J-3 ▬ Quelques temps auparavant...
Cela ne faisait que quelques temps que j'étais intégré à la Pokémon Community, au dortoir des Givrali. Je ne connaissais pas grand monde, et aucune des filles qui peuplaient le dortoir n'était vraiment disposée à faire une nouvelle rencontre aussi tôt dans l'année. Il fallait dire qu'elles étaient déjà plus ou moins liées entre elles, certainement grâce à des connexions établies lors de l'année précédente, celle d'ouverture de l'académie. Alors je me sentais parfois un peu seule, sans contact humain ... non pas que cela me changeait de ces années à voyager en nomade avec papa, mais j'espérais pouvoir observer du changement dans mon rapport aux autres plus rapidement que prévu. Et au final, je remettais ma frustration et ma solitude sur le tapis, me maudissant silencieusement le soir quand les lumières s'éteignaient, sous l'oreiller, sans que personne ne puisse entendre mes pleurs étouffés. Mais il y avait toujours cette petite lueur d'espoir qui venait illuminer mes songes, chassant mes plus sombres cauchemars d'un petite caresse douce et bienveillante : Athéna. Cette petite Kungfouine qui m'avait été remise par le Collectionneur. Toujours positive, toujours à veiller sur moi comme le ferait une sœur. Elle était ma nouvelle raison de tenir bon au sein de cette immense école remplie de personnalités diverses et variées. Elle était ma raison. Et en se blottissant contre moi, la nuit, elle me redonnait la chaleur et le courage nécessaire d'appréhender le lendemain.
D'ailleurs, la dernière bonne idée en date de la part d'Athéna, c'était via le formulaire d'inscription qu'elle me tendit un beau matin. Une liste de quelques noms déjà imprimés à même le bout de papier, sur lequel il était état d'un futur évènement organisé par le dortoir des Givrali. Il s'agissait de la fabrication d'un stand pour un jeu grandeur nature, mélangeant deux concepts qui m'étaient familiers mais pas au point de pouvoir me dire que j'en étais une experte : le laser game et le paintball. Le premier consistait à se faire affronter deux équipements dans une sorte de décor futuriste et aux ambiances électro, avec comme but de marquer des points en visant un plastron voire tout un équipement réfléchissant dans la lumière ultraviolet, avec à la fin, un décompte des points pour désigner la meilleure des deux équipes ; pendant que le second jeu faisait également s'opposer deux équipes, le but étant de se tirer dessus à coup de billes de peinture, avec comme condition d'élimination, le simple fait d'être touché, avec comme équipe gagnante soit celle encore debout à la fin du temps imparti, soit en possession d'une sorte de totem appartenant à l'autre équipe. Mais voilà, en regardant le formulaire, je me rendis compte que certains postes avaient déjà été attribués parmi les plus éminentes figures du dortoirs : Ikiala Rosenbach, la préfète ; Cleve Carter et Ambre Lawford, deux filles populaires et à la réputation irréprochables. Il y en avait d'autres sur la liste, mais seuls ces noms m'interpellaient. Pourquoi ? Parce que j'avais enfin décidé de m'impliquer au sein de mon groupe, et que de mes rapprocher de ces personnalités me permettrait de me rapprocher de cet objectif qui était de m'ouvrir le plus possible aux autres, et devenir une personne respectée et respectueuse.
Cependant, il fallait que j'ouvre le bal d'une manière atypique. Et pour ça, je ne vis qu'une seule et unique solution : inscrire mon nom en lieu et place de la liste pour se charger de colporter des ragots à travers toute la Pokémon Community, à propos d'occupants d'autres dortoirs, afin de rameuter la foule au stand, et faire un maximum d'impression, même si cela devait mettre en lumière la réputation de commères que les filles Givrali entretenait de temps à autres. Il fallait dire que cette réputation venaient des autres dortoirs en compétition, et qui semblaient n'avoir rien d'autre que cela contre mon dortoir pour dire de se rendre intéressant. A la guerre comme à la guerre du coup, j'allais inscrire mon nom au panthéon des Givrali les plus récalcitrantes, quitte à me faire quelques ennemis à la place de vouloir me faire des amis. Ce fut ainsi que quelques jours plus tard, je commençai mon travail d'attraction auprès des autres dortoirs. Et je pouvais d'ores et déjà afficher les couleurs. Parmi mes quelques perles de ce moment précis, un florilège. « Vous voulez réellement voir ce qu'un entrainement quotidien d'un Pyroli donne ? Envie d'assister à la déchéance du dortoit qui se veut le plus physique et discipliné ? N'hésitez pas ! Le stand des Givrali saura vous réconcilier avec la compétition ! » annoncé en pleine allée, en chahutant avec Athéna. « Psst ! Oui toi ! Dis, apparemment, les Phylalli auraient des comptes à rendre avec vous, les filles des Mentali, pour une sombre histoire de farce douteuse commise en pleine nuit. Et pour remettre les scores à zéro, les Phyllali semblerait vouloir s'incruster sur notre stand, chez les Givrali, histoire de vous montrer leur supériorité. Je compte sur toi pour faire passer le mot ! » glissé à une fille du dortoir Mentali quelque peu soucieuse de cette rumeur. « Bonjour messieurs les Noctali ! Il paraîtrait que vos attitudes envers la gente féminine seraient indignes ... du moins ... c'est ce qu'en diraient les Voltali. Si j'étais vous, je leur donnerais rendez-vous sur le stand des Givrali, le laser-paintball-game, histoire de leur montrer qui sont les vrais mecs de cette académie. Rafraichissements gratuits, n'hésitez pas ! » pour provoquer un groupuscule de quelques étudiants du dortoir des Noctali. Très vite, la rumeur courrait que je possédais des informations cruciales sur les pensées d'un dortoir à l'égard d'un autre, et la publicité faite pour promouvoir le stand marchait à merveille sous ma tutelle. J'étais enfin utile à quelque chose pour les filles. En espérant que cela aide.
Jour J ▬ Quelques heures avant l'ouverture du stand...
C'était le grand jour pour moi, car j'allais enfin pouvoir mettre la main à la pâte. Très vite, le stand se montait, les affaires étaient apprêtées dans les différentes salles de la Pokémon Community qui serviraient de terrains pour le jeu que nous organisions. De mon côté, je m'occupais de la vérification de la logistique, m'assurer que les écrans de contrôle étaient bon état de fonctionnement, que les caméras répondaient bien aux commandes, et que l'activation des quelques trappes et autres pièges à disposition pour l'avantage que l'on s'octroyait à la discrétion des autres dortoirs. Ce n'était pas de la triche, nous avions la liberté de construire notre stand de la manière que nous le voulions, et nous avions été unanimes là-dessus. Lorsque tout fut alors considéré comme prêt et fonctionnel, sous la coupe d'Ikiala Rosenbach, nous composâmes les équipes de deux pour prendre part aux parties directes, pour amasser des points pour prendre de l'avance sur les manches en mort subite. La première équipe serait celle de Cleve Carter et Ambre Lawford, les deux plus éminentes filles des Givrali juste après la préfète. Pendant ce temps, Ikiala s'occuperait de l'annonce des tempes de jeu, et juste à ses côtés, je prendrai les commandes des écrans de contrôles et des activations des pièges. Du coup, ce duo à la régie ferait l'objet d'une seconde équipe de tireuse, et ainsi, je me retrouvais inscrite en collaboration avec personne d'autre qu'Ikiala Rosenbach elle-même. Un honneur en plus d'une fierté. Les deux autres filles, Ininja Hagane et Kathleen Arktycia, feraient partie de la troisième équipe de Givrali. Et dans une concertation de dernière minute, nous poussâmes un cri de guerre, et nous mîmes en route pour les hostilités.
Heure H ▬ Partie n°1 : Le duo explosif Cleve/Ambre.
La première partie commençait sur les chapeaux de roue, sur un fond de musique électro bien dynamique et électrisante à souhaite. Les adversaires de Cleve Carter et ambre Lawford étaient des Pyroli qui venaient rendre des comptes aux Givrali qui avaient propagé des rumeurs à leur insu. Derrière mon moniteur, je rigolais comme une tordue, car je savais que j'étais en grande partie la cause de ces comportements revanchards. La partie était à tambours battants, et le duo des Givrali faisait mouche partout où elles allaient. Sauf au moment où Ambre semblait quelque peu en difficulté, prise en chasse par un vieillard à la solde des Pyroli, très vite secondé par une membre plus jeune et plus fougueuse qui donna du fil à retordre à la brunette. La pauvre d'ailleurs s'offrit un joli croche-pied, mais grâce à sa connaissance précise des lieux, elle pouvait tirer profit de mon engagement à la logistique pour faire parvenir une information cruciale à Ikiala : celle de faire tomber un bloc tetris pile au moment où la Pyroli passerait. Et ce fut le cas quelques secondes plus tard, offrant un joli arrêt sur image sur la frimousse apeuré et déconfite de la rouge. Un moment de complicité avec Ikiala, qui nous arrachèrent des éclats de rire monumentaux devant cette image qui ferait l'objet d'une place de choix sur le mur à photo "dossiers" sur différentes élèves des dortoirs concurrents. Outre ces quelques moments de liesse, la partie se défila d'elle-même, provoquant un véritable match à sens unique, avec une incroyable domination du duo Cleve/Ambre. Elles étaient vraiment douées, et elles faisaient la fierté du dortoir. Nous étions prédestinées à la victoire, et on ne reculerait devant rien pour y parvenir. Et une fois la partie finie, les lumières se rallumèrent, et nous découvrîmes l'ampleur des dégâts : Cleve et Ambre étaient barbouillées d'un peu de peinture sur leur combinaisons sublimes, mais chez les adversaires ... des toiles de peintures à eux seuls. Les Pyroli et le vieillard faisaient grises mines face à l'implacable rouste perpétrée par la brune et la rousse. Un moment d'anthologie qui freinerait un peu les ardeurs des membres du dortoir de feu.
Heure H ▬ Partie n°2 : Faisons le show mon amie !
Le moment était venu pour moi d'aller en salle de préparation pour recevoir ma combinaison avec les bandes bleues luminescentes. Juste avant, nous avions taper dans les mains de Cleve et Ambre pour leur faire part de notre joie quant à leur victoire. Maintenant, c'était à Ikiala et moi-même de faire nos preuves. Bon ... je n'étais pas vraiment la tireuse la plus douée, surtout pas autant que le duo d'avant, mais j'avais de quoi jouer dans les cours des grandes, et j'avais quelques armes inédites que les autres n'avaient pas. Alors que je me changeais, j'aperçus Ikiala faisant de même. Timide mais bien décidée à faire ma place, je glissai alors un petit discours à ma collaboratrice. « Dis ... je m'excuse par avance, mais je ne suis pas une excellente tireuse. Par contre, je vais faire de mon mieux pour nous rapporter des points. J'espère que je ne serais pas un boulet pour toi ! Allez, à l'attaque ! » Puis l'une des filles à la régie utilisa le mégaphone pour annoncer aux concurrents et concurrentes de bien vouloir s'avancer jusqu'au sas de départ pour compter les joueurs, expliquer les règles, et procéder aux affectations géographiques une fois la partie lancée. Cela ne prit que quelques minutes en tout et pour tout, et le gong retentit. La "game" avait commencé, et déjà, je pris la direction d'une des salles adjacentes à celle-ci.
La mise en scène de cette salle avait des allures de plage déserte, comme si je venais de mettre les pieds sur une île perdue au sein d'un archipel trop grand pour être fouillé de fond en comble. Mais déjà, j'entendais des bruits de pas dans le faux sable au sol, preuve qu'un adversaire me prenait déjà en chasse pour me tendre une embuscade. Mais c'était sans compter sur mon esprit joueur et quelque peu ... farceur. Avec l'aide d'Athéna, qui se groupait à mes jambes comme une agent secrète, nous commençâmes à chahuter, comme si nous étions devenues deux gamines se battant pour un seul cornet de glace bien fraîche. Nous attirions volontairement l'attention sur nous, et ça fonctionnait : une concurrente au plastron non pas rouge, mais rose nous fit face. Une fille du dortoir des Mentali. Vraisemblablement l'une de celles qui devait s'être sentie eues pour avoir été bernées par mes colportages en tout genre. Et là, la chasse s'opéra. Je courais dans toute la salle aux allures paradis légèrement sombre, et évitait tant bien que mal les tirs de mon assaillante rose. Et là, l'idée de génie : un palmier en carton renforcé en mousse vers lequel je me dirigeais de plus en plus vite, toujours suivie de la Mentali revancharde. « Tu vas voir chipette, je vais te la faire aux petits oignons, tu vas rien comprendre ! Nyahaha ! »
Et au moment de la percussion avec l'élément du décor, je pris un virage serré et dantesque, sortant du champ de vision de la tireuse derrière moi qui, prise dans son élan, s'explosa de tout son corps contre le faux palmier qui, à son contact, donnait l'alerte à la régie pour déclencher via les fausses feuilles du palmier, des billes de peinture par dizaines, qui criblèrent la Mentali d'un arc-en-ciel de couleur. Une chute qui vaudrait là aussi sûrement une belle photo souvenir. Mais le problème était que j'étais alors prise en chasse par une autre Mentali en embuscade et qui avait suivi la scène de plus loin. Une balle ricocha contre ma hanche, me faisant comprendre que je n'étais pas à l'abri d'une contre-offensive de génie. Je pris alors les jambes à mon coup, accompagnée d'Athéna. La course était effrénée, et les coups de pistolets fusaient comme des fléchettes sur une cible. Je rejoignis alors la toute première salle, dans laquelle je croisai furtivement Ikiala aux prises avec ses propres ennemis. Mais malheureusement, il allait falloir qu'elle capte ma détresse, car mes cris aux abords de la salle étaient plus qu'équivoques. « IKIALAAAAAAAAAAAA ! Y A QUELQU'UN DERRIERE MOIIIII ! KYAAAAAAAAAAH AH AH AH AHHHHH ! » Allez savoir pourquoi est-ce que la situation me faisait rire pendant que je criais comme une timbrée. Ce jeu me plaisait-il tant que ça ? Ou alors, le fait de pouvoir représenter les Givrali avec autant de ferveur et de succès commençait à me prendre aux tripes ? Bref, là, j'avais besoin de ma coéquipière, espérons qu'elle avait un plan en tête. Juste au cas où, je balançais des signes à l'intention de chaque caméra que je croisais, pour donner une indication quant à ma direction, et éventuellement, les pièges à libérer au passage. Juste par mesure de précaution, bien entendu. Nyéhéhé !