ft. Paul
Face à ton inattention, tu fis répéter Paul… Génial, n’est-ce pas ? Surtout en sachant tout ce qu’il venait de se passer. Franchement, Aby, tu avais besoin de reprendre les choses en main. Autant sortir du mode « Boulot » t’était difficile ne ce moment, autant là, tu déconnais franchement. Mais heureusement ton idée de génie fut de reparler stratégie. Quitte à te faire engueuler, autant que ce soit sur un sujet intéressant, n’est-ce pas ? S’en suivi une magnifique et longue explication, dont tu ne perdis pas un mot, cette fois. Avait-il déjà pensé à devenir professeur de stratégie ? A enseigner au moins ? Aby ! Tu divaguais encore ! C’est vrai que ses explications étaient claires et très précises, mais de là à te poser des questions hors sujet, cela pouvait attendre la fin du tournoi, non ?
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On va gagner, c’est certain. Si tu penses pouvoir te débrouiller seul, imagine avec une partenaire motivée ? Impossible de perdre. Et ça, je peux te le jurer sur le nom des Ke… Lewis.Tu repris un peu confiance, c’était certain, tu affichas un léger sourire, un sourire à la fois doux et motivé. Tu aurais pu facilement perdre cinq ans d’âge psychologique à ce moment, retrouver l’innocence et la motivation d’une jeunesse qui n’a peur de rien, qui ne connaît que la victoire, par une passion sans défaut. Depuis quand tu n’avais pas ressenti ça ? Tu te sentais bien. Tu te sentais presque « toi ». Tu avais envie de gagner, c’était certain, tu avais cette petite flamme qui, d’ordinaire vacillante entre raison et logique, se rallumait face à la rage de vaincre, face aux encouragements que tu entendais, tant du public en votre faveur, que de Paul lui-même. Il avait raison. Depuis le début, et tu le savais, il avait raison. C’était probablement ce qui t’agaçait le plus, l’idée de perdre pied, d’être en terrain inconnu, de devoir te laisser guider, les yeux fermés, par un parfait inconnu… Même s’il avait tous les charmes physiques et psychologiques du monde, ça n’y aurait rien changé.
Et vous y revoilà, sur le terrain, au centre de l’attention, face à deux nouveaux adversaires. De l’herbe, que Kaia s’empressa de brouter, sous un simple soupir de ta part. Tu ne pourrais jamais corriger ces comportements. Elle était un peu naïve, très simplette, et au fond, elle te ressemblait. Tu en profitas pour observer le terrain. Rien d’exploitable pour ta Muplodocus, si ce n’est quelques ralentissements dû aux obstacles, et une obstruction partielle de vue par ces trois arbres. Il faudrait ruser pour que les deux monstre dinokémonesques s’en sorte face à un tel terrain. Déjà, tu n’étais pas rassurée… Mais à voir les deux hommes en face, c’était clairement pire. Tu te mordis le pouce, un tic que tu n’oublierai jamais, lâchant un « tic » que tu produisais souvent sous le stress, ta langue contre le palais. Tu n’étais pas du tout à l’aise. Toi qui pensait que tout serait comme le premier match, c’était foutu. Et leurs pokémons, c’était pas beaucoup mieux : Gigalithe et Rosélia. Un bourrin de 260 kg à peine et une petite furie de 30 centimètres de haut. L’artillerie lourde et la petite souris emmerdante, réuni dans un combat.
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Je n’aime pas leurs regards. -
Moi non plus.Ta voix tremblait légèrement. Etait-ce par peur ou par excitation, tu ne savais plus trop. Tout ce que tu savais, c’était ce que tu voyais. Un massacre à venir, un combat probablement à sens unique. Tu savais à peu près à quoi t’attendre, et s’ils se trompaient, la victoire pouvait vous appartenir, mais s’ils avaient la bonne combinaison, les bonnes attaques, c’était clairement foutu. Kaia pouvait facilement se prendre les coups, mais le Tyranocif de Paul ne pourrait clairement pas en prendre autant. Pour ton pokémon, Rosélia serait un vrai problème. Tu étais perdue dans tes pensées, à te surprendre à trouver une stratégie, une solution, lorsque Paul te posa une unique question.
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Est-ce que cette fois tu me fais confiance ?Pas de réponse. Tu le dévisageas avant de baisser les yeux. C’était une vraie question. Tu ne pouvais pas lui mentir, pas maintenant, mais tu ne connaissais même pas la réponse. Oui, potentiellement, mais si quelque chose n’allait pas, si tu sentais que Kaia était en danger, tu ne l’écouterai pas, c’était certain. Que répondre alors ? Tu le laissas continuer. Il détendit clairement l’atmosphère, puisqu’il t’arracha un petit rire, accompagné d’un sourie à la fois moqueur et amusé. Tu pris sa main.
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Je peux pas t’en vouloir si tu tombes de fatigue.Tu écoutas le reste de ses indications avec grand soin. Vous aviez perdu le temps de la stratégie, mais le peu que vous aviez encore à votre disposition pouvait servir.
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Enfin, permets-moi de te dire juste ceci : Gigalithe va me poser énormément problème. Il sera impossible de l’approcher à cause de nos vitesses désastreuses et de Rosélia qui peut nous tenir à distance. Il avait le même point de vue que toi. C’était clairement un problème. Tu pris deux secondes de réflexion, avant de répondre :
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T’imagines pas le stress actuellement.Tu affichas un autre sourire, avant de montrer tes mains. Elles tremblaient réellement. Et tu n’étais pas au bout de tes surprises. Tu n’avais pas vraiment entendu le lancement du match, et tu réfléchissais encore. L’instant d’après se passa très vite, sans que tu puisses comprendre toi-même ce que tu faisais.
Ton regard se tourna une seconde vers le terrain, alors que le signal venait d’être donné. Rosélia utilisa Nœud Herbe sur Muplodocus. Ce ne fut pas un sursaut qui t’anima, mais ce n’en était pas loin. Kaia n’eut pas le temps de réagir et lente comme elle était, elle ne pouvait pas savoir quoi faire.
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Aby ! Il va falloir faire coopérer nos Pokémon dans une attaque synchronisée ! -
Dracosouffle ! Maintenant !Kaia ne réfléchit pas. Tu venais probablement de crier plus fort que tu ne l’aurais voulu, couvrant la voix de Paul, mais tu te sentais acculée, en situation de crise. Ton cœur rata un battement, tu avais l’impression de revenir au moins dix ans en arrière, face à Elrick, alors que Kaia n’était qu’une Mucuscule. L’attaque Draco-souffle ne permit pas de contrer l’attaque du Rosélia, mais elle en diminua les dégâts. Mais quelque chose n’allait pas. La Muplodocus tremblait… ? Oh. Ce n’était pas difficile à deviner vu son regard et son état. Putain. Elle était empoisonnée. Tu te mordis la lèvre.
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Si vous avez le temps de parler, vous feriez mieux de vous battre, les losers.Tu tremblais. Réellement. Ca, tu savais ce que j’étais, tu avais la rage, clairement. Tu pouvais presque sentir ton sang bouillir, tu voulais juste détruire ces deux pokémons, même s’ils n’étaient pas coupable, et défigurer les deux idiots qui se cachaient derrière. Sans adresser un regard à Paul, ignorant presque ce qu’il venait de proposer, tu lâchas :
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On va les exploser, j’te le jure, ils se reconnaitront plus.Paul avait parlé d’une attaque synchronisée, tu l’avais entendu. Tu n’avais pas eu le temps de lui répondre, et tu n’étais actuellement pas en état de le faire. Chaque attaque que Kaia avait apprise, tu les connaissais, elles étaient au bout de tes lèvres. Tu ne lui laissais désormais plus le temps de la réflexion, l’à peu près n’avait plus sa place. Même le regard de Kaia avait changé. Les simples mots que tu avais prononcés, les simples ordres, aussi tranchants qu’un fouet manié avec brio, suffisait à lui faire comprendre. Tu étais presque replongée des années auparavant. Si la tyrannie des dresseurs Keelin était revenu en force en l’espace de quelques secondes, Kaia n’en restait pas moins aussi confiante que terrorisée. Elle savait cette méthode à double tranchant, elle en connaissait les conséquences. Pas d’erreurs, pas de faux pas, pas d’à peu près. C’est comme si la personnalité même de la joyeuse et maladroite Muplodocus s’était volatilisé.
L’attaque n’était qu’un avertissement, ils avaient profité d’une inattention, peut-être même de triche, pour être aussi rapide, mais cela ne présageait rien de bon. Tu avais à la fois les yeux sur le pokémon Plante et sur le pokémon Roche. Quelques mots passèrent entre tes lèvres, assez bas pour que les adversaires, aussi orgueilleux furent-ils, ne l’entende pas.
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Je te fais confiance. Entièrement.