C'est ...un peu chaud. Pas l'épaule de Magnolia, celle-là, elle est plutôt humide mais je pense que c'est à cause de moi.
Non, c'est juste le contact...D'habitude, je suis pas très fan de ce genre de choses. Chaque fois que quelqu'un essaye de me toucher, c'est toujours pour m'aider à faire un truc, pousser mon fauteuil ou pire, essayer de me porter. Ça n'a pas manqué, depuis que je suis arrivé à l'académie...mais je les ai tous envoyé balader.
Tous, à quatre exceptions.
Et en ce moment, l'une d'entre elles me fixe tandis que je tords les mèches qui masquent à moitié mon visage. Je dois avoir l'air vraiment maligne avec mes yeux rougies et les hoquets qui m'échappent encore par alternance. Pourtant, Magnolia ne détourne pas le regard..comme elle l'a promis.
Le tourbillon qui m'envahissait de plus en plus semble rugir une dernière fois de dépit, avant de se dissiper. Même si j'arrive de nouveau à me tenir un peu plus droite, je le sens, tapi au fond de mon esprit et prêt à ressurgir à la seconde où j'arrêterai de me concentrer sur les parole de la Mentali. Et dans son illage, il amènera toujours les mêmes sensations : j'ai réussi à comprendre qu'il me terrorise, mais y'en a une autre...Celle-là, quand je l'éprouve, j'ai juste envie de tout casser et elle me fait avoir des réactions bizarres.
Particulièrement quand je pense à ma...
''Magnolia...''
Elle dit des choses...bizarres. Pour une fois, je n'aurais pas besoin de lui demander de m'expliquer le moindre mot. Et pourtant, je ne suis pas sûre de tout comprendre. Pourquoi est-ce qu'elle voudrait être là quand les choses sont tristes pour moi ?
''Je préfère quand t'es là et que c'est des moments heureux...''
Et elle enchaine. Des mots qui glissent tout autour de moi et tricotent une sorte de cocon. Ils résonnent tandis que j'essaye d'en comprendre le sens : ''on t'aime''. C'est tout bête comme mots et pourtant, je me sens bizarre en les entendant. On me les a déjà dit pourtant, ma..fin, elle me les répétait au moins deux fois par jour. Mais là, c'est la toute première fois que Magnolia me dit ça et pourtant, je sais pas pourquoi, j'ai les larmes qui montent aux yeux et les lèvres qui tremblent.
''Eeeeh...Je suis pas une idiote...''
Elle le dit sûrement pour que j'aille mieux, et c'est vraiment gentil de sa part, mais elle m'a quand même dit que j'étais une idiote, donc...Je suis censé comprendre quoi ? Pourquoi on donne pas un manuel aux gens dans ce genre de cas ?
Non. Là, il faut que j'arrête. Que j'arrête de me mentir et surtout que j'arrête de LUI mentir. Parce que si elle a dit ça, c'est qu'elle a raison.
Mais avant que je ne puisse appuyer ce qu'elle dit, la jeune rose enchaine en détournant un peu le regard. Et même si je la fixe toujours de la même manière, je sens ma main qui se raffermit sur la sienne sans trop comprendre comment. Pourquoi est-ce que je commence à sourire, là ? J'me sens...j'ai envie de pleurer, de rire, de crier et de me rouler en boule tout en même temps. Et j'ai surtout pas envie que ça s'arrête.
Comment elle fait ça ?!
''Je t’aime de tout mon cœur Lyria, tu es une de mes meilleures amies.''
Ah...ça y est, je repleure. Mais cette fois, plus je pleure, plue je souris. Un peu incertaine, je m'écarte brièvement de la Mentali, avant de la contempler suite à sa déclaration. Sous l'impulsion d'un petit coup de corne de Prime, je m'éclaircis la gorge...avant de reprendre la parole embarrassée.
''C'est juste que...J'croyais qu'on était amis. Déjà rien qu'ami, j'étais super heureuse, mais maintenant que t'as dit ça...Il faut que je fasse un truc pour rester ''meilleure amie'' ? J'ai jamais rien lu là-dessus et en plus, comment est-ce qu'on peut avoir plusieurs meilleurs amis, c'est pas super cohérent ?''
L'absurdité de ma question finit même par me parvenir, avant qu'un léger pouffement n'échappe à la Mentali. Toujours rouge pivoine, je relache ma prise, avant d'utiliser mon starter comme support pour me remettre debout, avant de basculer à nouveau dans le fauteuil qu'il ma amené.
Le type Combat sur les genoux, l'air satisfait, je contemple le désordre ambiant, avant de me retourner vers la jeune fille.
''Désolé...pour tout ça. Je...je veux pas que tu crois que j'ai rien écouté. Je crois que j'ai juste besoin d'un peu de temps pour assimimer...assimal...assi-truc là.
Mais ce que t'as dit...ça fait tout bizarre. Et comme je veux pas être toute seule à être bizarre...Toi aussi, t'es ma meilleure amie, Magnolia. Tu m'écoutes toujours quand je comprends rien, tu t'énerves pas quand je fais n'imp...quand j'ai des idées de génie et en plus, t'as jamais l'air déçu quand je rate quelque chose. Moi aussi, je t'aime plus que tout, Magnolia ! Fin, non, parce que sinon, Prime va se vexer...et Itzan et Agatha seront jaloux ou tristes...Ouais et même Ashe...Donc on va dire que t'es super haut dans le classement, d'accord ? T'as parlé de voyage tout à l'heure...je sais pas trop où je vais aller mais j'veux y aller avec toi, s'il te plait.
Et comme j'ai raté des cours cette semaine...tu veux bien...m'expliquer ?''
J'dois être aussi rouge que mes cheveux en lui tendant mon cahier vierge. Tout en sentant les dernières larmes se dissiper, mon regard s'attarde sur mon Ipok, fraichement ramené sur le lit par Prime. En un éclair, ma décision est prise et le tourbillon rugissant grogne de plus belle, prêt à bondir. Moins j'y penserais avant ce soir, moins j'aurais de chances de vouloir m'enfuir.
Dans l'intervalle, la voix de Magnolia forme un bouclier efficace contre ce dernier...et mon envie de plus en plus forte de briser quelque chose.