Plongé dans cette brume, en compagnie de cette femme, tout me semblait irréel. Un cauchemar ? C'était fort probable. Hikari tremblait comme une feuille mais n'était pas trempée, l'eau n'y était donc pour rien, je ne comprenais pas comment la Chimpenfeu sans peurs pouvait se retrouver ainsi. Asobu également était différent, ayant perdu sa curiosité joueuse habituelle. Rien ne se passait comme il se devrait. Pourtant, je ne rêvais pas, j'étais bel et bien réveillé. L'Absol de cette belle jeune femme avait rejoint ses côtés. C'était clair à présent, il s'agissait bien d'elle, plus aucun doute possible. Choc. J'étais en enfer. Pour la deuxième fois de ma courte vie, je me retrouvais en enfer, un enfer dont le maître n'en était pas un mais une. Les deux fois avaient été sur l'île de Lansat en plus. La première fois, l'infirmerie la seconde, maintenant... A chaque fois, le diable revêtait l'apparence d'une femme bien trop désirable pour qu'un pauvre petit Tanuki en devenir, en pleine quête initiatique, tel que moi, puisse lui résister. Damnation. Son "Oui moi", prononcé il y avait peu, trottait dans ma tête, y raisonné diaboliquement. Très vite, il se passait de bouche en bouche, se collant à la succession de visages qui m'apparaissaient à la chaine dans mon inconscient. Needle, elle, ma mère, mémé Yutaka, Wakame-chan, Hope et quelques autres encore, tant de visage féminins qui s'imposaient à mon esprit torturé. Révélation. Le diable était une femme, non, il était la femme, à moins que ce ne soit elles qui l'étaient. Erreur 404, raison introuvable.
J'étais convaincu qu'à cet instant précis, la bouche ouverte, béante, les yeux figés, vitreux, la tête inclinée vers l'arrière, morte, le visage face au ciel, inexpressif, on pouvait bel et bien voir mon âme s'extirper de ma cavité buccale. Je voyais déjà le tableau de cette scène irréellement sordide. J'entendais tout, voyait tout, cependant je n'étais plus là, ce n'était plus moi. J'étais parti, ailleurs, loin, oui, très loin, en quête d'une nouvelle enveloppe charnelle à habiter pour débuter une nouvelle vie taillée sur mesure. Euphorie.
Des mains s'étaient posées je ne savais trop où sur moi, tentant de me soulever. Quelle poigne, quelle force ! Alors que j'étais contraint de réintégrer mon enveloppe charnelle initiale avec dépit, je réalisais ce qu'il se passait. Ce n'était pas une force virile mais féminine. Bien plus forte que celle de Chiho, c'était évident. Mon cerveau se rallumait. Il s'agissait d'une force d'adulte, donc rien de comparable. J'avais retrouvé toutes mes capacités. Ce n'était pas la force d'une femme quelconque. Elle était bien plus forte que ma mère. Elle n'était pas ordinaire. Ce n'était pas la jeune femme faible qu'elle voulait bien nous laisser croire, mais qui était elle ?
Elle s'était agenouillé près de moi ou plutôt SUR MOI ?! Obscène. Sa poitrine s'offrait à mon regard lubrique et la scène débridait mon imagination, lâchée comme une horde de Galopa au galop au milieu d'un champs de Chétiflors. Un véritable brasier ! Envoutant. J'attendais le coup salvateur de ma petite Hikari qui ne vint jamais. Elle était trop apeurée. Encore une source d'inquiétude. J'allais devoir compter sur mes propres forces face au Yôkai Tanuki qui m'habitait. Autant dire que c'était quasiment perdu d'avance, mais l'abandon, je ne le voulais pas. Jusqu'à l'anéantissement total de mon être, je me battrai et ce fut ce que je fis. Dans une lutte digne des plus grandes épopées, je m'étais fais violence. D'abord la tête, puis le regard, j'avais réussis à tout tourner vers un autre centre d'intérêt perdu quelque part dans cette brume.
« Tu es de l’académie, oui ou non ? »
La jeune femme venait de parler. Machinalement, bêtement, trop bêtement même, je m'étais retourné vers elle. J'avais toujours eu pour principe de faire face au mieux à mes interlocuteurs et les manies avaient la dent dure. Erreur fatale ! Le preux petit Yuki qui se dressait courageusement devant le titanesque Mecha Tanuki, armé de sa brindille d'herbe, venait de se faire engloutir par ce dernier. Fusion. Mon cerveau avait lâché, les fusibles grillés, me déconnectant de la réalité. Explosion. Le Mecha Protoype Expérimental Tanuyuki était lâché. Son sourire mesquin, sa poitrine rebondie et rebondissante ainsi que sa posture suggestive avaient eu raison de ma propre raison.
" Tu as raison, même si je suis amoureux, ma puberté fait que mes désirs sexuels sont grondements gourmands. " Le Tanuki laissait éclater son plus beau rire pervers, vitrine de sa plus belle collection de pensées dépravées qu'il admirait en ce moment même. " Toutefois, je ne me fourvoierai pas femme ! Mon cœur et mon corps sont déjà propriété privée d'une autre. Sache bien que même si tu en venais à frotter allègrement ta ferme poitrine d'adulte outrageusement flagorneuse pour mes yeux et mon imaginaire, contre mon visage innocemment juvénile, tout y adjoignant des mouvements de bassin end... "
Une tirade d'anthologie bien plus longue que ça était en train de fuir de ma bouche en un débit digne d'un fleuve en crue, mais la fin n'en vit jamais. Un visage, un seul. Un prénom, un seul. Mon subconscient venait de reboot tous mes systèmes. Mon sauveur. Profitant de ce que mes facultés me soient revenues, je m'extirpais de là, pour me redresser sur mes deux pieds et reculer promptement. Malchance. Trois pas, trois malheureux pas. C'était là ma limite. Le tronc de l'arbre m'avait capturé, complice de cette créature sournoise qui me faisait face.
* Réagis ! Carapace mortellement armée, go ! Tu es Yuki, du nerf ! * essayait de me convaincre la petite voix qui vivait dans ma tête.
" Je lui resterai fidèle jusqu'au bout, peu importe les femmes qui se dresseront sur mon chemin, que ça te plaise ou non. ! "
* Baaaaaaaaaaaaaka ! * Facepalm mental. J'avais parlé avec de mon air et de mon ton assuré et provocateur habituel, mais le tirade n'était pas la bonne. C'en était pathétiquement risible. * Retente ta chance abruti ! *
"Oui je suis de l'Académie et alors, qu'est ce que ça peut bien te faire ? Tu comptes t'en prendre à des jeunes adolescents et les dépouiller de leur pokémon ? Tu es du genre à aimer t'en prendre à bien plus faibles que toi pour ta simple satisfaction personnelle, n'est ce pas ? Je trouve que ça te ressemble bien en tout cas... "
Mon pantalon me gênait. Il tirait, je me sentais à l'étroit dedans et ma verve assurée venait de s'éteindre en même temps que je réalisais la cause de ce mal être. Une main, la gauche, s'était portée en bouclier entre la zone de gêne et la vision de la femme, tandis que l'autre, la pointait de l'index accusateur suprême, après lui avoir envoyé une pokéball vide, sortie d'on ne savait trop où, on ne savait trop quand, au front quelques instants auparavant.
" Shimattaaaaa !!! Nanni o shimashita kan, kuso baba ? " (Meeeerdeuh !!! Qu'est ce que tu m'as fait, vieille sorcière ? )