Un réveil difficile.
Enfers et damnation. Le monde tremble et se morfond dans les ténèbres. Encore plus horrible qu’un mauvais rêve, l’impensable finit par arriver. Le regard vide, brouillé et complètement désorienté, les yeux de Raphael s’ouvre doucement, avec difficulté. Sans aucune notions de temps, ni de sensation, il ne peut se baser que sur ce qu’il voit. Ses pupilles s’agitent avec frénésie de gauche à droite, mais son cerveau ne reçoit les infos qu’à la vitesse d’un moteur de recherche bleu mal aimé. Il perçoit un mur blanc en face de lui, mais tout autours, ceux sont comme ses multiples, une uniformité à rentre fou. Le garçon laisse retomber sa tête lourdement sur son épaule gauche, il distingue plusieurs formes sombres adossées au mur, abattues. Son ouïe commence doucement à revenir, le calme ambiant se lamente de légers pleures au fond de la pièce, hormis cela, rien. L’étudiant du dortoir Voltali semble être l’un des seuls à avoir repris conscience pour le moment, mais à quel prix ? Une douleur immense le force à laisser retomber sa tête et fermer les yeux, comme si une personne tentait de lui ouvrir le crâne avec un écarteur. Il pose sa main sur son front, rencontrant une texture différente de sa peau et de ses cheveux, une croute de sang coagulé s’était formé sur son front. La douleur provenait d’une micro ouverture qui laisser s’échapper un mince filet de sang écarlate. Le bout de ses doigts à présent peint, il laisse retomber son bras en soufflant difficilement, comme étouffé, à bout de force. Ses yeux se referment doucement, pendant seulement dix minutes…
Pas moyen de se rendormir, mais se vide intérieur lui aura été bénéfique, tout semble un peu plus claire. Faisant une analyse de l’environnement, le jeune homme constate qu’il se trouve dans une sorte de cube blanc, avec un unique orifice en hauteur pour assurer l’arrivé d’air, sinon rien, le néant total. Oh, il y a aussi un logo de mauvais gout et potentiellement moche gravé sur du blanc, celui-ci est d’autant plus laid que son appartenance rappel de bien mauvais souvenirs. Faisant une grimace, grinçant des dents, Raphael réalise peu à peu ce qui lui était arrivé. Pire encore, il n’était pas l’heureux gagnant de cette loterie criminelle, dénombrant une bonne grosse vingtaine d’élèves dans la salle, la majeur partie encore comateux. Pour accentuer le côté dramatique, il remarque s’être fait dépouiller de tous ses effets, Pokémons, papiers, même ses lunettes ont disparu, la poisse, il en aurait bien eut besoin avec la couleur de ce cachot. Par chance, aucun de ses membres n’est liés, leurs ravisseurs étaient visiblement assez sereins par rapport à la qualité de leur cellule et son imperméabilité…
Las de ne rien faire sauf observer, Raphael se relevait lentement en s’adossant au mur. Sur ses deux jambes, l’équilibre n’était pas encore parfait, il devait s’aider de n’importe quelle surface pour s’assurer de ne pas chuter. En balayant du regard, l’étudiant reconnait quelques têtes, mais aucune ne semble encore se réveiller, seulement des adolescents presque inconnus se lamentent dans leur coin. Se pensant suffisamment restaurer pour espérer faire quelque chose, Raphael s’en va voir les quelques non-endormies pour faire passer des messages réconfortant à droite à gauche. Il sait très bien que, dans cette situation, il faut se serrer les coudes, et non céder à la paniques.
Les minutes filent et la pièce se réveille peu à peu. Le Voltali continu sans fatiguer sa mission humanitaire. Mine de rien, il sent que ses actions portent leur fruit, et que le calme revient doucement, mais c’était sans compter sur la suite des événements. Sans crier gare, un duo d’Abra apparait comme par magie dans un coin de pièce, de part et d’autre d’un élève tout aussi surprit que les autres. Raphael les ayant remarqués se relève :
‘’Oy, attendez-‘’
Sans prêtez attention à son intervention, les deux créatures attrape l’élève par le bras et disparaisse avec lui, laissant planer un silence pesant dans la pièce. A ce moment précis, tout le travail de réconfort mené par le Voltali, semble tomber à l’eau. Et c’est immobile, comme bugué, qu’il assiste à l’enlèvement d’un collègue, et au retour de la panique…Spoiler :
- Raphael se réveille dans les premier, et constate qu'il est blessé au front.
- Il tente de calmer les autres élèves en allant parler à chacun d'entre eux.
- Il assiste impuissant à l'enlèvement d'un autre étudiant.
Oiseau en cage…
Ma tête était lourde, tellement que je me sentais incapable de me relever. Je peinais alors à ouvrir les yeux doucement, sortant de ce coma de façon progressive. Les mains de chaque côté de mon visage, je poussais sur mes bras pour me soulever mais je ne trouvais aucune force en moi pour me permettre de me redresser. Je me contentais alors pour le moment de basculer sur le côté et de reprendre mes esprits. Une fois assise, dos contre le mur, je faisais mes premiers constats. Déjà, je n’étais pas seule. Le sol était froid, l’air humide et une odeur désagréable chatouillait mes narines. Cette cellule qui nous retenait prisonnier n’avait pas l’air propre. On nous avait « jeté » là, sans rien, ni même nos Pokemon. Je paniquais à l’idée d’avoir perdu Meian et je me refermais sur moi-même en laissant quelques larmes couler le long de mes joues. Sans lui, je me sentais impuissante, totalement désemparée. C’était lui qui veillait sur moi, il me protégeait. De cette manière, je ne prêtais aucune attention aux autres élèves avec lesquels je partageais cet enlèvement. Chacun réagissait à sa manière et pour l’instant je préférais que ce soit ainsi pour moi.
Dans ce groupe, je reconnaissais certaines personnes, pour ne pas dire la plupart. Une fois les larmes séchées, je posais mon menton sur mes genoux et réfléchissais calmement. C’est à cet instant que l’un d’entre nous se faisait capturé, emporté par la téléportation de deux Arbra. Et la panique revenait de plus belle… Je ne savais pas quoi faire. J’étais incapable de me lever pour calmer ce petit monde. Je n’en avais pas la force, ni le courage, ni l’envie. D’autres avaient des réactions plus excessives mais je jugeais que ça ne servait à rien. A quoi bon marteler une porte puisque nous étions enfermés… Ce Voltali était déchainé. Je ne réagissais pas cependant, restant là à me poser des questions auxquelles j’espérais une réponse. Puis, c’était au tour de Janet, une jeune fille de mon dortoir, de réagir. Sa façon positive de remonter les troupes avait plutôt fonctionné car tous avaient les yeux rivés sur elle. Au moins, cela avait calmé les derniers pleurnichards et m’avait permis de me relever. Je m’avançais vers le groupe, d’abord silencieuse, les regardant un par un.
« Janet a raison. De toute façon, à quoi bon pleurer sur notre sort ? Nous sommes bien impuissants… Par contre, on peut tenter d’œuvrer pour trouver une solution. Cette pièce est bien étrange et je me demande si elle n’a pas une faille… Et puis, il doit bien avoir un moyen d’ouvrir cette fichue porte. »
Je donnais peut-être trop d’espoir… Mais c’était mieux que rien. L’essentiel était que tout le monde se calme. Je me plaçais alors vers cette grande porte métallique et posait mon oreille contre le mur dans l’espoir d’entendre quelque chose. Puis, ma main glissait jusqu’au petit trou et je me mettais sur la pointe des pieds pour tenter d’y voir quelque chose.
« Rien… »Information :Ambre se réveille avec difficulté. Elle n'est pas blessée mais est totalement désespérée de ne pas avoir son Noctali avec elle. Finalement, elle se ressaisi toute seule et commence à réfléchir. Elle rebondit ensuite sur l'intervention de Janet en proposant de bien observer les lieux.
Le bus. L'explosion des vitres. La blessure au bras, une longue ligne rouge de sang dégoulinant sur le siège. La poudre dodo. Les silhouettes. La tentative d'attaque et puis le néant.
En quelques secondes, je venais de passer de la tranquillité du voyage jusqu'aux maisons de l'île Cobaba au vide noir et lugubre de l'inconscience. Plus de douleur, pas de colère ou de tristesse apparente, simplement des souvenirs qui défilaient et se répétaient continuellement dans ma tête sans que je puisse y mettre fin. Pas de possibilité de réagir, obligé de subir. La rage qui veut sortir mais qui n'y parvient pas. La fin, tout simplement. Cela me parut une éternité. J'en devenais fou, petit à petit, j'avais l'impression de m'effriter, de perdre lentement ce qu'il me restait de conscience. Les souvenirs s'enchaînaient de plus en plus vite, de plus en plus violemment, comme s'ils cherchaient à pénétrer de force dans ma mémoire, qu'elle s'en imprègne comme le pire événement que j'ai jamais vécu. Au bout d'un moment, la douleur finit par se faire sentir au fond de mon être. J'avais mal, très mal. On m'écrasait le cœur et les poumons, on me tordait le cou, on m'aplatissait le visage, on me coupait les membres, on m'ouvrait de l'intérieur. Une douleur insoutenable, et l'impossibilité de l'alléger avec des cris de rage et des mouvements quelconques dans le but de faire disparaître cette illusion. Je ne pouvais que me sentir de plus en plus affaibli, disparaissant morceau par morceau dans l'oubli le plus total, subissant encore et toujours le temps infini qui me faisait perdre toute notion du temps et de l'espace.
Un raclement de gorge au loin.
Un bruit à la fois inconnu et tellement familier. Soudainement, mon corps se mit à bouger de lui-même, comme si la douleur ne l'atteignait pas, et à avancer quelques instants avant de s'arrêter et de s'allonger au sol, plaqué contre le vide comme si un mur invisible était présent. Puis la douleur commença à disparaître pour se réduire à la longueur du bras droit. Petit à petit, mes yeux se fermèrent tandis que je sentais que ma conscience revenait à moi. Quant ils furent tout à fait fermés, je m'endormis subitement pour me réveiller l'instant suivant, revenant enfin à mes esprits. Le contrôle de mon corps en main, j'ouvrais progressivement les yeux. Une lumière vive me transperça le regard et je plaçai mon bras gauche pour faire de l'ombre, le temps que je puisse m'habituer à la luminosité. Quand ce fut fait, j'enlevais mon bras de sa position pour découvrir où je me trouvais. Le noir lugubre venait de laisser place au blanc insalubre d'une cellule de prison. Le sol était de ce froid glacial que l'on ne peut sentir habituellement que dans les hautes montagnes des grandes régions, l'atmosphère était quant à elle si lourde qu'on avait l'impression de se trouver dans une boîte complètement fermé. Le fait est que je n'étais pas seul. Une vingtaine d'élèves au minimum se trouvaient dans la pièce, certains dormant encore dans les bras de Morphée, le reste devenant déjà fou ou pleurant sur leur sort en position fœtale. L'un d'entre eux se raclait d'ailleurs presque sans arrêt la gorge, chassant probablement la bave qui s'accumulait dans sa bouche, étant sûrement celui qui m'avait réveillé. Je restais silencieux à leur égard. De mon seul avis, chacun devait se débrouillait pour supporter la situation, quitte à s'en exploser les mains au point d'en saigner.
Saigner.
Ce mot me stoppa net dans mes réflexions divers. Mes souvenirs m'avaient rapportés une blessure au bras droit. Ne les ayant pas bougé depuis mon réveil, je ne savais pas si c'était vrai. Je décidais de rompre l'attente de savoir et levait le-dit bras vers ma tête. Instantanément, une douleur vive me prit, et je manquais de laisser le membre s'étalait avec force sur le sol bétonné. Je serrais alors les dents et levait le plus possible le bras du côté où la douleur s'était fait sentir, et une longue ligne apparut sur mon bras à moitié mou. Une longue estafilade tracé depuis le milieu de mon avant-bras jusqu'au poignet. Je ne m'étonnais même pas de voir une si grande blessure, me rappelant parfaitement de son origine, cependant, je restais surpris quant au fait qu'elle ait été un minimum soigné, contrairement à la plupart des autres blessés qui avaient encore de belles blessures sur le visage ou les bras ou sous tout autre partie du corps visible. Mais très vite, je finis par laisser cet élément de côté, bien trop négligeable pour avoir une quelconque importance. Je reposais donc délicatement le bras au sol, et observait les autres élèves pour en savoir un peu plus.
Un flash subite.
J'en fus un instant ébloui. Quand je retrouvais finalement la vue, j'eus tout juste le temps d'apercevoir deux Abra agrippant l'un des élèves avant qu'ils ne disparaissent avec comme ils étaient venus. Le silence avait pris place quelques secondes avant que les premières réactions se fassent entendre. Des cris de peur, parfois même de désespoir. Quelques élèves s'étaient mis à frapper violemment sur les murs et la seule porte visible en priant qu'ils s'effondrent sous les coups. En vain. Finalement, un léger calme finit par revenir, apporté par quelques élèves qui essayaient de paraître optimiste ou qui croyaient réellement au fait qu'ils allaient pouvoir nous sortir d'ici et ce, même sans l'aide de nos Pokémon.
Sans l'aide de …
Merde … Merde, merde, merde !! Mais c'est qu'ils avaient raison. Ma ceinture avait été vidé de tout son chargement, et mon sac était également disparu. Aucun objet non plus, rien, nada. Dépouillé jusqu'au dernier objet. Je pris enfin conscience de la situation dans laquelle nous étions vraiment. La réaction de certains devenaient donc tout à fait approprié, et je manquais de les imiter. Mais céder à la panique était la dernière chose que je souhaitais faire, en tant que membre du dortoir Noctali mais aussi en tant que personne. Je levais le regard vers le plafond et soufflait longuement pour laisser sortir les sentiments néfastes qui s'engouffraient progressivement en moi. Je devais relativiser. Nous étions prisonniers, mais pas encore morts. Il y avait une chance pour que nous puissions nous en sortir vivants. Et ainsi céder à la panique, c'était une manière de montrer qu'on était assez bête pour ne pas s'en rendre compte. Pas tout de suite en tout cas. Ainsi, entouré d'une belle brochette d'imbéciles dans le genre n'allait pas nous aider à y parvenir. Quelqu'un devait leur expliquer …
Mais pas moi.
Pas encore tout du moins. Car il s'agissait en vérité d'une idée de dernier recours, un risque à prendre si nous n'avions plus d'autre choix. Cependant, si quelqu'un venait à en parler, il n'en tiendrait plus de ma responsabilité, et je me contenterai alors de suivre la « foule », même si l'idée ne m'enchantait guère. Mais c'était la seule chose raisonnable à faire pour le moment.
Survivre.
Le temps passé dans cette cellule semblait interminable. Combien s'était-il déjà passé depuis mon réveil. Dix minutes, une heure, deux heures, plus encore ? Aucun indice ne permettait de le savoir. En vérité, je n'en avais que faire. L'idée même d'y passer me faisait râler intérieurement. Je restais le plus calme possible, quitte à paraître détendu. Je n'avais que faire de ce que pouvait penser les autres élèves. C'était pour moi le meilleur moyen de ne pas perdre la boule et de pouvoir réfléchir un minimum sans penser aux pires scénarios possibles. Tout du moins, dans mon cas, c'était la seule chose un tantinet intelligente à faire pour le moment. Ne pas succomber à la folie, résister au poids lourd qui s'installait de plus en plus dans l'espace. Lutter au mieux face à la situation sans fournir de véritables efforts, se moquer indirectement de nos geôliers en leur montrant que leurs actes ne pouvait pas nous faire plier.
Se rebeller.
Quoiqu'on en puisse en penser, il y avait tout de même une part de rébellion contre ceux qui nous avaient enfermés là. Se rebeller, les défier, les obliger à venir sur un terrain qu'ils n'avaient pas prévu de fouler … Et les vaincre. Essayer, au moins. Notre survie en valait la peine. Encore fallait-il que tous soient du même avis. Car chacun n'avait absolument pas la même façon de réfléchir à la situation, de trouver des idées plus ou moins bonnes. Et nos kidnappeurs avaient plutôt bien calculés leur coup, même si rien ne laissait savoir que cela est été fait exprès ou non, en faisant prisonniers des élèves de différents dortoirs n'ayant aucun lien avec la plupart des autres filles et garçons présents dans la cellule. Nous rassembler pour réfléchir à une idée commune risquait fort d'être impossible, d'autant que chacun de n'agissait pas de la même façon. Malheureusement, un acte comme le mien devenait presque insignifiant. Mais j'étais convaincu qu'elle allait finir par avoir un impact. Je savais être patient.
Si encore tout se passait comme il faut.
Soudainement un flash se produisit. Ayant instinctivement fermé les yeux à cet instant, je pus très vite observer la situation. Deux Abra, très probablement ceux qui avaient enlevés le premier élève, apparurent. Ils déposèrent justement leur victime à leur arrivée, et attrapèrent un second élève qui se trouvait juste à côté et l'emportèrent comme le précédent sans laisser de traces. Le silence s'installa, mais se fit plus marqué cette fois. Les regards étaient tournés vers la pauvre élève qui dormait encore à poings fermés. Elle resta ainsi dix minutes, s'agitant constamment comme si un cauchemar la tiraillait, puis finalement, elle finit par s'éveiller tranquillement. D'agité, elle devint tremblante, apeuré, comme si elle venait de subir une séance de torture. Mais aucune séquelle n'était visible, empêchant toute vérification de cette idée. Que lui était-il donc arrivé ?
▬ Un Hypnomade... Il y avait un Hypnomade... Et puis... Je... Je n'arrive pas à me souvenir...
Elle parvint à nous donner ces quelques mots avec un ton assez déplorable, significatif de ce qu'elle vivait actuellement, plus encore que nous autres. J'avais eu un instant dans l'idée d'aller lui demander quelque chose, mais au vu de son état, je préférais attendre un peu. Je détournais alors mon regard vers les autres élèves, et m'aperçut d'un seul coup que je n'avais pas cherché à voir si j'en connaissais quelques-uns. Il fallait faire passer le temps, et aller discuter avec quelqu'un d'autre n'était pas une mauvaise idée. Je scrutais donc chaque élève des yeux et mit une dizaine de secondes à peine pour repérer une tête très familière. Je souris et, soufflant pour soulever mon corps lourd de courbatures, je me dirigeais vers lui. Il semblait complètement dépité, probablement à cause de cet emblème qu'il reconnaissait parfaitement sur le mur de la cellule qu'il observait alors, celui de la Team Rouage. Il me semblait qu'il était seul, mais un élève se tenait sur ma droite, me cachant un possible élève. Mais cela n'avait pas d'importance, le seul détail qui m'importait était qu'il semblait à l'écoute. Confiant dans l'idée que ça soit le cas, je m'approchais de lui.
▬ Hmm, Ginji ? début de l'approche. Ça va ? tape légère sur l'épaule, lancement de la conversation.
Allait-il réagir ?
Oiseau en cage…
▬ Hein ?... Euh ouais... Ouais, ça va. Fin, je vais aussi bien qu'un élève s'étant fait enlever par une organisation criminelle et séparé de ses Pokémons, et n'ayant aucune certitude sur son avenir, mais ça va. Je relativise. J'essaye. Et toi ?
Finalement, il avait fini par réagir à ton appel. Tu avais plus que senti sa légère détresse caché au possible par son ironie. Tu savais que c'était tout à fait normal qu'il soit dans cet état, et tu préféras laisser cette information de côté, sachant que le plus important n'était pas là. Pendant ce temps, cela s'activait autour dans la pièce. Tandis que d'un côté, la fameuse préfète des Mentalis, Kaeko D. Riviera s'abandonnait aux bras de Morphée, d'un autre, deux personnes, tu reconnaissais parmi eux un certain Phyllali du nom de Leonidas Blackheart à qui tu avais remis un Voltali, s'occupaient de rassurer les élèves les plus terrifiés pour éviter que le tout finisse par péter un câble et provoque une hécatombe dans la cage, une dernière montrait à quelle point elle avait lâché prise et proposait à qui voulait l'entendre une partie de chifoumi. Ne voyant rien de très intéressant, tu reportes ton regard sur Ginji, et tu te décides à lui répondre.
▬ On peut dire que ça va. J'arrive à tenir le coup pour l'instant, mais si tout le monde continue comme ça, je vais finir par lâcher prise. On devrait simplement rester en place tranquillement en attendant que quelqu'un vienne ...
Mais ta phrase était resté dans le vent. Le Voltali s'était tourné vers le reste des élèves pour demander si quelqu'un avait mal quelque part et proposa de s'occuper des blessés les plus graves, ce qui était plutôt inutile. S'il y avait de gros blessés, il devait avoir été pris en charge par les autres depuis un long moment. Tu te dis qu'il fallait l'indiquer à ton camarade mais une main étrangère te stoppa dans ton élan. Tournant rapidement le regard, tu reconnus instantanément ton meilleur ami Ryan. Tu souris. Enfin quelqu'un que tu connaissais vraiment. Tu te dépêchais de lui poser la grande question du moment.
▬ Comment ça va ?
▬ Ça pourrait aller mieux.
Tu refis un sourire. Il allait bien, c'était ce qui comptait le concernant. Tu souris, mais étrangement, tu manquais de sincérité. Tu n'étais pas sûr de te dire que c'était une bonne chose, la situation ne te permettait pas d'évaluer correctement cela. Tu préféras ne pas y réfléchir plus longtemps et tu finis par arrêter de sourire pour retrouver ton air le plus tranquille possible. Tu commences à te lever pour réfléchir à nouveau à une idée lorsque les paroles de l'élève enlevée amène tous les élèves à se plaquer ensemble dans un coin de la pièce pour ne pas se faire emmener. Tu te fais emporter de force par la foule et te retrouve au milieu du tas sans pouvoir bouger. Tu peux tout juste observer les deux Abra revenir avec leur seconde victime puis repartir bredouille grâce à la tactique des élèves. De nombreux soupirs de soulagement se firent entendre … Jusqu'à ce qu'une alarme se fasse entendre. Un raffut débuta alors, signe qu'un énorme groupe de personnes s'étaient mis à courir dans tous les sens. Des élèves se mirent de nouveau à flipper, les élèves se dispersèrent de nouveau et continuèrent à chercher des idées pour s'en sortir, tel qu'une Pyroli du nom de Ruby L. Jones qui proposa de capter des sons, ou ce cher Ginji qui proposa de faire du morse avec les seuls chiottes disponibles dans la pièce ou encore de frapper à la porte pour se faire entendre d'éventuels personnes à l'extérieur. C'est alors que tu compris qu'on arrivait au bout du bout et qu'aucune idée ne semblait pouvoir permettre de vous sortir de là. Il ne restait donc que ton idée … Que tu te décidais à dévoiler.
▬ Bon ! Tu avais parlé le plus fort possible pour te faire entendre. Vous voyez bien qu'on a rien qui nous permette de nous sortir par nous-mêmes, et nous faire entendre ne servira probablement à rien. Cette cage est probablement insonorisé. Nous devrions simplement arrêter de paniquer dans tous les sens et attendre qu'un événement quelconque ait lieu. En cherchant inutilement des idées, on ne fait que gaspiller notre énergie pour une éventuelle bataille à venir. Évitons de nous retrouver dans une mauvaise situation parce que nous n'avons plus de forces pour nous battre. Nous pourrons aviser lorsque quelque chose arrivera.
Tu avais parlé avec presque trop d'autorité. Tu tenais à faire appliquer ton idée à tous, quoiqu'ils en pensaient. Tu restais silencieux, attendant une réponse de ton assemblée. Finalement, ce fut Ryan qui brisa le silence, affichant un visage plus que colérique.
▬ Eh ! T'es pas le chef ! Ce n'est pas parce que nous sommes dans une situation difficile que tu dois te permettre de nous parler avec ce ton. Moi je te dis un foutu non.
▬ Si.
Et puis une répétition interminable de ces deux répliques. Toi et Ryan étiez presque pathétiques. Mais sur les regards, ce n'était pas de la pitié que tu pouvais lire sur les autres. Non, c'était plutôt une légère peur. Car à chaque réplique, ton camarade devenait de plus en plus énervé, commençant à péter un plomb. Si tout explosait, qu'allait-il pouvoir faire ? Tu finis par le découvrir cinq secondes après y avoir pensé. Le Noctali finit par se mettre à gueuler de rage et s'élança vers toi, t'infligeant un puissant coup au visage qui t'envoya au sol, légèrement sonné. Lorsque tu retrouvais tes esprits, une colère nouvelle t'animait. Elle te poussa à te relever aussi vite que possible, et à te venger de Ryan. Tu te jetas à ton tour sur lui et armai ton poing droit pour le viser au visage. Dans sa colère, ton camarade ne te voyait pas arriver et ne chercha même pas à esquiver l'assaut. Tu le frappas le plus violemment possible sur la joue gauche avec les pointes de tes poings, l'envoyant durement au sol. Ton coup montra plus d'impact que le sien, et il tomba dans l'inconscience. Tu restas debout juste au-dessus de lui, soufflant pour évacuer cette rage temporaire. Tu relevas ton regard un instant porté sur Ryan et fixait maintenant les autres élèves.
▬ Quelqu'un d'autre pour contester ? Ton ton était étonnement très calme. Qu'il se présente et s'explique.
Sur l'instant, tu te sentis supérieur aux autres. Tu avais l'impression de les dominer, et très étrangement, tu appréciais cette sensation. Pire encore, tu adorais. Cette idée d'être le meilleur, d'être fort, d'avoir le pouvoir de contrôle sur les autres. Tu te disais que tu ne pouvais qu'apprécier cette idée. Comment n'avais-tu t'en rendre compte que maintenant ? La force, la supériorité, la joie d'être le meilleur … Cette sensation, tu allais bientôt chercher à la ressentir continuellement, quitte à devenir quelqu'un d'autre, à changer du tout au tout. Mais tu ne t'en rendais pas encore compte. Car sur l'instant, tu le vivais, tu le ressentais, tu l'appréciais. Et tu t'y complaisais de plus en plus. Car cela avait toujours été ton rêve … Devenir le meilleur.