Je dormais, confortablement. Hime et Sephiroth étaient dans leur balle respective. Je pense qu'Ash était à mes pieds et Spark, comme souvent, était dans mes bras. Ouji-sama, de son côté, dormait dans son petit lit rien qu'à lui, comme à l'habitude. Néanmoins, il lui arrivait parfois de faire le trajet jusqu'à mon lit au cours de la nuit, parce qu'il devait trouver mon matelas plus confortable. Néanmoins, ce soir là, il est resté dans le sien. C'est un tout petit détail, un truc de rien du tout, il dormait souvent de son côté. Mais ce soir là, j'aurais préféré qu'il soit plus près. Il n'y avait aucun bruit dans ma chambre, ni même dans le dortoir. Rien, jusqu'à très tard dans la nuit. Je ne sais plus qu'est-ce qui m'a réveillé. Est-ce que c'était le cri des autres Mentali? Le bruit d'une fenêtre fracassée? Je ne sais plus. Ce que je sais, toutefois, c'est que je me suis redressée d'un bon dans mon lit et que j'ai eu froid, très froid. Je suis restée gelée sur place, les yeux agrandis et la bouche entrouverte. Puis, Spark a couiné et je suis revenue à moi, une seconde de plus et c'était trop tard.
- Dans vos balles!
Ais-je chuchoté avec une voix paniquée. J'ai agrippé les balles, les serrant dans mes bras et je me suis cachée sous le lit. Ouji-sama venait nous rejoindre, mais il n'a pas eu le temps, une lumière a éclairé ma chambre, par la fenêtre. Au final, il a du se cacher de son côté, derrière mon bureau, hors de ma vue. Je me suis recroquevillée sous le lit, appuyée dos au mur, serrant les pokéball de mes compagnons contre moi, retenant ma respiration alors qu'un immense fracas a secoué la pièce et que des morceaux de verres ont empli le sol, certains glissant jusqu'à moi. J'ai plaqué ma main contre ma bouche et j'ai attendu alors que j'ai entendu quelque chose entrer dans la pièce. J'ai voulu tourner mon regard marron vers la source du bruit, mais je n'ai pas osé bouger et, dès que j'ai vu les bottes, j'ai fermé les yeux, m'immobilisant et priant le ciel pour qu'ils ne retrouvent pas Ouji-sama derrière le bureau, ou même moi sous le lit.
Je l'ai entendu poser un genou sur le lit, défaire les couvertures pour voir s'il y avait quelqu'un. Il ne devait pas regarder sous le lit. Pitié, qu'il ne regarde pas sous le lit. Je sentis des larmes d'impuissance rouler sur mes joues. Pitié, pas sous le lit. Je l'entendis ouvrir la penderie, entendit le bruit des supports jetés par terre, pour voir le fond. Puis ce fut au tour des livres sur mon bureau, de mon cadran, de mes crayons, même mon iPok se retrouva au sol en un bruit mat. Puis, l'intrus laissa échapper un bruit de satisfaction et j'ouvris les yeux, tremblante de peur. Non. Ne me dites pas qu'il l'avait trouvé. Pas Ouji-sama, pas mon petit prince. Les larmes roulaient contre ma tempe et jusqu'au sol alors que je serrais mes lèvres l'une contre l'autre, la main plaquée sur la bouche. Tout, mais pas mon starter. Pas mon plus fidèle compagnon, pas mon meilleur ami.
S'en suivit alors un grognement, comme une déception, et une forme grise tomba au sol, devant moi. Ses yeux vides étaient tournés vers moi, son ventre tout grand ouvert alors que sa tête était placée en un angle étrange. Pourtant ce visage était figé en un air heureux et me regardait, me narguait presque. J'avais l'impression qu'il se relèverait pour dire au voleur de regarder sous le lit. Mais non. L'intrus est reparti par ma fenêtre comme il était entré, me laissant seule dans le silence de ma chambre, l'air froid de novembre s'engouffrant dans la pièce et me frigorifiant. Pourtant, même s'il était parti, même si le noir était revenu et même si la vie semblait animer les pièces adjacentes, je suis restée là, la tête appuyée contre le sol, la main devant la bouche et mes pokéball serrées contre moi. Au milieu de ma chambre, éventrée, reposait une peluche de Chinchidou. Je devais bouger. Je devais aller rejoindre mon Prince et sortir de là, aller voir comment allaient les autres Mentaliennes, comment allaient mes amies et tous les gens que je connaissais. Ruby, Kaeko, Lyphie, Allen... Est-ce qu'ils allaient bien? Est-ce que leurs pokémons allaient bien?
J'ai desserré mon emprise des pokéball et elles ont roulé au sol, bien que pas très loin de moi et demeurant donc sous le lit, heureusement. Personne n'osait en sortir, respectant l'ordre que je leur avait donné. J'ai recommencé à respirer, mais je n'ai pas bougé. Toujours cachée, j'attendis que s'estompe le bruit des fenêtres brisées. Quelqu'un ouvrit ma porte, sembla rester le temps de regarder dans la pièce et repartit sans rien dire. J'ignore s'il s'agissait d'un voleur, d'un enseignant ou même d'une autre élève, mais je n'ai pas bougé, je n'osais pas. Ce n'est qu'au bout d'un long moment que je vis le museau d'Ouji-sama sortir de derrière le bureau. Il regarda partout autour et traversa la pièce en sprintant, évitant les morceaux de vitre au sol, pour venir me rejoindre. La petite plante verte se blottit dans mes bras, tout tremblant, et je le serrai contre moi. Fermant les yeux, je sentis les larmes venir une nouvelle fois, de soulagement maintenant. Mon équipe était au complet. Mon équipe était au complet.
Le danger semblait écarté et ce n'est qu'à partir de là que je considérai la possibilité de sortir de ma cachette, seulement pour découvrir ma chambre ravagée. Cette pièce où je passais tant de temps à coudre, à étudier, à dormir ou simplement à réfléchir, maintenant violée de la sorte. Comme cela était-il possible? Comment cela avait-il pu se produire? Ouji-sama sorti du lit à ma suite, tournant ses yeux vers moi, attendant mes ordres. J'étais tellement perdue, tellement désorientée. Au final, j'ai attrapé mon sac à bandoulière et j'y ai mis toutes mes pokéball, serrant toutefois Ouji-sama dans mes bras. Il n'y avait que là que je le sentirais en sécurité et, du même coup, que là qu'il pouvait me protéger. Je baissai les yeux vers la peluche. J'aurais du me pencher, au moins la mettre sur le bureau, lui rendre un peu de sa dignité. Mais je n'ai pas pu. Je la ramasserais plus tard, oui, plus tard. Au moment de nettoyer tout ceci. Parce que, si je quittais ma chambre, peut-être qu'en revenant tout serait comme avant. Peut-être que tout ça n'aurait été qu'un mauvais rêve. Il y a toutefois autre chose que je devais faire. J'ai récupéré mon iPok et y ai écrit un message, la première chose qui m'est passée par la tête, parce que je devais savoir.
Tu vas bien?
Destinataire : Allen Wills. Envoyer. Pourquoi lui en premier? Je ne sais pas. Ça aurait pu être Lyphie, ça aurait pu être Ruby, mais ça avait été Allen, juste parce que. Une fois le message envoyé, je rangeai l'ipok dans mon sac, avec mes balles, et je suis sortie, vêtue de mon pyjama et les pieds encore nus. Ma petite plante verte se serra dans mes bras et je m'aventurai dans le couloir, à la recherche de visages familiers. S'il y avait des blessés, tant humains que pokémon, je devais apporter un coup de main. Nous devions nous organiser, trouver un moyen de ne pas paniquer. Bizarrement, quelque chose me disait que ce serait plus facile à dire qu'à faire, surtout dans notre dortoir.
Toujours un peu sous le choc, je me contentai de suivre la vague des élèves de mon dortoir jusqu'au hall. Toutes semblaient en proie à la panique, sans savoir que faire, et même Madame Potts ne semblait pas réussir à prendre la situation en main. Ouji-sama leva les yeux vers moi, laissant échapper un petit "Vyy", comme pour m'encourager à faire quelque chose. Mais je restai tout de même là, sur place, à fixer le Vipelierre. Que faire? Je ne savais pas comment gérer une situation comme celle-là, je ne saurais pas comment forcer toutes les filles à m'écouter. Je tremblais encore de l'intrusion dans ma chambre et le seul fait de repenser à ma peluche me donnait presque des hauts le coeur, comment pourrais-je m'imposer dans la foule en cet état? Heureusement, une autre mentalienne, que je ne connaissais pas, semblait être encore bien plus solide que moi. Elle monta sur une chaise et, presque en hurlant, demanda le silence. Enfin, quelqu'un qui y arrivait. Le calme revint rapidement et elle reprit la parole. Moi qui m'attendait à la voir prononcer un discours quelconque ou donner des indications pour calmer la pagaille générale, quelle ne fut pas ma surprise lorsqu'elle attaqua verbalement notre référente et demanda à toutes de se taire pour qu'elle puisse.... aller dormir? Ça, c'est la goutte d'eau qui fit déborder le vase.
À peine était-elle descendue de sa chaise que je marchai jusqu'à elle, lui bloquant le passage. Ouji-sama, entre temps, avait été suffisament avisé pour grimper sur mon épaule et me laisser les mains libres, parce qu'il sentait ce qui approchait. L'instant suivant, un claquement sonore retentit dans tout le hall maintenant silencieux et, lorsque je clignai des yeux, je réalisai que j'en étais la cause. Je venais de la gifler, avec toute la force de mes petits bras, devant le dortoir entier et la référente avec. Maintenant, ça suffit les conneries. Je me détournai d'elle et ce fut à mon tour de monter sur la chaise. Les regards convergaient parfois vers moi, parfois vers l'autre fille, mais je m'en moquais. Je pris une grande inspiration. Maintenant que j'avais attiré l'attention comme ça, il était temps d'assumer et, même si je ne m'en croyais pas capable, de prendre les commandes ici pour calmer un peu toute cette agitation.
- Il ne faut pas céder à la panique. -remarque brillante venant de la part d'une fille qui vient de gifler une camarade, j'en conviens- Ce n'est la faute de personne ici et Madame Potts est tout à fait qualifée pour nous aider, c'est notre professeur référent et nous l'aimons tous, donc la première qui dit une autre de ces insanités aura affaire à moi! Maintenant, toute personne s'étant fait dérobé un ou des Pokémon va aller voir Madame Potts, nous devons pouvoir faire le bilan de ce qui viens de se passer. Si l'un de vos Pokémon ou vous-même avez été blessés, vous viendrez me voir, j'ai une trousse de premier soin et toutes les autres qui en ont une à disposition devront venir me donner un coup de main. Celles qui n'ont rien à faire, faites moi tourner ces iPok, nous devons savoir ce qui se passe dans les autres dortoirs. Sinon allez faire des chocolat chaud pour remonter le moral de tout le monde, peu importe, mais rendez-vous utile! Si j'en vois une seule en train de se remettre du mascara ou de dormir, je la ramène avec mon Phanpy à grands coups de roulade jusqu'à ce qu'elle implore à être transférée chez les Pyroli! Exécution!
Sur ce, je redescendis de la chaise, me préparant déjà à me faire entourée de hordes de mentaliennes inquiètes pour leur Pokémon blessé. Néanmoins, avant cela, je tournai mon regard marron vers l'inconnue que j'avais giflé, lui offrant un regard dur, ce qui était assez relatif vu que j'étais tout de même une jeune fille aux cheveux roses, signifiant que je n'allais certainement pas hésiter à mettre mes menaces à exécution si elle ne donnait pas un peu du sien pour aider ses camarades. Dans un temps de crise comme celui-là, il était de notre devoir à toutes de faire notre part pour s'entraider et j'allais bien veiller à ce que tout le monde participe.
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