Zut de zut ! Où avais-je donc laissé ma lime à ongle ? Il était absolument hors de question que je demande à mes camarades de dortoir. Car ouais, même je me fous royalement du fait qu'elles soient pour la plupart en train de dormir – l'entraînement matinal oblige – je sais que la plupart n'y prêteront même pas attention. Ma taille, je vous dis. Ma taille à la con. Grandissez, les os ! Hum hum. Ouais, et aussi, dans un dortoir de garçons manqués, trouver des personnes qui comprennent vraiment l'importance de
ma lime à ongle est plutôt compliquée.
Seul ma lampe de nuit brillait, en harmonie avec la lune qui elle aussi semblait se ficher de ma gueule, à travers ma fenêtre. Je n'avais toujours pas descendu mes stores, et c'était aussi la raison pour laquelle je n'avais pas allumée le plafonnier. Trop lumineux, je me serais fait choper à la première occasion. Mais de toute manière, un peu plus sombre ou un peu moins n'aurait rien changé. Prise de désespoir, j’aplatissais de mon seul bras libre mes sacs violemment pour la énième fois. Mais rien à faire, ils étaient tous vides, le contenu, éparpillé sur mon parquet. Mais pourtant, aucune trace de ma précieuse lime.
Aucune.Si je n'y résistais mais, j'aurais même pu laisser couler mes larmes. Je maudissais mon fichu plâtre. Si ça se trouve, une fois ces quatre semaines terminées, je vais me retrouver avec un dérèglement musculaire où jenesais quelle autre connerie encore. Enfin bon, je musclais le bras gauche, n'est-ce pas génial, ça ? Je veux mourir.
Ouais, ok, c'est pas possible. Mais un bras plus musclé que l'autre, c'est moche. ... MAIS BORDEL, MA LIME.
Il devait être aux alentours de minuit. Ma chambre retournée dans tous les sens, je parvins à l'effroyable conclusion que... Ma lime ne se trouvait pas dans ma chambre. Mais où alors ? Si je l'avais perdue, je pouvais être sûre que... Enfin, à y bien réfléchir, peu de Mentali serait capable de réutiliser un objet.
C'est trop sâââleuuuh. Donc, je pourrais la retrouver. Mais où ? Me laissant retomber en tailleur, j'appuyai mon menton sur ma main et me plongeai dans mes réflexions.
Le réfectoire. Voilà. Ça devait être là-bas. Après avoir soupé, je me souvenais de m'en être servie. Mais après ? Rien. Nada. Préparant mon sac d'expédition. Mon bazar habituel, quoi. Puis, enfilant un sweat noir et jetant mon bagage sur une épaule, je passai ma tête par la fenêtre.
« Pshht, Gum'. Réfectoire » avais-je chuchoté à ce dernier qui observait une Pyroli à travers la fenêtre. Quoi exactement, je préférai ne pas savoir. Plongeant son regard dans le mien, il acquiesça rapidement quand je lui fis un signe de tête. Malw' nous accompagnera aussi. De toute manière, il refusera naturellement d'être en reste, sa pupille blanchâtre en disait long. J'allais laisser le reste de mon équipe dormir paisiblement, sauf que je remarquai rapidement deux pupilles scintillantes. Fanta. Il a une ouïe perçante, l'éléphanteau, dirait-on... Normal, puisqu'il a des grandes oreilles. Ok, je vais me taire. Bref, je l'emportai avec moi, mais dans sa Pokeball, étant donné que je doutais fortement qu'il soit capable de ce qui allait en suivre.
Coca ayant tendance à me faire particulièrement chier, surtout quand je demande le silence, j'oubliai carrément sa sphère bicolore sur mon bureau. Sautant de ma fenêtre, mon atterrissage fut amorti comme toujours par mon starter. Des regards furtifs à gauche puis à droite, je terminai d'attacher ma tresse, puis filai rapidement.
Mmm, tiens, pourquoi j'ai Torë dans ma poche ?! Étrangement, la porte du bâtiment était ouverte. La suite, se révéla un peu plus compliquée, cependant. Posant ma main contre le mur, je repérai rapidement la porte du réfectoire malgré l'obscurité totale qui régnait. Tapotant contre les deux panneaux en bois, je retrouvai après quelques secondes seulement la serrure. La porte était fermée à clé, donc je ne pouvais pas vraiment compter sur mes deux spectres pour m'ouvrir de l'intérieur. Heureusement, j'avais le matériel nécessaire pour cela. Sortant, sourire d'autosatisfaction aux lèvres, un long morceau de fil de fer, je le maniai habilement de la forme souhaitée après avoir demandé à Malw' de me le couper en deux. Maintenant, je croisai les doigts pour que ce ne soit pas trop laborieux. Malheureusement, ce fut le cas. Je n'avais pas vraiment l'habitude, même si je savais à peu près comment s'y prendre. En général, c'était plutôt Kay qui s'en occupait...
« -Vous êtes en état d'arrestation! Obtempérez, et il ne vous sera fait aucun mal! »
Je sursautai. La lumière venait de s'allumer. Bon sang, j'avais fait trop de bruit, on dirait. Fourrant rapidement mes outils dans mes poches, je me relevai et me tournai en direction du témoin. Oh, mais c'était Ginji ! Le fameux ventre sur pattes. Hum, à part ça, qu'allais-je faire ? Expliquer la situation ? Le mettre hors état de nuire ? Ou marchander ? Les deux derniers me plaisaient.
« Héhé, salut Ginji ! Bah en faite... Je peux acheter ton silence contre du choco ? »
Il n'avait pas le choix, en faite. Car sinon, il allait s'en prendre cher. Mes yeux se plissèrent. Je me passai une main dans les cheveux.