▬ Tulululu !! tulululu !! tulululu !!
La sonnerie retentit comme un glas dans mes oreilles. Seize heures quarante. L'heure d'y aller. L'heure des règlements de compte. Je ne pouvais plus reculer. J'avais moi-même pris l'initiative d'en arriver là. Et puis tout était de ma faute. Cette situation était de mon simple fait, ou presque. La semaine précédente, j'avais pris contact avec l'intéressé pour pouvoir discuter avec lui. Je lui avais alors tout appris sur l'origine du malencontreux accident qui nous avait amené à ce jour. Je n'avais pas cherché à cacher quoique ce soit sur les événements, ni à pointer réellement un quelconque coupable, quoiqu'ayant fait mention de personnes dans mon récit, car en vérité, depuis que j'avais découvert l'identité du nouveau dresseur de Racaillou, par ailleurs devenu un grand Gravalanch, j'avais longuement réfléchi à la chose, et j'en étais venu à la conclusion que tout était forcément de ma faute, que je n'aurais pas dû abandonner si facilement la recherche du type roche, de quelque façon qu'ait pu se produire l'événement.
▬ Allez, ce n'est plus le moment pour réfléchir.
Immédiatement, j'avais chassé toutes ces idées, réflexions et souvenirs de ma tête pour me concentrer sur la chose qui importait : le rendez-vous. Depuis une bonne heure, j'étais prêt. J'étais prêt, mais pas comme il fallait. J'avais simplement enfilé mon emblématique tenue composé d'un T-shirt léger blanc, d'une veste de sport et d'un survêtement noirs ainsi que d'une écharpe blanc-beige pour me couvrir tout le cou. Ma ceinture, significatif de mon statut de dresseur, ne comportait qu'une seule et unique Pokéball, mon seul combattant du jour. Il n'avait pas du tout été préparé physiquement pour un combat, et sans le voir, je pouvais deviner le léger stress qui le prenait. Plus encore, il savait ce qui l'attendait, et malgré sa force et son expérience, il savait qu'il risquait d'y rester. Il savait néanmoins que c'était nécessaire, il me jugeait assez intelligent pour que ma demande ne lui ait pas paru futile. Et puis sa confiance envers moi, acquise depuis tout ce temps passé à mes côtés, avait fait qu'il n'avait pas insisté très longtemps avant d'accepter la requête. Je n'avais pas choisi d'impliquer Freed, car il n'avait pas été assez impliqué de mon humble avis, et je ne tenais pas à emporter plus de personnes dans la situation. Je n'étais donc parti qu'avec le seul dont l'implication ne faisait pas de doute, à savoir Piou, le Brasegali.
▬ On y est.
Le temps de me remémorer toute cette rapide préparation, j'avais atteint le stadium. Planté devant l'entrée principale, j'hésitais étonnement à ouvrir les portes. Ma motivation à en finir avec cela n'était pas à prouver, mais étrangement, j'avais peur de ce qui m'attendait derrière ces portes. Gravalanch allait-il m'attaquer dès mon entrée et m'envoyer à l'hôpital pour plusieurs semaines voire me paralyser à vie ? Avec Ginji à ses côtés, il y avait peu de chances que cela se produise. Serait-ce Ginji qui allait lui-même m'attaquer ? Il y avait là plus de chances que cela ait lieu. Mais tout était possible, et malheureusement, je ne le saurais qu'au dernier instant. Et là, j'avais peur de ce que j'allais découvrir. Je restais silencieux devant cette porte froide, immobile, les yeux clos, la tête vers le ciel. Je soupirai un long instant pour laisser sortir cette désagréable sensation de mon esprit. Quand le silence revint, j'arborais sur mon visage un air déprimé, mais mon regard en disait plus. Une détermination nouvelle était né en moi, celle de pouvoir régler cette histoire. Des deux mains, je pousse les portes de l'entrée et pénètre rapidement dans l'enceinte du stadium. Dix-sept heures pile. L'heure du rendez-vous. Ginji était déjà présent. Goldfroy était là aussi, et depuis ma position, je voyais parfaitement la rage qui le prenait. Silencieusement, gardant les yeux sur eux avec mon air triste, je me plaçai face au Voltali et le regardait sans émettre le moindre mot, attendant qu'il parle. Ce qu'il fit.
▬ Je vais être bref. Un combat. Je n'aurai que Goldfroy. L'affrontement s’achèvera dès qu'il sera K.O. . Par conséquent, tu enverras autant de Pokémon que nécessaire pour le vaincre. Il va attaquer, attaquer et attaquer. Rien de plus. Rien de moins. Puis le silence. Ginji inspira un long moment, très calme, à l'instar de Gravalanch, qui s'excitait de plus en plus. Finalement, le Voltali reprit la parole. Lucas Emerillon, Topdresseur spécialisé dans le type Feu du dortoir Noctali... Je te défie en combat, et vais te montrer ce qu'il en coûte d'abandonner ses Pokémons comme tu as osé le faire !
Ginji avait parlé avec détermination, du moins, c'est ce qu'il m'avait semblé ressentir au travers de ses mots. Il était direct et franc, significatif de son avis de me faire comprendre à quel point mon acte était horrible. Je ne pouvais évidemment pas le comprendre dans ma position. Je ne pouvais qu'accepter la chose. Attrapant la pokéball de Piou que je lançais en l'air, je lançais une réponse à Ginji.
▬ ... Allons-y … Finissons-en une bonne fois pour toutes !
Et Piou apparut dans un flash impressionnant, laissant paraître aux yeux de tous mon air déterminé sous mon visage triste. L'occasion de m'excuser et peut-être d'être pardonné se présentait enfin à moi, et j'allais faire tout ce qu'il m'était possible de faire pour y parvenir. Car je le devais bien à Ginji mais avant tout et surtout à Gravalanch. Car c'était là … Ma punition.
Ginji avait lancé le combat en ordonnant à Goldfroy d'user de Boul'Armure, profitant ensuite que Piou soit occupé à user de l'attaque Gonflette que tu lui avais ordonner d'accomplir, laissant un court instant de silence pour que vous puissiez discuter. Et ce fut le Voltali qui engagea la conversation, bien plus déterminé que toi à en finir, visiblement.
▬ Je sais bien que tu m'as déjà tout expliqué par Ipok mais... Je veux entendre ces mots de ta bouche. Pourquoi avoir abandonner Goldfroy dans le cirque ? Durant un incendie, qui plus est...
Là, tu étais resté silencieux à te demander si tu devais lui répondre ou nous … D'un côté, la raison t'intimait de le faire, ne serait-ce que par respect envers ton camarade, et d'un autre, la réflexion, qui te gueulait que vouloir encore en parler par des mots ne ferait que détruire encore plus votre relation qui aurait pu se révéler plus positive qu'elle ne l'était maintenant … Finalement, la raison l'emporta avec difficulté, et tu ouvris de nouveau la bouche pour lui rapporter les événements dont il avait déjà connaissance.
▬ L'abandonner … Même s'il y avait un autre mot qui pourrait décrire ce que j'ai fait, celui-là resterait incontestablement le meilleur pour cela. Oui, c'est la vérité ... tu baissas la tête, grinçant des dents. Ce jour-là, même si je ne m'en suis rendu compte que quelques temps après, je l'avais presque lâchement abandonné à son sort, et si tu n'avais pas été là, peut-être ne serait-il plus parmi nous aujourd'hui … Et puis même lorsque je m'en suis rendu compte ... alors que tu parlais, Ginji avait ordonné à Gravalanch de lancer Roulade. Piou, GONFLETTE !! le type combat ne se fit pas prier pour obéir. Pendant ce temps, tu repris ton récit comme si de rien n'était. ... Même lorsque j'en me suis rendu compte, j'ai cherché à le délaisser sans plus de recherches pour le retrouver, me cachant derrière l'excuse la plus bidon qu'il soit pour l'abandonner aussi facilement : le croire heureux sans moi. tu soupiras. Il est vrai qu'aujourd'hui, à tes côtés, il semble épanoui, en pleine possession de ses moyens … Ce qui n'était pas le cas avec moi … Parce que j'étais faible, parce que j'étais mauvais, parce que j'ai été capable de l'oublier aussi facilement alors qu'il était presque comme une partie de moi quand il était à mes côtés … Parce que je suis moi ...
Lorsque tu achevais mon dernier mot, Piou accueillait Goldfroy et son assaut à la Roulade avec une protection en croix au niveau du ventre. L'assaut du type roche ne se révélait pas surpuissante pour le moment, quoique renforcé par le précédent renforcement à la Boul'Armure, celle-ci se révélait plus puissante qu'à l'accoutumée, mais elle parvint à faire reculer le type feu qui n'appréciait pas vraiment ce genre d'attaque, de par ce même type significatif, malgré la défense améliorée de ce dernier grâce à Gonflette. Il s'en sortit avec des égratignures sur tout le long des bras, gardant tout de même la forme, comme il le pouvait tout du moins, et se préparait au prévisible et prochain affrontement entre lui et l'attaque Roulade du Gravalanch, qui allait revenir avec deux fois plus de puissance. Il savait quoi faire, la préparation que vous aviez faite ne lui laissait pas d'hésitation sur la contre-offensive à adopter … Ainsi, le voilà qu'il usait à nouveau de Gonflette, se renforçant encore plus les muscles pour se préparer à recevoir son adversaire de plein fouet. Combien de temps allait-il pouvoir tenir comme ça ? Et surtout, comment de temps allait-il devoir tenir ? Tu n'attendais que la voix de Ginji pour le savoir ...
Tes paroles semblèrent surprendre le TopDresseur. Quelque chose le gênait dans tes mots, et il n'allait forcément pas tarder à en faire. Après tout, vous vous étiez retrouvé là en ce jour afin de vous expliquer complètement en face à face, quoique plutôt en triple face, puisque Goldfroy le Gravalanch était également un intéressé dans cette affaire, alors autant tout dire sans détour. Et peut-être l'avais-tu fait sans t'en rendre compte, sans le vouloir. Argh, non ! Tu priais pour que cela ne fut pas le cas ! Et même si tu avais l'impression presque certaine de t'être expliquer une première fois sans cacher le moindre problème ou autre événement qui aurait pu altérer ta version des faits, il y avait peut-être une part en toi qui sommeillait et qui souhaitait garder même à toi certains détails importants. Mais ça, tu ne le saurais qu'après avoir entendu Ginji te répondre, ce que ce dernier fit enfin.
▬ « Épanoui »? Selon toi, il est plus épanoui à mes côtés ? Et pour quelles raisons, au juste ? Malgré ce que tu as fait, je sais que tu prends soin de tes Pokémons. Piou en est la preuve. Ce regard déterminé qu'il a ... Il a confiance en toi. Hors, tu me dis que Goldfroy était une partie de toi. Et malgré cela, il n'était pas épanoui ? Et pourquoi ? Qu'est-ce qui aurait pu faire qu'il le soit plus avec moi qu'avec toi ? Ce n'est même pas un soucis d'intégration, puisqu'il est le seul Pokémon non Electrik de mon équipe, alors que la tienne est, à ma connaissance, bien plus diversifiée.
Tu ne répondis pas. Il avait entièrement raison. Après tout, à ce jour, la totalité de tes compagnons t'appréciaient ne serait-ce qu'un minimum, et cela se voyait encore plus au travers des plus anciens comme Myrtille, Aegis, Zero, Piou, mais surtout et plus encore Freed. Tu te sentais bien à leurs côtés, tu te sentais presque en harmonie avec eux. Alors oui, pourquoi ? Pourquoi ?! Pourquoi te sentais-tu minable à cause du type roche ? Pourquoi avais-tu dis qu'il fut une partie de toi s'il n'était finalement pas si épanouie que ça selon toi ? Qu'est-ce qui clochait dans ta tête ? Qu'est-ce qui clochait chez toi ? Chez la merde que tu te considérais alors ? Hein !? Qu'est-ce qui n'allait pas ?
▬ Goldfroy aime beaucoup le contact. Il suffit d'avoir un minimum de sympathie à son égard pour qu'il te le rende au quadruple. Donc soit tu me mens, et tu ne t'es pas occupé de Goldfroy comme tu le prétends, ce dont je doute, soit tu ne réalises pas à quel point il était bien avec toi. lança Ginji alors que tu réfléchissais.
Tu maintins ton mutisme. Encore une fois, il n'avait pas tort. De ce que tu te souvenais de lui, il était très combattif et très volontaire dans les divers tâches que tu lui proposais ou qu'il se proposait alors à faire, pour peu que tu lui offres un minimum d'affection. Alors encore une fois, pourquoi ? POURQUOI ?! Est-ce que Ginji avait raison ? Est-ce que tu te mentais à toi-même en ne réalisant pas à quel point il m'appréciait ? Non … Cela n'était tout bonnement pas possible. Car à l'époque où il faisait encore parti de ton équipe, vous étiez encore très peu : tu n'avais alors que Freed, Aegis, celui-ci se trouvant alors encore en tant que Cabriolaine, Myrtille, alors jeune Ponyta, Zero, Salamèche à l'époque, Piou, alors déjà devenu un puissant Galifeu, et Bahamut, celui-ci ne montrant néanmoins encore grand intérêt à témoigner de sa présence à tes côtés. Mais aujourd'hui, ils n'étaient plus sept compagnons, Racaillou y compris, mais bien presque une quinzaine dont tu t'occupais plutôt bien à l'avis positif de ton meilleur ami Ryan. Alors il était vraiment tout bonnement impossible que le type roche et sol est été mis de côté et ce, peu importe de quelque manière que tu envisages la situation en cette période. Il ne restait donc qu'une seule option envisageable, et c'était celle que tu avais malheureusement en tête depuis un moment : tu n'étais qu'un minable de première qui avait décidé d'abandonner lâchement un de ses compagnons, par flemme, peut-être, ou simplement par intérêt, peut-être même des deux. En tout cas, ce qui était certain, c'est que ce que tu avais fait n'avait rien de pardonnable. Et tu commençais à douter de pouvoir un jour retrouver une once d'amitié envers Ginji et plus encore Goldfroy.
▬ Mais ça, ce n'est qu'une supposition. Ce qui me rassure dans mes propos, c'est Goldfroy lui-même. A ton avis Lucas... Pourquoi est-il si énervé contre toi après l'avoir abandonné ? … Roulade. continua subitement le Voltali, te coupant à nouveau dans tes pensées.
Ses mots n'étaient que la preuve par un autre de ce que tu pensais. Car il était évidemment que le fait que le type roche soit remonté contre toi n'était pas dû au hasard ou au fait que tu avais simplement décidé de le laisser à quelqu'un d'autre. Car si tel avait été le cas, en ce jour, tu te serais retrouvé poursuivi par une équipe complète de Pokémon qui voudrait te faire la peau tellement leur haine envers toi serait grande. Mais cela n'avait pas été le cas, et cela ne le sera jamais. Car le seul que tu n'aies jamais abandonné était Racaillou, et celui-ci te connaissait un peu plus que les autres, à l'exception de Pit l'Akwakwak qui avait choisi de lui-même de partir vers un autre élève de l'académie, un certain Loki Asulf du dortoir Phyllali, mais cependant t'appréciait bien plus que ce dernier, qui ne témoignait de véritable intérêt qu'à Piou, en qui il avait trouvé un très bon camarade et ce, malgré leur différence de type. Quoiqu'il en soit, si vous en étiez là aujourd'hui, c'était uniquement parce que tu avais abandonné le Pokémon à son sort ce jour-là, et tout cela ne relevait que de ta stupidité, stupidité dont tu n'avais même plus souvenir de l'origine qui avait fait que tu avais finalement stoppé l'idée de retrouver le Racaillou. Ah, quelle merde tu étais …
▬ Parce qu'il avait confiance en toi. Et parce que tu l'as trahi. S'il était si mal dans ton équipe, t'en voudrait-il vraiment de l'avoir délaissé ? Non. Cela ne l'aurait probablement même pas étonné. Pourtant, ça il l'a été. il ne fut que répondre par ce qu'il venait de sous-entendre précédemment. Il ne faisait que remuer le couteau dans la plaie. Pourtant, cela ne te semblait pas inutile, purement sadique. Alors soit tu cherches une fois de plus des excuses, et te rassurer sur le fait que Goldfroy est désormais mieux là où il est, soit tu ne t'es pas rendu compte de l'amour que te témoignait Goldfroy. Mais dans les deux cas, tu craches tout bonnement sur tous les moments que vous avez passé ensemble, et c'est pourquoi il est si remonté contre toi ! Roulade, encore une fois !
… … … oui … oui … Oui … Oui. OUI. OUI !!!!!! OUI !!!!!!!!!!!!!!!!! OUI, MAIS OUI !!!! C'est vrai ! Sans le vouloir, j'avais craché sur les quelques moments forts sympathiques avec Racaillou !! En une seconde, une seule et unique pensée, un seul instant, et j'avais tout oublié, tout balancé aux oubliettes, tout rejeter. Je n'étais qu'une merde, une véritable MERDE … Et comme toute merde, vivre en ce monde n'avait plus d'intérêt. Plus aucun à tes yeux tout du moins. Mais personne n'était là pour te contredire, en tout cas pas quelqu'un qui sache ce que tu penses exactement. Alors tu fis la seule chose qui te vint en tête et, décrochant ta ceinture, tu te jetas alors entre Goldfroy qui s'élançait maintenant à une vitesse folle vers le Brasegali et ce dernier qui fut pris de court par ton apparition devant lui.
▬ VAS-Y, BUTES-MOI !!! QU'ON EN FINISSE ICI ET MAINTENANT !!! ACCOMPLIS TA VENGEANCE !!!
Et tu fermas les yeux, attendant que la fin arrive, assuré que rien ne pourrait arrêter la boule géante de pierre … Mais c'était sans compter sur Brasegali qui envoya Goldfroy frapper un autre endroit avec une attaque Casse-Brique et te sauva in extremis de la mort. Quand tu t'en rendis compte, tu rouvris les yeux, tombant droit sur ceux du type combat qui te fixait froidement, pris d'une colère immense. Te fixant un instant, il se contenta de souffler une petit gerbe de flammes avant de partir du terrain de combat en silence, énervé au possible. Tu restais donc seul avec Ginji et le Gravalanch, désormais assis sur tes genoux, fixant le plafond d'un air livide … Mais seulement pendant quelques secondes. Puis tu serras les dents, te mit subitement à lâcher de grosses gouttes sur ton visage, et frappa le sol comme si tu essayais de le détruire.
▬ POURQUOI ?! MAIS POURQUOI ?! JE NE SUIS QU'UNE FOUTUE MERDE QUI A LÂCHEMENT ABANDONNE L'UN DE SES COMPAGNONS PRESQUE DE SANG-FROID, JUSTE PARCE QU'IL A DISPARU A CAUSE D'UN MALHEUREUX ACCIDENT !! JE NE SUIS QU'UNE PUTAIN DE MERDE QUI N'ARRÊTE PAS DE SE CHERCHER DES EXCUSES BIDONS POUR ESQUIVER LA RÉALITÉ DES CHOSES !!! JE NE MÉRITE PAS QU'ON ME TÉMOIGNE LE MOINDRE SENTIMENT. JE NE MÉRITE PAS DE VIVRE !!!!! tu relevas ta tête vers Ginji après un énième coup contre le terrain. ALORS POURQUOI ?!!
Et tu enfouis ta tête au sol, pleurant comme jamais tu n'avais pleuré.
▬ ... Abruti.
Voilà ce qu'il venait de te répondre. Il venait de quitter sa position pour s'approcher de toi. Il avait un regard furibond. Il était en colère, et c'était plus que justifiable. Tu étais une merde, tu en étais certain. Certain parce que tu n'avais pas pu te suicider. Tu étais condamné à vivre, vivre dans ce monde dans lequel tu étais destiné à tout détruire, à n'être plus qu'un foutu gars qui laisse le temps passer sans rien faire, sans rien dire, sans rien être. Ah, quelle ironie !! Tout le monde le sait, pourtant. Seuls les mauvais restent en vie. Tous les bons sont nés pour mourir tôt, qui qu'ils soient. Ce monde était pourri, pourri jusqu'à la moelle. Ah, si tu avais été un bon. Peut-être serais-tu mort tôt, mais peut-être aurais-tu cet instant autrement. Assurément même que tu ne l'aurais jamais vécu. Car en cet instant, tout était de ta faute. Forcément. Tu n'étais qu'une merde, une merde qui ne me méritait que de détruire les autres par sa présence, ses actes, ses mots. Un Démon format de poche. Et voilà que tu avais mis en colère la personne la moins énervé de tout l'académie. Ah, tu ne valais rien de plus que la merde qui se déverse dans les tonnes de canalisations de l'académie ! Et Ginji était bien là pour te le rappeler.
▬ Mais c'est pas vrai ?! Tu penses vraiment qu'à toi ! T'es qu'un égoïste Lucas, tu m'entends ? Un égoïste ! Qu'est-ce qui t'as pris de te jeter au milieu du terrain ?! Tu crois vraiment que c'est la meilleure solution ?! On t'écrase et puis voilà ?! Happy end ?! Et t'as pensé à tes Pokémons, l'espace d'une seconde ?! Au lieu de les jeter par terre, comme ça ! Tu crois qu'ils deviendraient quoi, si tu mourrais bêtement comme ça?! Et puis... Et puis... Et puis merde ! T'as pensé à Goldfroy ?! Et à moi ?! Si tu t'étais fait écraser, tu crois que je serai rentré dans mon dortoir bien gentiment pour retourner en cours demain ?! Tu foutrais tout simplement toute notre vie en l'air, à Goldfroy, à moi, et à tous mes autres Pokémons, parce que t'es juste pas capable de supporter le poids de tes actes ! s'exclama-t-il, plein de colère.
Tu lèves le regard vers lui. Egoïste ? Oui, tu étais égoïste. Happy End ? Non, il n'y avait aucun Happy End là dedans. Juste la fin d'une souffrance devenu subitement trop forte pour être supportable. Alors oui, certains seraient là à dire que cette souffrance était la mauvaise, que tu ne te préoccupais que d'une chose qu'une simple excuse bien formulée allait pouvoir au pire des cas atténuer assez pour être vivable. Mais dans ta tête, cela révélait d'une tout autre idée, et sans aucun doute pour Ginji aussi. En parlant de lui, voilà qu'il t'avait atteint complètement, et qu'il te fixait d'un regard noir.
▬ Tu vas te relever, et tu vas aller retourner voir ton Braségali avant que celui-ci aussi change de dresseur ! T'as des Pokémons qui comptent sur toi, Lucas ! T'as pas intérêt à les décevoir ! Pas une nouvelle fois ! Pas encore ! Goldfroy était le Pokémon de trop ! T'as merdé, oui, gravement même, mais maintenant tu dois assumer, pour toi, comme pour les autres ! Et t'as des gens qui sont là pour te soutenir ! Pense à eux, bon sang ! ragea-t-il en pointant du doigt les portes du Stadium.
Maintenant, tu le regardais comme si une illumination venait de t'apparaître. Goldfroy paraît alors derrière Ginji et lui agrippe l'épaule comme pour le calmer. Et l'effet escompté se produit : Ginji redevient calme, mais reste légèrement remonté. Le Gravalanch te fusille alors du regard et te remet sur pattes, te rendant également ta ceinture de Pokéballs, puis se dirige vers la sortie, suivi de près par Ginji qui te fixe jusqu'à son départ. « Je t'interdis de faire l'idiot. » lâche-t-il en passant devant toi. « Mais si tu sens que t'es pas loin de le faire... Appelle-moi, avant. » ajoute-t-il quelques secondes plus tard. Puis il quitta le Stadium avec son compagnon et te laisse seul dans l'obscurité du bâtiment. Tu retombes alors au sol, et commences à étudier ses paroles tout en lâchant toutes les larmes de ton corps.
[…]
La nuit s'est désormais bien avancé. Cela doit bien faire une heure ou deux que tu déverses tes larmes. Petit à petit, elles se sont atténués pour finalement s'arrêter. Tu passes pour un mort. Le bras sur les yeux, tu sembles dormir profondément. Mais tu es parfaitement éveillé. Tu tentes simplement de ne pas te rappeler se trouver en ce monde. Toutes tes pensées étaient mauvaises, corrompues. Tu étais complètement à côté de la plaque. Ce monde, tu l'avais fait souffrir, et il ne faisait que te rendre ce que tu lui avais fait. Tu n'étais pas un Démon, mais un Ange qui a suivi les pires chemins. Tu pouvais encore te rattraper ne serait-ce qu'un peu, tu devais te rattraper. Tes Pokémon avaient besoin de toi, tu avais besoin d'eux. Et pour cela, tu ne pouvais que chercher à te remettre sur pieds, revivre, tout simplement.
Alors tu serras les dents, et te remit enfin sur pattes, redécouvrant le monde de tes yeux, la lumière de la lune à travers les fenêtres te cachant un instant la vue. Tu restes un instant sans bouger, et tu te mets enfin en marche par un préalable souffle de décompression. Tu dois te relever, ne plus perdre la face. Être à jamais celui que tu cherches à être. Et pour première étape, tu quittes le Stadium et retrouve rapidement Piou, qui t'observes avec un regard colérique. Tu t'approches alors de lui et l'entoure par la taille, fermant les yeux. Pendant un instant, il est gêné, mais finit par t'imiter, et vous restez ici pendant un long moment, silencieux, tranquille.
▬ Plus jamais, plus jamais ... murmures-tu en répétition.
La lune était si belle en cette soirée si mouvementée ...