Concentrée sur l'énoncée complexe de son devoir Constance essaie comme elle peut d'ignorer les soupirs de sa jumelle assise juste à quelques mètres d'elle. Cette dernière a fini – ou plutôt bâclé – ses propres exercices depuis longtemps et le peu de patience qu'elle a s'est évaporé après cinq minutes d'attente.

« T'as bientôt fini ?
- Mmh...
- Ça veut dire oui ou non ? »

Cette fois, c'est Constance qui soupire. Elle sait pourquoi Charlie insiste autant, leur mère les a appelées un peu plus tôt pour qu'elles prennent des photos de leurs Serres respectives et sa jumelle compte sur son aide pour le faire. Mais voilà, le problème, c'est que leurs bouts de terres sont bien moins impressionnants que l'image idyllique peinte par Charlie au téléphone et la pression est très vite montée une fois l'appel terminé. Constance pensait pouvoir faire le Cléopsytra et se plonger dans ses devoirs le temps que Charlie trouve une solution miracle comme elle a l'habitude de le faire, mais il faut croire que cette fois c'est un peu trop et que même l'enthousiasme de sa moitié ne peut pas vaincre seul les mauvaises herbes qui pullulent sur leur terrain.

« Bon. » Elle pose son stylo et se tourne vers Charlie, un air contrarié sur le visage. « C'est quoi ton plan ? »

Le visage de sa moitié n'est que lumière en réponse, son soulagement très clairement visible. Il faut dire que c'est sa faute si elles en sont là, si elle n'avait pas enjolivé la vérité et avait été honnête avec leur mère elles n'auraient pas eu besoin de faire quoi que ce soit d'autre que se relaxer pendant le week-end. Au lieu de ça... elles vont devoir jardiner. Constance grimace rien que d'y penser, et sa grimace ne s'arrange pas par la suite.

« J'ai pas forcément de plan, mais t'inquiètes ça va aller ! On a tout nos Pokémons qui peuvent aider ! Ça va le faire ! »

C'est d'un œil circonspect que la Mentali regarde leurs équipes respectives. Les Pokémons de Charlie sont puissants certes, mais ils ont tendance à faire exploser les choses plus que de les aider à pousser, et Duende ne va pas vraiment pouvoir faire quoi que ce soit d'autres que mâchonner des feuilles. Non, elles vont avoir besoin de plus d'aide que ça. Et, malheureusement, elle a déjà une idée de qui.

« On pourrait... on pourrait demander de l'aide à la dame au Mystherbe...
- Mmh ? Qui ça ?
- Tu sais qui.
- Vraiment ? Je croyais que tu l'aimais pas parce qu'elle fume ?
- … Peut-être, mais au moins sa Serre ne ressemble pas à un terrain de guerre.
- Eh ! C'est pas si horrible ! »

Le rire de Charlie fait apparaître un mince sourire sur ses propres lèvres, et c'est d'un pas léger qu'elles se rendent sur le terrain de Livia Yamada, aussi connue entre elles comme « La dame au Mystherbe ». C'est d'ailleurs la raison même de ce surnom qui les accueille, une petite Mystherbe du nom de Fresia qui s'entend particulièrement bien avec la Vipélierre et la Karknoix de Charlie et qui passe souvent les voir pour jouer. C'est le seul lien qui justifie leur présence ici, puisque Charlie a toujours refusé l'aide de la Paysagiste avant, et que Constance n'est pas du genre à aller vers les autres sans y être obligée. C'est donc Fresia qui les guide à travers la végétation luxuriante pour les mener vers sa dresseuse, une fois arrivées Charlie prend l'initiative de la conversation comme à son habitude et Constance se contente de hocher la tête en direction de l'adulte pour la saluer.

« Bonjour ! Ça fait longtemps ahah ! Mmh... je me demandais, enfin, on se demandait... euh, en fait voilà on a un petit problème avec nos Serres, elles sont pas très jolies ? Ou plutôt elle marchent pas vraiment bien ? Enfin, elle donnent des baies hein, mais euh voilà vu que vos Serres à vous elles sont très belles ET qu'elles donnent beaucoup de baies et de plantes tout ça... enfin on se demandait si vous pouviez nous aider à faire pareil ? »

Oui, bon, ce n'est pas parce que Charlie parle plus que Constance qu'elle s'exprime forcément mieux.