Le groupe de Mentali se tourna vers elle. Pas impressionnée pour un sou – je veux dire, elle avait affaire à une bande de gamines sans force physique quoi – Eryn se redressa légèrement, glissant discrètement une main dans son dos. Son poing s’ouvrit et ses doigts s’étendirent, accumulant doucement son faible pouvoir psychique à cet endroit précis. Ah, elles voulaient jouer à ça ? Qu’elles s’attendent à ce qu’un esprit frappeur fasse voleter en l’air leurs sacro-saints tubes de maquillage, alors … Se concentrant intensément, elle réussit à en saisir un, et commença à le soulever doucement. Mais l’autre Mentali, précédemment écroulée de rire contre son mur, la bouscula sans faire exprès pour s’approcher du groupe, lui faisant perdre sa concentration. Avant qu’elle n’ait pu protester, la fille aux cheveux roses – ah tiens oui, sœur de cheveux ! – avait attrapé la meneuse pour la plaquer au mur avec un mouvement digne d’un film d’action. Woaaaah. Etait-ce vraiment une Mentali ? C’était la première fois qu’elle en rencontrait une comme ça ! En général, les filles comme elle allaient chez les Pyroli ! Que c’était-il passé ? Olsen avait des problèmes de vue ou quoi ? Ah non, elle était de sa promotion, donc Septembre, donc … Rivardi ? Ouais, il y avait des rumeurs, selon quoi il choisissait les dortoirs au pifomètre. Elle avait eu de la chance alors. De ne pas aller chez les Pyroli, j’entends. La suite de l’attaque lui tira un petit rire flûté, qu’elle cacha derrière sa main par habitude protocolaire. Oui chef. Mais, c’est trop génial, ohlala. Finalement, elle la lâcha, pour se tourner vers la jeune McNellis qui regardait toujours avec un regard rieur, n’ayant pas bougé de sa place.
« Oh, alors c’est toi ma fameuse colocataire ? Je m’attendais à une des greluches du dortoir Mentali, tu sais, celles qui se maquillent avec un pot de peinture … Cependant je sais toujours pas si je dois être rassurée, ou effrayée. » Avec un petit rire, elle se décala, pour laisser passer sa camarade. « Mais entre, entre ! Je m’appelle Eryn, au fait. Eryn McNellis, et je pense qu’il vaut mieux t’épargner mon nom complet. »
Oui parce que bon, Eryn Isabella Evene McNellis-Ludmore c’est un tout petit peu long à prononcer, en plus d’être pompeux et prétentieux. Autant en rester à l’officiel, soit Eryn McNellis. La Mentali militaire entra dans la chambre, et Eryn referma la porte derrière elle, commençant déjà à se poser plein de questions. La jeune Pokéathlète – c’était évident qu’elle en était une – avait visiblement un caractère très fort, alors que le sien était relativement doux. Allait-elle se faire bouffer toute crue ? Dahlia faisait-elle du bruit ? Du bordel, quoi ? Tandis que la fille posait sa valise sur son lit, après s’être tournée vers elle pour savoir de quel côté elle devait se mettre, Eryn glissa un regard vers sa précieuse Gracidée, posée sur le rebord de la fenêtre. Hmmm. Il allait peut-être falloir qu’elle la change de place alors. Mue d’un sentiment de curiosité lui étant relativement étranger en général, Eryn s’approcha de la fille pour lui proposer timidement son aide, afin de ranger ses affaires plus vite. Et d’un coup, la valise … Explosa. Et des tas de fringues se répandirent sur le lit, et tout autour du lit aussi, faisant sourire Dahlia qui lui dit qu’elle avait peut-être vu un peu gros. Eryn cilla. Un peu … Gros ? Comment diable avait-elle pu rentrer tout ça dans une si petite valise ? Il y avait au moins le contenu de trois ou quatre valises dans une seule, sans compter les affaires de toilette ! Derrière elle, Yakuru lâcha un petit couinement de protestation. Alors là, non ! Autant servir de penderie pour Eryn était un plaisir, parce qu’il aidait sa dresseuse, il était hors de question qu’une illustre inconnue lui jette ses affaires à la figure ! En se tournant pour le regarder, Eryn sentit poindre un fou rire, qu’elle ne réussit pas à retenir, faisant se baisser les oreilles du Cabriolaine de dépit.
« Mais noooon, mon Yaku, ne sois pas triste, viens, je vais t’enlever ça … »
Prenant garde à ne pas marcher sur les Pokémon, il s’approcha d’elle, et elle enleva les habits répandus sur lui (dont le string pendu à sa corne qui avait provoqué son hilarité) et les posa sur le lit de Dalhia. Puis elle se pencha, pour aider sa nouvelle colocataire à ramasser les vêtements tombés au sol pour les poser pêle-mêle sur le lit. Et dire qu’elle avait passé presque une heure à faire entièrement le ménage … Et que Dahlia détruisait tout en ouvrant son sac ! Pas de doute, c’était bien une Mentali, qu’elle ait une attitude de Pyroli ou pas. Marquant d’abord un mouvement de recul quand un Kraknoix vint la saluer – oh bon sang, la taille de ses dents ! – elle tendit la main pour lui caresser timidement la tête, rassurée de le sentir ronronner au lieu d’essayer de mordiller ses doigts. Yakuru, libéré de sa charge, se pencha en avant pour regarder le Fouinar, qui en profita pour lui monter sur la tête, faisant sautiller de joie le Cabriolaine. Et Bleuenn, qui venait d’apercevoir l’Evoli – chromatique, ohlala ! – s’approchait d’elle pour la saluer poliment et engager la conversation avec elle. Doucement, toute la team d’Eryn se rassembla, même le Posipi qui se percha sur la tête de sa dresseuse pour échapper au Kraknoix, qu’il jugeait dangereux pour le moment. Se redressant, Eryn tapota machinalement son haut pour le remettre en place, et esquissa un sourire poli.
« Bon, je commence. Moi, je m’appelle Eryn. La Germignon, là, c’est Bleuenn, ma starter. Ensuite il y a Achille, le Chenipotte juste là, sur le montant du lit. La Chlorobule, ici, c’est Amaryllis. Le Cabriolaine qui joue avec ta Fouinar, c’est Yakuru. La Vipélierre, sur mon lit, s’appelle Khensit. Et le Posipi sur ma tête n’a pas encore de nom, il semble refuser chaque proposition que je lui fais. Mais ça finira bien par venir un jour, hein mon grand ? »
Le petit Posipi répondit par un couinement joyeux, et finalement, prit son courage à deux pattes pour descendre au sol et s’approcher du Kraknoix, qu’il approcha avec méfiance. Comme s’il comprenait pourquoi, il referma la gueule, et, plus rassuré, le petit Pokémon électrique s’approcha du Pokémon Sol pour poser une patte sur sa gueule, faisant ronronner son nouveau camarade. Voilà, copains. A tous les coups, quand il évoluerait en Libegon, il aurait un cavalier Posipi posé sur sa tête, qui en lâcherait des étincelles de joie. Trop mignon. Reportant son attention sur le lit en bordel – et dire qu’elle l’avait fait, ahlala – ce fut au tour de la Mentali de rassembler son courage pour proposer son aide à sa camarade.
« Tu, euh, tu veux de l’aide pour ranger tout ça dans l’armoire ? Ah et au fait, tu sais, j’aime bien ton prénom, le dahlia c’est une jolie fleur … »
Dit-elle en baissant la voix en rosissant doucement. Alors là, si la Pokéathlète ne comprend pas qu’elle a affaire à une fille timide, c’est qu’elle a un problème.