lui était aussi instinctif que la danse, où le rythme emportait son corps et son esprit...
Attendez une seconde...
Le pokémon Psy rassembla à nouveau sa concentration, et repartit du début. On englobe le corps, surtout on oublie rien... et maintenant... trois, quatre...
Il repartit à la charge, mais cette fois-ci, à un rythme régulier. Un rythme qu'il connaissait bien. Énergique sans être violent, du genre 80 bpm. Un rythme qui l'inspirait, qu'il pouvait tenir. Et alors qu'il maintenait la pression, il se reconcentra sur sa zone d'attaque. Si son ennemi voulait la guerre, il allait l'avoir. C'était Yuddh, la Guerre. Comme s'il contrôlait un maillage, il repassait partout où son adversaire s'accrochait pour s'assurer qu'il ne pourrait pas se servir de cette prise une nouvelle fois. Combler les failles. Couper les ressources. Et alors qu'il maintenait son implacable assaut, il perfectionna son emprise sur le corps étranger. La pulsation qui suivit fut comme un souffle retenu depuis des années. Yuddh et Delphes furent malgré eux éjectés du royaume cognitif.
A son réveil, la bouille de Dakoy lui faisait de l'ombre. La bouille d'un Dakoy aux yeux encore très rouges à cause de la fatigue lié à l'exploration spirituelle, mais au sourire qui montait plus haut que n’importe quelle arbre de l'île.
Quoi ? Qu'est-ce qu'il se passe ?
- Yuddh, t'as évolué !
- Hein ?!En effet, le corps du pokémon avait quelque peu changé. Et visiblement, il avait bien développé ses pouvoirs psychiques, puisqu'il communiquait sans peine avec son dresseur. Passé la surprise, son esprit se réorienta sur leur priorité.
Et le Bouldeneu ? Comment il va ?
- Bien. Espr-r-rit sauf. Soigné-é.Ce dernier mot fit s'abaisser toutes les épaules, de soulagement. De lourdes larmes perlaient dans les yeux de Serpophène.
"Ça veut dire qu'on peut rouvrir les portes ? Et le voir ? Enfin, vraiment le voir ?..."Delphes acquiesça. La scientifique courut à l'intérieur du bâtiment, ouvrant avec l'énergie de l'espoir une porte qu'elle n'imaginait même plus ouvrir. La mousse qui s'était installée depuis si longtemps céda, après quoi Serpophène retint sa respiration pour ressortir juste derrière les pokémons feu qui ne comprenaient rien à la situation.
Les autres avaient à peine eu le temps d'atteindre l'entrée tant elle s'était enflammée dans son geste. Elle posa une main contre le mur avant de respirer à nouveau. Franchement, le sourire qu'avait Dakoy cinq minutes plutôt ne valait rien face à la joie qui se lisait sur le visage de la blonde.
"Ça y est... ouf... Il faut juste attendre que l'équilibre se fasse entre la pièce et l'extérieur, et ce sera bon. Il ira bien à nouveau.- En réalité... Il aura sûrement des séquelles... Yuddh a juste annulé la super-photosynthèse, comme il l'appelle. Mais les dommages de l'hyperoxie sont toujours présents. Je garantis même pas qu'il se réveillera.- Ça fait rien, il est sauf, c'est déjà ça. Je suis tellement heureuse que tout cela soit fini ! On aurait clairement jamais pu le faire sans vous."Ça faisait beaucoup de joie et de compliments d'un seul coup. Mais c'était compréhensible, la pauvre vivait dans la culpabilité depuis tout ce temps, elle allait enfin pouvoir avancer.
Dakoy et Yuddh acceptèrent aussi humblement que possible. Maut était derrière eux, en train de jouer avec le Flamiaou qui avait rejoint Dakoy un peu plus tôt. Ce dernier se pencha vers le petit Pokémon pour le caresser.
"C'est vrai qu'il est quand même trognon ce petit...- Elle*. C'est une femelle. Si vous la voulez, vous pouvez la prendre. On vous doit bien ça.- Vraiment ? Mais vous êtes sûr qu'elle serait d'accord ?- Il y a qu'un seul moyen de le savoir" répondit Serpophène en haussant les épaules.
HRP :
[Lance un pokéball]
Evolution de Yuddh (Tarsal -> Kirlia)