Elle me paraissait un peu pâle. Ou bien me faisais-je des idées ? Une drôle d'odeur commençait à se faire sentir. Et la seconde suivant laquelle où je m'étais fait cette réflexion, la jeune fille se pencha brusquement en avant, laissant s'échapper une substance visqueuse et non-identifiée de ses lèvres. Ouais, enfin, elle a vomi, quoi.
En toute délicatesse. J'eus l'excellente réaction de reculer à temps pour m'éviter de m'en recevoir sur moi, et désormais, je fixai la masse informe, recouvrant les cadavres d'arachnides éparpillés au sol et mélangés à des fragments de verre tranchants. Wow, moi qui pensait avoir tout foutu en l'air...
Ma partenaire s'en alla en courant, quittant la salle après avoir repris plus ou moins repris ses esprits. Je la suivis du regard. Chouette, alors comme ça cette gamine à l'âme sensible me laissait en plan, après avoir foutu de la merde ? Non, mais sérieusement ? Je fais quoi, maintenant, moi ? Mes pupilles firent plusieurs fois des allers-retours entre la professeure, qui observait le travail des autres groupes, et nos Mimigales au coulis de vomis. Ah... J'espérai qu'elle passera rapidement vers moi histoire que je lui demande un peu d'aide. Mais avant, il allait falloir que je trouve un ba-... Nan, à ce degré là, un balais ça va juste servir à rien. À côté de moi, Opale semblait ne pas avoir bougé d'un pouce depuis le début. Paralysée, elle fixait encore le désordre que moi et ma coéquipière venaient de répandre au sol. Je passai ma main autour de son coup.
« Opale ? Tu saurais où je pourrais trouver un balais ? ... Euh, non, je parle pas de ta queue, ne t'en fais pas. »
C'est... Bizarre, dis comme ça. Hem hem. Quoiqu'il en soit, vous savez, l'instinct des femmes de ménage, des maniaques de la propreté, et donc des Chinchidoux, tout ça tout ça... Sans plus attendre la boule de poils renifla. Jetant des regards furtifs autour d'elle, elle finit par s'élancer derrière un groupe d'élève, traversant une moitié de la salle. La suivant, je remarquai qu''il y avait un placard. Ah, bien vu. Alors que la chinchilla me montrait le meuble métallique de la patte, je l'ouvris. Bingo ! Des balais, des balayettes, des produits de ménage, et j'en passe. M'emparant de ce dont j'en avais besoin après avoir jeté des regards gênés autour de moi, je m'apprêtais à retourner de la par où j'étais venue, quand...
« Eh, toi ! Pourquoi as-tu besoin d'un balais ?
- Euh... Disons q-qu'il y a eu un léger... 'Fin, petit accident.... Et que... » ... En faite, c'est vraiment pas un balais qu'il me faut, mais plutôt un chiffon, non ? Après avoir redirigée la référente des Mentalis vers notre, enfin, mon, maintenant, plan de travail, elle comprit rapidement la situation. Me fournissant le nécessaire pour le ménage, elle se précipita ensuite, toute excitée, Dieu sait où.
Oui, ma partenaire... Ah oui, c'est ça, Cécile ! Euh, est allée aux toilettes. J'espérais d'ailleurs que ce soit effectivement le cas. Avec l'aide de ma Chinchidou qui se révéla – pour une fois – plus qu'utile, nous nettoyâmes le plancher en un rien de temps, la petite bestiole sachant parfaitement comment s'y prendre. D'ailleurs, pour la même raison, ma chambre était plus ou moins rangée, dernièrement. Enfin bon, là n'est pas la question.
Un bruit sec me fit sursauter. Melty venait de poser brusquement un second bocal de Mimigales séchées, qui me semblait encore plus grand et rempli que le précédent.
Voilà ! Vous avez de quoi faire, maintenant ! Prenez-en grand soin, ou vous aurez un zéro, cette fois-ci ! Ah ah ah...
Entre-temps, ma partenaire, « Cécile », apparemment, était revenue dans la salle. Je l'observai du coin de l'oeil parler avec madame Potts, avant de se diriger d'un pas sinistre vers moi. Elle s'excusa. C'était une bonne chose. Ceci dit, les larmes qui semblaient lui perler aux coins des yeux avaient tendance à me mettre mal à l'aise. J'avais l'impression que c'était moi qui avait mal fait quelque chose. Mais quoi ? Aurais-je dû la rattraper quand elle s'est enfuit ? Mes pupilles se baladèrent autour de moi.
« T’en fais pas. »
Même si on a rien foutu, du coup, pendant ce premier quart d'heure... La jeune Mentali proposa alors ensuite de la gelée de Mimigale. Ouais, c'était la manière la plus facile pour rendre ces arachnides assez présentable. Dans ma tête, je visualisai déjà ce dont on aurait besoin. Le mixeur, une bonne dose de sucre pour masquer le goût de l'ingrédient suspect, et surtout de la gélatine. On aura donc du coup aussi besoin du frigo, et la gélification demandera du temps, ce qui veut dire qu'il faut qu'on se dépêche, pour faire ça.
Cécile cherchait sur son iPok. Pas bête. Peu après, elle me proposa d'utiliser les baies Nanab dans le plat de consistance. Mmmh, pourquoi pas. Une sauce dans le genre, un peu aigre-douce ? Et ça reviendrait à dire qu'on utilisera le lait de Cabriolaine pour l'entrée ? Ou bien plutôt pour la sauce du plat principale ?
« Mmh, oui, pourquoi pas. ... ... Du coup, le plat principale serait sucré, aussi ? Avec les baies Nanab, on pourrait aussi faire une sauce, peut-être, et pourquoi pas inclure aussi le lait de Cabriolaine dedans du coup. À moins de le garder pour l'entrée, où on pourrait faire un quiche simple ou bien un cake salé. Ou les deux. Enfin, après, tout le reste sera sucré, tu penses que ça va plutôt équilibrer ou faire trop... Intrus ? »
Ma coéquipière était cependant bien silencieuse. Était-ce parce qu'elle préfère travailler dans le calme ? Serais-je en train de la déranger ? D'ailleurs, la gelée...
« Euh, attends, juste... Chell, tu pourrais aller me chercher de la gélatine ? Merci beaucoup ! Hum, je disais donc, Cécile, que, euh... Peut-être... Je vaais. Ouais, je vais déjà commencer la gelée, car il lui faudra un certain temps, dans le frigo. Mais continue, je t'écoute. »
Aussitôt, je m'accroupis pour fouiller dans les placards. Le sucre était posé derrière moi, ça, c'était fait. Maintenant, il me fallait des gants, des saladiers, des ramequins ou des moules et un mixeur.