Elle était à bout ! Cela faisait maintenant trois fois cette semaine qu’elle plantait ses foutus tulipes ! Il y a toujours un élève pour détruire ce parterre de fleurs et cela fait maintenant plusieurs fois que Livia demande à la direction de la laisser changer à sa convenance ce parterre. Malheureusement pour l’heure elle ne reçoit que des refus. Elle est presque certaine que c’est à cause de l’un des professeurs qui aime tout particulièrement cette fleur, elle marmonne son nom entre ses dents pendant qu’elle replace une énième fois le bulbe en terre.
Fort heureusement pour elle, son travail se termine dans une heure, en même temps que les cours des élèves. Cela lui laissera un peu de temps pour se diriger en ville et souffler devant une bonne tasse de thé ou une bière, tout dépendra de son état émotionnel sur l’instant. En ce qui concerne le lieu, c’est toujours le même, Livia est très routinière depuis son installation à Leiar. C’est déjà une nouvelle aventure en elle-même que d’être venue sur cette archipelle avec une simple valise et depuis elle ne fait que subir le quotidien du “métro, boulot, dodo”.
Poussant un soupire, elle remet ses outils de jardinage dans le seau, enlève ses gants en caoutchouc vert pour les mettre dans les poches de son tablier de cuir et se dirige vers la petite cabane proche des serres qui lui sert de bureau et de dépôt de son matériel. Un rapide coup d'œil à sa montre lui indique que le temps à enfin décidé à s’écouler plus rapidement et qu’il ne lui reste que quelques minutes d’attente. Un moment idéal pour sortir sa
Kiseru (pipe traditionnelle japonaise).
Un regard à sa droite et à sa gauche lui indique qu’il n’y aucune présence aujourd’hui près des serres. Aucun doute qu’elle se ferait réprimander par la direction et le corps enseignant si on venait à la surprendre en train de fumer en plein cœur du campus. Quand bien même il ne s’agit pas de tabac véritable mais de plantes aromatiques et apaisantes. Un long débat botanique pourrait être mené sur le sujet, mais elle est certaine que ses interlocuteurs ne l’entenderait pas de cette oreille. Le geste demeure le même quand bien même l’un ne noircit pas vos poumons ni ne détruit votre odorat, contrairement à l’autre.
Elle tire sur sa kiseru et libère un nuage de fumée. Le geste est apaisant et elle se détend quelque peu de sa journée. Elle prépare ses affaires qu’elle fourre dans un vieux sac à dos kaki, troué par endroit, et se décide à aller en ville.
Le chemin se fait sans encombre, habitué par la route son esprit divague sans même qu’elle y prenne réellement attention. Vivre sur Leiar n’était pas déplaisant, l’archipel Mythis dans son ensemble est assez extraordinaire. Livia n’avait fait que parcourir la région de Kanto et tout lui paraissait nouveau et assez excitant, si on en venait à oublier les parterres de fleurs du campus.
La jeune femme pousse la porte de son café habituel et salue poliment la serveuse qui joyeusement lui souhaite la bienvenue. La botaniste n’a jamais été aussi démonstrative que la jolie blonde et en un sens elle l’enviait d’être aussi à l’aise avec ses émotions. Prenant une tasse de thé revigorant, Livia leva la tête en entendant la petite clochette tinter et indiquer la venue de quelqu’un. Un léger sourire apparaît sur son visage tandis qu’elle reconnaît la nouvelle arrivée.
▬ Bonjour Sofia !