Les alentours de Lavandia - 6 août Enfin, j'étais seul. Cette journée m'avait éreinté au plus haut point et j'en avais encore la mâchoire serrée et le regard mauvais, le pas souple et tendu. Après un très agréable séjour à Volucité avec ma cousine, avec un petit écart en chemin qui s'était avéré riche en aventures, nous avions du nous replonger dans les histoires de la famille Jones, à mon grand damne. Les choses auraient pu bien se passer si ma mère, un soir, ne m'avait pas fait appeler dans son salon personnel. Faisant la moue, son martini à la main et ses yeux de faucon répugnant ma chevelure, c'est néanmoins avec cette même voix dorée, mielleuse et chantante qu'elle me proposa une sortie qui allait absolument me faire plaisir. Comme ils ne pouvaient se déplacer pour raisons artistiques, c'était à moi qu'il revenait de faire le voyage jusqu'à Hoenn, pour aller remettre un présent à mon frère aîné et passer quelques jours avec lui, parce que ça lui ferait tellement plaisir à lui aussi. J'avais eu envie de lui cracher au visage, comme à l'habitude, mais avais répondu avec un sourire hypocrite, à mi-chemin entre l'amusement et les babines retroussées d'un loup prêt à mordre. Ce sera avec grand plaisir, très chère mère. Et voilà donc toute l'histoire.

J'avais gagné la région en bateau privé et luxueux, pour ensuite être accueilli par un chauffeur tout aussi privé dans un véhicule tout aussi luxueux et être transporté jusqu'à Lavandia. Sur place, j'avais retrouvé Illford. Grand, large d'épaules, le sourire franc, le regard clair et l'air candide, mais robuste, des grands hommes baignés dans la lumière. Il était le Prince délivrant sa princesse, j'étais le Grand méchant loup qui dévorait le petit chaperon rouge. Deux frères aussi opposés que faire se peut, l'un oublié dans l'ombre du premier. C'est avec une bienveillance exagérée qu'il m'accueillit, me donnant presque des hauts le coeur. Il tentait d'être gentil, compréhensif, il savait que c'était dur pour moi de lui être inférieur. Une belle famille d'hypocrites, c'est moi qui vous le dit. Suffisait de voir son sourire ricanant lorsqu'il pensait que je ne le regardais plus. Était-ce les cheveux? Le parcours de Coach que j'avais du prendre pour couvrir ma passion véritable? En tous les cas, il puait le mépris et je pris bien soin de garder mes camarades dans leur sphère de capture. Vu toute l'animosité que je refoulais, c'était plus prudent ainsi.

En fin d'après-midi, une fois que mes effets furent installés pour mon séjour, je décidai de prendre congé, prétextant que je désirais découvrir les environs. Bien aimable, il se proposa tout de suite pour m'accompagner, les grandes herbes étant, après tout, risquées. Ce serait dommage qu'il m'arrive malheur, j'étais encore si jeune, si inexpérimenté, j'avais besoin d'être accompagné. Lentement, je m'étais retourné vers lui, mes iris foudroyants rencontrant les siens, la tête haute, le torse un peu gonflé, la voix plus grave et plus profonde, plus impérieuse, ma chevelure de neige un peu en bataille, renforçant ce mélange de royauté et de bestialité toute fourbe.

- Il ne peut y avoir là rien de pire que ce que j'ai vaincu dans les souterrains de la team Rouage. Tu serais bien avisé de ne pas me sous-estimer, frère.

Lachant un demi-rire à la fois nerveux et enjoué, Illford haussa les épaules et détourna le regard, flanchant le premier. Je t'aurai averti! Oh, si seulement j'avais pu y planter juste un peu les crocs, juste un petit avertissement de rien du tout, juste pour le malmener et le faire souffrir. Plus tard. La vengeance vient à qui sait attendre. Pour l'instant, je devais me constituer une équipe digne d'écraser la sienne et je savais par où commencer. Je devais attraper un nouveau Pokémon et c'est ce que je ferais. Avant de rentrer ce soir, j'aurais un nouveau compagnon.




Dernière édition par Heath S. Jones le Mar 4 Aoû - 17:54, édité 1 fois

J'avançais sur une petite route secondaire, à l'écart des restes de la circulation urbaine. Le calme, la solitude. Après tant de retrouvailles forcées et désagréables, cela me faisait le plus grand bien. Néanmoins, j'étais parti dans le but de capturer un Pokemon et c'est là que tout ce côté tranquille et seul ne me plaisait plus trop. Le pas plus long et plus vif, mon regard clair et perçant fouillait les environs à la recherche d'un compagnon possédant un certain potentiel. Je n'allais pas capturer le premier oiseau venu quand même, je n'étais pas désespéré, mais bien en plein contrôle de la situation et de ma future équipe et je ne prendrais que ce qui serait susceptible d'ajouter puissance et prestige à mon équipe. Lorsque j'entendis les bruits sourds et répétés de l'acier qui frappe la roche, je su que j'approchais du but.

Avançant à pas de velours, je quittai le chemin et m'enfoncai dans les sous-bois, à la poursuite de ce bruit. Aucun mouvement brusque, aucun signe d'assaut, je ne devais pas me faire remarquer sous peine de le faire fuir ou, pire encore, m'attaquer avant que je ne puisse sortir un Pokémon. Il ne faudrait plus longtemps maintenant, le bruit était plus clair, plus fort, plus proche. Dans une petite clairière, je pu apercevoir au travers des branches une petite créature bleue à la tête recouverte d'acier, fonçant encore et encore dans cette grosse roche déjà scindée en deux, mais ce n'était sans doute pas suffisant pour la créature qui s'évertuait à continuer. Elle était fatiguée, affaiblie de tous ses efforts, mais conservait l'air digne, la tête haute et la conviction. Qu'importe l'espèce, ce spécimen me semblait prometteur et le sourire des jours de chasse vint étirer mes lèvres en un rictus victorieux. Comment faire, maintenant, pour capturer un être aussi fier et aussi déterminé? Qu'une solution, bien sûr, le laisser continuer à taper sur la roche. Il faisait un merveilleux travail à s'épuiser seul, il était trop jeune pour tenir plus d'une heure encore et lorsqu'il s'arrêterait enfin pour se reposer, je serais là pour l'empêcher de fuir. L'attrapant à revers dans le piège qu'il avait lui-même mis en place.

Deux heures quarante trois plus tard Robuste. Endurant. Déterminé. Type dragon. Oui, bien sûr, ce n'est pas comme si je n'avais pas eu le temps de vérifier dans mon iPok durant tout ce temps passé immobile à guetter ma proie. Au moins je savais maintenant que sa faiblesse était aussi ma force, que sa dernière évolution vaudrait l'attente et quelles attaques il pouvait avoir apprises. J'avais l'avantage stratégique et, lorsqu'il s'écarta de sa roche devenue poussière et éclats concassés, mes muscles se tendirent et je me redressai, prêt à morde. Le draby fit quelques pas titubants avant de s'arrêter, levant les yeux vers le ciel, tentant de respirer. Même maintenant, fatigué et à bout de force, c'est vers le ciel qu'il se tournait, son avenir, son but. J'ai une bonne nouvelle pour toi, petit dragon. Je saurai te porter jusqu'au ciel, mais il faudra se montrer coopératif. Profitant de son moment d'inattention, j'envoyai Lévi au combat, dans la clairière, et le dragon recula de deux pas, l'air ahuri. Il ne devait pas y avoir beaucoup d'Otaria dans les parages, mais qu'importe. Nous avions l'avantage, autant ne pas le gâcher en réflexions inutiles.

- Onde boréale. Nous devons l'affaiblir encore un peu.

Fier, le dragon commençait déjà à charger vers Léviathan, mais ce dernier ne lui laissa pas l'opportunité de le blesser, ripostant de son rayon arc-en-ciel. Le Pokémon sauvage en fut frappé de plein fouet et dévia de sa course en lançant une grande plainte, allant s'écraser contre un arbre pour ne pas choir au sol. L'écorce se craquela et le tronc sembla adopter un petit angle désagréable, plus tout à fait droit, mais pas tout à fait incurvé. Contre lui, le petit dragon tentait de se relever, mais ses mouvements étaient devenus lourds et maladroits. C'était ma chance et je n'allais pas la laisser passer. De ma ceinture, je décrochai une Pokeball vide, prêt à lancer.

- Ne rend pas ça plus difficile que ça n'a besoin de l'être, Draby.



Hrp - Lancé d'une Pokeball

Il avait été docile ou, à tout le moins, trop affaibli pour protester. Voilà une capture comme je les aimais, rapide et simple, sans combats éreintants et strictement non-nécessaires. Enfin, la préparation en amont, ou plutôt l’attente, avait elle été très longue, mais il y avait tout de même un point positif. Tout le temps que j’avais passé ici, dans les sous-bois de la forêt, aux aguets et mes sens de prédateur en alerte, je ne l’avais pas passé en compagnie de l’abominable Prince Charmant, mon frère. Je me déliai en quelques étirements communs, approchant de la sphère de capture reposant maintenant paisiblement au sol. J’aurais pu le faire sortir, mais à quoi bon. Valait mieux d’abord le faire soigner, pour qu’il ait un minimum de raisons de se montrer coopératif avec moi. D’autant plus qu’il s’était fait cela presque tout seul, il n’avait aucune raison de m’en vouloir. J’accrochai la boule bicolore à ma ceinture, prêt à repartir.

Léviathan s’approcha de moi grâce à ses pas maladroits, porté par ses nageoires. Ses petits yeux me regardaient avec un espoir tout enfantin alors qu’il guettait ma réaction, à mi-chemin entre la peur et l’excitation. Il voulait savoir s’il avait bien fait, désirait un peu de reconnaissance de ma part pour son travail. C’était mignon, d’une part, et je devinais, de l’autre, qu’il s’impatientait de plus en plus et serait sans doute prêt à se rebeller pour un peu d’attention, si je ne lui en accordais pas un peu. Décidément, il avait tout du gamin gâté et égoïste, ce Pokémon. Juste pour cela, je n’avais pas envie de le féliciter. J’étais en contrôle, ici, pas lui, et ce devrait s’imprimer bien comme il faut dans sa petite tête d’otarie, parce que ça ne changerait jamais. Je tournai donc les talons et me contentai de le rappeler dans sa balle sans un mot. Tu auras des félicitations lorsque je l’aurai décidé, pas quand tu auras demandé, Lévi.

Maintenant que tout cela était derrière moi, je regagnai le petit chemin, direction Lavandia. J’aurais bien aimé continuer la chasse, Harley était probablement tout à fait capable de m’assister avec la plus grande des dévotions et des efficacités, mais il y avait longtemps maintenant que j’étais parti. Qu’Illford soit inquiet pour moi? Ne me faites pas rire. Il en avait autant à faire de moi que moi j’en avais à faire de lui, il serait presque soulagé si je venais à disparaître en pleine nature. Surtout qu’il n’aurait même pas de mal à s’expliquer à notre mère vu qu’il était le petit préféré. Non, c’était beaucoup plus fondamental que ça. J’étais parti sans emporter l’œuf de Sneasel que j’avais volé au sein de la base de la team rouage et chaque seconde où j’étais absent était une seconde où Illford veillait sur ce qui m’appartenait à ma place. Voilà qui était véritablement problématique. À pas décidés, je regagnai la ville.



HRP - Terminé pour moi et merci pour la modération <3