Ah, elle était tombée sur un Topdresseur. Rien que son tee-shirt prouvait sa vocation future. Et visiblement, il avait sauté sans vraiment réfléchir comment sortir d’ici. Bon, elle aussi, en effet, mais elle l’avait fait en toute connaissance de cause alors que seule la curiosité semblait motiver le blond. Il n’était pas très discret, et le pire, c’est qu’il semblait le savoir. Mais quelle idée avait-il eue, de sauter dans une base militaire alors qu’il était incapable de la moindre discrétion ? Faut vraiment être demeuré quand même. Son sourire amusé commença à se flétrir quand l’autre prit la parole, et finalement elle fronça les sourcils, une pointe d’énervement commençant à la titiller doucement. Bien. Blondinet s’appelait Adam. Ca ne l’empêchait cependant pas d’être complètement stupide. Elle haussa les épaules, presque insultante.
« Ca, mon grand, fallait y réfléchir avant de sauter dans une base militaire. Si t’es pas content, tu peux toujours chercher la sortie et t’en aller au lieu de proférer des menaces en l’air. Moi, j’vais fouiller. Tu viens, tu viens pas, c’est toi qui décides. »
Quittant le hangar sans attendre le blond, elle se mit à courir pour prendre appui sur une caisse et sauter sur un toit sans faire de bruit. Selon elle, passer par les toits serait beaucoup plus discret que de se balader dans la base. Un léger frottement lui apprit que Sphax l’avait rejoint. Plaqué contre la tôle, il regardait un autre hangar avec ses yeux perçants. Quelques secondes plus tard, une voiture en sortit, quatre militaires à son bord. Se jetant un léger coup d’œil, l’humaine et le Pokémon parvinrent à un accord. Ils allaient voir ce qu’il y avait dedans. Se laissant glisser au sol, elle fila jusqu’au hangar, et y rentra discrètement pour se cacher de suite après derrière une voiture. Sphax, plus discret qu’elle, fit vite fait le tour du hangar et revint vers elle pour japper discrètement à ses côtés. Il y avait de grands fûts partout, qui n’avaient pas l’air fermés sur le haut. Et il avait vu un escalier mais il se savait trop petit pour voir l’intérieur des énormes barriques. Suivant son Pokémon, Aileen grimpa en silence les escaliers grinçants et s’appuya à la rambarde pour se pencher et regarder dans un fût. Une drôle de matière verdâtre y bouillonnait.
« C’est quoi ce truc … Une arme nucléaire, un truc vachement dangereux, je parie. »
Sphax la tira brutalement par la jambe. Obéissant à son Pokémon, Aileen recula prestement pour se plaquer contre le mur au moment où un homme entrait dans le hangar. Silencieusement, s’approcha pour jeter un coup d’œil et observer les manigances de l’inconnu. Quand ce dernier sortit, le Pokémon se tourna vers elle pour japper doucement qu’il avait récupéré de la matière verte et qu’il avait quitté le hangar pour partir dans un grand bâtiment au-dehors. Quittant sa cachette, elle se dirigea à pas de loups vers l’autre porte et jeta un coup d’œil furtif à l’extérieur. Effectivement, il y avait un grand bâtiment, pas en tôles celui-là, qui avait l’air habituellement bien gardé. Mais là, il n’y avait personne. Ca devait être l’heure de la relève, ou de la pause, ou un truc dans ce genre. Sphax regarda à droite, puis à gauche, et jappa discrètement. Aileen quitta sa cachette et courut jusqu’à la porte, qui, comble du cynisme, n’était pas fermée. A peine entrée, elle se cacha derrière une grande armoire, quelques secondes avant qu’un laborantin ne sorte d’une pièce et traverse le couloir, disparaissant de sa vue. Mince, il y avait vraiment des hommes en blouse blanche. C’était quoi ce laboratoire secret et flippant encore. En silence, elle traversa le couloir, levant à peine la tête pour regarder derrière une vitre des laborantins en train de faire des calculs bizarres. C’est perturbant.
« Eh, vous ! »
Aileen sursauta, et prise de panique, elle se jeta derrière une grande armoire pendant que Sphax disparaissait derrière une porte. Oh mon Dieu, elle venait de se faire gauler. On allait la transformer en sushi.
« Ouais ? »
Après la panique, ce fut la stupéfaction. Ce n’était pas elle qu’on interpellait. Soulagée, elle faillit éclater de rire, et ne se retint qu’au prix d’un très grand effort de volonté mentale. Mieux valait ne pas dévoiler sa présence.
« Le laboratoire est interdit d’accès ! »
« Le colonel m’a demandé de porter ça au chef de service. »
« Ah, euh, donnez-le moi, je m’en charge. »
Il y eut un bruit de documents qui changeaient de mains. Sentant le regard de Sphax, elle tourna la tête, et il lui montra quelque chose d’un mouvement discret de la patte. Caché derrière un mur, il y avait le blondinet de tout à l’heure, qui avait visiblement emprunté le même chemin qu’elle. Comprenant qu’il allait la rejoindre pour l’engueuler, elle plaqua un doigt sur ses lèvres pour lui demander de se taire. Il comprit, ou il entendit la voix des deux hommes, et il recula dans l’ombre.
« Comment êtes-vous entrés ? »
« La porte sud était grande ouverte. »
« Mh, Carl aura sans doute oublié de la fermer. C’est un tort, à cette heure-ci, seule la porte nord est ouverte normalement. »
« J’ai les clés du colonel. Je mettrai un tour de clés en partant. »
Le militaire quitta le couloir, et avec une certaine frustration, la brune entendit un bruit de clés. Bien, ils étaient maintenant enfermés à l’intérieur. Après s’être assurée que le scientifique était parti, elle fila vers le blond, rejointe très vite par Sphax, tout aussi énervé qu’elle par leur enfermement.
« T’aurais peut-être pas du venir avec moi. La porte sud est fermée, va falloir traverser tout le bâtiment pour se tirer avant la relève. Et silencieusement. J’ai vu des fûts pleins d’une matière verte bizarre dans un hangar, j’ai pas trop envie de savoir ce que c’est. »