GO, GO, GO ! Pas de temps pour du relâchement aujourd’hui les enfants, vous dormirez quand vous serez morts, aha !
Rush ronchonna comme à son habitude puis les deux pokémons accélérèrent le pas de course, répondant parfaitement à la suggestion précédente fortement conseillée – oui, m’enfin ils n’avaient pas réellement le choix mais ça faisait moins régime dictatorial de le décrire ainsi – que je venais de leur faire. Mon regard d’obsidienne s’avérait être fixé sur les créatures qui joggaient devant moi, que je suivais à une certaine distance prédéfinie et fixe, un peu à l’arrière. Aujourd’hui, j’avais entrepris une petite expédition qui devait, selon mes calculs, durer quelques heures tout au plus avant notre retour à la pokémon community. Le cœur de la forêt s’avérait être notre destination, là où se déroulerait la série d’exercices particuliers que j’avais instaurés au programme de la journée.
Par moments, mes compagnons devaient se dire que j’étais trop sévère en ce qui concerne leur diète et la façon dont je les entraînais physiquement régulièrement et avec acharnement. À mes yeux, tout ce que je faisais n’avait rien d’excessif, au contraire. En leur contraignant à se tenir en forme par l’exercice, je les encourageais à se passionner à quelque chose et également à créer une certaine motivation lorsque ces derniers s’apercevaient du progrès qu’ils avaient respectivement atteint. Évidemment, le machoc et le meditikka ne possédaient pas les mêmes forces en ce qui concerne les sports pratiqués par chacun. Hercule s’avérait davantage efficace en haltérophilie ou encore au niveau des exercices requérant de la force brute. Rush, quant à lui, était beaucoup plus à l’aise aux activités telles le yoga et la gymnastique, ou alors les sports nécessitant une bonne endurance. C’était pour cette raison précise que, quand on exerce le métier dans lequel je ne suis encore qu’une apprentie parmi un nombre incalculables de maîtres, il est impérial d’être polyvalent et d’être en mesure de toujours se mettre à jour pour connaître davantage de techniques et de sports pour s’entraîner soi-même et également coacher les autres.
Bon, prenez quelques instants pour boire de l’eau et reprendre votre souffle pendant que je regarde les plans de la forêt que je tiens entre les mains… Mh, oui, c’est ce que je croyais. Les gars, comme on a terminé les échauffements, on va sprinter à partir d’ici jusqu’à ce point-là. Je leur montrai la petite carte représentant l’espace verdâtre ainsi que la destination d’arrivée, se trouvant à quelques kilomètres en parcourant une ligne droite. Je pris soigneusement le temps de ranger dans la poche arrière de mon sac à dos le précieux item. C’est quand vous voulez, mais n’oubliez pas de faire attention aux embuches naturelles qui pourraient se trouver sur votre route. Si vous trébuchez, vous devrez vous relever et continuer le parcours quand même !
Les deux pokémons hochèrent respectivement de la tête avant de se lancer un regard dans lequel je pus lire une onze de rivalité. Une course, était-ce bien ce qui se préparait ? Voilà qui saurait m’intéresser. Après une entente entre les deux sur le temps où ils s’élanceraient, ils se mirent en position, le genou gauche par terre et les mains posées également au sol derrière une ligne de départ imaginaire. Au signal, les créatures se lancèrent, Hercule se retrouvant légèrement en tête de ligne toutefois suivit de très près par Rush. Je courais derrière les deux concurrents à bon rythme, en économisant mon énergie contrairement aux autres. Le meditikka effectua un bond de côté sur un tronc d’arbre plutôt gros et placé verticalement, qui lui permit de reprendre la tête. Une grande rivalité régnait actuellement entre les candidats, qui jouaient des coudes lorsque le machoc revint à la hauteur de son adversaire qui manqua de tomber en s’accrochant les pattes dans une racine ressortie du sol. La ligne d’arrivée, imaginaire elle aussi hein, se trouvait être en vue droit devant nous selon la distance que nous avions précédemment parcourue. À environ un mètre de la destination, les deux pokémons négligèrent une flaque vaseuse qui jonchait le sol devant eux et glissèrent en retombant directement sur le derrière. Rush se releva d’un trait et atteignit le premier le ruban invisible. J’effectuai un saut en longueur au-dessus du machoc, rejoignant le meditikka. Je l’entendis se plaindre.
Et oui les garçons, il ne faut jamais négliger le terrain qui nous entoure malgré toute la tension et l’envie de gagner qui grandit en vous ! Vous avez bien travaillé tout de même, toutes mes félicita… Je m’interrompis, remarquant la présence d’un soudain épais brouillard nous entourant. D’instinct, je baissai les yeux sur mon iPok, qui n’affichait aucun réseau disponible. Autour de moi, je ne reconnaissais pas la forêt dans laquelle nous avions pénétré. Le décor s’avérait être… différent. Tout à coup, Hercule fondit sur Rush, l’attrapant par les bras. Sur son visage je pouvais lire de la colère. ARRETE! MAIS QU’EST-CE QUE TU FAIS BON SANG ?! VOUS ÊTES SENSÉ ÊTRE AMIS, NE L’OUBLIE PAS ! L’expression sur son faciès se modifia et il relâcha la pauvre créature qui frottait ses bras endoloris par la poigne de fer de son compagnon. Le machoc, dont une fureur incontrôlable mélangée à une tristesse soudaine régnait en lui, se mit à courir à une vitesse affolante en direction des bois. Spontanément, je me mis à ses trousses, suivit de Rush.